Marie Louise de Bourbon Parme, reine d’Espagne (1751-1820)

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marielouisedebourbon
Née le 9 décembre 1751 à Parme (Italie)
Morte le 2 janvier 1819 à Rome (Italie)
Enterrée à l’Escorial de Madrid

Contemporaine de Marie Antoinette, Marie Louise de Bourbon Parme en tant que reine d’Espagne avait beaucoup de points communs avec l’infortunée reine de France : elle eut comme elle un époux faible et débonnaire, elle perdit son trône à la faveur de la Révolution française, et fut haïe par son peuple qui la soupçonnait des pires débauches.

Marie Louise se laissa gouverner par ses passions (notamment celle qu’elle avait pour les gardes du corps) et risqua son trône et sa dynastie pour l’un d’eux : Manuel Godoy, qui causera sa perte. Mais au soir de sa vie, c’est dans les bras de Manuel qu’elle mourut réalisant ainsi un rêve qu’aucune reine d’Espagne n’avait pu réaliser  : mourir auprès de l’être aimé….

Née le 9 décembre 1751 à Parme (Italie), Marie Louise de Bourbon Parme est la dernière enfant du couple Philippe duc de Parme et de Plaisance (frère du roi d’Espagne Charles III) et de Louise Elisabeth de France (fille aînée du roi de France Louis XV).

Ses parents ne s’entendaient guère, et sa mère, décidant que Versailles et la France lui manquaient trop, quitta l’Italie pour la France où elle devait mourir lorsque Marie Louise eut huit ans. L’enfance de Marie Louise fut solitaire ; enfant espiègle et vive, on décida très vite de la marier à son cousin Charles prince des Asturies, le fils du roi d’Espagne Charles III. Agé de dix sept ans, celui-ci est affublé d’une petite tête avec un nez volumineux et un embonpoint naissant. La miniature de Charles qu’on présenta à Marie Louise montrait un regard assez doux qui rassura la jeune fille.

On évita de lui mentionner que l’éducation de Charles avait été négligée volontairement par son père, le roi Charles III. Elevé d’une manière monacale, promu au rang d’infant grâce à l’idiotie de son frère aîné Philippe, le jeune Charles était un garçon écrasé par l’étiquette espagnole et affligé d’une timidité que son ignorance rendait maladive. Ses seules passions étaient de jouer au violon et apprendre la menuiserie (comme Louis XVI) et enfin, comme tous les Bourbons, il adorait la chasse. Il avait cependant un point commun avec Marie Louise, il était né comme elle en Italie, mais à Naples. De son côté, Marie Louise n’était pas belle, mais elle était vive et intelligente, avait un sens de la répartie et un regard intense qui passait pour beau.

220px-Carlos_IV_de_rojoCharles IV roi d’Espagne et mari de Marie Louise

 Le 11 août 1765, à l’âge de 14 ans, Marie Louise de Parme débarque à Carthagène pour épouser le prince des Asturies. Le roi d’Espagne, Charles III l’accueille sans chaleur et lui impose de se plier dorénavant à l’étiquette espagnole, rigide et sévère. Marie Louise est impressionnée par son beau père (veuf depuis cinq ans) et qui impose à tous une discipline de fer. Le mariage a lieu au palais de la Granja et Marie Louise rencontre alors son futur époux pour la première fois. Elle est déçue : le regard du prince est celui d’un simple d’esprit, sa conversation est nulle et il s’empiffre lors du repas de noce.

 Les premiers mois de son mariage seront très durs pour la jeune femme : elle apprend à modérer sa vivacité naturelle mais se plaint dans les lettres à sa famille de son manque de liberté : pour se promener dans les jardins du palais, il lui faut une autorisation écrite de Charles III ! de plus, elle ne peut apercevoir son époux sans une tierce personne. Ce n’est pas que son époux lui manque, mais elle a su discerner sa bonté, et les heures passées à broder ou à lire des ouvrages pieux lui font maintenant horreur.

L’étiquette (héritée des Habsbourgs) est rigoureuse : la princesse des Asturies se lève à 6 heures, entend deux messes, communie, prend une collation à 10 heures, rejoint le roi Charles III puis déjeune et dîne seule dans sa chambre. Sa vie est monotone. Sept ans après son mariage (comme Marie Antoinette), elle accouche de son premier enfant : Charles Clément en 1771. Désormais, les maternités se succèderont régulièrement : Carlota Joaquina (1775-1830), Maria Luisa (1777-1782), Maria Amelia (1779-1798), Carlos (1780-1783), Maria Luisa Josefa (1782-1824), Felipe Francesco (1783-1784) et son jumeau Carlos (1783-1784), Fernando VII (1784-1833), Carlos (1788-1855), Maria Isabel (1789-1848), Maria Teresa (1791-1794), Felipe Maria (1792-1794) et Francisco de Paula (1794-1865).

