Fortunée Lormier Lagrave, Madame Hamelin (1778-1851)

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Fortunee-Hamelin-detail

Née à Fort Dauphin, ile de Saint Domingue le 25 mars 1778
Morte le 29 avril 1851 à Paris
Enterrée au cimetière Montmartre, puis au Père Lachaise

Jeanne Geneviève Fortunée Lormier Lagrave naquit sur l’île de Saint Domingue le 25 mars 1778 (à Fort Dauphin plus précisément).

Celle qu’on surnommera « le plus joli polisson de France » était née fille unique d’un riche planteur de canne à sucre, le sieur Jean Lormier Lagrave, (qui était procureur du roi à Fort Dauphin), et de son épouse légitime Geneviève Prévost.

Un deuxième enfant, un fils, naîtra de cette union, et il sera baptisé Jean Baptiste, mais il mourra malheureusement en bas âge lorsque Fortunée aura trois ans.

La famille de son père tenait ses racines à Nérac dans le Lot et Garonne, quant à sa famille maternelle, les Prévost, ils étaient issus d’une famille de magistrats avocats au Parlement de Paris qui après quelques revers financiers, tentèrent leur chance à Saint Domingue.

La jeune Fortunée sera élevée sur la plantation de Maribaroux jusqu’à l’âge de onze ans. Puis, en 1788, son père décida de l’expédier en France en compagnie de sa mère avec dans l’idée de marier rapidement sa fille à un homme riche et bien né, projet difficile à réaliser sur l’île de Saint Domingue où les prétendants n’étaient pas légion.

A Paris, la jeune Fortunée fut mise en pension religieuse où on lui apprit les rudiments de vie essentielles aux jeunes aristocrates de l’époque : la lecture, la broderie, mais Fortunée se révéla dans l’amour de la lecture et son sens de la conversation. Très vite, Fortunée détesta vite cette vie confinée : fille des îles, elle regrettait Saint Domingue où elle avait pu vivre son goût prononcé pour la nature, et donner libre cours à son envie de liberté.

fortuneeFortunée Hamelin par André Appiani en 1798

A Paris, la jeune fille étouffait et se sentait prisonnière. Elle n’avait qu’une échappatoire possible, accepter au plus vite le premier prétendant que sa mère allait lui présenter. Car Geneviève Prévost avait pour instruction de son époux de marier Fortunée vite et bien.

C’est ainsi que le choix de la mère se porta sur un fils de fermier général, le très riche mais très insignifiant Romain Hamelin. Il avait huit ans de plus que Fortunée, mais il possédait une fortune solide. De plus, la révolution française qui venait d’éclater ne le menaçait en rien. Il devint fournisseur général aux Armées de la République avec un bel avenir devant lui. Il était aussi receveur général de Tours et du Berry.

C’est ainsi que Fortunée Lormier Lagrave épousa à l’âge de quatorze ans, Romain Hamelin âgé de vingt deux ans. Le mariage eut lieu à Paris le 10 juillet 1792 : ce n’est pas un mariage d’amour pour Fortunée, mais il lui permet de se libérer de la tutelle de sa mère.

Saint_Domingue_Mole_Saint_Nicolas_1780l’ile de Saint Domingue en 1780 (lieu de naissance de Fortunée)

Quant à son père, il meurt dans un naufrage en 1794 alors qu’il voyageait sur un navire faisant route vers l’Amérique. La mort de son père lui permet d’hériter d’un petit hôtel rue d’Hauteville à Paris (futur hôtel Bourienne) qui sera le lieu de son premier salon.

A la même époque, la période de la Terreur prend fin et dans les années qui vont suivre (les années du Directoire), les parisiens vont avoir envie de vivre la vie qui leur a été refusé pendant des années, afin de se libérer de la peur qu’ils ont vécu en craignant les arrestations et la mort par la guillotine.

Les jeunes hommes et les jeunes femmes se lancèrent dans une mode insensée qui donnera naissance aux sobriquets des « merveilleuses » et des « incroyables » et où les élégantes décrétèrent que seule la mode à la grecque était supportable. Adieu le bonnet rouge et la carmagnole des années-révolution, et bonjour aux mousselines transparentes que les dames portaient sur un maillot de chair très suggestif.

