François VII de la Rochefoucauld, 3ème duc de La Rochefoucauld (1634-1714)

Spread the love

 

e944ef1d568559284569e1466f4b742d6ac32cbeFils du mémorialiste

Grand Maitre de la Garde robe du roi, Grand Veneur de France
Né le 15 juin 1634 à Paris
Mort le 11 janvier 1714 à Versailles

Son père, François, VI, 2ème duc de la Rochefoucauld, (né le 15 décembre 1613 ; mort le 17 mars 1680) était le célèbre auteur du « Livre des Maximes » et « des Mémoires de la Régence de la reine Anne ». Gouverneur de Poitou, dont il se démit en 1632, il se signala à la bataille d’Avein en 1635, servit dignement le Roi dans sa minorité ; mais s’étant brouillé avec le Cardinal Mazarin, il embrassa le parti des mécontents de Paris.

Il fut blessé, le 19 Février 1649, d’un coup de pistolet dans la gorge, en combattant pour conduire un convoi vert Paris. François VI de la Rochefoucauld servit aussi les Princes contre ce Mazarin et fut blessé au combat du faubourg Saint-Antoine en 1652. Il avait épousé, par contrat passé à Mirebeau en Bourgogne, le 20 Janvier 1628, Andrée de Vivonne, Dame de la Chateigneraye, fille unique et héritière d’André de Vivonne, Grand-Fauconnier de France, & de Marie-Antoinette de Loménie.

François_de_La_Rochefoucauld

François VI de la Rochefoucauld, le mémorialiste, père de François VII

François VII de la Rochefoucauld était l’aîné de leurs enfants :

Il eut 4 frères et 3 sœurs :

1- Charles, né le 29 Septembre 1635. Chevalier de Malte, qui eut l’Abbaye de Molesme, sur la démission du Prince de Conti, & s’en démit en faveur d’Alexandre, son frère : il mourut le 19 Novembre 1692.

2- Marie -Catherine, dite Mademoiselle de la Rochefoucauld, née le 22 Février 1637, qui légua un Annuel dans l’Eglise de Sainte-Geneviève ; fit des fondations en la ville de la Rochefoucauld pour l’instruction de la jeunesse, & pour des pauvres filles, affligées de maladies incurables. Elle est morte le 5 Octobre 1711, & a été enterrée à Sainte-Geneviève.

3-Henriette, appelée Mademoiselle de Marcillac, née le 15 Juillet 1638, morte le 3 Novembre 1721, âgée de 83 ans, 3 mois & 19 jours, après avoir testé le 10 Mars 1720, & fait des legs particuliers à chacun de ses domestiques, qu’elle nomma légataires universels du surplus de ses biens à partager entre eux chacun à proportion de leurs legs.

4- Françoise, appelée Mademoiselle d’Anville, née le 9 Août 1641, morte le 22 Mars 1708, aussi sans alliance.

5- Henri-Achille, né le 8 Décembre 1642, Chevalier de Malte, Abbé de Fontfroide, de Beauport, & nommé à l’Abbaye de la Chaise Dieu le 20 Janvier 1687, après la mort d’Hyacinthe Serroni, premier Archevêque d’Alby : il décéda le 19 Mai 1698, & fut enterré à Saint-Germain-des-Prés.

6- Jean-Baptiste, dit le Chevalier de Marcillac, né le 19 Août 1646, reçu Enseigne au Régiment du Roi, Infanterie, le 29 Octobre 1666, puis Lieutenant le 8 Novembre de la même année, tué en Allemagne dans la campagne de 1672.

7- Alexandre, dit l’Abbé de Verteuil, né en Avril 1655, Abbé de Beauport & de Molesme après son frère, mort Prieur de Bonnes-Nouvelles à Rouen, le 16 Mai 1721.

François VII de la Rochefoucauld épousera le 13 Novembre 1659 au château de Liancourt, Jeanne-Charlotte du Plessis-Liancourt (sa cousine au 3ème degré), fille unique de Henri du Plessis, Comte de la Roche-Guyon, premier Gentilhomme de la Chambre du Roi, & d’Elisabeth de Lannoy. Elle mourut le 30 Septembre 1669, âgée seulement de 23 ans et sera enterrée dans l’église Saint Martin de Liancourt.

