Marie Charlotte de La Porte de La Meilleraye, marquise de Richelieu (1662-1729)

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mariecharlottemazarin1Portrait par Ferdinand Jacob Voet en « Diane »

Née le 28 mars 1662 à Paris
Morte le 13 mai 1729 à Dieppe

Elle est le premier enfant né du mariage d’Armand de La Porte, duc de Mazarin et duc de la Meilleraye (né en 1632 – mort le 9 novembre 1713 à la Meilleraye) et de son épouse Hortense Mancini (née à Rome le 6 juin 1646- morte à Chelsea, Angleterre, le 12 juillet 1699), l’une des célèbres nièces du cardinal Mazarin.

Le mariage de ses parents a eu lieu au château de Vincennes le 28 février 1661. Marie Charlotte naissait treize mois plus tard.

Elle eut 1 frère et deux sœurs :
• Paul Jules de la Porte Mazarini (né le 25 janvier 1666- mort le 7 septembre 1731 à Paris) duc de la Meilleraye, duc de Mazarin, gouverneur de Port Louis et de Quimperlé, épousera en décembre 1685 Charlotte Félicité de Durfort (morte en 1730) dont il aura quatre enfants, puis il se remarie le 14 juin 1731 à Paris avec François de Mailly (née en 1688 – morte en 1742).
• Marie Anne de la Porte (née en 1663, morte en 1720) sera religieuse en 1682 et abbesse du Lys en 1698.
• Marie Olympe de la Porte (née en 1665 – morte le 24 janvier 1754) épousera le 30 septembre 1681 Louis Christophe Gigault, marquis de Bellefonds (né en 1657- tué à la bataille de Steinkerque le 3 août 1692) d’où deux enfants.

Elle épousera en décembre 1682 Louis Armand de Vignerot du Plessis, marquis de Richelieu (né le 9 novembre 1654- mort le 22 octobre 1730 à Paris), fils de Jean Baptiste Amador de Vignerot du Plessis marquis de Richelieu (1632-1662) et de son épouse Jeanne Baptiste de Beauvais (1637-1663)

Ils auront deux enfants :
• Armand Louis de Vignerot du Plessis de Richelieu (né à Londres le 9 octobre 1683, mort à Paris le 4 février 1750), 4ème duc d’Aiguillon qui épousera le 22 août 1718 Anne Charlotte de Crussol d’Uzès duchesse d’Aiguillon (1700-1772) qui lui donnera cinq enfants.
• Innocent Jules de Vignerot du Plessis de Richelieu (né à Paris en 1685 et mort le 27 septembre 1705 à Paris), abbé de Richelieu.

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Le mariage de ses parents fut un mariage orageux : amenée à Paris à l’âge de six ans, Hortense Mancini fut élevé par son oncle le cardinal Mazarin. Elle fut la nièce préférée de cet oncle qui l’éduqua comme un père.

mariecharlottemazarinPortrait en « Diane chasseresse » par Ferdinand Jacob Voet

C’est lui qui organisa son mariage avec le duc de la Meilleraye, sous la condition que celui-ci prendrait le nom et les armes de Mazarin. Le futur mari d’Hortense reçut alors les titres de duc de Mazarin, de duc de Mayenne, prince de Château Porcien, comte de Ferrette, de Beaufort, de Thann, de Rosemont, baron d’Altkirch, seigneur d’Issenheim, et marquis de Guiscard. De plus, Hortense se présente avec une dot de trente millions.

Mais jamais union ne fut plus mal assortie : Hortense était jeune, vive, enjouée, aimant la société et les admirateurs, son mari était avare, jaloux de son épouse, dévot, et fuyait la société.