Les plus jolies femmes de Paris participèrent avec frénésie à cette mode insensée : les plus acharnées étaient un trio de jolies femmes : Rose Tascher de la Pagerie vicomtesse de Beauharnais (future Joséphine, épouse Bonaparte), Thérésa Cabarrus Mme Tallien, et Juliette Récamier, trio auquel va se joindre la très jolie Mme Hamelin.

Elle côtoiera ses trois femmes qui furent ses rivales, ou ses amies : l’amie ce sera la veuve Beauharnais (qui lui prendra Bonaparte pour l’épouser), les ennemies ce seront Mme Tallien (« Notre Dame de Thermidor ») à qui Fortunée succédera dans le lit de l’amant de celle-ci, le baron Ouvrard, et la rivale ce sera Mme Récamier (qui lui soufflera Chateaubriand, l’un de ses derniers amants).

normal_Fortunee_HamelinFortunée Hamelin par David en 1800

Fortunée Hamelin créera la sensation un jour d’été 1796 en se promenant sur les Champs

Elysées vêtue d’une robe de gaze jaune, sous laquelle elle ne porte aucune chemise.

Pour fuir le scandale, son mari l’emmènera avec lui l’année d’après en Italie ; c’est là, à Milan qu’elle mettra au monde son premier enfant, un fils, prénommé Edouard, le 20 juillet 1797.

Un an plus tard, elle donnera naissance à sa fille Léontine en 1798. Puis, estimant qu’elle avait bien rempli son devoir de femme mariée, elle commencera à vivre pour elle-même et, encouragée par son amie Rose Beauharnais (créole comme elle), elle commencera à collectionner les amants.

Sa beauté exotique enchantait alors le tout Paris : elle avait le teint très brun, des lèvres rouges et épaisses, des dents blanches et pointues, des cheveux noirs magnifiques, et une taille de nymphe et des pieds d’enfants. Elle était de plus bien faite et possédait des yeux marrons superbes. Elle possédait un goût très sûr sur la mode, ce qui lui permit de devenir bientôt la reine de Paris.

Évidemment, cette liberté subite provoquera la rupture de son couple et en 1804, elle se séparera de son époux.

Grâce à l’amitié de la future impératrice Joséphine, on commença à se bousculer chez la belle Mme Hamelin : elle avait pour principe d’être fidèle en amitié, et si elle était peu aimée par les femmes qui voyaient en elle une rivale, elle attirait l’attention des hommes par sa grâce naturelle et son don inné de la danse. En janvier 1803 Fortunée Hamelin participa à un bal magnifique donné à Paris par le comte Demidoff : elle dansa avec Trénitz et reçut les applaudissements des spectateurs émerveillés. A trois heures du matin le souper était donné et la danse reprenait de plus belle pour Fortunée, qui bien qu’épuisée, dansera jusqu’à six heures du matin.

4f542abdd99b8c8c278c300024c83378Intérieur de l’hotel Bourienne, rue d’Hauteville que Fortunée héritera de son père

Elle aimait les hommes et ne s’en cachait pas. Lors de son séjour en Italie, elle avait rencontré le général Bonaparte et avait été tout de suite fascinée par cet homme : le futur empereur gardera lui aussi une amitié sincère avec Fortunée (certains prétendent qu’ils furent amants) mais le cœur du général battait déjà pour l’amie de Fortunée, Rose Tascher, vicomtesse de Beauharnais, qui deviendra bientôt Joséphine.

Au retour d’Italie, elle accueillit avec empressement Bonaparte dans son salon (qu’elle venait de créer et qui recevait la crème des hommes influents du Directoire) en l’apostrophant gentiment lors de ses retards : « on voit assez que l’on ne se bat pas ici, général, vous vous y faites attendre »…

La maison de Fortunée était devenue une contrefaçon de ministère, on venait s’y faire inscrire, on postulait, on intriguait : c’était la cour au petit pied (souvenir de la comtesse de Bassanville).

440px-EmprjoseJoséphine vicomtesse Beauharnais (Rose Tascher de la Pagerie) en 1801 par Gérard (future Mme Bonaparte)

Bonaparte étant déjà pris sentimentalement, Fortunée trouvera sa consolation dans les bras d’un superbe hussard : François Fournier Sarlovèze surnommé « le plus mauvais sujet de l’armée ».

