Elizabeth Gunning, duchesse d’Hamilton, duchesse d’Argyll (1733-1790)

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elizabethgunningdame d’honneur de la reine d’Angleterre  Charlotte de Mecklenbourg (1761-1784)

Née en décembre 1733 à Hemingford Grey, Huntingdonshire
Baptisée le 7 décembre 1733 à Hemingford Grey, Huntingdonshire
Décédée le 20 décembre 1790 à Argyll House, London
Inhumée à Kilmun, Argyllshire, Ecosse

Elizabeth Gunning, duchesse d’Hamilton, fut une fameuse beauté londonienne pendant le règne du roi George II et de son fils le roi George III. Elle était la sœur cadette d’une autre beauté célèbre, Maria Gunning, comtesse de Coventry.

Elle passa sa petite enfance en Angleterre, puis à l’âge de sept ans, son père (un noble irlandais de petite noblesse) rapatria sa famille sur les terres ancestrales des Gunning en Irlande près de Roscommon pour fuir les créanciers.

La famille vivait à la limite de la pauvreté, et la légende veut que leur mère, lady Bridget Bourke (une anglaise fille d’un vicomte désargenté) encouragera Maria et sa sœur cadette Elisabeth (les deux beautés de la famille qui comptait six enfants) de se lancer sur la scène du théâtre à Dublin, et de tenter leur fortune sur les planches. Il semble que Maria et sa sœur Elizabeth fréquentèrent alors les théâtres irlandais bien qu’à l’époque cela équivalait à se lancer comme courtisanes.

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Portrait en 1751 de Francis Cotes, d’Elizabeth Gunning, avant son mariage

Le destin changea leur vie en octobre 1748, lorsque la vicomtesse Petersham (une amie de leur mère) lança un grand bal au château de Dublin et invita les deux sœurs. L’un des directeurs du théâtre qu’elles fréquentaient, Tom Sheridan, leur prêta deux costumes pour ce bal, sachant qu’elles n’avaient pas l’argent pour acheter de nouvelles robes.

Elles empruntèrent le costume de lady Macbeth et de Juliette. Le comte de Harrington, alors Lord lieutenant d’Irlande, fut charmé par la grâce et la beauté des deux jeunes filles. Deux ans plus tard, il accorda une somme d’argent à leur mère, ce qui permit à celle-ci de rapatrier ses deux filles en Angleterre dans la région de Huntingdon.

Les deux jeunes filles commencèrent à arpenter les bals de la région et leur beauté prometteuse commença à faire des ravages. Chacun s’émerveillait de leur ressemblance et de leur beauté peu commune. Leur réputation arriva jusqu’à Londres où, en décembre 1750, Maria et Elizabeth furent présentées à la cour du roi à St James.

Pendant deux ans les deux sœurs vont briller de bals en bals jusqu’à ce bal de la Saint Valentin, en février 1752, où Elizabeth Gunning va rencontrer le premier homme de sa vie : James Douglas, 6ème duc d’Hamilton. Le bal a lieu à Bedford House à Londres, et exceptionnellement ce soir là, ni sa sœur Maria, ni sa mère ne peuvent l’accompagner.

Qu’à cela ne tienne, Elizabeth s’arrange pour pouvoir se rendre au bal. Dès les premières danses, elle attire le regard du jeune duc d’Hamilton : âgé de vingt huit ans, réputé de mœurs dissolues (il est le parfait « rake » de l’époque : il collectionne les maîtresses et les dettes de jeu), il tombe instantanément sous le charme de la beauté de la jeune Elizabeth, âgée de dix neuf ans.

