Née le 8 aout 1914
Morte le 28 mai 1948
Enterrée à St Mary Churchyard, Swinbrook, Oxfordshire
Unity Valkyrie Mitford était la cinquième fille (sur sept enfants) du 2ème baron de Redesdale, David Beltram Ogilvy Freeman Mitford et de lady Sydney Bowles. Elle naquit le 8 août 1914.
Les Mitford possédaient d’énormes terres dans le Northumberland, et le père d’Unity avait hérité (à la mort de son frère aîné en 1915) du titre et des terres de son père dans le Oxfordshire et le Gloucestershire. Les ancêtres de la famille paternelle d’Unity remontaient jusqu’au 14ème siècle, quant à son grand père maternel, Thomas Gibson Bowles, il était journaliste et avait fondé le magazine « Vanity Fair ».
Ses parents (David et Sydney) s’étaient mariés par amour en 1904 et devaient donner naissance aux fameuses soeurs Mitford dont les vies sentimentales déchaînèrent les chroniques d’avant et d’après guerre :
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l’aînée, Nancy devait devenir un écrivain renommé (1904-1973) et vivre une passion cachée avec un ministre de De Gaulle.
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puis il y eut Pamela (1907-1994) qui épousa un gentleman farmer.
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Thomas (1909-1945 mort au combat pendant la guerre en Japon).
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Diana, la plus belle des soeurs Mitford, (1910-2003) qui épousera en deuxièmes noces le leader britannique d’extrême droite lord Mosley et affichera ses opinions d’extrême droite jusqu’à sa mort.
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Unity.
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Jessica (1917-1996) ardente communiste qui participera à la guerre d’Espagne et vivra aux Etats Unis.
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et enfin Deborah (1920) la seule du lot qui épousera un aristocrate britannique, le duc de Devonshire et eut une vie relativement paisible.
Le père d’Unity était un piètre administrateur de biens et avait reçu une éducation très négligée (il se vantera de n’avoir lu qu’un seul livre dans sa vie). Il avait participé cependant à la guerre des Boers en 1900, et y avait même perdu un poumon. A la fin de l’année 1913, il avait entraîné sa femme en Amérique à Swastika en Ontario où les Mitford possédaient des mines d’or, et c’est dans cette ville que le couple conçut Unity pendant les longs mois d’hiver. Des années plus tard, la jeune femme aimera à rappeler avec fierté, qu’elle avait été conçu dans une ville dont le nom évoque le symbole des nazis : la svastika.
Les soeurs Mitford : Jessica, Nancy, Diana, Unity and Pamela Mitford en 1935
De retour à Londres, lady Mitford accoucha de sa quatrième fille qu’on prénomma Unity (le spectre de la Première Guerre pointait son nez) et Walkyrie (car lord Mitford avait une admiration pour Wagner). Lorsque la guerre éclate, lord Mitford combat dans les Flandres en compagnie de son frère aîné qui meurt au combat. L’année d’après, en 1916, la mort du vieux lord Redesdale fait de lord Mitford le 2ème lord Redesdale. Il va dès lors se réfugier avec sa famille dans ses terres dans les Costwolds et notamment à Asthall, puis à Swinbrook (une demeure qu’il va entièrement bâtir et qui engloutira une partie de sa fortune).
C’est à Swinbrook que les enfants Mitford vont être élevés en reclus. Lord et Lady Mitford reçoivent peu et mal. Les filles sont éduquées par des précepteurs particuliers et n’ont qu’une sortie hebdomadaire autorisée : les sermons du pasteur à l’église du village.
Unity fait preuve dès son plus jeune age d’un caractère difficile. Très proche de sa soeur Diana, qui est la beauté de la famille, elle adhère très tôt aux idées d’extrême droite de celle-ci, très en vogue dans l’aristocratie anglaise de l’époque. En réaction, la plus jeune des filles Mitford, Jessica, affichera très tôt son attachement pour le communisme. Dans ses mémoires, Jessica relatera qu’elle et Unity passait des heures à se disputer, l’une brandissant ses symboles fascistes (la svastika) , l’autre ses symboles staliniens (la croix et la faucille). Les fenêtres de leur salle d’étude au château seront gravées de ses symboles lourds de signification.
