Eva Braun (1912-1945) maitresse d’Hitler

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Née le 6 février 1912 à Munich
Morte le 30 avril 1945 à Berlin

La première rencontre d’Eva Braun et d’Adolf Hitler eut lieu en octobre 1929 à Munich.

Agée de dix sept ans, et fraîchement sortie d’un couvent catholique, Eva Braun, répond à une petite annonce publiée par un certain Heinrich Hoffmann, demeurant au 50 de la Schellingstrasse à Munich. Ce photographe entretenait des rapports avec le parti national socialiste, alors totalement inconnu, et noyé dans la masse des partis qu’avait favorisé la république de Weimar à la fin de la Première guerre mondiale. Hoffmann avait besoin d’une comptable polyvalente, qu’il se promettait de rémunérer pour un salaire de misère. Eva se présenta et fut engagée sur le champ.

C’était à l’époque une jeune fille rondelette, à la poitrine plate ; elle se mettait beaucoup de poudre sur les joues, et quelques jours plus tard après son embauche, elle sacrifia ses tresses dans un désir d’indépendance.

Eva était née en 1912 et avait deux autres sœurs (Ilse, née en 1909, et Gretl née en 1915). Ses parents, Fritz Braun (qui était instituteur) et sa mère venaient de faire un héritage et Eva n’avait nul besoin de travailler. Simplement, sa sœur aînée venait de trouver un emploi chez un chirurgien, et Eva voulait avoir aussi un peu d’argent de poche. Au début de son travail chez Hoffmann, elle vendait les films, tenait les écritures puis parvint à travailler dans la chambre noire. Eva, éduquée pendant de longues années dans une éducation catholique, ne connaissait rien à la politique et prêtait peu d’attention aux personnages qui venaient voir son patron : Heinrich Himmler, Martin Bormann et Rudolf Hess (les futurs pontes du parti nazi).

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Un beau jour d’octobre, Adolf Hitler se présenta à la boutique du photographe habillé d’un pardessus clair et d’un chapeau de feutre. Eva, juchée sur un tabouret surpris le regard du nouvel arrivant sur ses jambes. Troublée, elle vit Heinrich Hoffmann lui présenter Adolf Hitler, ravi de voir celui-ci dévorer des yeux les jolies jambes de son employée. Le trio discuta pendant quelques minutes de sujets anodins, puis le « monsieur à moustaches » sortit de la boutique. Eva consulta le lendemain les photos qu’avait prises Hoffmann représentant Adolf Hitler en uniforme, entouré de jeunes femmes lui jetant des fleurs, ou bien d’un groupe de militaires. Evidemment, la mèche sur le front, la mine patibulaire et les yeux en boules de billard que lui avait laissé l’impression de la veille, disparaissaient sous ces photos presque magiques.

Hitler revint de temps en temps chez le photographe, ne manquant jamais d’apporter des bonbons ou des fleurs à Fraulein Braun. Très courtois, il lui baisait la main et la complimentait sur son teint. Il faisait d’ailleurs de même avec toutes les femmes travaillant chez Hoffmann, et restait très galant. Pendant l’année 1930, Eva va dépenser son argent en maquillage et en robes : elle adore se travestir et prendra même des poses de vamp pour Hoffmann. Elle flirte aussi beaucoup, mais en tout bien tout honneur. De plus, elle adore la gymnastique et les barres parallèles.

A la fin de l’année 1930, Hitler s’enhardit et l’emmène au cinéma ou au théâtre, avec des luxes de précaution, car il s’est déclaré le champion de la morale familiale. De plus, il a vingt trois de différence avec Eva, et semble prendre plaisir à entretenir un rapport père-fille avec cette jeune femme. Il n’est pas marié, mais il a une autre femme dans sa vie : sa nièce Geli Raubal, qu’il a installé dans son propre appartement. Or, cette jeune femme est très jalouse car Hitler a, en effet depuis toujours de nombreuses admiratrices qui se jettent littéralement dans ses bras. Geli Raubal ne tarde pas à découvrir l’existence de la jeune Eva Braun, et dépressive, elle se suicide en septembre 1931. Adolf Hitler traînera ce suicide toute sa vie comme une faute, mais la présence d’Eva Braun le console bientôt et, au tout début de l’année 1932, après trois ans de relation platonique, il fait d’Eva sa maîtresse.