Ils eurent trois enfants :

1- Charlotte-Françoise-Gabrielle, née en 1661, morte le 17 Août 1676, âgée d’environ 15 ans.

2- François (François VIII de la Rochefoucauld) 4ème duc de la Rochefoucauld, (né le 17 août 1663, mort le 22 avril 1728 à Paris). Il avait épousé, par contrat du 22 Octobre 1679, Madelene-Charlotte le Tellier, fille aînée de François-Michel le Tellier, Marquis de Louvois, de Courtenvaux & de Barbesieux, Ministre & Secrétaire d’Etat, Chancelier des Ordres du Roi, Surintendant des Bâtiments, & d’Anne de Souvré, Marquise de Courtenvaux, & petite-fille de Michel le Tellier, Chancelier de France. Elle est morte à Paris le 18 Novembre 1735, dans sa 71e année. Ils eurent dix enfants.

3- Henri-Roger, Marquis de Liancourt, né le 14 Juin 1665, d’abord Colonel du Régiment de la Marine le 7 Décembre 1683, qui se distingua à la bataille de Stafarde, où il fut blessé ; fut fait Lieutenant-Général des Armées du Roi le 23 Décembre 1702, & est mort le 21 Mars 1749, en son Château de Liancourt, âgé de 84 ans, sans alliance.

Jusqu’à la mort de son père, le mémorialiste, François VII de la Rochefoucauld fut connu, à la cour, sous le nom de « Marcillac » ou « prince de Marcillac » titre porté par les fils aînés de la maison de La Rochefoucauld.

Le roi Louis XIV n’aimait pas son père, François VI de La Rochefoucauld, l’auteur des « Maximes », dont le comportement lors de la Fronde lui avait aliéné le roi à jamais. Curieusement, le fils de celui-ci, François VII de La Rochefoucauld, sera toute sa vie un des amis du roi, voire même un favori. Louis XIV aimait son esprit et sa probité.

En 1651, François VII prête serment en qualité de gouverneur du Poitou, survivance de son père, et commence l’année d’après ses premières armes dans l’armée commandée par son père pour le prince de Condé. Il reparut à la cour après la pacification des troubles. Employé dans les Pays Bas, sous le vicomte de Turenne, il se signale au siège de Landrecie en 1655 et reçoit un coup de mousquet dans le corps au siège de Condé le 10 août 1656.

En 1659, il épouse au château de Liancourt une riche héritière âgée de treize ans, qui est aussi sa cousine au 3ème degré, Jeanne Charlotte du Plessis Liancourt. Elle lui transmettra le titre de duc de la Roche Guyon. Orpheline de père (elle est née posthume en 1646), Jeanne Charlotte du Plessis, qui fut pensionnaire dès l’age de cinq ans des religieuses de Port Royal, se voyait plutôt destinée à la vie religieuse, mais son grand père Liancourt projeta pour elle de la marier avec un sien cousin, le fils aîné du duc de la Rochefoucauld, le prince de Marcillac.

800px-Château_de_Liancourt

Le château de Liancourt, dans l’Oise, où François VII de La Rochefoucauld se maria avec sa cousine, Jeanne Charlotte du Plessis Liancourt

Elle fut très appréciée par son beau père (le mémorialiste) [i]« ma belle fille est la plus aimable petite créature qui se puisse voir » [/i]écrit il à Mme de Sablé. Il semble que son mariage fut plutôt réussi et le couple s’entendait bien. François VII de la Rochefoucauld ne se remis jamais du décès de son épouse, morte à 23 ans en 1669 (de maladie), et il ne se remariera jamais.

