Venetia Stanley, lady Digby (1600-1633)

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65558-12925818971Portrait par Anthony van Dyck en 1633

Née le 19 décembre 1600 à Tong Castle, Shropshire
Morte le 30 avril 1633 à Londres
Enterrée dans l’église de Christchurch, Newgate, London

Venetia Stanley naquit en décembre 1600 à Tong Castle, Shropshire. Elle était la troisième fille (sur huit enfants) de sir Edward Stanley (1563-1632) et de son épouse Lucy Percy (1565-1601)  (fille et co héritière de Thomas Percy 7ème comte de Northumberland celui là même qui perdit sa tête en 1572 en participant à un complot catholique contre la reine Elizabeth 1ère ). Son père était lui-même le petit fils de Edward Stanley 3ème comte de Derby. Le prénom de Venetia plutôt atypique provenait de la latinisation du prénom « Gwyneth » selon le dictionnaire anglais d’Oxford.

Venetia Stanley fut élevée avec ses sœurs mais elle perdit sa mère à l’age de un an. Edward Stanley, fou de chagrin à la mort de sa femme, résolut de vivre en reclus, et  envoya ses enfants chez des parents proches : Venetia fut alors élevée à Salden par d’autres membres de sa famille.

65558-1292581897Portrait par Anthony van Dyck en 1633

Or Salden était situé à quelques kilomètres de Gayhurst résidence de la famille Digby. D’après les confidences de Kenelm Digby (futur époux de Venetia) il fit la connaissance de Venetia à l’adolescence (elle avait trois ans de plus que lui) et il aurait déjà envisagé de l’épouser mais ses parents à lui s’opposèrent à cette union. Le jeune homme fut envoyé en France à la cour de Marie de Médicis pour son éducation.

Quant à la jeune Venetia, son père la rappela alors près de lui. Edward Stanley était en effet rappelé à Londres pour assister au mariage de la fille de James 1er, la princesse Elizabeth Stuart avec le jeune comte Palatin. Il profita de ce voyage pour emmener sa fille Venetia à Londres en février 1613.

venetia-0-stanleyVenetia Stanley à l’age de vingt ans

Sa beauté y provoqua des ravages et pourtant elle n’était âgée que de treize ans. Elle y est décrite comme une beauté brune, au teint pâle et aux yeux bleus. A l’âge de dix huit ans elle devint la maitresse de Richard Sackville comte de Dorset (qui devait mourir l’année où Venetia eut ses vingt quatre ans) : ce premier amant lui alloua une indemnité annuelle de 500 livres par an. La liaison avec le comte de Dorset dura deux ans.En 1620, elle retrouva son amour de jeunesse Kenelm Digby, revenu de ses voyages en France et en Italie, et entama avec lui une nouvelle liaison secrète. En 1624, son protecteur officiel, le comte de Dorset mourut soudainement, et la pension de Venetia fut stoppée. En effet, les héritiers de ce dernier refusaient de payer l’annuité payée à la jeune femme.

richard-1-sackvilleRichard Sackville comte de Dorset, premier amant de Venetia Stanley

Kenelm Digby fit alors agir ses relations à la cour et un procès s’engagea donnant droit à la requête de la jeune femme qui récupèrera une partie des indemnités du défunt comte de Dorset. Kenelm Digby était alors très en vue à la cour du roi James 1er d’Angleterre ; Il allait devenir plus tard, un alchimiste renommé et un corsaire des mers. Physiquement c’était un rouquin de grande stature et qui parlait de six à sept langues différentes.  Il avait une réputation de duelliste acharné, et il correspondait aussi bien avec Descartes qu’avec Galilée (qu’il avait rencontré en Italie en 1623).  Il était de plus devenu l’un des amis et conseillers du jeune prince Charles, futur Charles 1er. Comme Venetia il était de religion catholique, et quelques mois après le succès du procès il épousa secrètement la jeune femme début 1625. L’une des raisons avancées pour ce mariage secret était que Kenelm Digby redoutait que son beau père déshérite sa fille en apprenant ce mariage, de plus la mère de Kenelm detestait la jeune femme qui avait acquis une réputation de courtisane avec sa liaison avec Dorset.

4845434Kenelm Digby, mari de Venetia Stanley

Kenelm Digby révèlera dans ses écrits plus tard qu’il avait envisagé ce mariage comme un challenge : réformer la pécheresse qu’il aimait pour la transformer en épouse modèle.

Neuf mois après leur mariage secret, Venetia Stanley accouchait de leur fils Kenelm, secrètement dans la maison de son père à Londres. Mais Venetia accepta ce mariage secret, et dès le début de leur vie commune elle changea complètement d’attitude et suivant la volonté de son mari elle se réforma : elle assistait à la messe tous les jours et consacrait plusieurs heures par jour à la prière. Elle visitait les communautés franciscaines qui aidaient les pauvres de Londres et fonda une maison de charité. Son seul vice était le jeu à laquelle elle s’adonnait régulièrement et elle ne manquait pas de redistribuer les gains à ses œuvres de charité. Son mari qui avait un profil d’aventurier prit la mer en 1627 à bord d’un navire baptisé l’Eagle et participa à la capture de plusieurs navires espagnols au large de Gibraltar. La couronne anglaise avait facilité cette aventure du jeune Digby aidé en cela par son amitié avec le jeune roi Charles 1er.