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Portrait en 1752 par Gavin Hamilton de la toute nouvelle duchesse d’ Hamilton (ce portrait fut commissionné par son mari le duc d’Hamilton pour commémorer leur mariage)

Sortant d’un chagrin d’amour malheureux avec lady Elizabeth Chudleigh (qui a refusé sa main), il décide d’épouser Elizabeth Gunning, le soir même, après le bal. La jeune fille, apparemment sous le charme ne réfléchit même pas : elle va être duchesse ! S’attirant les sympathies de l’hôtesse de la maison, le duc d’Hamilton convoque après le bal un homme du clergé qui habite dans les environs pour que ce dernier les marie. Sommé de se rendre sur place pour orchestrer un mariage, le brave homme, horrifié de la précipitation de la cérémonie refuse tout net de marier le duc en l’absence de toute licence : le couple n’a même pas d’alliances !

Jamais à court d’idées, le duc s’empare de la main d’Elizabeth, et l’emmène derechef à la Chapelle de Mayfair, en prenant soin au passage de se saisir de deux anneaux de rideaux dans un des salons de Bedford House. Dans la chapelle de Mayfair, on pouvait organiser des mariages sans licence, qui, bien que clandestins n’en était pas moins valable aux yeux de la loi. En l’espace de quelques heures, les deux jeunes gens sont mariés, et le duc d’Hamilton se retire dans son hôtel particulier pour savourer le reste de la nuit avec sa jeune épouse.

Le lendemain, l’annonce du mariage du duc d’Hamilton (et ses circonstances) fait scandale dans la bonne société londonienne. Mais Elizabeth Gunning est maintenant une duchesse écossaise. Pleine de bonne volonté, et désireuse de plaire à son mari, elle va s’empresser de gagner l’aristocratie londonienne, en lançant notamment un salon qui aura beaucoup de succès dans les mois qui vont suivre. Sa mère et sa sœur sont bien entendues stupéfaites du tour que leur a joué Elizabeth, mais devant l’entente du couple, elle s’empresse de la complimenter.

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James Douglas 6ème duc d’Hamilton, 1er mari d’Elizabeth Gunning

D’ailleurs, trois semaines après sa jeune sœur, Maria Gunning se mariera avec l’un de ses plus vieux soupirants, George William Coventry 6ème comte de Coventry, mais ce mariage là ne sera pas heureux.

Très rapidement, la nouvelle duchesse d’ Hamilton va donner trois enfants à son époux : Elizabeth née en 1753, James George en 1755, et Douglas en 1756.

Le couple Hamilton partage son temps entre les terres du duc en Ecosse, où il chasse sur ses terres avec passion, et leur maison de Londres. Son mari est un homme excentrique et hautain : le duc d’Hamilton était duc dans trois pays : l’Angleterre, l’Ecosse et la France, et après la mort du duc de Somerset, il était devenu le pair le plus riche du royaume. Il était aussi très imbu de lui-même et de sa position : il précédait toujours ses invités lorsqu’il se rendait à sa table pour dîner, et obligera sa femme à faire de même. De plus, il avait la réputation de refuser de boire en tête à tête avec quelqu’un en-dessous du rang de comte.

Mais bientôt, la tragédie va frapper Elizabeth Gunning au bout de six ans de mariage ; alors qu’il a passé sa journée à chasser la bécasse le 17 janvier 1758, le duc rentre dans son logis de Great Tew (Oxfordshire), le corps parsemé de frissons et brûlant de fièvre. Inquiète, Elizabeth fait venir un médecin local, mais l’état du jeune duc de trente trois ans ne fait que se dégrader au fil des heures.

Lorsque la nuit tombe, James Hamilton, 6ème duc d’Hamilton, rend son âme à Dieu. Elizabeth se retrouve veuve à l’âge de vingt cinq ans avec trois enfants en bas âge. Toujours pragmatiques, sa mère et sa sœur l’engagent à se remarier rapidement : ses enfants sont encore trop jeunes, et elle n’a pas la maturité ni l’habileté de gérer les affaires pour son fils, titulaire du titre.

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Portrait en 1755 par Joshua Reynolds d’Elizabeth Gunning duchesse de Hamilton

Après quelques mois de deuil, Elizabeth Gunning duchesse d’Hamilton revient à Londres, et sa beauté toujours éclatante lui attire de nombreux prétendants. L’un d’entre eux parvient à vaincre la carapace de tristesse qui entoure Elizabeth : il s’agit de Francis Egerton, 3ème duc de Bridgewater, il est jeune (il a trois ans de moins qu’elle) et riche, et bientôt il lui demande sa main.

