Martha Jane Canary, “Calamity Jane” (1852-1903)

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calamityjane

Née le 1er mai 1852 à Princeton, Mercer County, (Missouri)
Morte le 2 aout 1903 à Terry, Lawrence County, South Dakota
Enterrée au cimetière de Deadwood, cimetière de Mount Moriah, Lawrence County, South Dakota

Tout le monde connaît Calamity Jane (ne serait ce qu’avec l’album de Lucky Luke) qui dépeint une femme déguisée en cowboy qui fume, boit et jure comme un homme. Mais qui connaît son histoire et l’amour contrarié qui la lia au tireur le plus rapide de l’Ouest : Wild Bill Hickok ?

 De son vrai nom Martha Jane Canary, elle est née le 1er mai 1852 à Princeton, une petite ville du Missouri, l’aînée de six enfants. Orpheline très jeune (ses parents meurent à Salt Lake City), elle arrive dans le Montana à l’age de treize ans. Sa biographie étant très floue, on sait seulement qu’elle se mêla à des hors la loi et qu’elle participera à des attaques de trains dans le Wyoming en leur compagnie. Elle est alors très jeune mais elle sait déjà se servir d’un fusil et monter à cheval.

 Elle comprend très vite que la vie qu’elle mène peut la mener à la pendaison, aussi, à dix sept ans, elle se coupe les cheveux et devient éclaireur de l’armée cantonnée à Goose Creek. C’est là qu’elle recevra son surnom de Calamity Jane du capitaine Egan commandant le fort : elle raconte comment c’est arrivé dans une interview :

 « Je fus baptisée Calamity Jane par le commandant Egan : nous avions reçu l’ordre de dénicher les Indiens et étions à l’extérieur du fort depuis quelques jours. Nous avions eu des escarmouches où plusieurs soldats avaient été tués ou blessés et en revenant au fort nous sommes tombés sur une embuscade. Lorsque les indiens firent feu sur le commandant Egan, je chevauchais à l’avant, je me suis alors retournée, j’ai fait faire demi tour à mon cheval et ai attrapé le commandant avant qu’il ne chute de son cheval : en arrivant sain et sauf au fort, le commandant Egan m’a baptisé Calamity Jane, héroine des plaines ».

wildbillhickovWild Bill Hickok

 Calamity Jane embellit très certainement les faits, mais c’est parce qu’à la fin de sa vie les reporters la harcèlent et elle en rajoute un peu pour leur faire plaisir. Ce qui est sur, c’est qu’au milieu des éclaireurs souvent sales, dépenaillés et rudes, la jeune fille prend des habitudes de garçon manqué et a une réputation en lambeaux : elle fume, et elle boit déjà beaucoup.

 Elle n’est pas une beauté (elle possède cependant de beaux yeux bleus) et l’amour pour elle se résume à des étreintes peu romanesques. C’est quand elle atteint dix huit ans que l’homme de sa vie va enfin se présenter à elle. On est en 1870, et elle se trouve près d’Abilène au Kansas, et voici comment elle va raconter leur première rencontre :

 « James Butler Hickok, dit Wild Bill, était alors le shérif d’Abilène depuis quelques mois. Il avait trouvé refuge dans une cabane en bois pour la nuit, et j’avais entendu qu’une bande de hors la loi se préparait à le tuer. Je l’ai donc averti en rampant pendant plus d’un mile pour contourner les hors la loi, et il m’a caché derrière la porte pendant qu’il échangeait des coups de feux avec eux. Il les a tous tué, mais une des balles l’avait blessé, je l’ai donc soigné pendant plusieurs jours. »

Calamity_Jane_on_a_horseCalamity Jane à cheval

 Wild Bill Hickok a alors 33 ans. Il a été shérif adjoint au Texas en 1866, puis éclaireur lui aussi. Il a obtenu son surnom de Wild Bill grâce à des exploits héroïques pendant la Guerre de Sécession (un peu comme Calamity Jane). Ces dernières années, il alterne les postes de shérif (à Hays City au Kansas) et d’éclaireur pour l’armée. C’est une fine gâchette (c’est aussi un pro du lancer de couteau) et sa réputation le contraint à risquer la confrontation avec tous les blancs becs qui souhaitent le provoquer.

 Calamity Jane affirme qu’il ne tue jamais pour tuer, mais uniquement pour se défendre. En tant que shérif d’Abilène, il fait régner la loi sur une ville où les passages des convois de bétail amènent toute sortes de personnages mal famés : du hors la loi au cow boy surexcité…

 Lorsqu’il rencontre Calamity Jane, il trouve en elle une égale : elle déteste les robes et les bonnes manières, et a eu la même vie chaotique que lui auparavant. Et ses manières franches lui plaisent…. quand elle a quelque chose à dire, elle n’y va pas par quatre chemins…

 C’est pourquoi quelques jours après l’embuscade, ils reprennent le chemin d’Abilène et le révérend Sipes les marient. Mais leur union est l’union du feu avec le feu : la vie de Wild Bill est toujours en danger, et Calamity Jane ne renonce pas à ses missions d’éclaireurs pour l’armée en guerre contre les indiens. Pourquoi ? peut être parce qu’elle ne sait faire que cela, et qu’elle est totalement inapte dans le rôle d’une femme au foyer, même une femme de shérif….