Il était beau garçon, possédait un caractère vif, et supportait mal l’autorité de Napoléon. De plus c’était un cavalier émérite, un grand sabreur et un amateur de duels incorrigible. Il provoquera quatorze fois le même adversaire, un certain colonel Dupont, et leurs duels successifs donneront naissance à un film célèbre « les duellistes » qui montreront l’acharnement à se battre de deux adversaires sur une période de dix neuf ans, et ce, pour un motif assez futile au départ (une réprimande de Dupont vis à vis de Fournier).

Il y aura aussi des joutes verbales entre Fortunée et François Fournier Sarlovèze. La belle Madame Hamelin le soupçonnera de ne pas lui être fidèle, il y aura des ruptures, des cris et des larmes tout au long de la période de l’Empire jusqu’à ce que son amant commette une faute impardonnable pour Fortunée : il trahira Napoléon pour les Bourbons en 1814, et cela Fortunée ne le lui pardonnera jamais. Elle rompra avec lui pour se consoler dans les bras d’un autre homme séduisant, rencontré lors d’une soirée chez Talleyrand, le ministre de Napoléon.

Général_FRANCOIS_FOURNIER_SARLOVEZEFrançois Fournier Sarlovèze par Antoine Jean Gros en 1812 (amant de Fortunée Hamelin)

Il s’agit du comte Casimir de Montrond. Il était si beau que les femmes l’avait surnommé « l’Enfant Jésus de l’Enfer ». Il était aussi l’époux divorcé de la très belle Mme de Coigny (l’héroïne du roman « la jeune captive » d’André Chénier). En effet cette dernière avait demandé la séparation de biens, après que Casimir l’ait soigneusement ruinée : c’était en effet un joueur acharné et il fallut toute la beauté irrésistible de Fortunée pour le retirer de sa table de jeux.

Hélas, il n’était pas plus fidèle que ne l’était le beau François Fournier. Coureur invétéré, Casimir trouvera un jour porte close devant la chambre de la belle Mme Hamelin. Cette dernière lui interdira son lit (il était allé voir ailleurs!), mais lui conservera son amitié.

La comtesse de Boigne décrivait ainsi  Montrond : « c’était un singulier personnage, formé des travers du XVIIIème siècle et des vices du XIXème M. de Montrond a su pendant plus de soixante ans, côtoyer la boue, sans jamais mettre les pieds tout à fait dedans. Son existence paraissait une énigme à tous ; il jouait gros jeu, mais sans âpreté. On ne saurait dire que M. de Montrond ait joui d’aucune considération ; toutefois il était reçu partout, fêté et recherché par beaucoup de gens haut placés. Il était railleur, impitoyable, ne ménageait pas ses meilleurs amis et emportait la pièce. (il était surnommé dans le grand monde « l’âme damnée de Talleyrand», « l’aboyeur » voire « le souffleur »).

Fortunée n’aura pas à attendre longtemps avant de trouver son amant consolateur : depuis des années, le très riche banquier Gabriel Ouvrard était amoureux de la jeune femme. Il venait de quitter Théresa Cabarrus, Mme Tallien, (une des « Merveilleuses ») qui lui avait donné quatre enfants, puis était partie convoler en justes noces avec le prince de Caraman Chimay.

478px-Portrait_Gabriel-Julien_OuvrardGabriel Julien Ouvrard (amant de Fortunée Hamelin)

Depuis longtemps, Ouvrard soupirait auprès de Mme Hamelin qui ne l’avait jamais remarqué. Mais lorsqu’il rompit avec sa maîtresse (qui était une ancienne une amie de Fortunée) cette dernière accepta de réviser son jugement et l’accueillit dans son lit.

Le banquier Ouvrard mit à la disposition de Fortunée sa richesse et son influence parisienne. Mais Ouvrard avait un énorme défaut aux yeux de Fortunée : il était spéculateur acharné et corrompu, et jamais Fortunée ne souhaitera profiter des tractations douteuses de son amant pour s’enrichir.

Après avoir tenu salon rue de Clichy sous le Directoire, Fortunée décida d’ouvrir un autre salon rue Blanche. Elle y suivit toutes les phases de l’épopée napoléoniennes et reçu dans sa maison Savary, Moreau, le général Ney, et le général Junot qu’elle maria à Melle Pernon (future duchesse d’Abrantès).