FOT1274345portrait de John Digby, fils de Venetia Stanley

Avant de partir, lui et Venetia avaient rendu public leur mariage. Digby avait bien insisté auprès de sa famille pour qu’ils acceptent la jeune femme malgré son passé mouvementé et que l’amour qu’il lui vouait était inattaquable. A la fin de l’année 1627, Venetia donna naissance à leur deuxième fils John. Après le retour de Kenelm Digby en Angleterre, le couple eut le temps de faire d’autres enfants : Everard (en 1629), Margery (en 1630) et George (en 1633). Venetia accouchera aussi de jumeaux prématurés deux mois avant la date prévue vers 1632. Le couple fréquentait aussi le peintre Van Dyck qui fit de nombreux portraits de la jeune femme. Quant à Venetia, elle devint la muse du poète Ben Johnson. Avec les années, la jeune femme tenta de lutter contre les affronts du temps : sa beauté se fanait, ses maternités successives lui avaient fait prendre de l’embonpoint, et les portrais de Van Dyck dissimulaient mal la naissance d’un double menton. Son mari, qui excellait en chimie concocta pour elle une potion à base de sang de vipère. Mal controlée, cette boisson pouvait s’avérer fatale.

screen-shot-2014-03-22-at-23-38-48Kenelm Digby et son épouse Venetia Stanley (tableau posthume fait par Van Dyck)

La vie de Venetia Stanley est surtout devenue célèbre par sa mort assez étrange. : elle alla se coucher le soir du 30 avril 1633 comme à son habitude, et demanda à sa suivante de la réveiller assez tôt pour qu’elle puisse faire sa promenade à cheval matinal. Elle devait mourir soudainement dans la nuit. Son mari Kenelm Digby s’était couché dans une chambre attenante car il avait travaillé tard sur une expérience chimique et n’avait pas souhaité réveiller Venetia en allant se coucher. C’est la servante de celle-ci qui découvrit la jeune femme morte dans son lit dans la même pose où elle s’était trouvée la veille pour s’endormir.

venetiastanley3Venetia Stanley sur son lit de mort par Van Dyck

La mort de sa femme fut un évènement tragique pour Kenelm Digby (qui bien qu’il n’est pas toujours été fidèle à celle-ci, c’est ce qu’il avouera plus tard) en conçut un chagrin immense. Devant l’image de sa femme morte (et qui semblait dormir), il ne voulut pas la laisser partir sans garder des souvenirs d’elle : il fit venir son ami le peintre Van Dyck et lui demanda de peindre Venetia sur son lit de mort. Il fit faire aussi des moulages de son visage, de ses mains et de ses pieds. Le tableau « Venetia Stanley sur son lit de mort » est depuis devenu célèbre : la jeune femme morte semble endormie à jamais. Puis il fallut organiser l’enterrement de la jeune femme qui eut lieu dans l’église de Christchurch à Newgate et Kenelm Digby y fit élever un splendide monument funéraire.

christchnewgatestEglise de Christchurch à Newgate, London

Mais la mort subite de cette jeune femme d’une trentaine d’années provoqua de nombreuses questions : une autopsie fut ordonnée sur le corps de la jeune femme avant son enterrement. Son mari confia que Venetia était sujette depuis de nombreuses années à des migraines qu’elle soignait en prenant du vin de vipère (concoction mortelle prise à haute dose). Le vin de vipère était aussi supposé préserver la beauté et la jeunesse.

Lorsque les médecins de l’époque ouvrirent son crane, ils découvrirent un cerveau rapetissé et conclurent à une hémorragie cérébrale. Ceux qui avaient connu la mère de Venetia relatèrent que cette dernière était morte elle aussi de façon soudaine.

800px-sir_kenelm_digby_by_sir_anthony_van_dyckKenelm Digby par Van Dyck en 1640

Les mauvaises langues insinuèrent que Kenelm, jaloux de son épouse l’avait fait empoisonner ou bien que cette dernière s’était suicidée en apprenant les infidélités de son mari. Blessé par les rumeurs malfaisantes, Kenelm Digby se retira à Gayhurst, le manoir des Digby où il écrivit des poèmes dédiées à son épouse disparue qui formèrent un volume intitulé « in praise of Venetia »).

Pendant les deux années qui suivirent il entra en dépression. Il garda le tableau de Venetia peinte alors qu’elle était sur son lit de mort auprès de son chevet. Il commença à se vêtir uniquement de noir et à laisser pousser sa barbe et ses cheveux. Il se remit à faire des expériences scientifiques en astrologie et en alchimie, dans sa retraite et fit de fréquents voyages à Paris (en 1641 et 1644).

29south-frontGayhurst House

Pendant la guerre civile en Angleterre qui détrônera le roi Charles 1er, il était en France et il devint le chancelier de la reine Henrietta Marie (femme de Charles 1er) lorsqu’elle vint chercher asile à Paris. A la restauration, le roi Charles II lui rendit ses terres confisquées par le Parlement et il devait mourir de calculs rénaux à l’âge de soixante deux ans le 11 juillet 1665 (le jour même de son anniversaire). Il ne s’était jamais remarié.

Il fut enterré auprès de Venetia, mais le grand feu de Londres de 1666 détruisit leur mausolée. L’église fut ensuite détruite par les bombardements de Londres pendant la Seconde Guerre Mondiale.

 

Descendants de Venetia Stanley, née le 18 décembre 1600, Tong Castle, Shropshire, décédée le 1er mai 1633, London, inhumée, Christ Church, Newgate (à l’âge de 32 ans).
Relation avec Richard Sackville, Earl of Dorset (3e), né le 28 mars 1589, Charter House, London, Middlesex, décédé le 28 mars 1624, Dorset House, St Brides, London, inhumé le 7 avril 1624, Parish Church, Withyham, Sussex (à l’âge de 35 ans).

Mariée en janvier 1625 avec Kenelm Digby, né le 11 juillet 1603, décédé le 11 juillet 1665 (à l’âge de 62 ans), dont

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