Marie Louise Elisabeth d’Orléans, Melle d’Orléans, duchesse de Berry (1695-1719)

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(Article relooké)

Née le 20 aout 1695 à Versailles (baptisée à Saint Cloud le 29 juillet 1696).
Morte le 21 juillet 1719 au château de la Muette
enterrée à Saint Denis

Marie Louise Elisabeth d’Orléans, peut être par Pierre Gobert vers 1710

Fille du Régent Philippe II d’Orléans (1676-1723) et de Françoise Marie de Bourbon (1677-1749) fille de Louis XIV et de Mme de Montespan .

Marie Louise Elisabeth d’Orléans était le 2ème enfant et la 2ème fille du couple (sur 8 enfants) : son frère et ses sœurs étaient :

* Une fille, Melle de Valois, née à Marly le 17 décembre 1693 et morte le 17 octobre 1694 au Palais Royal.
*Louise Adelaide d’Orléans, Mademoiselle d’Orléans, née le 13 aout 1698 à Versailles, morte le 19 février 1743 à Paris, abbesse de Chelles .
* Charlotte Aglaé d’Orléans, dite Melle de Valois, née le 22 octobre 1700 à Paris au Palais Royal et morte le 19 janvier 1671 au Palais du Petit Luxembourg : elle épousera le 21 juin 1700 à Modène (Italie) Francesco III Maria d’Este, duc de Modène .
* Louis duc d’Orléans, né le 4 aout 1703 à Versailles, et mort le 4 février 1752 à Paris qui épousera le 13 juillet 1724 à Sarry (Marne) la princesse Auguste Marie Jeanne von Baden Baden et qui, à sa mort, sombrera dans la dévotion.
* Louise Elisabeth d’Orléans, Melle de Montpensier, née le 11 décembre 1709 et morte le 16 juin 1742 au Palais du Luxembourg. Elle épousera le 20 janvier 1722 à Lerma (en Espagne) Luis 1er de Bourbon (fils de Philippe V d’Espagne, lui-même frère du duc de Berry) et sera une éphémère reine d’Espagne .
* Philippine Elisabeth d’Orléans, Melle de Beaujolais, née le 18 décembre 1714 à Versailles et morte le 21 mai 1734 au château de Bagnolet (château appartenant à sa mère la duchesse d’Orléans). Elle sera fiancée au frère de Luis 1er d’Espagne, le jeune Carlos, mais sera renvoyé en France à la mort de Luis 1er en compagnie de sa sœur ainée, Louise Elisabeth d’Orléans. Elle mourra de la variole à l’age de vingt ans
* Louise Diane d’Orléans, Melle de Chartres, née le 27 juin 1716 au Palais Royal et morte en couches le 26 septembre 1736 au château d’Issy, agée de vingt ans. Elle avait épousé à Versailles le 22 janvier 1732 Louis François 1er de Bourbon Conti, prince de Conti : en deux ans de mariage elle donnera deux enfants à son mari, mais sa deuxième grossesse lui sera fatale.

Philippe d’Orléans, père de la duchesse de Berry par Jean Baptiste Santerre en 1717

Elle se marie deux fois :

1- Elle épouse le 6 juillet 1710 à Versailles : Charles de Bourbon, duc de Berry (né le 31 aout 1686 à Versailles – mort le 4 mai 1714 à Marly) , troisième et dernier fils de Louis de Bourbon, Dauphin de France (1661-1711), et de son épouse Marie Anne de Bavière (1660-1690). Ils étaient cousins.

Ils eurent trois enfants :
– une fille, Melle d’Alençon, née au palais de Fontainebleau le 21 juillet 1711 et morte le même jour au palais de Fontainebleau.
– Charles d’Alençon, duc d’Alençon, né au palais de Versailles le 26 mars 1713, et mort au palais de Versailles le 16 avril 1713.
– Marie Louise Elisabeth, Melle d’Alençon, née au palais de Versailles le 16 juin 1714, et morte au palais de Versailles le 17 juin 1714.

