Christine Vasa, reine de Suède (1626-1689)

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Portrait par Sébastien Bourdon

reine de Suède

Née le 7 décembre 1626 à Stockholm (Suède)
Morte à Rome le 19 avril 1689 (Italie)
Enterrée dans la basilique Saint Pierre de Rome

Christine Vasa naquit le 7 décembre 1626 à Stockholm : elle était la fille du roi de Suède Gustave Adolphe Vasa et de son épouse Maria Eléonora von Hohenzollern. Après six de mariage, elle était leur quatrième et dernier enfant (les trois autres : deux filles et un fils n’ayant pas vécus). Elle fut donc élevée par son père en fille unique, et il la considérera comme un garçon : dès son plus jeune âge, il l’emmena aux armées, fit défiler ses troupes devant elle, l’habitua au bruit des trompettes, au roulement de tambours et au piaffement des chevaux.

210px-Gustav_II_of_SwedenGustav II Adolf, roi de Suède, père de Christine de Suède

Un jour que son père l’avait emmené à Calmar, le commandant eut un geste d’hésitation avant de faire tirer le canon pour honorer l’arrivée du roi, Gustave Adolphe sourit et répliqua « faites tirer, ma fille est fille de soldat, elle doit s’accoutumer à un bruit nécessaire ». Et pendant que le canon tonnait, l’enfant, tenue au chaud dans les bras de sa gouvernante, au lieu d’avoir peur, riait et battait des mains.

Lorsque Christine Vasa eut quatre ans, la Suède entra en guerre. Son père, le roi Gustave Adolphe mourut deux ans plus tard sur le champ de bataille. Héritière de son père, Christine Vasa fut déclarée reine de Suède. Sa mère confia alors l’éducation de sa fille à Jean Matthiae qui lui dispensa la théologie, le grec, le latin, la physique et les mathématiques. Il l’intéressa aussi à l’astronomie. A dix huit ans, la jeune princesse connaissait onze langues, dont l’hébreu. Le pays, pendant ce temps, était gouverné habilement par un ancien conseiller de son père, Axel Oxenstiern.

Maria_Eleonora_of_BrandenburgMaria Eléonora von Brandenburg, mère de Christine de Suède (portrait vers 1619)

Ce dernier avait signé la paix avec le Danemark, et le pays connaissait une période de paix. Mais il avait bien du mal à inculquer la sagesse et la patience à la jeune Christine, qui se décrivait ainsi à dix sept ans : « je suis méfiante et soupçonneuse, ce qui domine en moi est le désir de primer, n’en déplaise à ceux qui m’ont formé l’esprit, je ne supporte pas la supériorité, j’aime railler, lancer des piques, je suis furieuse qu’on me réplique et je me mets facilement en colère… »C’est à l’âge de vingt quatre ans, en 1650, qu’elle fut couronnée reine de Suède et devint donc officiellement la reine Christine.

K.6ans400La reine Christine à l’age de six ans en 1632

Elle avait un physique ingrat et était de petite taille (1,54 m) : ses traits étaient irréguliers, seuls ses yeux bleus étaient remarquables. De plus, la jeune princesse élevée en garçon, détestait son corps de femme : elle aurait voulu être un homme. Aussi, très tôt, elle n’eut pas le moindre soin pour sa personne : elle dédaignait les bains, les soins apportés à la chevelure (qui était plutôt une tignasse), et cachait sous ses vêtements une peau souvent crasseuse. Elle aurait voulu être une Amazone, et comme telle décréta qu’elle ne se marierait point.