424px-1801_Antoine-Jean_Gros_-_Bonaparte_on_the_Bridge_at_ArcoleNapoleon Bonaparte en 1801 par Antoine Jean Gros

La vie auprès du banquier Ouvrard était alors bien agréable, c’est pourtant chez Fortunée que le banquier Ouvrard sera arrêté par la police de Fouché en 1807 ; en effet, les malversations de ce dernier devaient entraîner son arrestation et sa détention en prison pendant cinq ans.

Fortunée ne pardonnera jamais à Fouché d’avoir orchestré l’arrestation de son amant dans sa maison particulière. Ce trait cruel ne l’empêchera pas de demeurer toujours aussi fidèle à l’Empereur.

En 1814 a lieu le retour des Bourbons à Paris et l’abdication de Napoléon, qui est aussitôt conduit à l’ile d’Elbe. Le retour au pouvoir des Bourbons et notamment de Louis XVIII exaspérait la jeune femme. Elle se promit de libérer son Empereur.

472px-Armand_Emmanuel_Duke_of_RichelieuArmand Emmanuel duc de Richelieu par Thomas Lawrence en 1818

Elle se mut alors en agent secret, et travailla au retour de l’exilé. Lorsque ce dernier s’échappa de l’île d’Elbe, Mme Hamelin fit placarder sur les murs de Paris des affiches portant le texte des trois proclamations adressées par l’Empereur à son armée et au peuple français. Quand Napoléon regagna les Tuileries, la première lettre qu’il trouva sur son bureau fut une lettre de Fortunée. Hélas, les Cent jours devaient prendre fin avec l’éclatante défaite de Waterloo.

Napoléon dira de Mme Hamelin : « je ne sais comment elle tourne sa phrase, mais je me sens disposé à bien accueillir tous ceux dont elle rapporte les paroles, du moins ceux là ne se plaindront pas qu’elle les envenime ».

Cette fois, les Bourbons, de retour d’exil, n’épargneront pas la jeune femme. Alors que Napoléon était transporté sur l’île de Sainte Hélène, Mme Hamelin reçut l’injection ferme et définitive de Louis XVIII de quitter Paris sur le champ.

472px-Anne-Louis_Girodet-Trioson_006René de Chateaubriand en 1808 par Anne Louis Girodet (amant de Fortunée Hamelin)

La mort dans l’âme, Fortunée Hamelin quitta Paris pour Bruxelles en novembre 1815. Elle s’installa dans une auberge dans l’ex chef lieu du département de la Dyle (Bruxelles venait en effet d’être française pendant vingt ans), pour deux longues années où elle s’ennuya mortellement.

C’est l’un de ses anciens amis, le duc de Richelieu qui insista auprès du roi pour que l’exil de la jeune femme soit levé. Casimir de Montrond (son ancien amant) devenu un ami précieux obtiendra quant à lui le fameux passeport qui permettra à Fortunée de regagner Paris.

La société parisienne retrouva ainsi Mme Hamelin dont la gaieté, le charme et la gentillesse manquaient à tous ses amis. Fortunée se réinstalla dans sa demeure du 37 rue de la Tour d’Auvergne que le banquier Ouvrard avait gardé en l’état pendant son absence (il était sorti de prison). Elle retrouva aussi sa maison de campagne qu’elle possédait près de Fontainebleau et qu’elle avait surnommée la Madelaine, c’est dans cet endroit, que l’âge venant, elle se retirera de plus en plus.

644px-Mme_Recamier_by_AugustinJuliette Récamier en 1801 (la rivale de Fortunée Hamelin)

En attendant, elle rouvrit son salon et y reçu les grands du moment : le prince de Talleyrand, les généraux Flahaut et Girardin, le duc de Choiseul, etc… elle était toujours une ardente bonapartiste et elle était étroitement surveillée par la police de Louis XVIII. Ses déplacements aux eaux de Spa où elle partait faire sa cure était toujours soigneusement notés dans les carnets de la police royale.

Elle fit des voyages en Angleterre où elle accompagnait le comte de Montrond, et elle orienta peu à peu son salon en un établissement de jeu, où elle ne tarda pas à recevoir les déçus de la Restauration.

C’est à cette époque qu’elle rencontra  René de Chateaubriand qui détenait alors le portefeuille des Affaires Etrangères. Elle devint sa maîtresse.