Françoise Marie de Bourbon, Melle de Blois, duchesse d’Orléans, mère de la duchesse de Berry

2- Elle épousera morganatiquement vers 1716 (ou 1719 selon St Simon) Sicaire Armand Auguste Nicolas d’Aydie, chevalier de Riom (né à Versailles le 11 septembre 1692, mort à Paris le 26 mars 1741) : il sera Lieutenant des Gardes-du Corps de Madame la Duchesse de Berry puis son premier Ecuyer, enfin Colonel d’un Régiment de Dragons en 1728 ; il se démet du Gouvernement de Coignac (Cognac). Il était le petit neveu du duc de Lauzun ; en effet sa sa grand mère maternelle, Diane Charlotte de Caumont (1632-1720) était la soeur d’Antonin Nompar de Caumont, duc de Lauzun (1633-1723), époux de la Grande Mademoiselle.

Marie Louise d’Orléans par Pierre Gobert vers 1700

Les contemporains parlent de trois couches clandestines dont le chevalier de Riom serait le père : 1716, 1717 et 1719 (la dernière lui étant fatale).
Sa silhouette s’épaississant au fil des grossesses (notamment pour cacher ces dernières), elle recevra le sobriquet de « Joufflotte ». Sa grossesse de 1716 la rend si malade qu’elle ne paraît pas en public pendant plusieurs semaines. Inspiré par des rumeurs d’accouchement clandestin (que rapporte la Gazette de la Régence), l’auteur anonyme d’une chanson satirique évoque avec verve le terme heureux de cette « maladie » mais attribue le « poupon » dont serait délivrée la jeune femme à un père « innombrable » :

“Il faut bien lui donner un nom :
Ainsi, sans être téméraire,
C’est la Rochefoucauld, de Pont,
Gontaut, la Haye, Salvaire, Rion.
La mère est de bonne maison,
Elle est du vrai sang de Bourbon;
Nous en ignorons tous le père,
Car ils étaient trop à la faire.
Depuis la mort de son mari,
Cet aimable duc de Berry,
Pour ne point éteindre la race,
Elle épouse la populace.”

Lorsque la fille du Régent fait fermer au public les jardins de son palais du Luxembourg, les médisants commentent que c’est pour pouvoir s’y livrer avec plus de liberté à ses amours :
“On nous a fermé la porte
Du jardin du Luxembourg;
C’est la grosse Joufflotte
Qui nous a joué ce tour.
Elle eût mieux fait la bougresse,
De boucher le trou,
Le plus voisin de ses fesses,
Par où ses gardes font joujou.”

Marie Louise d’Orléans par Pierre Gobert vers 1707

Sa liaison avec Riom étant connue de tous, ses apparitions avec des robes à panier (que portait déjà sa grand-mère la Montespan pour cacher ses grossesses à la cour) provoquent des chansons satiriques dans le peuple de Paris :

“Grosse à pleine ceinture,
La féconde Berry
Dit en humble posture
Et le cœur bien marri :
Seigneur, je n’aurai plus de mœurs aussi gaillardes,
Je ne veux que Riom et mon papa,
Ou par-ci, par-là mes gardes.”

Marie Louise Élisabeth d’Orléans fut l’enfant favorite de son père. Elle est la deuxième enfant du couple, sa sœur ainée étant morte à l’âge de dix mois l’année précédant sa naissance. Elle reçoit le titre de « Mademoiselle d’Orléans », titre qui sera donnée à sa sœur Louise Adelaide lorsqu’elle épousera le duc de Berry.

Marie Louise Elisabeth grandit au Palais Royal, résidence du duc d’Orléans à Paris. Après avoir failli mourir à l’âge de six ans, elle reçut depuis l’affection inconditionnelle de son père, Philippe d’Orléans, qui la soigna jour et nuit jusqu’à son rétablissement. Leur affection mutuelle devait durer jusqu’à la mort de la jeune femme.