Or, elle était promise depuis toujours à l’un de ses cousins, Charles Gustave de Wittelsbach, fils de la sœur de son père, Katharina Vasa, et le sénat de Suède finit par lui rappeler ses obligations matrimoniales. La jeune fille le prit de haut, et pour contourner le mariage, déclara Charles Gustave son héritier présomptif.

christinaLa reine Christine à l’age de douze ans, en 1638

Si elle ne souhaitait pas se marier, elle n’entendait pas pour autant demeurer vierge. C’est ainsi qu’elle prit pour amant le comte Magnus de La Gardie. Il était beau, et avait quatre ans de plus que la reine Christine. Elle le connaissait bien, car la mère de Magnus, Ebba Brahe, avait été la maîtresse de son père. En effet, Gustave Adolphe avait aimé Ebba toute sa vie, et avait même un temps souhaité l’épouser avant de renoncer et de la marier à Jakob de La Gardie, à qui Ebba donnera quatorze enfants, dont Magnus.

magnus g_oMagnus de La Gardie, premier amant de la reine Christine

La reine Christine combla Magnus d’honneur : il fut grand maitre de sa maison, grand trésorier et ambassadeur auprès de la cour de France. Elle lui donnera même pour épouse la sœur de son ancien fiancé, Charles Gustave de Wittelsbach, la douce Marie Eufrosine que Magnus épousera le 7 avril 1647. Elle s’offrit même le luxe de coucher avec le jeune marié lors de la nuit de noces de ce dernier, mais elle devait bientôt se détacher du jeune homme.

La reine Christine fut bientôt fascinée par le libertinage, elle se mit à dévorer les passages obscènes du Satiricon, puis se pencha avec curiosité sur les poèmes lesbiens. Elle s’enticha vite d’un français nommé Bourdelot : cet homme moitié abbé, moitié médecin l’avait guéri d’une fièvre. Il passait pour magicien, et eut bientôt une influence néfaste sur la jeune reine. Il détourna la reine du peu de foi qu’elle avait encore. Elle adorait s’entourer de savants, de lettrés qu’elle couvrait d’or. Le français Descartes fut même invité à Stockholm, et à cinq heures tous les matins, il conversait avec la reine des traités de mathématiques, mais le climat du nord lui fut fatale, et il devait mourir à Stockholm en février 1650.

250px-René_Descartes_i_samtal_med_Sveriges_drottning,_KristinaLa reine Christine et Descartes

Le peuple, puis l’armée finirent par prendre en grippe cette jeune reine qui dilapidait le trésor royal, en faveur pour ses savants, et en achat pour sa bibliothèque. L’armée, surtout qui avait été choyée par le roi précédent se mit bientôt à gronder. La reine Christine se mit bientôt à dos le clergé suédois par son impiété notoire. De plus, elle venait de prendre un nouvel amant, l’ambassadeur d’Espagne en Suède, le suave et séduisant Antonio Pimentel. Catholique, il n’hésitait pas à saper le peu de foi que cette reine luthérienne avait en son église. Il se mit en tête de la convertir au catholicisme, et à lui peindre une retraite dorée à Rome, où en tant que patronne des arts, elle pourrait régner sur une cour de prélats, de savants et de poètes. Il réussit à lui farcir la tête, et à l’amener tout doucement au sujet de l’abdication.

220px-Antonio_PimentelAntonio Pimentel de Prado y lo Bianco, ambassadeur d’Espagne en Suède

D’ailleurs, elle possédait un héritier qui attendait patiemment dans l’ombre, le fiancé jadis délaissé le jeune Charles Gustave de Wittelsbach. Lorsqu’elle se décida enfin à faire connaître sa résolution d’abdiquer, les Etats de Suède acceptèrent avec soulagement sa décision. Le peuple et la noblesse de Suède, sans parler du clergé, poussèrent un énorme soupir de soulagement.