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Eva Braun avait une grand qualité : elle savait écouter les autres, et Hitler était persuadé que les silences d’Eva étaient de la soumission et de l’approbation. C’était plus souvent de l’ignorance, et Eva se précipitait sur les dictionnaires chez elle pour essayer de découvrir qui était ce Napoléon dont Hitler lui avait parlé avec chaleur, et quelles étaient les œuvres musicales de Wagner. Son éducation avait été plutôt mince, elle se jetait sur les romans de Pearl Buck et de Margaret Mitchell, et dévorait les jounaux de cinéma. Elle ne lisait jamais de journaux sérieux et se lassait très vite des livres d’éducation.

Cependant, au fil des mois, Hitler est de plus en plus pris par la politique et il a peur de s’attacher à cette jeune fille qui attend beaucoup de lui. Il se rend à Berlin, et les photos d’Hitler entourés de jeunes filles souriantes tombent trop souvent sous les yeux d’Eva. Le 1er novembre 1932, elle se saisit du pistolet de son père et se loge une balle près de la carotide. Sauvée d’extrême justesse, par sa sœur Ilse, elle est conduite à l’hôpital où un médecin réussit à la sauver. Hitler, arrivera le lendemain avec une gerbe de fleurs, bouleversé mais en même temps flatté par ce qu’il considère comme une preuve d’amour. Il se résolut à ne pas rompre comme il en avait l’attention.

Mais très vite, la vie publique d’Hitler prend bientôt le pas sur sa vie privée. Le 30 janvier 1933, il devient le chancelier du Reich allemand. Eva et Hitler se voient de moins en moins, et la jeune fille en souffre d’autant plus qu’elle est toujours chez ses parents, et que son père n’aime pas les idées du national socialisme (ce qui ne l’empêchera pas en 1937 de changer d’avis et d’adhérer au parti national-socialiste où il acquis la carte n° 5 021670 ; sa fille, Eva, n’adhèrera jamais au parti).

A cette époque, Eva vit dans la terreur de perdre l’affection d’Hitler, elle rédigera d’ailleurs à cette époque un journal intime daté du 6 février au 28 mai 1935, authentifié à la fin de la guerre où ses sentiments transparaissent à chaque ligne :

6 février 1935 (jour de son anniversaire : 23 ans) : … »mon bureau ressemble à une boutique de fleurs et a l’odeur d’une chapelle mortuaire. Surtout ne pas désespérer, il est temps que j’apprenne à être patiente. J’ai acheté deux billets de loterie, car j’étais absolument persuadée que ce serait aujourd’hui ou jamais. Ce furent des nieten (ces billets indiquent immédiatement dès qu’on a déchiré l’enveloppe la somme gagnée ou perdue : nieten). Ce soir, je vais dîner avec Herta. Que peut faire d’autre une femme très simple de vingt trois ans ? ainsi, je vais terminer ma fête de naissance en mangeant et en buvant. Je crois que j’agirai ainsi selon son idée ».

adolph_hitler_eva_braunEva Braun et Adolf Hitler

15 février 1935 : … »pour Berlin, il semble que cela deviendra réalité. Mais je n’y croirai pas tant que je ne serai pas dans la chancellerie du Reich… »

18 février 1935 : … » hier, il est arrivé de façon tout à fait inespérée et ce fut une soirée délicieuse. Mais le plus beau, c’est qu’il continue d’avoir l’idée de me faire quitter le magasin et de me faire cadeau d’une maisonnette. Je ne peux pas y penser, simplement ce serait trop beau ? Je n’aurais plus à ouvrir la porte à nos « honorables clients et à être forcée de jouer la fille de magasin. Je suis infiniment heureuse qu’il m’aime tellement et je prie qu’il en soit toujours ainsi. Je ne veux pas que ce soit de ma faute, si, un jour, il doit ne plus m’aimer ».

11 mars 1935 : … »je souhaite une seule chose : devenir très malade et ne plus entendre parler de lui au moins pendant huit jours. Pourquoi ne m’arrive t’il rien ? Pourquoi dois je supporter tout cela ? Ah, si je ne l’avais jamais rencontré ! je suis désespérée. Maintenant, je m’achète à nouveau des comprimés de somnifère ; alors je me trouve dans un état de demi-folie et je n’ai plus besoin de penser tellement à ces choses. Pourquoi le diable ne m’emporterait il pas ? ce doit être bien plus beau chez lui qu’ici ».