Marie Louise d’Orléans en déesse Flore, par Nicolas de Largillière en 1712

 

Mme Palatine, sa grand-mère, décrira l’enfance gâtée de sa petite fille :
»elle arrive à obtenir tout ce qu’elle désire, et il n’est pas surprenant de découvrir qu’elle est aussi têtu qu’un cheval ».

A l’âge de dix ans, elle attrape la variole à Saint Cloud, l’enfant fut donnée pour morte pendant six heures, et elle en réchappa miraculeusement. Quelques temps après, elle eut l’honneur de diner à la table du roi (son grand père par sa mère), privilège réservé jusqu’à présent aux Enfants et petits Enfants de France (geste qui aggrava l’animosité grandissante entre les maisons d’Orléans et de Condé).

Cette animosité s’éleva encore lorsque la duchesse d’Orléans, mère de Marie Louise Elisabeth, décida de gagner l’aide de Marie Adélaide de Savoie, duchesse de Bourgogne, pour que sa fille épouse le jeune Charles de Bourbon duc de Berry (frère du duc de Bourgogne). Or, la duchesse d’Orléans avait une sœur Louise Elisabeth de Bourbon (elle aussi fille de Louis XIV et de la Montespan) qui avait épousé le duc de Bourbon : cette sœur avait aussi une fille ainée (la jolie Louise Elisabeth de Bourbon Condé, voir son post) qu’elle désirait donner en mariage au jeune duc de Berry.

Mais la duchesse de Bourgogne apporta son appui à la duchesse d’Orléans, qui l’emporta, au grand dépit de sa sœur la duchesse de Bourbon. La princesse écartée, Louise Elisabeth de Bourbon Condé devait plus tard porter la traine de sa rivale, la duchesse de Berry, à son mariage.

Marie Louise Elisabeth était la cousine de son futur époux et la dispense papale arriva le 5 juin. Le jeune couple fut marié par le cardinal de Janson le 6 juillet 1710 à la chapelle de Versailles, en présence du roi et de toute sa cour.


Charles de Bourbon duc de Berry, par Joseph Vivien en 1700

La jeune mariée avait quinze ans, le jeune marié, vingt quatre ans. Le banquet de la noce fut tenu chez la duchesse de Bourgogne. En devenant une Petite Fille de France, Marie Louise Elisabeth eut droit à sa propre maison. La position de première dame d’honneur fut donné à Marie Gabrielle de Durfort de Lorges, épouse du mémorialiste St Simon qui obtiendra par son épouse des détails intimes du couple Berry et décrira la duchesse de Berry ainsi :

….. »Née avec un esprit supérieur, et, quand elle le voulait, également agréable et aimable, et une figure qui imposait et qui arrêtait les yeux avec plaisir, mais que sur la fin le trop d’embonpoint gâta un peu, elle parlait avec une grâce singulière, une éloquence naturelle qui lui était particulière, et qui coulait avec aisance et de source, enfin avec une justesse d’expressions qui surprenait et charmait. Que n’eût-elle point fait de ces talents avec le roi et Mme de Maintenon, qui ne voulaient que l’aimer, avec duchesse de Bourgogne, qui l’avait mariée, et qui en faisait sa propre chose, et depuis avec un père régent du royaume, qui n’eut des yeux que pour elle, si les vices du coeur, de l’esprit et de l’âme, et le plus violent tempérament n’avaient tourné tant de belles choses en poison le plus dangereux. L’orgueil le plus démesuré et la fausseté la plus continuelle, elle les prit pour des vertus, dont elle se piqua toujours, et l’irréligion, dont elle croyait parer son esprit, mit le comble à tout le reste….. »