C’est ainsi que la reine Christine abdiqua solennellement le 16 juin 1654 dans la grande salle du château d’Upsal. La reine n’avait que vingt huit ans. Assise sur son trône, elle laissa les grands officiers de la couronne lui ôter ses insignes royaux, elle enleva elle-même de son front le diadème de la royauté puis se débarrassa de son manteau de pourpre. Elle fit ensuite un discours d’adieu fort émouvant mais qui mettait sous silence les conditions qu’elle avait imposé au Sénat pour son abdication : elle avait obtenu d’emporter avec elle sur dix navires (qui feraient voile vers la Poméranie premier lieu de son exil) ses meubles, ses tapisseries, ses tableaux, ses huit milles manuscrits hébreux, grecs, arabes ainsi que les marbres, les joyaux les pièces d’or et d’argent qui constituaient sa fortune. De plus, le Sénat s’était engagé à payer ses dettes qui s’élevaient à dix millions d’écus : « jamais ennemi ne coûta autant à la Suède » soupirait de dépit le vieux conseiller Oxenstiern. A tel point que le futur souverain, Charles Gustave trouva les coffres vides lors de son couronnement.

250px-Sébastien_Bourdon-Christina_of_Sweden_1653La reine Christine de Suède en 1653 par Sébastien Bourdon

Quant à Christine, elle prit la route en habit d’hommes, entourée de quatre gentilhommes en ayant pris soin de renvoyer ses dames d’honneur. Dans un dernier réflexe de galanterie, le nouveau roi de Suède lui offrit de partager sa couronne avec elle, mais elle refusa en répliquant à son ancien fiancé « que sa liberté valait mieux qu’un brillant esclavage ». Sur les routes du royaume d’Allemagne, elle prit le nom de comte de Dohna. A l’étape comme sa chevelure l’embarrassait, elle résolut de se faire tondre, s’empara d’une perruque d’homme et se planta un chapeau sur la tête.

Sébastien_Bourdons-Karl_X_GustavLe roi Charles X Gustave, successeur de la reine Christine (par Sébastien Bourdon)

C’est ainsi qu’elle traversa avec son escorte à cheval l’Allemagne, fit halte à Anvers puis s’installa à Bruxelles dans l’hôtel de son favori Pimentel. L’espagnol l’accueillit au nom du roi d’Espagne, et organisa pour elle son abjuration solennelle du protestantisme dans le palais de l’archiduc. La nouvelle convertie au catholicisme eut droit à une salve de canons qui célébrait son entrée au sein de l’église de Rome. Dès lors, Christine de Suède ne vit plus aucun obstacle pour conquérir Rome et ses joyaux littéraires, que son amant Pimentel lui avait laissé miroiter à Stockholm. Mais sa foi était plus que balbutiante, en effet, elle continuait à Bruxelles d’aller de bal en bal, de fréquenter les spectacles tout en n’oubliant pas d’assister d’un air distrait, à la messe, tous les matins. Puis le voyage vers Rome s’organisa, et elle quitta Bruxelles le 22 septembre 1655.

280px-Alexander_VIILe pape Alexandre VII (né Fabio Chigi)

A Innsbruck, le nonce du pape Alexandre VII lui fit renouveler sa profession de foi catholique. C’est dans cette ville qu’elle annonça officiellement à la Suède qu’elle avait changé de religion, elle en profita aussi pour prévenir le pape. Le pape ravit d’avoir recueilli au sein de l’église une brebis égarée lui fit un accueil splendide. Puis l’ancienne reine s’installa dans un palais romain, où elle ne tarda pas à fonder une Académie de sciences et de lettres.

Au bout de quelques mois, Christine de Suède envisagea de se rendre à Paris afin de rendre visite à la reine Anne d’Autriche, au jeune roi Louis XIV et au ministre Mazarin. C’est ainsi qu’en août 1656, elle débarqua à Marseille et remonta sur Paris en passant par Lyon. C’est à Lyon que le duc de Guise l’a reçu avec faste. Il la décrira ainsi dans une note à la reine Anne d’Autriche : « la reine Christine n’est pas grande, mais elle a la taille fournie et la croupe large, la main blanche et bien faite, mais plus d’homme que de femme, le nez aquilin, la bouche assez grande, les dents passables, les yeux beaux et plein de feux. «  Il ajoute « elle est fort poudrée, ne met quasi jamais de gants, elle est chaussée comme un homme, dont elle a le ton de voix et toutes les actions ».