Maintenues en réclusion à la campagne, les soeurs Mitford n’ont qu’une échappatoire possible pour fuir le château de Swinbrook qu’elles détestent : se marier au plus vite et les rares candidats qui se présentent sont pour la plupart les amis de leur frère, Thomas, l’unique héritier, qui parfois les ramène au château avant de repartir pour le collège d’Eton.
C’est ainsi que Diane réussit à capter l’attention de l’un d’eux, Bryan Guinness, héritier des bières Guinness, qu’elle épouse en grande pompe à Londres en janvier 1929. Unity a alors 15 ans, et Diane fera tout son possible pour inviter sa jeune soeur à Londres aussi souvent qu’elle le pourra. Celle-ci obtient l’autorisation de ses parents de séjourner à Londres : elle s’y rend accompagnée de son rat domestique, et de son serpent favori (qu’elle emmène même avec elle dans les réceptions du beau monde).
En 1932, Unity rencontre fréquemment chez sa soeur Oswald Mosley, le leader du parti anglais d’extrême droite (qui, bien que marié, est l’amant de sa soeur Diana). Enchantée de découvrir un homme influent qui partage ses idées extrémistes, elle se penche sur l’idéologie nazie et arrive à une conclusion : il lui faut apprendre l’allemand au plus vite et tout tenter pour rencontrer son idole, Adolf Hitler.
En juin 1933, Diana accomplit l’impensable et divorce de son mari, lord Guinness (la femme de Mosley étant morte un mois auparavant, celui-ci est maintenant libre de l’épouser).
Entre-temps, Unity n’a pas perdu de vue son idée de se rendre en Allemagne et Unity accompagnée de Diana, part en septembre 1933 assister au grand rassemblement des Nazis à Nuremberg. Leurs parents sont horrifiés : les Nazis ne sont pas des gens fréquentables !
Ils acceptent cependant, à l’insistance d’Unity, de lui accorder une année dans une école anglaise à Munich. Aussitôt, celle-ci va tenter par tous les moyens d’approcher le Führer qui réside alors dans la capitale bavaroise. Il a l’habitude lorsqu’il est à Munich de prendre ses déjeuners dans une brasserie (l’Ostaria Bavaria), et Unity va donc s’y rendre tous les jours à midi, et tenter d’attirer son attention. Au bout de quelques semaines, Hitler, intrigué par cette jolie jeune fille blonde qui lui sourit constamment, se renseigne sur elle, et apprend qu’il s’agit d’une jeune noble anglaise désireuse de faire sa connaissance. Au début il lui fait un signe de tête pour lui notifier qu’il l’a remarqué, puis un jour, (le 9 février 1935) il l’invite à sa table.
Unity, folle de joie à l’idée d’approcher son idole notera dans son journal cette première rencontre :
« Je me suis assise à sa table pendant une demi heure : je ne saurais énumérer tous les sujets que nous avons évoqué : je lui ai dit qu’il devrait se rendre en Angleterre et il m’a répondu qu’il adorerait cela mais qu’il avait peur qu’il y ait une révolution s’il venait en Angleterre. »
Il met son autographe sur une carte postale qu’elle lui tend et inscrit « à Melle Unity Mitford comme souvenir amical de l’Allemagne et de Adolf Hitler ». Puis il plia le morceau de papier où elle avait inscrit son nom et il quitta la Brasserie en demandant à l’aubergiste de mettre le repas d’Unity sur son compte.