Charles de France duc de Berry par Nicolas de Largillière

ou encore :
. »Cette princesse était grande, belle, bien faite, avec toutefois assez peu de grâce, et quelque chose dans les yeux qui faisait craindre ce qu’elle était. Elle n’avait pas moins que père et mère le don de la parole, d’une facilité qui coulait de source, comme en eux, pour dire tout ce qu’elle voulait et comme elle le voulait dire avec une netteté, une précision, une justesse, un choix de termes et une singularité de tour qui surprenait toujours. Timide d’un côté en bagatelles, hardie d’un autre jusqu’à effrayer, hardie jusqu’à la folie, basse aussi jusqu’à la dernière indécence, il se peut dire qu’à l’avarice près, elle était un modèle de tous les vices, qui était d’autant plus dangereux qu’on ne pouvait pas avoir plus d’art ni plus d’esprit….. »

Bien vite, il apparut que le duc de Berry était très amoureux de sa jeune femme, et les débuts du ménage furent heureux, le duc s’entendant pour que sa femme obtienne tout ce qu’elle désire.

St Simon relate dans ses Mémoires l’affection du duc pour son épouse :
. »Il avait commencé avec Mme la duchesse de Berry comme font presque tous ceux qu’on marie fort jeunes et tout neufs. Il en était devenu extrêmement amoureux, ce qui, joint à sa douceur et à sa complaisance naturelle, fit aussi l’effet ordinaire, qui fut de la gâter parfaitement. Il ne fut pas longtemps sans s’en apercevoir; mais l’amour fut plus fort que lui. Il trouva une femme haute altière, emportée, incapable de retour, qui le méprisait, et qui le lui laissait sentir, parce qu’elle avait infiniment plus d’esprit que lui, et qu’elle était de plus suprêmement fausse et parfaitement déterminée…… »


Marie Louise Elisabeth d’Orléans, par Pierre Gobert, vers 1710

Bien bientôt le tempérament gâtée de la jeune duchesse de Berry ne tarda pas à montrer son nez, et le couple se querella bientôt en public. La jeune duchesse de Berry montra bien vite le premier de ses graves défauts : l’ivrognerie. Incapable de se contenir en public, elle ne tarda pas à s’ennivrer si vite à table qu’il fallut plus d’une fois la ramener ivre, dans ses logements, à Versailles.

La duchesse de Berry se trouve souvent en compagnie de sa belle sœur Adelaide de Savoie, duchesse de Bourgogne, et fréquente assidument le château de Meudon, demeure de son beau père, Louis le Grand Dauphin.

En juillet 1711, un an après son mariage, elle donne le jour à une fille au palais de Fontainebleau. La petite fille meurt au bout de deux jours. Certains disent que sa mort fut précipitée car la duchesse de Berry, à l’approche de sa délivrance, dut se précipiter de Paris à Fontainebleau, à la demande du roi, pour accoucher en présence de la Cour. Seule concession du roi, le voyage se fit en barge, mais pendant le trajet, la barge transportant la duchesse de Berry heurta un pilier du pont de Melun et manqua de sombrer. Terrorisée et stressée, la duchesse de Berry accouchera prématurément.


portrait équestre de la duchesse de Berry, en costume de chasse en 1710

Son deuxième enfant naquit deux ans plus tard, le 26 mars 1713. Cette fois, elle accouche d’un fils à Versailles qui reçoit le titre de duc d’Alençon. Mais l’enfant meurt le 16 juin 1713 après plusieurs crises de convulsion. Son cœur fut enterré au Val de Grace (couvent près de Paris) et son corps porté à St Denis. Bien que peinée par la mort de son fils, la duchesse de Berry demandera que les gouvernantes nommée pour la maison de son fils conservent leur pension annuelle.

En juillet 1713, la duchesse de Berry est présente lors du double mariage du duc de Bourbon à Marie Anne de Bourbon Melle de Conti, et du prince de Conti à Louise Elisabeth de Bourbon Condé (son ancienne rivale). Elle y apparaît couverte de diamants que le roi lui avait prêté, et dont Dangeau estime la valeur à dix huit millions de livres. Son arrogance ce jour là (trait qu’elle a hérité de sa mère) est notée par tous.