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Portrait d’Armand Charles de la Porte, duc de la Meilleraye, père de Marie Charlotte

Au fil des ans, il développera un comportement bizarre à la limite de la folie. Il organisera une loterie qui consistera à tirer au sort les fonctions de ses domestiques, en sorte raconte Saint Simon : « que le cuisinier devint son intendant, et le frotteur son secrétaire, le sort marquait, selon lui, la volonté de Dieu… »

Voltaire s’en amusera :
On conte que l’époux de la célèbre Hortense
Signala plaisamment sa sainte extravagance
Craignant de faire un choix par sa faible raison
Il tirait aux trois dés les rangs de sa maison
Le sort d’un postillon faisait un secrétaire
Le cocher, étonné, devint homme d’affaires
Un docteur hibernois, son très digne aumonier
Rendit grâce au destin qui le fit cuisinier

Un autre jour, le duc de la Meilleraye se prend pour une tulipe, ses serviteurs l’arrosent donc régulièrement pour qu’il ne flétrit pas. Mais le pire c’est son comportement vis-à-vis des tableaux hérités du cardinal de Mazarin qui ornent désormais ses murs : un jour, rebuté par la nudité de certains d’entre eux, il ira jusqu’à recouvrir de peinture les seins audacieux, ou bien à briser les extrémités des statues antiques.

En plus d’être dévot, il est d’une jalousie maladive vis-à-vis d’Hortense, pour l’éloigner du roi (qu’il soupçonne d’avoir des vues sur elle), il oblige Hortense à le suivre dans ses différents gouvernements, et notamment en Bretagne où il était lieutenant général pour le roi. Souvent à peine remise d’un accouchement, Hortense doit, trois semaines après celui-ci, rejoindre impérativement ce mari étrange dont elle ne veut plus.

Exaspérée par ce mari qu’elle ne supporte plus (il la réveille en pleine nuit pour qu’elle participe à la recherche de fantômes ou d’esprits ayant envahi leur chambre), Hortense abandonne son foyer le 13 juin 1668, et s’enfuit à Rome chez sa sœur Marie Mancini, connétable Colonna (l’ex premier amour de Louis XIV), avec l’aide de son frère Philippe Mancini, duc de Nevers.


Portrait d’Hortense Mancini, duchesse de la Meilleraye, mère de Marie Charlotte

Aussitôt, son mari obtint un arrêt du Parlement contre son épouse, par lequel il était autorisé à la faire arrêter partout où on la trouverait. A court d’argent, Hortense tente alors de se réconcilier avec son époux : celui-ci répliqua qu’il la reprendrait après qu’elle eut passé deux ans dans un couvent ! Hortense réussit à dénicher un allié de poids : le roi Louis XIV lui fit obtenir une pension annuelle de 24 000 livres, qui lui permit de se réfugier pour un temps en Savoir (où elle devint la maîtresse du duc de Savoie Charles Emmanuel), puis de finir sa vie en Angleterre (où fidèle à ses principes de femme libre, elle fut pour un temps la maîtresse du roi Charles II).

A l’âge de six ans, Marie Charlotte de la Porte voit donc définitivement disparaître sa mère. La jeune fille, ainsi que ses sœurs Marie Anne, et Marie Olympe, sont élevées dans un couvent parisien. Elle ne va pas tarder à faire parler d’elle dans un scandale retentissant en 1682 : cette année là, âgée de vingt ans, elle attire l’attention d’un lointain cousin (issu de germains), le séduisant Louis Armand de Vignerot du Plessis, marquis de Richelieu, âgé de vingt huit ans, qui est petit neveu du célèbre cardinal de Richelieu.

Il est le fils de Jean Baptiste Amador de Vignerot du Plessis (mort en 1662) qui fut marquis de Richelieu, lieutenant général des armées du roi, gouverneur du Havre et capitaine des châteaux de Saint Germain et de Versailles, et de son épouse Jeanne Baptiste de Beauvais (morte en 1663). Le jeune marquis de Richelieu est donc orphelin de père et de mère à l’âge de dix ans, mais il est mestre de camp d’un régiment de cavalerie.