Elizabeth est sur le point d’accepter, lorsque son prétendant pose une condition pour que le mariage ait lieu : après celui-ci Elizabeth devra prendre l’engagement de rompre tout lien avec sa sœur Maria comtesse de Coventry, qui commence à faire parler d’elle dans la société londonienne à cause de sa conduite scandaleuse. Furieuse, Elizabeth refuse de se séparer de la compagnie de sa sœur, et le duc rompt avec elle. Il restera d’ailleurs célibataire toute sa vie, et mourra cinquante ans plus tard.

Mais Elizabeth va vite retrouver une âme sœur. Parmi les amis de son mari, elle avait rencontré, à de nombreuses reprises, un séduisant soldat écossais du nom de John Campbell. Il avait dix ans de plus qu’elle, et était le fils d’un autre duc écossais : John Campbell, 4ème duc d’Argyll. C’était un homme courageux : il avait combattu contre les troupes jacobites dans l’enfer de la bataille de Culloden, et était officier au 42ème régiment d’infanterie.

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John Campbell, marquis de Lorn, 2ème mari d’Elizabeth Gunning

Un jour prochain, il était amené à prendre le titre et la succession de son père et devenir le prochain duc d’Argyll. Pour l’instant, il était titré marquis de Lorne.

Le 3 mars 1759, Elizabeth Gunning épouse John Campbell et devient marquise de Lorne. Elle est passée du rang de duchesse écossaise à celui de marquise écossaise, mais peu lui importe, car elle est heureuse dans ce second ménage.

En mars 1760, elle donne naissance à sa fille Augusta, mais elle a la douleur de perdre sa sœur adorée, Maria Gunning, d’un empoisonnement du sang, en septembre de la même année. Déprimée par cette mort, sa santé s’altère et les médecins craignent qu’elle ne soit atteinte de la même maladie que sa sœur. Son mari décide de l’emmener en Italie, et sur le chemin, le couple se repose quelques temps à Lyon pendant les mois d’hiver.

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Les enfants du duc d’Hamilton et d’Elizabeth Gunning : James George, Elizabeth et Douglas

A son retour en Angleterre, en septembre 1761, elle est nommée dame d’honneur de la reine, Charlotte de Mecklenbourg, qui épouse cette année là le roi George III. Ce poste lui confère dorénavant une situation permanente à la cour du roi, poste qu’elle tiendra jusqu’en 1784. Pendant toutes ces années, sa beauté restera inchangée, et tout le monde louera sa bonne humeur et sa gentillesse.

En 1763, elle est à Paris où elle tient un procès pour récupérer des terres appartenant aux Douglas et qui sont en conflit avec les Hamilton. Lors de son séjour, sa beauté n’impressionne pas les Français (ils n’avaient pas été plus impressionnés par la beauté de sa sœur Maria lorsqu’elle était venue séjourner à Paris quelques années auparavant) et les parisiens ne se pâment pas devant elle.

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Le château d’Inveraray en Ecosse, siège des ducs d’Argyll

Au fil des années, elle donnera le jour à quatre autres enfants : John George en 1763, George en 1768 (6ème duc d’Argyll), Charlotte en 1775 et John en 1777 (7ème duc d’Argyll qui succèdera à son frère).

En 1770, son beau père John Campbell 4ème duc d’Argyll meurt à soixante dix sept ans. Son fils, le marquis de Lorne devient alors le 5ème duc d’Argyll, et sa femme Elizabeth devient à nouveau une duchesse écossaise à l’âge de trente sept ans.

Devenue la duchesse d’Argyll, Elizabeth Gunning se voit récompensée par le roi George III, qui est un de ses admirateurs les plus fidèles ; ce dernier lui confie le 20 mai 1776 le titre de baronne Hamilton de Hameldon. La plupart du temps, lorsque rien ne les retient à Londres, le duc et la duchesse d’Argyll vivent sur leurs terres en Ecosse à Inveraray castle. Le duc d’Argyll était devenu un membre actif du parlement, et il fut nommé field marshall le 30 juillet 1796.