Marie Louise d’Orléans par Nicolas de Largillière vers 1714

Rien ne va plus cependant dans son couple, lassé des frasques de son épouse, le duc de Berry vient de prendre en novembre 1713 une maitresse parmi l’une des suivantes de sa femme. Lorsque la duchesse de Berry découvre l’intrigue de son mari, elle décide de se venger en prenant un amant : ce sera un certain « Monsieur de la Haye » suivi par un « Mr de Salvert ». Mais lorsque le duc de Berry apprend que sa femme a pris un amant, il la menace de la séquestrer dans un couvent, et l’injurie en public. Totalement énamourée de La Haye, elle lui propose même de se faire enlever pour qu’ils puissent s’enfuir en Hollande.

…. »Elle voulut à toute force se faire enlever au milieu de la cour par La Haye, écuyer de M. le duc de Berry, qu’elle avait fait son chambellan. Les lettres les plus passionnées et les plus folles de ce projet ont été surprises, et d’un tel projet, le roi, son père, et son mari pleins de vie, on peut juger de la tête qui l’avait enfanté et qui ne cessait d’en presser l’exécution… » (St Simon)

Épouvanté, La Haye abandonne sa maitresse.

Quant au duc de Berry, St Simon raconte qu’il ne sut plus quoi faire de son épouse :
….. »Il y eut entre eux des scènes violentes et redoublées. La dernière qui se passa à Rambouillet, par un fâcheux contre-temps, attira un coup de pied dans le cul à Mme la Berry, et la menace de l’enfermer dans un couvent pour le reste de sa vie; et il en était, quand il tomba malade, à tourner son chapeau autour du roi comme un enfant, pour lui déclarer toutes ses peines, et lui demander de le délivrer de Mme la duchesse de Berry….. »

Le 30 avril 1714, le duc de Berry est à la chasse à Marly, lorsqu’au cours d’un accident, il souffre de graves contusions internes. Jusqu’au 3 mai, il vomira du sang, sera saigné au pied par les médecins et brulant de fièvre : finalement, les médecins conclurent qu’il s’était rompu une veine dans son estomac lorsque le pommeau de la selle de son cheval lui était rentré dans le ventre. Il mourut à vingt huit ans le 4 mai à 4 h 00 du matin au château de Marly, sans avoir revu sa femme (qui était de nouveau enceinte) et que l’on retenait à Versailles.

Veuve, la duchesse de Berry prend le titre de « duchesse douairière de Berry » titre qu’elle conservera jusqu’à sa mort. Quelques mois après la mort de son mari, elle accouche le 16 juin 1714 à Versailles d’une fille, qui mourra le lendemain.


Marie Louise Elisabeth d’Orléans, duchesse de Berry, en veuve, en 1714

L’année suivante, en 1715, le roi Louis XIV meurt, et le Parlement de Paris confirme Philippe d’Orléans, père de la duchesse de Berry, pour prendre les rênes de la Régence, le roi Louis XV n’ayant que cinq ans. La maison d’Orléans va dès lors figurer au premier rang en France.

Toujours aussi affectueux vis-à-vis de sa fille ainée, le Régent lui donne en septembre 1715 le palais du Luxembourg comme résidence parisienne. La duchesse de Berry ne tarde pas à y tenir de magnifiques fêtes et des banquets, et pour y être plus tranquille, elle fait fermer au public les jardins du Luxembourg, s’attirant la grogne des Parisiens qui la surnomme la « veuve joyeuse ».