Jusqu’en septembre 1939, Unity notera dans son journal qu’elle rencontra le Führer 140 fois. Bientôt l’intimité entre Unity Mitford et Adolf Hitler embarrasse les hauts dignitaires allemands qui la prennent pour une espionne anglaise. Lorsque ses parents, lord et lady Redesdale viennent lui rendre visite à Munich, elle organise un thé entre sa mère et Adolf Hitler. Cette dernière se déclare charmée par le savoir vivre d’Adolf Hitler, mais le comportement irrationnel de leur fille va bientôt les alarmer. Celle-ci écrit une lettre au journal anti-juif « Der Sturmer » et proclame haut et fort ses convictions :
« en tant que femme britannique fasciste, j’aimerais vous dire combien je vous admire ; je vis à Munich maintenant depuis plus d’un an et je lis votre journal chaque semaine. Si seulement nous avions un journal comme le votre en Angleterre ! Les Anglais ignorent tout du danger que représente les Juifs ! Nous espérons cependant pouvoir bientôt les vaincre en dépit de leur connivence. L’Angleterre aux Anglais ! Les Juifs, dehors ! Heil Hitler ! «
Et elle demande même que son nom soit publié en gros et en gras, car, dit elle, elle veut que tout le monde sache qu’elle déteste les juifs. L’article fait un scandale en Angleterre ! Comment la fille d’un pair anglais peut elle adorer le fascisme ?
En 1936, Unity et Diana assistent aux Jeux Olympiques de Berlin. Peu de temps après, une voiture appartenant au Führer les amènent au festival de Bayreuth, et le soir au dîner, chacun peut voir Adolf Hitler avec Unity Mitford à sa gauche et Diana Mitford à sa droite. Le Führer les décrit comme les plus belles représentantes féminines de la race aryenne. De plus, la cousine des soeurs Mitford n’est elle pas la femme de Winston Churchill ? Sans honte, Unity écrira dans une lettre à sa soeur Jessica : « les meilleurs moments, c’est quand je m’assois à ses pieds et qu’il me caresse les cheveux ».
La relation d’Unity avec Hitler demeure un mystère : furent ils amants ? Diana jurera par la suite que non. Mais le mystère demeure, d’autant qu’Unity Mitford ne supporte pas l’existence d’Eva Braun (sa rivale) dans la vie du Fuhrer. D’ailleurs le Fuhrer a toujours précautionneusement évité que les deux jeunes femmes se rencontrent dans les meetings ou chez lui. A Berchtesgaden, quand Eva est là, Unity est absente, et vice versa.
Le 6 octobre 1936, Diana épouse son amant lord Mosley dans la maison de Goebbels à Berlin. Les services secrets de Londres établissent un rapport sur Unity où elle est décrite « plus nazie que les Nazis eux-mêmes » et le document souligne qu’elle voit Hitler à chaque fois que celui-ci se rend à Munich. Elle a même l’audace de faire le salut nazi au fonctionnaire britannique du consulat anglais à Munich chargé de renouveler son passeport (elle le fera aussi à l’épicier anglais lorsqu’elle achètera sa barre de chocolat lors de ses séjours en Angleterre).
En juin 1939, Hitler donne un appartement à Unity à Munich. Celui-ci appartient à un couple de jeunes juifs qui vont être déportés ; Unity mentionnera seulement à sa soeur Diana que le jeune couple (présent et en pleurs lors de sa visite) part « à l’étranger ». Sa naïveté envers le régime nazi n’a pas de limite. Elle est persuadée qu’elle peut réconcilier les deux pays qu’elle aime le plus au monde : l’Angleterre et l’Allemagne et ne supporte pas l’idée qu’une guerre peut arriver entre les deux pays.