 La Cour se déplace au rythme des saisons : de Madrid à la Granja, mais Marie Louise s’ennuie dans les austères palais de son beau père et obtient après insistance auprès de Charles III, l’autorisation de se construire un petit palais, la Casa del Principe, dans les jardins du monastère de l’Escurial où elle peut enfin se détendre et se soustraire aux espions de son beau père : les moines et les laquais qui rapportent ses faits et gestes. Mais cet isolement intrigue et la Cour soupçonne Marie Louise d’y cacher ses amants…

220px-Manuel_de_Godoy_y_Alvarez_de_Faria,_1er_Duque_de_Alcúdia;_retratado_por_Agustín_EsteveManuel Godoy, amant de Marie Louise

Or, Marie Louise vient de se découvrir au contact des caresses maladroites de son époux un tempérament de nymphomane : elle ne peut s’empêcher de contempler avec envie les jeunes seigneurs qui entourent le prince des Asturies et jette finalement son dévolu sur le plus beau d’entre eux : le comte de Teba. Marie Louise, les sens comblés par les étreintes plus raffinées de son amant lui fait confiance : elle a tort, vaniteux, celui-ci proclame sa faveur. Effrayée à l’idée que Charles III apprenne son inconduite, Marie Louise le chasse : le comte de Teba deviendra alors son ennemi le plus acharné.

 Marie Louise a comprit sa leçon : elle doit prendre ses amants au plus bas de l’échelle et son intérêt se porte alors sur les gardes du corps. Ce sont des cadets des hidalgos de province sans fortune, et leurs allées et venues passent inaperçues. Celui qu’elle désire, elle le prend sur l’heure puis s’en désintéresse. Ceux qu’elle retient plus longtemps sont, peu de temps après, chassés par le roi Charles III qui finit par réclamer une enquête. Marie Louise, prise de panique, prend le parti de s’indigner soutenu par son époux qui voit en elle le modèle de toutes les vertus : elle écrit au roi « on cherche à me nuire auprès du roi, de mes enfants et de mon époux, qui, s’il n’était aussi bon et chrétien qu’il l’est pourrait prêter ouïe à de telles calomnies ».

Elle tremble car elle craint la colère du roi, mais le destin lui réserve une surprise : le roi Charles III meurt brusquement le 15 décembre 1788 et Marie Louise devient reine d’Espagne ! Dès le début de ce règne, toute la Cour sait que c’est Marie Louise qui gouverne. Charles IV part à la chasse de 9 heures à 12 heures et de 14 heures à 17 heures, hiver comme été, et n’aime pas être dérangé par ces « maudites tracasseries » que sont la politique et les intrigues. Il aime la compagnie des laquais et est indifférent aux ragots qui courent sur la reine, en qui il a toute confiance. Celle-ci commence son règne à l’age de 38 ans : elle en parait beaucoup plus, et s’efforce de paraître jeune avec des fards et des toilettes décolletées… mais elle porte déjà un dentier !

250px-Maria_Luisa_of_Parma,_Queen_of_SpainMarie Louise en 1816 peinte par Goya

 Or, depuis quelques mois elle a un nouvel amant/garde du corps dont elle raffole : Manuel Godoy, jeune noble pauvre de la province d’Estrémadure. Il est âgé de 21 ans, est beau comme un dieu : grand, teint clair, yeux bleus et regard insolent. Avec ce nouvel amant, la reine redouble de précautions, mais il ne la respecte pas et garde un air supérieur vis-à-vis d’elle. Emoustillée par cette résistance, elle lui fait cependant de terribles scènes de jalousie lorsqu’elle apprend qu’il court les filles à Madrid. Mais elle lui pardonne, car c’est dans ses bras que Marie Louise vient enfin de découvrir l’amour physique.