Dans ses mémoires, Anne Louise d’Orléans, Melle de Montpensier raconte comment les ennemis du futur marié tentèrent d’empêcher ce mariage avec la jeune Jeanne Charlotte du Plessis. Avant son mariage, François de la Rochefoucauld (« Marcillac ») avait été l’amant de Catherine Henriette d’Angennes, Mme d’Olonne, il lui avait écrit des lettres d’amour dans lesquelles il aurait critiqué le pouvoir royal. Un des jaloux (le mariage allait faire du jeune la Rochefoucauld un homme riche) s’empara des lettres et alla les montrer à Roger du Plessis Liancourt, grand père de la jeune fille et tuteur de celle-ci (ce dernier devait balayer d’un revers de main les arguments qu’on lui présentât) :

Madame d’Olonne se masquait tous les jours avec Marcillac, le marquis de Sillery, madame de Salins et Margot Cornuel. Le marquis de Sillery avait été amoureux d’elle [de madame d’Olonne]. Ils allaient s’habiller chez Gourville; car ils n’osaient, à cause de d’Olonne, s’habiller chez elle. Le comte de Guiche continuait toujours sa belle passion [pour elle]; et l’abbé Fouquet qui était enragé contre tous les deux, s’avisa de les brouiller et de s’en venger par là. Il obligea le comte de Guiche à demander à madame d’Olonne les lettres de Marcillac, lorsqu’il se verrait un moment mieux avec elle; ce qu’il fit. Elle les lui donna: le comte de Guiche les mit entre les mains de l’abbé Fouquet, qui d’abord les montra à madame de Guémené, afin qu’elle en parlât au Port-Royal, et que cela allât à M. de Liancourt, pour le dégoûter de lui donner sa petite-fille. Il les montra aussi au maréchal d’Albret, qui fut trouver M. de Liancourt comme son parent et son ami, pour l’avertir de l’amitié qui étoit entre madame d’Olonne et M. de Marcillac; et même il avoit, je crois, quelques-unes de ces lettres. M. de Liancourt lui dit: « Je m’étonne que vous, qui êtes galant, croyiez que l’on rompe un mariage sur cela. Pour moi qui l’ai été, j’en estime davantage Marcillac de l’être, et je suis bien aise de voir qu’il écrit aussi bien que cela. Je doutois qu’il eût autant d’esprit, et je vous assure que cette affaire avancera la sienne.

1961-37-1-CX

Catherine Henriette d’Angennes, Madame d’Olonne, maîtresse de François VII avant son mariage

Je crois que le maréchal d’Albret fut étonné; car les médisants disoient qu’il avoit fait cela autant pour plaire à l’abbé que pour donner un bon avis à M. de Liancourt. Véritablement si l’abbé Fouquet eût pu réussir à rendre ce mauvais office à Marcillac de rompre son mariage, il ne lui en pouvoit pas faire un plus cruel. Car c’étoit sa fortune: c’étoit une fille qui aura cinquante mille écus de rente, une maison admirable et renommée par tout le monde pour ses belles eaux, qui s’appelle Liancourt, une à Paris fort belle aussi, la fille bien faite (Jeanne Charlotte). Enfin rien n’égaloit ce parti; et une chose fort agréable, c’est qu’il n’en a point obligation qu’à M. de Liancourt, qui l’a choisi par amitié, étant son petit-neveu; et voyant que la maison de La Rochefoucauld n’étoit pas aisée, il l’a rétablie par là: car les avis du maréchal d’Albret haltèrent l’affaire; elle si fit cinq ou six mois après. On la tira du Port-Royal, où elle avoit été nourrie….

  Louis14-C

Le passage du Rhin en 1672, où il reçut un coup de mousquet qui lui fracassa l’épaule gauche (« Louis XIV traversant le Rhin » par Van der Meulen)

Une fois marié, La Rochefoucauld continuera sa carrière militaire : il fut mestre-de-camp d’un Régiment Royal de Cavalerie le 17 Mai 1666. Il accompagna le Roi à la conquête de la Flandre en 1667 et le suivit à celle de la Franche-Comté en 1668.

Le roi le nomme Gouverneur du Berry le 13 Décembre 1671 à la place de Lauzun, après la disgrâce de celui-ci. La Rochefoucauld rechigne tout d’abord, et refuse le poste en disant au roi « je n’étais point ami de Mr de Lauzun, que votre majesté ait la bonté de juger si je dois accepter la grâce qu’elle me fait ». Le roi insiste, il finit par consentir, et doit accepter la pension de 12 000 livres qu’il s’obstinait à vouloir remettre entre les mains du roi. Touché par son désintéressement, le roi se tourne vers ses ministres et leur dit « j’admire la différence, jamais Lauzun n’avait daigné me remercier du gouvernement de Berri, et voilà un homme pénétré de reconnaissance ».