Lors de l’un de ses banquets donnés en l’honneur de sa tante, Elisabeth Charlotte d’Orléans duchesse de Lorraine (sœur du Régent) en 1718, le menu servit aux invités comprendra : 132 hors d’œuvre, 32 soupes, 60 entrées, 130 entremets chauds, 60 entremets froids, 72 plats, 82 pigeons, 370 tourtes et faisans et 126 gateaux sucrés.

Pendant la Régence, la duchesse de Berry recevra un revenu annuel de 600 000 livres. Elle recevra de plus le château de Meudon (qu’elle échangera contre le château d’Amboise, dont son mari le duc de Berry avait hérité en tant que résidence de campagne, et qu’elle ne fréquentera jamais).


Château de Meudon, résidence du Grand Dauphin, beau père de la duchesse de Berry

Pour fuir l’atmosphère de la capitale et les Parisiens qui la détestent, elle trouve souvent refuge au château de la Muette : elle réussira à l’obtenir en échange du château de Madrid qui fit ainsi retour à la Couronne.

Le 21 mai 1717, la duchesse de Berry reçoit au Luxembourg le tsar Pierre le Grand. En mars 1718, elle hébergera chez elle la duchesse d’Orléans, sa mère, qui est alors souffrante, resserrant à cette occasion des liens qui s’étaient un peu détériorés. En 1719, le duc de Bourbon donnera pour la duchesse de Berry une série de fêtes somptueuses à Chantilly.


Portrait de la duchesse de Berry vers la fin de sa vie (gravure)

En 1716, elle tombe follement amoureuse d’un jeune gascon (petit neveu du duc de Lauzun) : Sicaire Antonin Armand Auguste Nicolas d’Aydie, chevalier de Rion, monté à Paris pour y faire fortune. Il devient le capitaine de ses gardes et la traite, comme son oncle Lauzun traitait Melle de Montpensier : avec mépris.

St Simon le décrit ainsi :
….. »Riom, comme on l’a dit, cadet de Gascogne qui n’avait rien, quoique de bonne maison, était petit-fils d’une soeur du duc de Lauzun, dont les aventures avec Mademoiselle, qui voulut l’épouser, ne sont ignorées de personne. Cette parité de son neveu et de lui leur mit en tête le même mariage. Cette pensée délectait l’oncle qui se croyait revivre en la personne de son neveu, et qui le conduisait dans cette trame. L’empire absolu qu’il avait usurpé sur cette impérieuse princesse, à qui, de propos délibéré, il faisait chaque jour essuyer des caprices qui lui ôtaient jusqu’à la moindre liberté, et des humeurs brutales qui la faisaient pleurer tous les jours et plus d’une fois, le danger qu’elle avait couru dans sa couche, l’horreur de l’éclat où elle s’était vue entre les derniers sacrements, et la rupture entière avec ce dont elle était affolée, la peur du diable qui la mettait hors d’elle-même au moindre coup de tonnerre, qu’elle n’avait jamais craint jusqu’alors, enhardirent l’oncle et le neveu. C’était l’oncle qui avait conseillé à son neveu de traiter sa princesse comme il avait lui-même traité Mademoiselle. Sa maxime était que les Bourbons voulaient être rudoyés et menés le bâton haut, sans quoi on ne pouvait se conserver sur eux aucun empire….. »

La duchesse de Berry (en gris) et Louis XIV par Louis Silvestre en 1715

Il lui ordonne de mettre tel vêtement ou telle parure, puis décide au dernier moment de lui faire tout recommencer. Souvent, il décide qu’elle ira à l’Opéra le soir même pour tout annuler au dernier moment, et la maintenir au Palais du Luxembourg, ou bien l’inverse. Ce traitement provoque des crises de larmes qui durent parfois des journées entières, suivi de réconciliations sur l’oreiller. Mais le lendemain, le même traitement de la part de son amant recommence : elle ne porte pas la bonne couleur de ruban, où elle porte trop de rouge sur ses joues….

