Barbara Dimitrievna Mergassov, comtesse Rimsky Korsakov (1833-1878)

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varvara2Варвара Дмитриевна Мергасова Римская-Корсакова

portrait par Winterhalter en 1864

Née à Varsovie le 1er février 1833 (ou 1er novembre)
Morte à Nice le 18 décembre 1878
Enterrée au cimetière russe de Nice

 Barbara Dimitrievna Mergassov, comtesse Rimsky Korsakov naquit le 1er février 1833 à Varsovie à 300 km au nord est de Moscou. Son père, Dimitri Vassilievitch Mergassov était un riche marchand de Kostroma (à 300 km à l’est de Moscou).

Sa beauté et la fortune de son père lui permit d’épouser, à Moscou, le 20 mai 1850, le jeune Nicolai Sergueevitch Rimsky Korsakov, fils du comte Rimsky Korsakov, Serguei Alexandrovitch Rimsky Korsakov, et de son épouse Sophia Alexeevena Griboedov.

 f8166Moscou en 1850

La jeune mariée avait seize ans, le marié en avait vingt et un. Les jeunes gens s’établirent à Saint Petersbourg où le beau père de Barbara organisait des bals dont toute l’aristocratie russe se régalait : il était connu pour organiser les plus beaux bals masqués.

Le mari de Barbara n’en ratait pas un, Tolstoi le prendra d’ailleurs pour modèle pour décrire l’un de ses personnages dans « Anna Karenine » : il le rebaptisa Yegorushka Korsunky (mais il s’agit en fait de Nicolai Sergueevitch Rimsky Korsakov). Tolstoi le décrivait comme étant « un fantastique danseur, marié, très beau et puissamment bâti ».

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Le siège de Sébastopol où le mari de Barbara se distingua par son courage (1854)

Avec un tel mari, Barbara prit bientôt le goût des bals costumés. D’autant qu’en plus d’être très séduisant, son mari, malgré sa jeunesse était un homme intelligent : il était diplômé de l’université de Moscou, et fut élu, l’année de son mariage, maréchal de la noblesse de Viazma.

Le jeune couple, tous les deux beaux, riches et brillants firent sensation dans la capitale moscovite aussi bien qu’à Saint Petersbourg. Très vite, Barbara ne tarde pas à donner trois fils à son époux  : Serge (qui mourra jeune), Nicolas (né le 2 octobre 1853) et Dimitri (né le 10 février 1855).

Nicolai Sergueevitch Rimsky Korsakov, époux de Barbara

A la naissance du second enfant de Barbara, la guerre de Crimée éclata en 1853 et son mari abandonna soudainement la vie facile de Moscou, pour se jeter au plus fort des combats à Sébastopol et il défia plusieurs fois la mort, en manifestant un courage surprenant pour lequel il reçut la croix Géorgievsky.

En 1855, Barbara donna naissance à son troisième et dernier enfant, un fils nommé Dimitri en l’honneur du père de Barbara. Mais après cinq ans de mariage, l’harmonie du couple Rimsky Korsakov fut brisée. La guerre avait profondément marqué son époux, et Barbara ne reconnut plus l’homme des plaisirs faciles d’avant la guerre de Crimée.

 444px-Varvara_Dmitrievna_KorsakovaBarbara Dimitrievna Mergassov, l’année de son mariage en 1850

 

En 1858, elle posa pour la première fois pour le peintre Winterhalter qui la représenta dans une robe rose qui souligne ses belles épaules et sa beauté slave. Elle a alors vingt quatre ans.

En 1861, la rupture entre les deux époux est consommée, et Barbara prend un amant parmi la noblesse de Moscou.

Un jour, une violente dispute les sépara à tout jamais. Barbara demanda le divorce, l’obtint et décida de partir vivre en France, accompagnée de son amant, où le règne de Napoléon III battait son plein. La jeune femme parle le russe mais aussi le français, qui est la langue utilisée à la cour du Tsar à Saint Petersbourg.

 474px-Contessa_di_CastiglioneVirginia Oldoini comtesse de Castiglione, extravagante comme la comtesse Rimsky Korsakov (1862 par Michele Gordigiani)

Elle s’installa à Passy, près de Paris, en 1862, et entreprit de faire partie du monde parisien. Par la plus grande des coïncidences, l’une de ses voisines était une belle italienne, la comtesse Castiglione qui fit aussi parler d’elle à l’époque, de part ses mœurs très libre. Elle venait elle aussi d’arriver en France, et elle ne tardera pas à devenir l’une des maïtresses de Napoleon III.

La beauté de la comtesse russe ne passe pas inaperçue, pas plus que sa fâcheuse tendance à porter des vêtements trop révélateurs, trait qu’elle partageait avec la Castiglione.