Un jour, à la cour, La Rochefoucauld, fait grise mine et parait inquiet. Le roi lui demande alors le sujet de son inquiétude. Il lui répond qu’il s’agit de ses dettes. Le roi lui répond alors « que n’en parlez vous à vos amis ! ». Mot qui fut accompagné d’un don de 50 000 écus.

Entre ses passages à la cour, La Rochefoucauld continue de se distinguer à l’armée du roi : il se signale au passage du Rhin en 1672, où il reçut un coup de mousquet qui lui fracassa l’épaule gauche.

800px-Chateau_de_VerteuiIIl

Le château de Verteuil (Charentes), où se maria le fils de François VII avec la fille du ministre Louvois

La même année, le roi le nomme Grand Maître de la Garde Robe, le 19 octobre, et lui adresse ce billet « je me réjouis, comme votre ami, de la charge de grand maître de la garde robe que je vous ai donné comme votre roi ». Rétabli de sa blessure à l’épaule gauche il se trouve ensuite aux sièges de Maastricht (1673), de Besançon (1674), de Limbourg (1675), & aux prîses de Valenciennes (1677), Cambray, Ypres & Namur.

En 1679, le roi le nomme Grand Veneur de France le 19 juin : il gardera cette fonction jusqu’à la fin de sa vie, et ce malgré le fait qu’il fut devenu aveugle et donc inapte pour cette fonction. Son fils ainé, François de la Rochefoucaud (futur François VIII), comte de la Roche-Guyon, se marie la même année (1679) le 13 novembre au château de Verteuil (en Charentes) avec Magdeleine le Tellier, fille du marquis de Louvois.

Ce mariage est exigé par le roi pour raccommoder François VII de la Rochefoucauld et son ministre (ces deux là se détestant cordialement). Pour adoucir son favori, le Roi érige en duché-pairie la terre de la Roche-Guyon en faveur de son fils, le jeune marié, et lui accorde la survivance des charges de Grand Veneur de France & de Grand-Maître de la garde-robe possédées par son père.

Saint Simon raconte à propos de ce mariage :

.Il (La Rochefoucauld) ne s’était point consolé que le mariage de la fille de Louvois avec son fils, que le roi avait exigé de lui pour raccommoder ces deux hommes fort ennemis et qu’il voyait sans cesse…

En 1680, à la mort de son père, le mémorialiste, François VII de la Rochefoucauld, alors connu sous le nom de « Marcillac » devient le 3ème duc de la Rochefoucauld.

Son statut de favori provoque jalousie et quolibets ; son embonpoint grandissant et sa forte mâchoire font l’objet de quolibets :

On le chansonne :

à la cour,

il (la Rochefoucauld) est soutenu

de la mâchoire formidable

du gros Marcillac, devenu

homme important et fort capable

Las ! quand il tournait son chapeau

on le prenait pour un nigaud.

Saint Simon le décrira ainsi dans ses Mémoires :

….La figure, qui prévient souvent, et le roi presque toujours, n’était pas un don qu’il eût en partage, j’ai ouï dire aux gens de la cour de son temps que la sienne était tout à fait désagréable. Un homme entre deux tailles, maigre avec de gros os, un air niais quoique rude, des manières embarrassées, une chevelure de filasse, et rien qui sortît de là. …..

Il raconte comment le jeune La Rochefoucauld arriva à attirer l’attention du roi (et son amitié) en se glissant de temps à temps à l’hôtel de Soissons que le roi fréquentait alors (Olympe Mancini, comtesse de Soissons était nièce du cardinal Mazarin et fut un temps la maîtresse du jeune roi) :