Elle avait conservé « ses yeux de tropiques «  et la grâce de son esprit et sa conversation pétillante retinrent un temps près d’elle celui que les femmes surnommaient « l’Enchanteur ».

Elle lui rendit des services, et lui se rendit coupable d’ingratitude envers elle, en ne la mentionnant pas dans ses célèbres Mémoires. Et pour cause ! Chateaubriand était devenu (depuis peu) l’amant de la belle Juliette Récamier (une autre des « Merveilleuses ») qui ne pouvait souffrir la belle Mme Hamelin.

170px-Fouché_Joseph_Duke_of_OtrantoJoseph Fouché, ministre de la Police de Napoléon

La querelle des deux femmes avait débuté un jour de 1805 lorsque la belle Juliette était tombée amoureuse du comte de Montrond, alors amant en titre de Fortunée. Ayant deviné que sa rivale voulait succomber aux charmes de « l’Enfant Jésus de l’Enfer », la belle Fortunée avait répandu le bruit dans le tout Paris que Mme Récamier n’était pas aussi « virginale » que sa réputation le présageait. Piquée au vif, Juliette s’était jurée de se venger de Mme Hamelin, et elle trouva l’accomplissement de sa vengeance lorsque Chateaubriand lui demanda son avis lors de la rédaction de ses Mémoires. Elle s’employa à y effacer le nom de Fortunée dès qu’il apparaissait sur les pages manuscrites de Chateaubriand, qui laissa faire….

Fortuné mariera sa fille Léontine à un veuf, Emmanuel marquis de Varambon, le 24 janvier 1826 à Paris. Ce fut un mariage d’amour et Léontine s’attachera vivement à la fillette née du premier mariage de son époux. Le maréchal de Castellane décrira la fille de Fortunée ainsi : « en mai 1828 j’ai assisté à un dîner avec la fille de la célèbre Mme Hamelin, la marquise de Varambon : cette dernière plutôt jolie que laide est une femme de beaucoup d’esprit ».

Son fils, Edouard Hamelin, avait été sous lieutenant d’infanterie légère : il alla en 1817 aux Etats Unis et y resta deux ans ; il revint à Paris pour repartir vers l’île de Bourbon (île de la Réunion) où il se maria en 1822 avec Marianne Ursule Pajot, nièce de la comtesse de Villèle. Il mourra à Paris, un an après sa mère, en 1852. Fortunée se plaignait souvent dans ses lettres des négligences de son fils, à qui elle adressait des lettres détaillées sur l’état politique de la France dans les années 1848.

Les dernières années furent difficiles, Fortunée se retira dans sa maison de l’Ermitage près de Fontainebleau où la maladie finit par la rattraper. On raconte qu’elle devint dévote, et eut un confesseur.

Elle verra mourir tous ses amants : le premier d’entre eux, le beau Fournier, était mort à Paris le 18 janvier 1827, à l’âge de cinquante trois ans, sans laisser de descendance.

manuscLettre manuscrite de Fortunée Hamelin

Puis c’est sa fille unique, Léontine, marquise de Varambon, qui mourra en 1833, victime d’une crise cardiaque. Son époux, fou de chagrin, lui élèvera un superbe tombeau au père Lachaise (tombeau qui hébergera Fortunée Hamelin des années plus tard).

Ensuite c’est Casimir de Montrond qui meurt en 1843 « paralysé des deux bras et presque imbécile ». Quelques jours avant de mourir, il était venu la voir à Fontainebleau et lui avait demandé pardon de sa conduite passée. Fortunée la lui avait accordé de bon cœur. Lorsqu’elle apprit sa mort quelques semaines plus tard après sa visite, elle se rendit à Paris pour lui dire au revoir sur son lit de mort . Fortunée relatera ainsi dans ses lettres : « j’ai prié deux soirs avec les prêtres qui le gardaient, il était superbe, sa barbe poussée cachait les ravages de l’age et de la maladie. Ses traits si nobles, si calmes paraissaient comme un buste de Platon, je me suis navrée comme pour épuiser mes larmes et le jour de son enterrement je suis tombée fourbue de douleur sur son petit lit de la Madeleine ».

En 1846, elle apprit la mort d’Ouvrard mort à Londres, complètement ruiné, après avoir subi plusieurs emprisonnements pour malversations.