Les deux jeunes gens se plaisent, s’échangent des billets doux à la messe, grâce à des complices, puis, le jeune homme s’enhardit et demande la permission au duc de la Meilleraye de courtiser sa fille. Ce dernier, aussi jaloux de sa fille aînée, qu’il l’avait été de sa femme aventureuse, prend ombrage de l’intérêt du jeune homme, et enferme Marie Charlotte au couvent de la Visitation de Chaillot. Sa première impulsion avait été de l’enfermer à l’abbaye du Lys, où sa seconde fille Marie Anne de la Porte est religieuse, mais il se méfie de ses filles. Et il a raison, car la trahison ne va pas venir de Marie Anne, mais de sa dernière fille, Marie Olympe qui est devenue en 1681, la femme du marquis de Bellefonds.

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Marie Charlotte de la Porte de la Meilleraye, marquise de Richelieu

L’amoureux éconduit va donc trouver la sœur cadette de celle qu’il aime, et tous deux organisent l’évasion du couvent de Marie Charlotte. Ils reprennent un des schémas d’évasion d’Hortense (la mère de Marie Charlotte) lorsque celle-ci s’était enfuie d’un couvent de Rome quelques années auparavant, avec l’aide de sa sœur Marie Mancini.

Le lendemain de l’enlèvement réussi de Marie Charlotte, le duc de la Meilleraye, furieux, lance un mandat d’arrêt contre les fugitifs, et surtout contre Richelieu. Louis XIV, qui dans le passé avait été si indulgent avec Olympe, fait de même avec sa fille : il interrompt les poursuites contre les jeunes gens.

Le 23 décembre 1682, Mme de Sévigné relatera le rapt à son cousin Bussy :

« le marquis de Richelieu a enlevé Melle Mazarin de Sainte Marie de Chaillot : elle court avec son amant, qui, je crois est son mari, pendant que Mr Mazarin va consulter à Grenoble, à la Trappe et à Angers, s’il doit marier sa fille. Le moyen de ne pas perdre patience avec un tel fou ? »

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Marie Charlotte de la Porte de la Meilleraye, marquise de Richelieu

Car en effet, Richelieu a épousé à la va-vite Marie Charlotte, mais ils ont fui la France et se sont réfugiés à Londres, en Angleterre, auprès d’Hortense Mancini, mère de Marie Charlotte.

Celle-ci qui tient un salon à Londres, les accueille bien volontiers, et compatit aux malheurs de sa fille. La mère et la fille (Hortense a trente six ans) ressemblent à deux sœurs, et suscitent l’admiration de ceux qui les rencontrent. Marie Charlotte de la Porte profite peu de cette nouvelle gloire, elle est enceinte de son premier enfant, et accouchera à Londres le 9 octobre 1983, dix mois après son rapt d’un garçon : Armand Louis de Vignerot du Plessis de Richelieu (futur duc d’Aiguillon).

L’exil londonien pèse aux deux jeunes gens, mais il faudra attendre deux ans avant que l’irascible duc de la Meilleraye ne s’adoucisse, et consente avec l’insistance du roi, à ce que Richelieu et sa femme reviennent en France. Mais il impose ses conditions : le jeune couple doit se remarier en France à nouveau, cette fois de manière légale, et le duc consent à verser à sa fille Marie Charlotte une dot de 100 000 francs, ainsi que le gouvernement de la Fère à son gendre.

Radouci bien soudainement, le beau père vindicatif accepte le jeune couple chez lui, pour le chasser dans une de ses sautes d’humeur l’année suivante, le marquis de Richelieu ayant fini par se rebeller sur la mainmise de son beau père sur le fonctionnement de son couple. Le duc de la Meilleraye avait décidé de se charger de l’éducation de son dernier petit fils, mais à sa façon bizarre de dévot un peu fou, comme le raconte Saint Evremond (ami fidèle d’Hortense Mancini) :

»voici le chef d’œuvre de Mr Mazarin (le duc de la Meilleraye) en dévotion : il a fait nourrir un des enfants de Mme de Richelieu (sa fille Marie Charlotte) avec défense expresse à la nourrice de lui donner à téter les vendredis et les samedis, pour lui faire sucer, au lieu de lait, le saint usage des mortifications et des jeûnes »…

Outre les extravagances de son beau père, le marquis de Richelieu voulait reprendre les rênes de son ménage : en effet, depuis leur retour à Paris, son épouse Marie Charlotte de la Porte, devenue légalement aux yeux de la cour, marquise de Richelieu, s’était lancée dans des réceptions ruineuses ; une deuxième grossesse l’année de son retour en France (qui donnera naissance à Innocent Jules de Vignerot, abbé de Richelieu, qui mourra jeune en 1705) ne l’arrête pas dans sa nouvelle soif de fêtes et de plaisir.