….Fait de la sorte, et seul de sa bande, il arriva dans la plus brillante et la plus galante cour, où le comte de Guiche, Vardes, le comte du Lude, M. de Lauzun et tant d’autres se disputaient la faveur du roi et le haut du pavé chez la comtesse de Soissons, de chez qui le roi [ne] bougeait alors. Ce centre de la cour d’où tout émanait était encore un lieu où Marcillac, fils de M. de La Rochefoucauld, devait être de contrebande pour la nièce du cardinal Mazarin; aussi fut-il fort mal reçu d’abord, et n’y fut accueilli de personne. Mais bientôt toute la troupe choisie, qui s’en moquait, fut bien étonnée de voir le roi le mettre de ses parties, sans autre chose de sa part que de se présenter devant le roi, et sans que le roi lui eût montré auparavant aucune bienveillance. Cela dura ainsi quelque temps, et commença à exciter l’envie, lorsque la faveur se déclara et ne fit plus que croître. ……

Si La Rochefoucauld fut un ami du roi, c’est aussi parce qu’il fut le témoin privilégié de ses amours (de La Vallière à la Montespan, en passant par la belle Ludres, et la Fontanges jusqu’à la Maintenon, bien qu’il n’aimât guère cette dernière) , Saint Simon raconte :

M. de Marcillac, que je nommerai désormais duc de La Rochefoucauld, était le seul confident des amours du roi, et le seul qui, le manteau sur le nez comme lui, le suivait à distance lorsqu’il allait à ses premiers rendez-vous. Il fut ainsi dans l’intimité de Mme de La Vallière, de Mme de Montespan, de Mme de Fontanges, de tous leurs particuliers avec le roi, et de tout ce qui se passait dans le secret de cet intérieur. Il demeura toute sa vie intimement avec Mme de Montespan, même depuis son éloignement, avec Mme de Thianges, avec ses filles. Il eût aimé d’Antin sans sa faveur. Aussi ne put-il jamais souffrir Mme de Maintenon, quoi qu’elle et le roi pussent faire. Jamais aussi elle n’osa l’entamer. Il se tenait dans un respectueux silence, n’en approcha jamais; force révérences s’il la rencontrait par quelque hasard ; et payait toujours de monosyllabes et de révérences redoublées tout ce qu’en ces occasions elle lui disait d’obligeant.

chateau-rochefoucauld

Le château de La Rochefoucauld (Charentes)

La Rochefoucauld semble avoir été timide, gauche et maladroit dans ses contacts quotidiens avec les autres ; il n’aimait que le contact de ses valets :

Il était rude et rustre en toutes ses manières, très volontiers brutal, désagréable en toutes ses façons, embarrassé avec tout ce qui n’était point ses complaisants, mais comme un homme qui ne sait pas recevoir une visite:, ni entrer ou sortir d’une chambre; surtout désespéré si une femme lui parlait en le rencontrant. Hors M. de Bouillon et les maréchaux de Duras et de Lorges, il n’allait chez qui que ce fût, excepté un instant pour des compliments indispensables de mort, de mariage, etc., et encore tout le moins qu’il pouvait. Il vivait chez lui avec un tel empire qu’il n’y voyait personne aussi qu’à ces mêmes occasions, il n’y avait que des gens désœuvrés qui n’étaient guère, et la plupart point, reçus ailleurs, qu’on appelait les ennuyeux de M. de La Rochefoucauld, et ses valets, qui étaient ses maîtres, qui s’y mêlaient de la conversation, et pour lesquels il fallait avoir toutes sortes d’égards et de complaisances, si on avait envie de fréquenter la maison.

Valets qui l’exploitèrent financièrement, car La Rochefoucauld dépensait sans compter :

…..En tout temps, il fut panier percé, incapable de tout soin domestique et de toute affaire, et toute sa vie livré à des valets qui, en vrais valets, en abusèrent sans cesse, et s’enrichirent tous à ses dépens, et quelques-uns de son crédit…

Il n’était pas proche de ses frères et sœurs qu’il ne fréquentait pas (sauf peut être l’aînée Marie Catherine de La Rochefoucauld qui ne se maria pas et vivra auprès de lui), et ne respectait que son oncle paternel, Henri de La Rochefoucauld, abbé de La Chaise Dieu (1634-1708) :

….Il n’y avait donc que l’abbé de La Rochefoucauld que M. de La Rochefoucauld aimât. Quoique son oncle paternel, ils étaient de même âge, et il en avait tiré secours en jeunesse en ses besoins.