Jusque la fin de sa vie Elizabeth Gunning continuera de garder sa beauté qui enchantait ses contemporains, et surtout les peintres qui ne cessèrent de la peindre sous toutes les coutures.

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Miniature d’Elizabeth Gunning, duchesse d’Argyll

En décembre 1790, la duchesse d’Argyll prit froid (elle avait entrepris un voyage dangereux et éreintant dans la France révolutionnaire cette même année toujours pour des questions d’héritage de terres appartenant aux Hamilton) et elle dut s’aliter. Sa santé avait toujours été fragile, et ses nombreuses maternités l’avaient fatiguée au fil des ans.

Agée de cinquante sept ans, elle devait s’éteindre le 20 décembre 1790 dans sa maison de Londres, Argyll House, entouré de son mari, inconsolable.

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Elizabeth Gunning duchesse d’Argyll, en 1770

Ce dernier ne devait mourir que seize ans plus tard, ayant quitté la cour pour se lancer dans la reconstruction de l’un de ses châteaux écossais. Il demandera à ce qu’on l’enterre près de sa femme, à Kilmun, en Ecosse.

Descendants d’Elizabeth Gunning

Jusqu’aux petits-enfants.

Elizabeth Gunning, Baroness Hamilton of Hambledon (1er, 20 mai 1776), née en décembre 1733, Hemingford Greys, Huntingdonshire, England, baptisée le 7 décembre 1733, Hemingford Greys, Huntingdonshire, England, décédée le 20 décembre 1790, Argyll House, Great Argyll Street, St. James’s, London, England, inhumée, Kilmun, Argyllshire, Scotland (à l’âge de 57 ans), lady of the Bedchamber to Queen Charlotte 1761-84.
Mariée le 14 février 1752 avec James Douglas-Hamilton, Lord Machansyre and Polmont (5e), Lord Aven and Innerdale (6e), Baron of Dutton (3e), Earl of Arran and Cambridge (6e), Earl of Lanark (5e), Marquess of Clydesdale (6e), Duke of Hamilton (6e), Duke of Brandon (3e), né le 10 juillet 1724, décédé le 18 janvier 1758, Great Tew, Oxfordshire, England, inhumé en février 1758, Hamilton, Scotland (à l’âge de 33 ans), dont

Relation en 1775 avec John Frederick Sackville, Earl of Middlesex (4e), Earl of Dorset (9e), Duke of Dorset (3e), né le 24 mars 1745, baptisé le 24 avril 1745, St. James, Westminster, Middlesex, England, décédé le 19 juillet 1799, Knole, Sevenoaks, Kent, England, inhumé, Withyham, Sussex, England (à l’âge de 54 ans), captain of the Yeomen of the Guard, lord steward, lord-lieutenant of Kent.

 

Relation avec Frances Twysden, née en 1763, décédée après 1795.

Mariée le 3 mars 1759 avec John Campbell, Baronet Campbell (7e), Baron Sundridge (1er, 23 décembre 1766), Lord of Inverary, Mull, Morvern and Tirie (5e), Lord of Kintyre (8e), Lord Lorne (14e), Lord Campbell (15e), Viscount of Lochow and Glenyla (5e), Earl of Campbell and Cowall (5e), Marquess of Kintyre and Lorn (5e), Earl of Argyll (14e), Duke of Argyll (5e), né en juin 1723, décédé le 24 mai 1806, Inverary Castle, Argyllshire, Scotland, inhumé le 10 juin 1806, Kilmun, Cowal (à l’âge de 82 ans), mP, general, provost of Dunbarton, aide-de-camp to the King, commander-in-chief of the Scotland, lord-lieutenant of Argyllshire, field marshal, dont

Total: 28 personnes (conjoints non compris).

 

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