Henri_II_de_Lorraine_duc_de_Guise_17th_centuryHenri II de Lorraine duc de Guise

Guise, galant, fit don à la reine de ses trois plus belles perruques, ayant vite été perplexe quant à l’étrange coiffure que cette dernière arborait : « une perruque d’homme fort relevée sur le front, épaisse sur les côtés et qui a quelque chose d’une coiffure de femmes à l’arrière ». Guise l’escorta jusqu’à Paris ; le cortège de l’ancienne reine fit halte à Essonnes où la Grande Mademoiselle vint lui rendre visite. Cette dernière, assez interloquée observa que l’ancienne reine jurait le nom de Dieu en plusieurs langues, se couchait dans sa chaise, jetait une jambe d’un côté et de l’autre, les passait sur les bras de sa chaise et prenait des postures incongrues .

La_Grande_Mademoiselle_by_Louis_Ferdinand_ElleAnne Marie Louise d’Orléans, la Grande Mademoiselle (par Louis Ferdinand Elle)

A Vincennes, elle quitta le carrosse du duc de Guise pour monter à cheval et entrer à Paris pour aller au devant d’Anne d’Autriche qui l’attendait au Louvre. Elle fut reçue par la reine et ses deux fils (Louis XIV et le jeune Philippe) avec faste et avec tous les égards dus à une reine. Mais par ses propos et son extravagance, elle ne tarda pas à se mettre à dos toute la cour. On remarqua sa malpropreté (ses mains crasseuses et ses ongles noirs) sa dévotion faible (elle refusa de se confesser à un jésuite) ainsi que ses remarques franches du plus mauvais goût (lorsqu’elle osa critiquer tout haut une pièce donnée devant le roi dont elle jugea les acteurs forts mauvais).

Porträtt._Drottning_Kristina._Wuchters_-_Skoklosters_slott_-_47811.tifPortrait par Abraham Wuchters en 1661

Bref, Mazarin s’empressa de la remettre sur le chemin du retour, et comme elle n’avait point d’argent, organisa pour elle les haltes nécessaires à son repos. C’est ainsi qu’elle séjourna à Senlis (chez Saint Simon), à Vaux le Vicomte (chez Fouquet) et à Saint Fargeau (chez la Grande Mademoiselle).

Le 16 octobre 1656 elle était à Turin, où elle s’installa le temps que la peste qui ravageait Rome se calma. Mais enchantée par son séjour en France (où elle avait rencontré la divine Ninon de Lenclos et la belle marquise de Ganges) elle résolut d’y retourner l’année d’après. C’est ainsi qu’en juin 1657 elle obtint l’autorisation de Mazarin de se rendre à Fontainebleau, où une aile du château royal fut mis à sa disposition.

NinondeLenclosla belle Ninon de Lenclos

C’est là que l’ex-reine de Suède va assassiner froidement son amant le comte Monaldeschi. Ce dernier faisait partie de ses officiers de parade avec les frères Santinelli. Il avait reçu la charge de premier écuyer, François Santinelli celui de grand maitre et Louis Santinelli celui de capitaine des gardes. Jaloux de François Santinelli, Monaldeschi avait prévu de le ruiner dans l’esprit de Christine de Suède : il avait rédigé une fausse lettre en imitant l’écriture de Santinelli, lettre où celui-ci se moquait des attributs physiques de l’ex reine de Suède. Puis il remit les lettres parmi le courrier personnel de l’ex reine, et attendit la réaction de cette dernière. Mais celle-ci était fine mouche, et, aidée de Santinelli, découvrit très vite qui était l’auteur de ces fausses lettres.

