Fille du Régent Philippe II d’Orléans (1676-1723) et de Françoise Marie de Bourbon (1677-1749) fille de Louis XIV et de Mme de Montespan.
Née le 11 décembre 1709 à Versailles (baptisée le 22 octobre 1721 chapelle du Palais Royal)
Morte le 16 juin 1742 au Palais du Petit Luxembourg
Louise Elisabeth d’Orléans était le sixième enfant et la 5ème fille du couple (sur 8 enfants) : son frère et ses sœurs étaient :
* Une fille, Melle de Valois, née à Marly le 17 décembre 1693 et morte le 17 octobre 1694 au Palais Royal.
* Marie Louise Elisabeth d’Orléans, Melle d’Orléans, née le 20 aout 1695 à Versailles et morte le 21 juillet 1719 au château de La Muette : elle épousera le 6 juillet 1710 à Versailles en présence du roi Louis XIV, Charles de Bourbon duc de Berry (1686-1714) petit fils de Louis XIV .
* Louise Adelaide d’Orléans, Melle de Chartres puis Melle d’Orléans, abbesse de Chelles, née le 13 aout 1698 à Versailles, morte le 19 février 1743 à Paris .
* Charlotte Aglaé d’Orléans, dite Melle de Valois, née le 22 octobre 1700 à Paris au Palais Royal et morte le 19 janvier 1671 au Palais du Petit Luxembourg : elle épousera le 21 juin 1700 à Modène (Italie) Francesco III Maria d’Este, duc de Modène .
* Louis duc d’Orléans, né le 4 aout 1703 à Versailles, et mort le 4 février 1752 à Paris qui épousera le 13 juillet 1724 à Sarry (Marne) la princesse Auguste Marie Jeanne von Baden Baden et qui, à sa mort, sombrera dans la dévotion.
* Philippine Elisabeth d’Orléans, Melle de Beaujolais, née le 18 décembre 1714 à Versailles et morte le 21 mai 1734 au château de Bagnolet (château appartenant à sa mère la duchesse d’Orléans). Elle sera fiancée au frère de Luis 1er d’Espagne, le jeune Carlos, mais sera renvoyé en France à la mort de Luis 1er en compagnie de sa sœur ainée, Louise Elisabeth d’Orléans. Elle mourra de la variole à l’age de vingt ans
* Louise Diane d’Orléans, Melle de Chartres, née le 27 juin 1716 au Palais Royal et morte en couches le 26 septembre 1736 au château d’Issy, agée de vingt ans. Elle avait épousé à Versailles le 22 janvier 1732 Louis François 1er de Bourbon Conti, prince de Conti : en deux ans de mariage elle donnera deux enfants à son mari, mais sa deuxième grossesse lui sera fatale .
Louise-Élisabeth d’Orléans reçut une éducation peu soignée, du fait que personne ne s’intéressait à elle. Sans beauté, sans culture, égoiste et grossière jusqu’à l’indécence, elle était destinée à épouser un obscur prince allemand ou italien. Mais son destin fut tout différent, elle devint reine d’Espagne !
Depuis 1715, son père exerce la régence durant la minorité de Louis XV. La guerre oppose la France et l’Espagne. Mais en 1720, convaincu de la nécessité de faire la paix, Philippe V d’Espagne propose des mariages : sa fille Marie-Anne-Victoire, âgée de 3 ans épouserait Louis XV, et son fils aîné Luis, prince des Asturies, épouserait une fille du Régent. Mais à cette date, toutes les filles aînées du duc d’Orléans sont mariées. Il ne reste que Mademoiselle de Montpensier.
On propose même de fiancer le jeune don Carlos (fils de Philippe V et de sa deuxième épouse Elisabeth Farnèse) à la jeune sœur de Louise Elisabeth, la petite Philippine Elisabeth d’Orléans. Ainsi, Louise Elisabeth d’Orléans ne sera pas seule française au sein de la famille royale d’Espagne. En attendant que sa sœur la rejoigne (deux ans plus tard), Louise Elisabeth d’Orléans part pour Madrid en 1721 le cœur serré pour partir épouser Luis prince des Asturies. Le mariage par procuration a eu lieu le 16 novembre 1721 au palais des Tuileries. L’accueil de la famille royale d’Espagne est glacial, surtout de la part de l’ambitieuse reine Elisabeth Farnèse, seconde épouse du roi qui voit d’un mauvais oeil son beau-fils donner des héritiers à la couronne au détriment de ses propres fils issus du second mariage du roi.
Le mariage est célébré le 20 janvier 1722 à Lerma, près de Burgos. Louise-Elisabeth d’Orléans vient d’avoir 12 ans et son mari, 14 ans.