1er avril 1935 :… »hier, nous avons été invités par lui à dîner au Vierjahreszeiten (hôtel le plus élégant de Munich). J’ai du rester assise pendant trois heures à côté de lui, et je n’ai pu lui dire un seul mot. En guise d’adieu, il m’a donné une enveloppe ; il a déjà fait cela une fois, avec de l’argent dedans. Comme cela aurait été beau s’il avait écrit une ligne de salutation ou un mot gentil : j’aurais été si heureuse. Mais il ne pense pas à des choses comme ça ».

10 mai 1935 : ……… »ainsi que Mme Hoffmann, diaboliquement et avec son manque de tact, me le communique, il a trouvé une remplaçante pour moi. Son nom est Walküre (Walkyrie) et elle en a l’apparence. Si ce que me dit Mme Hoffmann est vrai, je trouve monstrueux de sa part de ne pas me l’avoir communiqué. Ce qui m’arrivera doit lui être égal : j’attends jusqu’au 3 juin, c’est-à-dire un quart d’année depuis notre première rencontre, et je demande une explication »…

28 mai 1935 : ….. »je viens à l’instant de lui envoyer une lettre décisive pour moi : la prendra t’il au sérieux ? Bah ! nous verrons bien. Si je n’ai pas de réponse avant dix heures ce soir, je prendrai simplement mes vingt cinq comprimés de somnifère et je m’endormirai très doucement. Est-ce là l’amour fou qu’il m’a promis, s’il n’envoie même pas, pendant trois mois, un seul mot qui fasse du bien »…

Le 28 mai 1935 au soir, sa sœur Ilse, rentrant à l’improviste trouva Eva dans le coma. Sa deuxième tentative de suicide fut tenue secrète, et on parla seulement d’un léger malaise. Eva obtint enfin un résultat probant : Hitler lui acheta une villa à Bogenhausen, un quartier de Munich, et se fit moins distant. Il lui téléphona chaque jour en lui envoyant de tendres messages de temps en temps.

Puis, il commença à l’emmener à Berchtesgaden, qui se trouvait sur le versant nord est d’une montagne, à une dizaine de kilomètres du village du même nom : Hitler appelait sa maison le Berghof. Il l’avait acheté grâce aux droits d’auteur qu’il avait perçu pour son livre « Mein Kampf » et y avait installé sa demi-sœur Angela Raubal (la mère de Geli). Cette dernière ne tarda pas à détester Eva Braun et l’appelait « die Bloede Kuh » (la « vache stupide »). Les humiliations permanentes qu’elle faisait subir à la jeune femme parvinrent un jour aux oreilles d’Hitler qui chassa sans délais sa demi-sœur en 1936. Eva fut alors maîtresse des lieux au Berghof. Elle passa les deux tiers de son temps entre 1936 et 1945 à Berchtesgaden, mais c’est une gouvernante, Frau Mittelstrasse, qui s’occupait des détails domestiques. C’est à cette époque qu’Hitler agrandit sa résidence afin d’accueillir convenablement ses invités : sa propre chambre communiquait avec Eva par une salle de bains qui ne s’ouvrait pas sur le corridor. Un cordon de SS était chargé de veiller à la sécurité d’Hitler et de celle de ses invités, et éloignait les importuns qui venaient par centaines dans l’espoir d’apercevoir leur Führer. Il fallait des laisser passer pour accéder au Berghof et celui d’Eva était permanent et portait la mention « secrétaire ».

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Eva obtiendra même la permission d’avoir enfin un petit chien : elle en rêvait ! elle aura deux scottish terriers qui ne feront pas bon ménage avec Blondie, le berger allemand d’Hitler. Pendant les dîners à Berchtesgaden, Eva prenait place à la droite d’Hitler et se contentait de veiller à la disposition des fleurs sur la table. Les menus étaient souvent simples, et Hitler étant végétarien (il ne mangeait ni viandes, ni poissons) les invités avaient toujours droit à un petit discours sur la charogne. De plus, chacun était invité à vider son assiette, et les domestiques en les enlevaient pas avant qu’elles ne soient vides.

Eva Braun suivait un régime très strict et Hitler la taquinait souvent à ce sujet : « quand je t’ai connue, tu étais rondelette, et maintenant tu es comme une sardine sèche. Les femmes disent toujours qu’elles veulent se faire belles pour l’homme qu’elles aiment, puis elles font le contraire de ce qui pourrait lui plaire ».