Et Saint Simon qui n’aimait pas le père, trace du fils un portrait au vitriol dans ses Mémoires (il n’aimera pas plus le petit fils François VIII !) :

….[Il aimait moins que médiocrement ses enfants, et quoiqu’ils lui rendissent de grands devoirs, il leur rendait la vie fort dure ; gouverné jusqu’au plus aveugle abandon par ses valets, à qui presque tous il fit de grosses fortunes, partie par crédit, partie en se ruinant pour eux, jusque-là qu’il fallut que sur la fin, son fils, le bâton haut, y entrât pour tout ce qu’il voulut. ..Jamais valet ne le fut de personne avec tant d’assiduité et de bassesse, il faut lâcher le mot, avec tant d’esclavage, et il n’est pas aisé de comprendre qu’il s’en put trouver un second à soutenir plus de quarante ans d’une semblable vie....

Un peu plus loin, il lui reconnaît quand même quelques qualités, et notamment d’avoir « l’oreille » du roi (qu’il finit, semble t’il par lasser) :

M. de La Rochefoucauld avait beaucoup d’honneur, de valeur, de probité. Il était noble, bon, libéral, magnifique ; il était obligeant et touché du malheur. Il savait et osait plus que personne rompre des glaces, et souvent forcer le roi. Mais, à force de prodiguer ses services avec peu de choix et de discernement, il fatigua et lassa enfin le roi, mais ce ne fut que sur les derniers temps ; d’ailleurs sans aucun esprit, sans discernement, glorieux au dernier point, rude et rustre en toutes ses manières, très volontiers brutal, désagréable en toutes ses façons

En 1689, François VII de la Rochefoucauld est fait chevalier des ordres du roi.

Vingt cinq ans plus tard, la mort survient alors qu’il réside dans sa maison du Chenil à Versailles, il est alors aveugle et âgé de quatre vingt ans. Il fut enterré avec ses ancêtres à La Rochefoucauld.

Saint Simon reprend sa plume pour mentionner son décès :

.Le duc de La Rochefoucauld mourut le jeudi 11 janvier; à soixante-dix-neuf ans, aveugle, à Versailles, dans sa belle maison du Chenil, où il s’était retiré depuis quelques années. Le roi, qui ne s’en pouvait passer, mais à qui sur les fins il était devenu à charge, qui se trouvait soulagé de sa retraite, mais qui était fort importuné de sorties fréquentes qu’il en faisait sur lui pour ses valets, et en dernier lieu pour sa famille, se trouva fort soulagé de sa mort. Tels ont été ses sentiments à la mort de presque tous ceux qu’il a aimés et comblés de faveurs et de grâces

Sources :

-Wikipedia.

-Mémoires de St Simon.

-Dictionnaire historique et critique .

– François VI de la Rochefoucauld (Maximes et biographie).

– Tallemant des Réaux (historiettes).

Descendants de François de La Rochefoucauld 3ème duc de La Rochefoucauld :

<< ^^

Jusqu’aux petits-enfants.

François, duc de La Rochefoucauld (3e, 24 août 1671 – 11 janvier 1714), duc de La Roche-Guyon, né le 15 juin 1634, décédé le 11 janvier 1714, Versailles (78, Yvelines) (à l’âge de 79 ans).
Marié le 13 novembre 1659, Paris, avec Jeanne Charlotte du Plessis-Liancourt, née en 1644, décédée le 30 septembre 1669 (à l’âge de 25 ans), dont

Total: 13 personnes (conjoints non compris).

2 réflexions sur « François VII de la Rochefoucauld, 3ème duc de La Rochefoucauld (1634-1714) »

  1. Bonjour,
    Tout à fait passionnant, une seule remarque cependant, La Rochefoucauld et Verteuil sont situés dans le département de LA Charente sans (-s) pour être tout à fait juste.
    Le terme “Les Charentes” ne désigne ni un département ni même une région, c’est en fait un raccourci abusivement utilisé par les présentateurs météo pour parler des département de Charente et de Charente-Maritime.(cf les Savoies)
    Merci pour ce site. SF

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Time limit is exhausted. Please reload CAPTCHA.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.