Christine-Suedela reine Christine, par Sébastien Bourdon

Sa vengeance fut terrible : le 6 novembre 1657 à neuf heures du matin, elle convoqua un père catholique, le père Le Bel, ainsi que Monaldeschi dans la galerie des Cerfs. Elle se lança dans une violente diatribe contre ce dernier, et le confondit dans ses explications maladroites. Le comte italien se mit à genoux, et pendant une heure, tenta de se justifier. L’ex reine demeura impassible, et dans l’ombre de la pièce, les deux frères Santinelli, l’épée tirée, se tenaient prêts. Le père Le Bel comprenant très vite ce qui allait se tramer tenta de sauver le comte italien en rappelant à l’ex reine qu’elle était dans ce château une invitée du roi de France. Celle-ci, piquée au vif, répliqua que le « droit de justice lui appartenait, qu’il lui était loisible de l’exercer en tout temps, en tout lieu à l’égard de ses domestiques. Elle n’était pas captive du roi de France ni sa sujette et elle était maitresse de ses volontés et ne devait rendre compte de ses actions que vis à vis de Dieu ».

412_001La Galerie des Cerfs à Fontainebleau (la cotte de maille à gauche signale l’emplacement du meurtre de Monaldeschi)

Puis elle quitta la pièce enjoignant au fautif de se confesser. Aussitôt qu’elle eut quitté la pièce, les frères Santinelli tailladèrent le comte de coups, mais il portait une cote de mailles et ils ne pouvaient l’atteindre, ils s’acharnèrent donc sur son visage. Le père Le Bel tentait de lui donner l’absolution, le comte s’abattit sur le parquet, ses assaillants lui tailladant la gorge, finalement l’un de ses meurtriers lui transperça la gorge de son épée, mais le comte agonisa encore un quart d’heure pendant lequel le père Le Bel récita un De Profundis agenouillé près du cadavre.

407_001Chateau de Fontainebleau (la Galerie des Cerfs et le jardin de Diane)

Le corps du malheureux fut transporté dans l’église d’Avon à la nuit tombée, et l’ex reine pour se mettre en règle avec Dieu donna cent livres pour faire célébrer une messe. Mais le meurtre de Monaldeschi fut bientôt rapporté à la cour, et la reine Anne d’Autriche s’en montra horrifiée. Mazarin ne fut pas en reste, et suggéra à Christine de Suède de se débarrasser sur le champ des frères Santinelli. Ce qu’elle fit à contre cœur, mais, obtuse, elle s’obstina à vouloir venir à Paris rencontrer le roi. Mazarin de mauvais cœur, lui accorda le droit de visite lors du Carnaval, et l’ex reine reçut un accueil glacial de la part de la cour de France. Elle participa cependant à quelques bals masqués, mais le cardinal finit par lui signifier son arrêt d’expulsion. Elle obtint de se rendre avant son départ à l’Académie Française, où les membres de l’Académie lui récitèrent quelques madrigaux et odes d’amour.

MazarinLe cardinal Jules Mazarin

Enfin, Christine de Suède reprit le chemin de Rome, en passant par Lyon et Toulon. Le 15 mai 1658, elle s’installait au palais Mazarin à Rome. Elle y prit pour intendant le cardinal Azzolino qui entreprit de remettre en état les finances désastreuses de l’ex reine. Bientôt la vie à Rome devint morne pour l’ancienne reine de Suède, elle envisagea un temps de se faire couronner souveraine de Naples, mais ce souhait demeura inachevé.

Lorsqu’elle apprit la mort de son successeur le roi de Suède Charles Gustave de Wittelsbach le 13 février 1660, elle envisagea un temps de réclamer le trône vacant de Suède, mais ses ex sujets la rejetèrent. D’abord parce qu’elle était toujours catholique, ensuite parce que Charles Gustave avait laissé un héritier, son fils Charles (futur Charles VI de Suède), et puis les mauvais souvenirs qu’elle avait laissés avant son abdication n’agissaient pas en sa faveur.