Saint Simon qui est présent lors des cérémonies en Espagne relatera que la mariage ne fut pas tout de suite consommé (il ne le sera que le 18 aout 1723 !), le prince des Asturies ayant une constitution fragile. Par contre, St Simon écrira avec un malin plaisir dans ses Mémoires son départ et sa rencontre avec Louise Elisabeth, la toute nouvelle princesse des Asturies. Lorsqu’il lui demande si elle a un message à faire parvenir à son père le duc d’Orléans, voici ce qu’il écrit :
…Je pris le 21 [mars] mon audience de congé, en cérémonie, du roi et de la reine séparément. Je fus de nouveau surpris de la dignité, de la justesse et du ménagement des expressions du roi, comme je l’avais été en ma première audience, où je lui fis la demande de l’infante, et les remerciements de M. le duc d’Orléans sur le mariage de madame sa fille. Je reçus aussi beaucoup de marques de bonté personnelles et de regrets de mon départ de Sa Majesté Catholique, et surtout de la reine; beaucoup aussi du prince des Asturies. Mais voici, dans un genre bien différent, quelque chose d’aussi surprenant que l’exacte parité qu’on vient de voir des cardinaux-chanoines de Tolède avec les autres chanoines de cette église, et que je ne puis m’empêcher d’écrire, quelque ridicule que cela soit. Arrivé avec tout ce qui était avec moi, à l’audience de la princesse des Asturies, qui était sous un dais, debout, les dames d’un côté, les grands de l’autre, je fis mes trois révérences puis mon compliment. Je me tus ensuite, mais vainement, car elle ne me répondit pas un seul mot. Après quelques moments de silence, je voulus lui fournir de quoi répondre, et je lui demandai ses ordres pour le roi, pour l’infante et pour Madame, M. [le duc] et Mme la duchesse d’Orléans. Elle me regarda et me lâcha un rot à faire retentir la chambre. Ma surprise fut telle que je demeurai confondu. Un second partit aussi bruyant que le premier. J’en perdis contenance et tout moyen de m’empêcher de rire; et jetant les yeux à droite et à gauche, je les vis tous, leurs mains sur leur bouche, et leurs épaules qui allaient. Enfin un troisième, plus fort encore que les deux premiers, mit tous les assistants en désarroi et moi en fuite avec tout ce qui m’accompagnait, avec des éclats de rire d’autant plus grands qu’ils forcèrent les barrières que chacun avait tâché d’y mettre. Toute la gravité espagnole fut déconcertée, tout fut dérangé; nulle révérence, chacun pâmant de rire se sauva comme il put, sans que la princesse en perdît son sérieux, qui ne s’expliqua point avec moi d’autre façon. On s’arrêta dans la pièce suivante pour rire tout à son aise, et s’étonner après plus librement….
La vie de Louise Elisabeth d’Orléans à la cour de Madrid devient un enfer : on la surveille, on l’espionne, on la soupçonne de tous les maux. La princesse des Asturies se renferme sur elle-même. Elle “se revanche” en faisant mille espiègleries, se moque de ses dames de compagnie et, dit on , les entraîne à des jeux contre-nature …
Le 15 janvier 1724, Philippe V abdique en faveur de son fils aîné, qui devient le roi Luis Ier (1707-1724). Louise Elisabeth d’Orléans devient donc reine à 14 ans, mais le couple, immature, ne s’entend pas.
Le prince des Asturies est en effet très superstitieux et morose : il était orphelin de mère depuis l’age de six ans et son père l’ avait beaucoup délaissé en raison de son propre état psychique dépressif. Le futur Luis 1er eut donc une jeunesse solitaire que n’ améliora pas sa belle-mère la seconde épouse du roi Philippe V, uniquement occupée de ses propres enfants. Marié à Louise Elisabeth, épouse égoiste et incapable de lui donner de l’affection, Luis ne s’entendit pas avec sa jeune épouse.
Luis 1er roi d’Espagne par Jean Ranc en 1724
(c) Museo du Prado
Après sept mois de règne, Luis Ier meurt sans enfant, le 31 août 1724, de la variole, et Philippe V reprend sa couronne. Louise Elisabeth d’Orléans reçoit le titre de « reine seconde douairière » car vit toujours la reine douairière, devenue dès lors « reine première douarière », la princesse Marie Anne Zu Neubourg, veuve du roi Charles II.
Mais les évènements en France vont précipiter le destin de Louise Elisabeth d’Orléans : son père, le régent de France est mort en 1723, et son cousin et rival, le duc de Bourbon, est aux commandes de l’état. Pour lui les alliances espagnoles n’ont plus lieu d’être : il renvoie la petite infante Marianne Victoire à Madrid en mai 1725, où Louise Elisabeth, veuve à 15 ans, est tenue sous étroite surveillance et dans le plus grand dénuement.
Finalement, Philippe V d’Espagne renvoie à son tour Louise Elisabeth d’Orléans en France en 1725, en même temps que sa jeune sœur Philippine Elisabeth, dont les fiançailles avec don Carlos sont annulées.
Les deux sœurs trouvent refuge à Paris : la plus jeune part rejoindre leur mère, la duchesse d’Orléans, au Palais Royal, où elle mourra de la variole à l’âge de dix neuf ans.
Louise Elisabeth, quant à elle, gagne le couvent des Carmélites du Faubourg Saint Germain à Paris, où elle passera deux ans. Elle n’est pas reçue à la cour de Louis XV, et s’efforce de mener une vie discrète. En tant que veuve du roi d’Espagne elle aurait du recevoir une pension annuelle de 600 000 livres de l’Espagne, mais son mariage ayant été annulé, elle ne reçoit aucun denier.
Quittant le couvent, elle ira s’installer au château de Vincennes, puis au Palais du Petit Luxembourg. Elle mène désormais une vie si calme que tout le monde oublie celle qui porte le titre de « reine douairière d’Espagne ».
En 1730, réduite par la solitude et la misère, elle se réconcilie avec la cour de Madrid mais elle n’obtient aucun subside. Ce fut grâce à la pitié et à la générosité de Louis XV qu’elle dut de vivre au Petit Luxembourg, dans une grande pénurie.
Elle meurt dans l’indifférence générale, à 33 ans, en 1742 au Petit Luxembourg, d’hydropisie, après avoir passé les dernières années de sa vie dans les pratiques d’une dévotion scrupuleuse.
Elle sera enterrée à l’église St Sulpice à Paris, où son demi-frère Louis Charles de Saint Albin officiait en tant qu’évèque, dans un caveau spécial situé près du « pilier de l’évangile ». A la Révolution française, son caveau sera détruit et ses cendres dispersées.
Sources :
– Mémoires de Saint Simon.
– Mémoires de la Palatine
– Wikipedia.
– « unruly daughters » by H.Woel Williams.
– Manuscrit du CEDRE (Espagne)