Le 21 août 1939 John Kennedy Junior (fils aîné de Jo Kennedy, et frère du futur président Kennedy) rencontre Unity à Munich et note dans une lettre à son père :
« Unity Mitford est l’une des femmes les plus étranges que j’ai jamais rencontré. Elle n’est pas belle, a une dentition très mauvaise et est horriblement grosse, cependant elle possède un certain air Aryen. Sa personnalité est nulle et elle semble être toujours dans un état de nerf permanent ; elle n’exprime pas beaucoup d’intérêts sauf concernant Hitler et son travail. Elle ne l’appelle jamais Hitler mais toujours le Fuhrer et m’ a regardé d’un drôle d’air lorsque je l’ai appelé Hitler. »
Son portrait d’Unity diffère de celui qu’en fait Jessica, la jeune soeur de Unity :« Unity avait une personnalité brillante, audacieuse, généreuse et très drôle ».
Le 3 septembre 1939, Unity entend à la radio l’annonce de la déclaration de guerre de l’Allemagne à l’Angleterre. Très perturbée, elle se rend au Jardin Anglais de Munich et se tire une balle dans la tête. La balle pénètre sa tempe droite mais se loge dans le crane, évitant la mort. Elle se rate et tombe dans le coma. Elle n’a que vingt cinq ans.
Hitler est immédiatement informé de la tentative de suicide : il bloque la nouvelle et aucun journal ne publie quoi que ce soit. Il lui rend visite le 10 septembre mais elle est inconsciente. Dix jours après l’incident, elle sort de son coma, et échange quelques mots avec le Führer au téléphone.
Le 8 novembre, il lui demande ce qu’elle souhaite faire : elle lui répond qu’elle souhaite se rendre en Angleterre auprès de ses parents, puis revenir à Munich. C’est seulement début novembre que ses parents apprennent qu’ Unity a tenté de se suicider et que le Führer est en train d’arranger son transfert via la Suisse.
Le 29 décembre 1939, la mère d’Unity et sa jeune soeur Deborah arrivent à Berne pour récupérer Unity. L’apparence physique d’Unity les choque : elle semble en perpétuelle hébétude, ses cheveux sont coupés et sa dentition est jaune…(on ne lui a pas brossé les dents depuis l’accident), de plus elle semble avoir des trous de mémoire. Son comportement est celle d’une enfant de douze ans et, de plus, elle est incontinente. Pire, la balle logée dans son cerveau n’a pas pu être retirée.
En Angleterre, son retour est traqué par les reporters. Sa mère va dès lors se dévouer à sa fille et l’emmène sur une île obscure d’Ecosse, Inch Kenneth, appartenant à la famille. La haine de la presse est abondante vis à vis de Unity, et Diane n’est pas non plus épargnée. En juin 1940, elle et son mari Mosley, seront jetés en prison ; ils y demeureront jusqu’à la fin de la guerre.
Quant à Unity elle fera quelques séjour à Londres pour consulter des spécialistes (elle y aura même un flirt avec un pilote de la RAF qui mourra au combat plusieurs mois après), mais c’est sur cette île d’Ecosse que son état s’aggrave en 1948. Une méningite est diagnostiquée suite à l’infection de la balle logée dans la tempe droite, et la jeune femme décède rapidement le 28 mai 1948 à l’age de 34 ans.
Tombes de trois des sœurs Mitford ; respectivement de gauche à droite : Nancy, Unity et Diana.
Elle est enterrée dans le Oxfordshire dans le cimetière de Ste Mary à Swinbrook près de sa mère, de son père, et de ses soeurs Nancy, Diana et Pamela.
La vie insolite d’Unity Mitford devait provoquer une dernière rumeur scandaleuse : en décembre 2007, un journaliste anglais prétend qu’Unity a accouché clandestinement au printemps 1940 d’un enfant né de sa liaison avec Hitler et que celui-ci aurait été abandonné et élevé sous un faux nom en Angleterre.
Aux dernières nouvelles, la rumeur court toujours….
QUELS DESTINS EXTRAORDINAIRES QUE CEUX DE CETTE FAMILLE !
ET COMMENT PEUT ON COMPRENDRE LES CHOIX DIAMETRALEMENT OPPOSES DE JESSICA ET D’ UNITY ?