Eva avait cependant l’interdiction de pénétrer dans le salon lors des réunions politiques. De plus, il y avait une petite rivalité entre elle et les femmes des grands dignitaires nazis invitées au Berghof : aucune ne l’aimait, et chacune essayait de l’évincer par des propos acides. Eva détestait Emma Goering, et ne s’entendait pas avec Magda Goebbels, qui était très jolie, et qui tentait de snober Eva. Par contre, Eva aimait bien Gerda Bormann (presque toujours enceinte : elle eut dix enfants !) ainsi que Mme Speer.

Cette perpétuelle rivalité stimulait Eva dans ses tenues vestimentaires : elle changeait de toilette cinq ou six fois par jour, et changeait souvent de coiffure. Hitler s’en plaignait amèrement : « je ne te reconnais pas avec cette nouvelle coiffure ! », puis le soir après le dîner, tout le monde s’installait près de la cheminée, après avoir vu souvent une projection de film américain interdit par la propagande nazie (Eva raffolait d’ »Autant en emporte le vent » et Hitler préférait les westerns). A cette occasion, Hitler se perdait dans des monologues que tout le monde écoutait religieusement, en voici quelques uns :

Au dîner du 25 janvier 1942 : …. »ne pas être marié est une chance pour beaucoup de personnalités dirigeantes. Le mauvais côté du mariage, c’est qu’il créé des droits. Pour cette raison, il est préférable de prendre une maîtresse. L’obligation disparaît tout devient cadeau. Cela ne vaut, bien entendu, que pour les hommes supérieurs… »

… »je ne crois pas qu’un homme comme moi se marie jamais. Il s’est fait –intellectuellement » un idéal de femme en empruntant à celle-ci sa silhouette, à celle-là ses cheveux, à une troisième son esprit, et à une quatrième ses yeux… »

au dîner du 10 mars 1942 : …. »le monde de l’homme est grand comparé à celui de la femme… le monde de la femme, c’est l’homme. Il est rare qu’elle pense à autre chose… l’amour de la femme peut être plus profond que celui de l’homme. L’intellect d’une femme est sans importance…. »

Quelquefois, Eva mettait un disque moderne américain qui mettait un petit peu de vie dans le salon.

  • C’est joli, ce que tu as là, disait Hitler.

  • Oui, exultait Eva, ton ami Goebbels vient de l’interdire dans tout le Reich.

Si Hitler pardonnait à Eva ses pointes d’impertinence, il fut au début de leur liaison impitoyable sur un point : il demanda à Martin Bormann en 1930 (qui détenait des dossiers sur tout le monde) d’enquêter sur les origines aryennes d’Eva. Toute sa famille y passa, car Hitler n’aurait jamais envisagé d’avoir des enfants avec une goutte de sang juif dans les veines. Eva ne le sut probablement jamais.

Leur attitude en public ne les trahissait jamais : elle lui adressait la parole comme tout le monde en disant « mein Führer » et lui, la saluait tous les matins comme deux étrangers qui se rencontrent alors qu’ils venaient de passer la nuit ensemble. Nul ne devait soupçonner que le Führer entretenait une maîtresse, ce n’était alors pas très difficile dans un système où la presse et la radio étaient strictement contrôlées et où les camps de concentration mettaient efficacement fin à toute rumeur. Eva Braun était aussi écartée des rencontres officielles du Berchtesgaden : Hoover, Chamberlain, le roi de Bulgarie, l’Agha Kan, Lloyd George ne soupçonnèrent jamais sa présence, d’autant qu’elle était confinée dans sa chambre. Hitler, jaloux, lui interdisit de paraître lorsqu’il reçut le trop séduisant comte Ciano, gendre de Mussolini. Eva, en effet, ne pouvait s’empêcher de prononcer son nom en rougissant, car c’était un très bel homme, un charmeur qui plaisait aux femmes et qui, de plus, était élégant.

imagesEva Braun et sa soeur Gretl

En 1938, Hitler emmena Eva Braun, chaperonnée par une amie, au cours d’une visite de courtoisie à Mussolini. Puis, elle se rendit à Naples et à Capri, où l’on retrouve une photo d’elle grimpant les pentes du Vésuve dans l’album de photos qu’elle entretenait régulièrement.

Eva avait une influence heureuse sur Hitler, elle le mettait en confiance par sa présence physique, elle savait l’apaiser par son dévouement, et il savait qu’il pouvait se fier à elle, lui qui n’accordait sa confiance à personne.