Le marquis de Richelieu décide d’emménager dans l’hôtel de Lauzun, sur l’île de la Cité, qu’il achète promptement. Mais les dépenses de Marie Charlotte vont crescendo, et le jeune couple sombre dans la mésentente. La marquise de Richelieu trompe son mari avec des amants (notamment son cousin Philippe de Vendome, voir sa biographie), et son mari finit par faire de même :
… »il s’enterre dans la crapule et la plus vile compagnie » selon Saint Simon.

Marie Charlotte de la Porte, à l’imitation de sa mère, quitte alors son mari et se met à voyager.

Elle finit par rejoindre sa mère à Londres en 1698 et près d’elle, se met à boire.

Elle y devient la maitresse du duc d’Albemarle, puis d’Angleterre elle passe en Hollande. Elle revient en France en 1699, regagne la Hollande, rentre en France. Après un nouveau séjour en Angleterre, elle gagne l’Italie par Lisbonne.

Elle fut une des maitresses du Grand Dauphin.

Elle finit par rejoindre sa mère à Londres, et près d’elle, se met à boire.
»Belle comme le jour, elle s’enivrait à la perfection » dira d’elle Saint Simon.


L’intérieur de l’hôtel de Lauzun (quai d’Anjou, île de la Cité)

Hortense Mancini meurt en Angleterre, à Chelsea le 12 juillet 1699, à l’âge de cinquante trois ans. Son mari, le duc de la Meilleraye, récupérera son corps et emmènera le cercueil de sa femme, dans ses déplacements en province pendant un an, avant de se décider enfin à la mettre au tombeau : Hortense reposera bientôt près de son oncle, le cardinal de Mazarin.


La grande chambre à coucher de l’hôtel de Lauzun (1ère étage)

Quant au fantasque duc de la Meilleraye, il mourra en 1713.

Sa fille Marie Charlotte, mourra, elle, à Dieppe le 13 mai 1729 âgée de soixante sept ans. Son mari, qu’elle avait refusé de revoir, rendra l’âme, un an après elle, le 22 octobre 1730 à Paris.

 

Leur unique fils survivant, Armand Louis de Vignerot du Plessis de Richelieu, duc d’Aiguillon par son mariage deviendra membre de l’académie royale des Sciences en 1744.

 

Descendants de Marie Charlotte de La Porte de La Meilleraye

Jusqu’aux petits-enfants.

Marie Charlotte de La Porte de La Meilleraye, née le 28 mars 1662, décédée le 13 mai 1729, Dieppe (à l’âge de 67 ans).
Mariée en 1682 avec Louis Armand de Vignerot du Plessis, marquis de Richelieu, baron du Pont, né le 9 novembre 1654, décédé le 22 octobre 1730, Paris (à l’âge de 75 ans), mestre de camp d’un régiment de cavalerie, gouverneur de La Fère en Picardie, dont

Total: 7 personnes (conjoints non compris).

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Une réflexion sur « Marie Charlotte de La Porte de La Meilleraye, marquise de Richelieu (1662-1729) »

  1. Bonjour! Cet article sur la Marquise de Richelieu m’intéresse beaucoup – il n’ya pas beaucoup de choses sur elle en général et j’ai aimé la richesse de votre article. Si je peux, je voudrais vraiment savoir ou vous avez trouvé ces infos – peut-etre existe-t-elle une biographie sur elle ou une étude?
    Merci beaucoup!

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