200px-Drottning_Hedvig_Eleonora_(1661-1675)la régente de Suède, Edwige Eléonore de Schleswig Holstein Gottorp

De plus, la régente de Suède (l’épouse de Charles Gustave, la reine Edwige Eléonore de Schleswig Holstein Gottorp) la traita comme une renégate et lui coupa les revenus que le Sénat de Suède lui avait concédé à son abdication. Elle tenta un voyage vers la Suède, mais son ancien amant, le comte de la Gardie, vint lui signifier à Helsingfors que la Suède ne tolérerait pas son retour ni la présence de son chapelain catholique. La nouvelle du changement de pape à Rome lui parvient alors : elle décida de revenir à Rome pour célébrer l’accession au trône papal de Clément IX. Elle finit par s’installer au palais Riaro, et s’entoura d’astronomes, de savants, en tentant de combler ses journées par d’interminables débats sur l’existence de la pierre philosophale.

GVasiCancelleriaengrLe palais Riaro à Rome

En 1667, elle apprit que le trône de Pologne était disponible (Jean Casimir ayant abdiqué) et elle s’offrit comme reine aux polonais qui la rejetèrent immédiatement. Elle se confina alors dans son rôle de patronne de Rome et de mère de l’Eglise. En 1676, eut lieu l’élection du pape Innocent XI qui bouleversa l’existence de l’ancienne reine : austère et autoritaire, il envisagea de supprimer la franchise du quartier de Rome où résidait l’ancienne reine : celle-ci avait accordé asile à un coupe jarret pris à son service qui avait aménagé une sorte de cour des Miracles près du palais de Christine de Suède où affluaient les prostituées, les voleurs et les ruffians qui n’hésitaient pas à se battre contre la garde pontificale. Le pape, ulcéré, condamna les ruffians à mort, et l’ex reine s’en offusqua. La réplique du pape fut de lui supprimer sa pension, que le trésor papal lui versait, et qui se montait à 12 000 écus.

280px-InnocentXILe pape Innocent XI (né Benedetto Odescalchi)

A ceux qui lui demandait d’excommunier l’ex reine de Suède, Innocent XI répondait avec mépris : « c’est une femme » vexant celle qui aurait tant voulu qu’on la traite comme un homme.

A l’âge de soixante ans, elle en a d’ailleurs le physique, ses contemporains la décrivent ainsi « teint, voix et traits d’un homme, le nez grand, les yeux grands et bleus, les sourcils blonds, le menton double planté de poils de barbe, la lèvre inférieure proéminente, les cheveux longs comme la main, poudrés, raides, mal peignés… elle portait un justaucorps d’homme, de satin noir, tombant jusqu’aux genoux et boutonné, sous une jupe noire, assez courte passaient des chaussures d’hommes, un ruban noir formant un gros nœud servait de cravate et une ceinture serrée par dessus le justaucorps accusait la rondeur du ventre « …

4709229231_eacc69ebd3La reine Christine de Suède

En janvier 1689, un érisypèle la saisit aux jambes (maladie de la peau entraînant des abcès), elle s’alite alors avec une forte fièvre. Trois mois plus tard, en avril, toujours aussi mal en point, elle se réconcilie avec le pape. Elle demande les derniers sacrement et signe son testament, où elle institue le cardinal Azzolino son légataire universel, mais elle ne laissait que des dettes…

Elle mourut le 19 avril 1689 à Rome, à l’âge de soixante trois ans, après avoir commandé sa robe mortuaire et le pape lui fit de superbes funérailles. Son corps repose toujours en la basilique de Saint Pierre de Rome….

Sources :

  • Aventurières et intrigantes du Grand Siècle de Maurice Rat.

  • Wikipedia.

Une réflexion sur « Christine Vasa, reine de Suède (1626-1689) »

  1. Bien le bonjour
    * Voila bien longtemps que je n’étais venu en votre site.
    * Cela me permet de m’abreuver de plusieurs articles en ce dimanche neigeux (dans mes montagnes Dauphinoises.
    * Haaa, l’influence du père !…. Le patriarche qui souhaite un garçon et qui n’a “qu’une fille”.
    * L’histoire (même moderne) regorge de ces damoiselles que le père souhaite autrement.
    * Mais j’avoue que cette Christine” (j’avoue être un peu familier avec la Dame) eut une vie mouvementée et très directive.
    * Merci pour cette tranche de vie.

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