Les deux femmes eurent bientôt leurs entrées aux Tuileries où résidait l’empereur Napoléon III. Ce dernier ne savait pas résister à une jolie femme, et la belle russe devint bientôt une de ses maïtresses éphémères.

457747_1L’impératrice Eugénie déguisée en Marie Antoinette lors d’un bal masqué impérial (Portrait en 1854 par Winterhalter)

En effet, passés les premiers temps de son mariage avec Eugénie de Montijo, l’empereur se révèla volage, et il n’était pas toujours très discret. L’impératrice réagira avec un orgueil de femme blessée : elle partira faire une croisière autour de la péninsule ibérique, fera une cure dans la ville d’eau de Schwalbach en Allemagne ou entreprendra un voyage en Ecosse qui étonne tout le monde. C’est pourquoi l’impératrice Eugénie, lorsqu’elle est en France, organise souvent des bals magnifiques où toute la noblesse est conviée.

Bien évidemment, la comtesse Rimsky Korsakov ne ratait aucun de ces bals. Au cours de l’hiver 1863, elle arriva à un bal impérial portant le costume de la prêtresse Tanit (le roman de Flaubert « Salammbo » était alors à la mode) : ce vêtement était constitué plus ou moins d’un châle en tissu transparent qui mettait en valeur son opulente silhouette. Evidemment, sa tenue choqua les invités, mais la belle Barbara avait atteint son but : elle devenait célèbre par le scandale. Ce qui n’empêcha pas le chambellan de l’impératrice de la reconduire discrètement vers la sortie.

varvaraBarbara Dimitrievna Mergassov (Portrait par Winterhalter en 1858 )

Elle n’était pas la seule à avoir des tenues extravagantes dans ces bals costumés : Mme de Persigny fut aperçue représentant un moulin à vent (déguisée en meunière), au bal de Mme de Moskova, Mme Poniatowski était apparut déguisée en abbé du 18ème siècle, et au bal de Mme de Metternich, la comtesse Rimsky Korsakov portait une robe si décolletée qu’elle lui tombait sur les coudes (un masque s’approcha d’elle et lui dit « veux tu que je te prète mes bretelles ? « ) : son costume était censé représenter la  « mer » (il s’agissait d’une robe verte transparente parsemée de poissons et de coquillages).

En 1862, Waldteuffel un compositeur de valses (qui était aussi connu que Strauss à l’époque) dédicaça sa valse intitulée « Souvenirs de Biarritz », à la belle comtesse Rimsky Korsakov.

Elle prit l’habitude d’aller en été à Biarritz où l’empereur et l’impératrice se retiraient dès la fin du printemps. Lors d’un bal donné à Biarritz, elle y apparut comme si elle sortait d’un bain, tellement son vêtement laissait apparaître son corps de Vénus. C’est d’ailleurs à cette occasion qu’on ne tarda pas à la surnommer « la Vénus Tatare ».

Portrait de Barbara vers 1853

Lors du bal donné par le ministre de la Marine (le marquis Prosper de Chasseloup Laubat) à Paris, en février 1866, elle fit une entrée remarquée dans son carrosse déguisée comme une reine barbare, avec des plumes multicolores qui couvraient son corps, et qui permit à la bonne société parisienne d’apercevoir les « plus jolies jambes de Paris ». Son cocher, lui, était déguisé en crocodile !

En 1864, elle commandera un deuxième portrait au peintre Winterhalter qui est devenu le peintre favori des cours européennes (ce tableau peut actuellement être contemplé au Musée d’Orsay)  : dans ce tableau, elle ne porte aucun bijou et est drapée d’un voile semi transparent. On se rend compte qu’elle n’a pas une beauté classique : les pommettes sont trop élevées, les joues sont rondes, les paupières lourdes… On aperçoit facilement la trâce de ses ancêtres Tatares et Slaves.

empress-elisabeth-of-austria-franz-xaver-winterhalterElisabeth d’Autriche (« Sissi ») peinte par Winterhalter en 1864 (la même année que le 2ème portrait de Barbara)

Elle apparaît les cheveux dénoués (dans une pose très similaire, Winterhalter peindra aussi l’impératrice Elisabeth d’Autriche). La pose de Barbara est très langoureuse, voire sexy, et on peut entrevoir ses belles épaules. Elle avait alors trente et un ans. On prétend que Winterhalter était fou amoureux d’elle mais qu’elle refusa ses avances et ses propositions de mariage.

Elle enchaînait les amants … notamment dans les villes d’eau à la mode comme Ostende, qu’elle affectionnait. Elle refusera de se remarier, préférant demeurer seule et indépendante. Elle déclarait d’ailleurs à qui voulait l’entendre :

Je suis libre et indépendante. Mes fautes sont mes fautes. Mon succès est mon succès. Je crois en moi et dans ce que j’entreprends. Si j’ai fait des erreurs, je n’en fais pas de tragédie.