Lorsque le 6 juillet 1789 Marie Louise accouche d’une fille (Maria Isabel), chacun peut remarquer que l’enfant a les yeux bleus… de Godoy ! Le roi apprécie Manuel Godoy qui est beau parleur et voit la vie en rose : « la Révolution française ? un pur caprice des Français ! » dira t’il un jour à Marie Louise qui s’inquiète de la situation en France. A la stupeur général, Manuel Godoy est nommé bientôt major des gardes, puis il est fait duc d’Alcudia. Le roi décrète que Manuel Godoy possède un sens inné de la politique : il devient donc conseiller d’état et loge au Palais où un escalier dérobé relie sa chambre à celle de Marie Louise.

Tous les matins, après sa toilette, Charles IV se rend chez le favori, manquant de peu sa femme qui regagne ses appartements. Marie Louise aime dire : « le roi, Godoy et moi formons la Sainte Trinité », le peuple plus prosaïque les rebaptise « le bouc, la putain et le ruffian ».

220px-Pepita_TudóPepita Tudo, épouse de Manuel Godoy

 Mais l’exécution de Louis XVI en France va peu à peu amener l’Espagne à la guerre : elle est coûteuse et impopulaire et la colère monte contre le favori. Celui-ci s’empresse de signer en 1794 le traité de Paix et reçoit le titre pompeux de Prince de la Paix. Manuel Godoy se pavane bientôt avec sa maîtresse en titre, la belle Pepita Tudo, une fille du peuple devenue l’un des modèles du peintre Goya. La reine l’apprend, fait des scènes terribles, et Manuel Godoy qui ne supporte pas les critiques la bat.

Blessée et humiliée, mais désireuse de conserver l’amour de Godoy, la reine fait marche arrière, accepte de le partager et va même jusqu’à faire de Pépita une comtesse espagnole. En 1794, à l’age de quarante trois ans, Marie Louise donne naissance à son dernier enfant : Francisco de Paula (qui « ressemble étrangement à Godoy » selon lady Holland). Le roi qui désire récompenser le Prince de la Paix lui donne pour épouse sa propre nièce, Marie Thérèse comtesse de Chinchon, à qui Godoy imposera sa maîtresse dans sa propre maison le lendemain des noces.

 Les ennemis de Godoy sont nombreux (en tête, il y a le comte de Teba) se rassemblent autour du jeune Ferdinand, prince des Asturies, qui hait avec férocité sa mère et l’amant de celle-ci. En 1807, Napoléon envoie ses troupes combattre au Portugal et envahit l’Espagne. Il s’empare de Barcelone et marche sur Madrid. La foule madrilène en colère se rue sur l’hôtel de Godoy et le pille. Pour sauver son favori, Charles IV se résigne à abdiquer en faveur de son fils, le jeune Ferdinand. Quant à la reine, elle prend la plume et s’adresse au général Murat commandant les troupes françaises en route vers Madrid : « obtenez nous de sa majesté l’Empereur que nous puissions finir nos jours dans un endroit convenable à la santé du roi qui est délicate, de même que la mienne, avec notre unique ami, le pauvre Prince de la Paix ».

En réponse, Napoléon offre à Marie Louise une rente et le château de Compiègne en résidence, et la reine part pour la France avec le roi et son amant (devenu avec les ans lourd et massif..). Le frère de l’Empereur, Joseph Bonaparte est alors proclamé roi d’Espagne et le jeune Ferdinand est détenu en résidence au château de Valençay (Indre). Le climat de Compiègne ne convenant pas aux exilés espagnols, Marie Louise obtient l’autorisation de séjourner à Marseille. Mais Napoléon réduit bientôt leurs rentes et les anciens souverains trouvent refuge au palais Borghèse à Rome toujours suivi de Manuel Godoy (accompagné de sa maîtresse Pepita ).

 En 1814, à la chute de l’Empire, Ferdinand devient roi d’Espagne sous le titre de Ferdinand VII et il va s’acharner contre ses parents exilés. La reine Marie Louise réclame une pension à son fils ? celui-ci lui oppose une fin de non recevoir. La reine devenue avec les ans plus une mère vis-à-vis de Godoy qu’une amante, finit par comprendre l’attachement que celui-ci éprouve pour sa maîtresse Pépita : elle va jusqu’à demander l’annulation du mariage de Godoy afin que celui-ci puisse épouser la jeune femme : aussitôt Ferdinand VII intervient auprès du pape pour que celui-ci refuse. Marie Louise craint la haine de son fils vis-à-vis de Manuel : sans elle, celui-ci n’est rien et elle décide d’en faire son légataire universel.