Enceinte, elle réussit à épouser morganatiquement le chevalier de Riom, ce qui provoque la colère de son père le Régent lorsqu’il apprend l’existence de ce mariage. En mars 1719, elle donne naissance à un enfant mort né, et se remet très mal de cet accouchement. Très malade, elle se retire au château de la Muette.

Mme Palatine, sa grand-mère ira lui rendre une dernière visite :
..28 mars 1719 : j’ai été la voir dimanche dernier et je l’ai trouvé en mauvaise santé, souffrant de douleurs aux pieds et dans ses orteils si terribles qu’elles lui amenaient les larmes aux yeux. Je me suis forcée à me retirer car j’ai bien vu qu’elle se retenait pour ne pas crier devant moi. Je pense que son état est au plus mal. Trois physiciens se sont consultés et ils l’ont saigné abondamment aux pieds. Ils ont eu du mal à la convaincre, car ses pieds la faisaient tellement souffrir qu’elle ne voulait pas supporter l’approche d’une lame. Le seul frottement des draps sur ses jambes la faisait hurler de douleur. La saignée la soulagea cependant quelque peu, il semble qu’elle avait de la goutte dans chacune de ses jambes…


Château de la Muette où elle mourra

Elle meurt dans ce château le 21 juillet 1719 à l’age de vingt trois ans.
L’ouverture du corps révèlera qu’elle était de nouveau enceinte….

Son cœur fut transporté au Val de Grace, et son corps enterré à Saint Denis le 24 juillet 1719.

Sources :
– Wikipedia
– Mémoires de St Simon.

 

Descendants de Marie Louise Elisabeth d’Orléans, duchesse de Berry :

<<^^

Jusqu’aux enfants.

Charles de Bourbon, duc de Berry,d’Alençonet d’Angoulême(1710-1714), né le 31 août 1686, Versailes, baptisé le 18 janvier 1687, chapelle du château de Versailles, décédé le 4 mai 1714, Marly, inhumé, St Denis (coeur transporté au Val de Grace) (à l’âge de 27 ans). Marié le 6 juillet 1710, Notre-Dame,Versailles (78), avecMarie d’Orléans, née le 20 août 1695, Versailles (Yvelines), décédée le 21 juillet 1719, Château de La Muette, inhumée le 24 juillet 1719, Saint-Denis (son cœur au Val de Grâce) (à l’âge de 23 ans), dont

Une fois veuve, la duchesse met au monde clandestinement trois enfants de paternité incertaine :

  1. une fille née au Palais du Luxembourg le 27 ou 28 janvier 1716 ne vit que trois jours
  2. une fille née fin juillet 1717 lorsque la Duchesse s’est retirée au Château de la Muette pour accoucher tranquille. Le père serait le comte de Riom, devenu en 1716 « l’amant en titre » de la princesse. Selon Duclos, cette fille née des amours de la princesse avec Riom devint religieuse à l’abbaye de Pontoise. Elle serait donc l’unique enfant de Madame de Berry à n’être pas morte à la naissance.
  3. une fille attribuée par Saint-Simon à Riom, dont on délivre la princesse au Palais du Luxembourg, le 2 avril 1719, serait morte-née
  4. un autre enfant, dont elle était enceinte à sa mort

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5 réflexions sur « Marie Louise Elisabeth d’Orléans, Melle d’Orléans, duchesse de Berry (1695-1719) »

  1. Le portrait en pied illustrant cette biographie “scandaleuse” ne représente pas la duchesse de Berry dont on trouve entre-autres un portrait dans la galerie des beautés à Nymphenburg. La source la plus “objective” sur la fille aînée du Régent, Saint-Simon, ne mentionne un mariage de la duchesse avec Riom que suite au scandale de son accouchement laborieux au Luxembourg début avril 1719. Saint-Simon précise bien que la duchesse ne tombe sous la coupe de Riom qu’après maintes “passades”…. Riom n’est pas son seul amant et encore moins son “mari”, si ce n’est vers la fin de sa courte existence lorsqu’elle cherche visiblement à “racheter” sa vie de “débauches”, la santé ruinée par ses excès et ses couches clandestines. AE