 Pendant trois ans, Calamity Jane va donc osciller entre Abilène et l’armée jusqu’au jour où elle se découvre enceinte.

422px-Calamity_janeCalamity Jane

 Le 25 septembre 1873, Calamity Jane donne naissance à sa fille : Jane Hickok. Mais déjà, le couple bat de l’aile, et Calamity Jane le reconnaîtra : tout est de sa faute, car elle est d’une jalousie maladive. Ses absences prolongées ont peu être permis à Wild Bill d’aller trouver réconfort ailleurs, mais cela elle ne peut le supporter, et elle lui fait subir un enfer.

 Dans les lettres qu’elle adressera à sa fille vers la fin de sa vie, Calamity Jane lui confiera : « ne laisse pas la jalousie te prendre, Janey, elle tue l’amour et toutes les choses agréables de la vie. Elle a éloigné ton père de moi, quand je l’ai perdu, j’ai perdu tout ce que j’avais aimé ».

 La mort dans l’âme, Calamity Jane accorde en 1874 le divorce à Will Bill, qui quitte Abilène pour la ville de Cheyenne dans le Wyoming, où il espère trouver de l’or : il y rencontrera Agnes Lake qui deviendra sa seconde épouse au début de l’année 1876.

 Et la petite Jane ? que devient elle ? Incapable de s’en occuper et bien consciente que l’avenir de sa fille est en jeu, Calamity Jane donne sa fille en adoption à Jim o’Neil, un officier de marine qui lui donnera régulièrement des nouvelles de celle-ci. Et Calamity Jane repart comme éclaireur dans l’armée, cette fois sous les ordres du fameux général Custer. Elle échappera au massacre de Little Big Horn le 25 juin 1876, où Custer trouve la mort, mais affirmera s’être rendue sur les lieux du massacre les jours d’après.

250px-Custer_Portrait_RestoredColonel Custer

 Mais une nouvelle épreuve l’attend : le 2 août1876, Wild Bill Hickok est abattu à l’age de 39 ans d’une balle dans le dos, alors qu’il joue au poker dans un saloon de la ville de Deadwood. Son assassin, un nommé Jake Mc Call, sera pendu un an plus tard.

 A partir de ce moment là, Calamity Jane va commencer à écrire à sa fille Jane des lettres que celle–ci ne pourra lire qu’à sa mort. Elle y décrira sa vie (certainement romancée) et celle de Wild Bill, car elle veut que sa fille connaisse son père et l’homme formidable qu’il était. Le nombre de ses lettres sera de vingt et la dernière portera la date de 1902. Certains ont prétendu que Calamity Jane était analphabète, et qu’elle n’avait pu les rédiger, mais il semble bien que ces lettres soient bien de sa main.

 A partir de la mort de Wild Bill, Calamity Jane va peu à peu décliner : elle se prostitue, et devient même un temps cuisinière. Un ami de Wild Bill, le fameux Buffalo Bill, l’engage dans son cirque pour jouer son propre rôle : elle va alors effectuer une tournée en Europe mais déteste celle-ci : elle n’aime que l’Ouest et les grands espaces.

 En 1885, à l’age de 33 ans, elle se remarie à un texan d’El Paso, Clinton Burke, avec qui elle aura une fille en 1887. Puis elle le quitte, et dorénavant hantera les saloons où pour quelques verres, elle racontera l’histoire de sa vie aux reporters venus la traquer. Dans sa dernière lettre à sa fille Jane, en avril 1902, elle confie qu’elle devient aveugle, et que son plus grand regret c’est qu’elle ne peut plus regarder les photos de Wild Bill et de sa fille. Le docteur W. A . Allen qui suivra les derniers moments de Calamity Jane reconnaîtra que c’était une femme en avance de cinquante ans sur son temps car elle jurait, elle buvait et continuait à porter le pantalon.

 Elle décèdera le 2 août 1903 à 51 ans, aveugle et alcoolique. Les vingt lettres rédigées à sa fille lui seront alors transmis.

BuffaloBill 1Buffalo Bill

 Conformément à sa volonté, elle repose près de Wild Bill, l’unique amour de sa vie dans le petit cimetière de Deadwood dans le Dakota du sud et c’est en 1941, à l’occasion de la fête des mères, que Jane Hickok, (modeste employée dans un musée) lira les lettres de sa mère pour la première fois.

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