 En 1818, la reine Marie Louise se fracture les deux jambes et doit garder le lit. Son mari en profite pour rendre une visite amicale à son frère le roi de Naples. Ce dernier a reçu instruction de Ferdinand VII de révéler à son frère crédule la nature des vraies relations entre Marie Louise et Manuel Godoy. A l’annonce de la vérité, le vieux roi est effondré : non seulement sa femme l’a trahi mais elle lui a donné en prime des bâtards qui sont un coup à son orgueil. Il refuse de retourner à Rome confronter son épouse et préfère rester à Naples. Or, le 1er janvier 1820, Marie Louise prend froid dans son palais mal chauffé, une pneumonie se déclare : Manuel est à son chevet et lui prend la main, il est en train de perdre celle qui lui a apporté la fortune et qu’il a suivi dans son exil. La vieille reine d’Espagne rend son âme à dieu, le sourire aux lèvres, le 2 janvier 1820.

Compiègne_(60),_palais,_façade_sud-est_sur_le_parc_4Le chateau de Compiègne, exil français des rois d’Espagne

 Revenu de Naples, Charles chasse sans un mot Manuel Godoy du palais Borghèse. Celui-ci part s’installer à Paris en compagnie de sa maîtresse qui finira par le quitter (emportant avec elle les deux enfants qu’ils ont eu ensemble). Le roi Louis Philippe accordera une pension de 4 500 F/an à Manuel Godoy et il mourra à Paris en 1851, oublié de tous. Il sera enterré au Père Lachaise.

Quant au corps de Marie Louise, sa dépouille sera portée à Saint Pierre dans un carrosse tiré par huit chevaux noirs. Dix jours après, son époux la suivra dans la tombe. Ferdinand VII fera rapatrier les corps de ses parents pour les enterrer à l’Escurial où ils reposent côte à côte : le roi naïf et la reine nymphomane qui vécut jusqu’au bout pour l’homme qui fut sa plus grande passion …

Descendants de Maria Luisa di Borbone

Jusqu’aux petits-enfants.

Maria Luisa di Borbone, principessa di Parma, di Piacenza et di Guastalla, infanta de España, reina de España (1788-1808), née le 9 décembre 1751, Parme (Italie), décédée le 2 janvier 1819, Rome (Italie) (à l’âge de 67 ans).
Mariée le 4 septembre 1765, San Ildefonso, avec Carlos IV de Borbón, príncipe di Tarento, Príncipe de Asturias (1759-1788), Rey de España (1788-1808), né le 12 novembre 1748, Portici – palais royal de Portici (Napoli), baptisé le 15 novembre 1748, décédé le 19 janvier 1819, Napoli – palais royal de Napoli (à l’âge de 70 ans), dont

Marié le 20 octobre 1819 avec Maria Josepha, Prinzessin von Sachsen, née le 6 décembre 1803, Dresden, décédée le 17 mai 1829, Aranjuez (à l’âge de 25 ans).
Marié le 11 décembre 1829 avec Maria Cristina di Borbone, princesse des Deux-Siciles, née le 27 avril 1806, Palermo, décédée le 22 août 1878, Le Havre (Seine-Maritime) (à l’âge de 72 ans), dont

Marié le 20 octobre 1838, Aspeitia, avec Maria Teresa de Bragança, infanta de Portugal, duquesa de Madrid, condessa de Montemolin e de Molina, née le 29 avril 1793, Queluz, décédée le 17 janvier 1874, inhumée, chapelle Saint-Charles Borromée de la cathédrale Saint-Juste de Trieste (à l’âge de 80 ans).

Relation avec Edoardo Shmuckher, ufficiale austriaco, dont

Mariée le 15 janvier 1839, Naples, avec Francesco, comte del Balzo, né le 17 mai 1805, décédé le 15 avril 1882 (à l’âge de 76 ans).

Marié le 1er février 1851, Madrid, avec Teresa Arredondo, duquesa de San Ricardo, née en 1829, décédée le 29 décembre 1863, Madrid (Espagne) (à l’âge de 34 ans), dont

Relation en 1788 avec Manuel de Godoy, Príncipe de la Paz (1er, 27 septembre 1795), Príncipe de Basano, Duque de Alcudia (1er, 4 juillet 1792), Duque de Sueca (1er, 7 mars 1804), né le 12 mai 1767, Castuera, Badajoz, Espagne, décédé le 4 octobre 1851, Paris, inhumé, cimetière du Père-Lachaise, Paris XX (à l’âge de 84 ans), ministre et favori du Roi Charles IV d’Espagne.

Total: 55 personnes (conjoints non compris).

 

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