  2. Bonjour,
    Le portrait figurant sur la fiche est actuellement au Rijksmuseum à Amsterdam ; il a été peint par Nicolas de Largillière. Il s’agit de Marie Louise Elisabeth d’Orléans peinte en déesse “Flore”.
    Concernant le mariage “supposée” de la duchesse de Berry avec le chevalier de Riom, ce mariage n’a jamais pu être démontré….
    Merci pour votre visite,
    Cordialement,

  3. En effet, ce tableau attribué à Largillière se trouve au Rijksmuseum, mais ne correspond pas du tout à l’iconographie connue de la duchesse de Berry (peintures et gravures, voir peintures de Gobert et gravure de Desrochers sur le site altesses.eu https://www.altesses.eu/princes277.php).
    Par contre un portrait probable de Mme de Berry par Largillière était en vente à Richelieu-Drouot en 2011 (voir repro dans Connaissances des Arts de mars 2011 : http://www.connaissancedesarts.com/marche_art/actus/portrait-presume-de-la-duchesse-de-berry-par-largilliere-88733.php)
    En comparant ce dernier tableau à la gravure de Desrochers on retrouve à peu près le même visage, et l’image d’une jeune femme plantureuse et sensuelle. Tandis que la “Flore” du Rijksmuseum semble bien loin d’évoquer la beauté charnelle associée à la “princesse Joufflotte”…
    Certes, le prétendu “mariage morganatique” de la princesse avec Riom n’est en rien démontré même si Saint-Simon laisse supposer qu’il s’est bien produit en avril 1719 et non en 1716…. Dater de 1716 cette très hypothétique “mésalliance” de Mme de Berry, n’est-ce pas une façon de la “blanchir” en diminuant sa très mauvaise réputation de femme trop libre…. “débauchée” et “libertine” diront les moralistes… ? Saint-Simon n’est pas tendre avec la princesse, surtout pas lorsqu’il évoque sa dernière maternité clandestine et avec les auteurs anonymes des chansons satiriques il est à peu près le seul “témoin” à évoquer la courte et très scandaleuse vie amoureuse de la “Messaline de Berry”. Une vision donc forcément tronquée et qui explique pourquoi Mme de Berry est une figure si “négative” de l’histoire des Bourbons (et de l’histoire des familles royales en général)…
    Cordialement. AE

  4. La nouvelle version de l’article est bien illustrée et fait un portrait fidèle de cette princesse “scandaleuse” disparue si jeune et dont la mémoire est le plus souvent avilie dans les romans historiques contemporains évoquant le temps de la Régence. Cordialement. AE

  5. Une re;arque vous notez “Les contemporains parlent de trois couches clandestines dont le chevalier de Riom serait le père : 1716, 1717 et 1719 (la dernière lui étant fatale).’ Certes selon Saint-Simon la duchesse est grosse de Riom en 1719 et dans ses commentaires de Dangeau il indique que ce serait pour la deuxieme fois… mais il ne saurait etre le geniteur de la fille dont Joufflotte accouche au Luxembourg fin janvier 1716 vu qu’il n’est pas encore “au service” de la duchesse a cette epoque et loin d’etre le seul amant de la “Messaline de Berry” qui du vivant de son mari multiplie les liaisons amoureuses.
    La phrase suivante du texte semble incomplete :
    “”Sa silhouette s’épaississant au fil des grossesses (notamment pour cacher ces dernières), elle recevra le sobriquet de « Joufflotte ».”
    Vous voulez dire qu’on lui donne le sobriquet de « Joufflotte » en raison de ses formes plantureuses et que sa silhouette s’épaissit aussi au fil de ses grossesses qu’elle dissimule sous des robes battantes ?
    Cordialement. AE

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