Puis le 4 janvier 1848, c’est René de Chateaubriand qui s’éteint à Paris à l’âge de soixante dix neuf ans.

La mort saisira Fortunée un soir d’avril 1851 : elle dinait chez l’une de ses amies, nièce e Madame Kisselef lorsqu’elle ressentit un malaise qui la conduira au seuil de la mort. Frappée d’apoplexie, elle put cependant recevoir les derniers sacrements avant de mourir à Paris au 37 rue de la Tour d’Auvergne.

Son corps sera d’abord enterré au cimetière Montmartre, puis au père Lachaise, où elle repose dorénavant en compagnie de sa fille Léontine marquise de Varambon, de son mari Romain Hamelin (dont elle était pourtant séparée), de son fils Edouard, et de sa bru Ursule Pajot.

 

Sources :

  • Wikipedia
  • « Fortunée Hamelin » de André Gayot.
  • « Amoureuse Joséphine » de André Castelot

 

Descendants de Fortunée Lormier-Lagrave, Mme Hamelin :

Jusqu’aux petits-enfants.

Fortunée Lormier-Lagrave, née le 25 mars 1778, Fort-Dauphin, Saint-Domingue, baptisée le 27 septembre 1778, décédée le 29 avril 1851, Paris, inhumée, Père Lachaise, Paris (11e division, chemin Talma) (à l’âge de 73 ans).
Mariée le 10 juillet 1792, contrat du, avec Romain Hamelin, né le 6 octobre 1770, Paris, baptisé le 9 octobre 1770, Paris (Saint-Roch), décédé le 24 septembre 1855, Paris, inhumé, cimetière du Père Lachaise (à l’âge de 84 ans), dont

 

Relation avec François, baron Fournier-Sarlovèze et de l’Empire (1808), né le 6 septembre 1773, Sarlat, décédé le 18 janvier 1827, Paris (75) (à l’âge de 53 ans), officier de cavalerie, général de division (1812), inspecteur général de la cavalerie.

Relation avec Casimir, comte de Montrond, né en 1769, décédé le 18 octobre 1843, Paris (75) (à l’âge de 74 ans), officier de cavalerie, aide-de-camp de Latour-Maubourg.

Relation avec Gabriel Julien Ouvrard, né le 11 octobre 1770, Cugand (Vendée), décédé le 21 octobre 1846, Londres (Grande-Bretagne), inhumé, cimetière du Père-Lachaise, Paris XX (à l’âge de 76 ans), banquier, fondateur de la Compagnie des Négociants Réunis.

Total: 5 personnes (conjoints non compris).

 

4 réflexions sur « Fortunée Lormier Lagrave, Madame Hamelin (1778-1851) »

  1. Bravo pour la très belle biographie de Mme Hamelin. Il faut préciser que la photo historique du décor de l’hôtel de Bourrienne que vous avez insérée (malheureusement sans en citer la source) n’est pas représentative de l’époque Directoire puisqu’il s’agit du salon-bibliothèque aménagé vers 1900 au deuxième étage. Le premier décor de style pompéien installé par Fortunée Hamelin est toujours dans les salons du rez-de-chaussée.

  2. “C’est à cette époque qu’elle rencontra le jeune René de Chateaubriand qui détenait alors le portefeuille des Affaires étrangères. Malgré leur différence d’âge (elle a quarante sept ans, il en a trente sept) elle devint sa maîtresse.”

    Il y a lieu de réviser ce paragraphe : Chateaubriand est né le 4 septembre 1768, Mme Hamelin en 1778. C’est donc le vicomte qui est le plus âgé . Si, à l’époque où il est ministre des Affaires étrangères (durant l’année 1823 et jusqu’en juin 1824), Chateaubriand a environ 55 ans, Mme Hamelin est âgée de 45 ou 46 ans.(?). Selon la biographie que vous en donnez, Fortunée Lormier Lagrave est née le 25 mars 1778, alors que d’autres sources la font naître en 1776… Cela étant dit, je vous félicite et vous remercie pour cette biographie qui nous apprend beaucoup de choses.

    • Merci pour votre appréciation, effectivement, Fortunée était plus jeune que René, et ce d’une dizaine d’années, je rectifie le paragraphe…. bonne visite sur le site !

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