Quand l’Empire de Napoléon III s’effondra en 1870, Barbara quitta Passy sans regret pour aller vivre à Nice, où une importante communauté de russes s’était établie.

 220px-Adolphe_Yvon_-_Portrait_of_Napoleon_III_-_Walters_3795Napoleon III, l’empereur volage fut l’amant éphémère de la comtesse Rimsky Korsakov

Elle y mourut brusquement à l’âge de quarante cinq ans le 18 décembre 1878 (peut être de phtisie).

 Son ex mari Nicolai Sergueevitch Rimsky Korsakov était, lui, mort 3 ans auparavant, sans s’être jamais remarié. A sa mort, son fils Nicolai s’empressera de vendre les terres que sa mère avait acquise en France mais il ne rapatriera pas le corps de sa mère. C’est ainsi que la tombe de la belle Barbara fait partie des neuf cent tombes du cimetière russe de Nice.

 Nota Bene : une rumeur persistante veut que la belle Barbara soit la tante du célèbre compositeur russe Nicolai Andreevitch Rimsky Korsakov (1844-1908), l’auteur du “vol du bourdon” : il n’en est rien : le mari de Barbara était son cousin germain qu’à la 5ème génération : ils descendent tous les deux du couple Iakov Nikititch Rimsky Korsakov (1679-1734) et Praskovia Aggeevna (1679-1734) et ne sont en aucun cas oncle et neveu.

Sources :

  • la divine comtesse (Castiglione), de Pierre Apraxine, 2000.

  • roglo. Eu (site généalogique).

  • Louis Napoleon Bonaparte, le dernier empereur, de Edouard Leduc, 2010.

  • Journal de Xavier Marmier (1848-1890).

  • rodovid.org (site généalogique russe).

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13 réflexions sur « Barbara Dimitrievna Mergassov, comtesse Rimsky Korsakov (1833-1878) »

  1. Je vous remercie pour cette présentation très détaillée et d’avoir contribué à rectifier le lien de parenté avec le célèbre compositeur du même nom. Je vous remercie d’avoir puisé vos informations dans le site rodovid.org que j’ai largement contribué à informer sur les membres de notre famille. Je vous salue très cordialement. Jean-Pierre Rimsky-Korsakoff

    • Merci beaucoup pour votre compliment : si vous avez des informations généalogiques sur la descendance de Barbara, n’hésitez pas, je suis preneuse. De même si vous possédez une photographie de sa tombe qui se trouve à Nice…. ….

  2. Thanks a lot for the interesting article about Mme Korsakov. The sketch dated 1850 is so beautiful. Do you know the author of it and where is kept today? She passed away so young… do you know the reason? Thank you so much!

  3. Thanks for the compliment !
    The sketch is a personal item which the owner is one of her descendant : Jean-Pierre Rimsky-Korsakoff, put on the website “the rodovid.org”.
    She died of consomption (lung disease).
    Regards

    • Thanks a lot for your kind reply. It’s so sad that she passed away so young… what a pity…
      The sketch is wonderful and I think that the owner is so generous to share it on internet ! I see on it a couple of signatures… maybe are they related with the name of the artist who depict her ? By the way, anybody knows the name of the artist and if he made other portraits of XIX Century’s ladies ? Thanks again !

  4. Thank you so much for the information and images of Varvara Rimsky-Korsakov. I am fascinated by her since I saw her portrait by Winterhalter in the Musee d’Orsay and have been researching and collecting references about her in various books, memoires, papers, etc. and on the web.

    I am looking for any relatives or interested parties who would know more about her than found in these publications and who would be willing to share something with me as I am working on the manuscript about her life and times. Please contact me at your convenience. I can read basic French, better German but am an English speaker. Thank you.

    • Hi Sylvia,

      I have also been researching the life of BapBapa for the past 20 years since I saw her portrait by Winterhalter in the Musee d’ O’rsay. I bear a considerable resemblance to her which adds to my fascination.

      Have you found any portraits or pictures of her ex-husband, her three sons, or her common law husband Vladimir Alexandrovich Svegincev?

      • Hello, I did find a portrait of her husband (it is now included in the article of Barbara) but alas none of her children….
        Maybe one day if I’m lucky…

  5. Bonjour,
    Cet article m’a bien intéressé. Je regardais son portrait dans le dictionnaire quand j’étais enfant.
    Cepebda7il y a une coquille dans le paragraphe nota bene, les dates de naissance et de décès de Nikolai Rimsky -Korsakov

  6. Contente d’avoir des infos sur cette femme qui est dans un cadre dans ma chambre.
    Je vois par contre que serge serait mort jeune dans le texte et lorsque vous donnez le dates, il serait mort à 59 ans. Sauf erreur de ma part.
    Camille

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