Au début de 1939, Eva eut son propre appartement dans la chancellerie à Berlin : elle y avait l’ancienne chambre à coucher du général Hindenburg qui communiquait avec la bibliothèque d’Hitler, mais elle n’apparaissait pas auprès du Führer lors des cérémonies officielles et elle assistait, furieuse, à la jubilation de son adversaire, Mme Emma Goering qui prenait le rôle de « Première Dame du Reich » très à cœur.

Désoeuvrée, Eva Braun courait alors les boutiques de Berlin où elle devint vite la terreur des essayeuses qui ne savait que faire pour la satisfaire. Le fait qu’elle soit toujours escortée de SS en uniformes, ne devait pas faciliter les choses.

Hitler payait les factures sans rechigner, lui reprochant parfois de n’acheter que français (les robes) et italien (les chaussures) et non allemand. Il est vrai que l’Allemagne soutenait difficilement la comparaison.

La vie privée d’Hitler et Eva était tout ce qu’il y avait de plus normal : Eva était très soumise et le sexe était un sujet tabou. On sait seulement qu’elle se soignait auprès d’un gynécologue à cause d’une faiblesse des organes. On sait aussi, depuis peu, qu’elle demandait au médecin d’Hitler des médicaments pour interrompre ses règles lorsque Hitler venait la visiter. Elle ne fut cependant jamais enceinte, et ne connut aucun avortement. Sa silhouette d’ailleurs s’amincissait au fil des années jusqu’à devenir la taille d’un mannequin. De plus, ses cheveux s’éclaircissaient jusqu’à devenir presque blond.

En 1939, Eva obtient l’autorisation de voyager accompagnée de sa mère et de ses sœurs : elle fit une croisière en Norvège, et elle fut invitée au festival de cinéma de Venise. L’annonce de la guerre fut vécue par Eva comme une catastrophe : son amant allait être de plus en plus pris. Hitler lui annonça qu’il porterait l’uniforme jusqu’à sa mort, ce qui provoqua une violente crise de nerfs. Pendant les années de guerre, Eva refusa de supporter la moindre critique envers le Führer, pour elle, la guerre était gagnée d’avance, et elle tirait toujours les rideaux de son wagon particulier lorsqu’elle traversait des villages en ruine.

Le 20 juillet 1944, elle apprit la nouvelle de l’attentat manqué contre Hitler. Elle vivait maintenant dans le souci permanent d’apprendre la mort de son amant : ce dernier s’empressa de lui téléphoner afin de la rassurer, elle dansa de joie et pleura. Quelques jours plus tard, Hitler lui envoya son uniforme ensanglanté lors de l’attentat, et elle faillit s’évanouir en voyant les lambeaux déchiquetés.

En juin 1944, Gretl Braun, sœur d’Eva, épousa au Kehlstein (près du Berghof) en grande pompe un général SS du nom d’Otto Hans Fegelein âgé de trente sept ans, mariage qui fut arrangé par Hitler. Sa deuxième sœur, Ilse, après avoir renoncé la mort dans l’âme à épouser Bruno Mussolini, fils du dictateur italien, se maria sans l’aide de son illustre beau frère.

berlinBerlin en ruines

L’année 1945 débuta mal pour Eva : installée à Berlin, Hitler lui demanda de retourner se mettre à l’abri à Munich. Arrivée le 12 février pour fêter son anniversaire, la ville fut violemment bombardée. Il était prévu qu’Eva aille se réfugier au Berghof, mais le lendemain, elle changea d’avis et décida de retourner auprès du Führer. Sa famille tente de l’en dissuader mais en vain. Elle revient à Berlin le 23 février malgré une attaque en rase motte d’un bombardier britannique. Hitler, en la revoyant, ne put dissimuler sa joie :

  • je suis fier de Fraulein Braun, quel dévouement !

Eva apprendra alors les défaites des troupes allemandes et surtout les atrocités commises par les troupes soviétiques qui se trouvent tout près de Berlin. Les viols des allemandes la bouleversent. Elle apprend à tirer au revolver à l’abri du bunker de la Chancellerie.

Le 20 avril 1945, Hitler fête ses cinquante six ans : il a l’aspect d’un vieillard. Eva lui offre son portrait dans un cadre serti de pierreries et refuse toujours de partir se mettre à l’abri en Bavière (elle ignorait que Berchtesgaden était alors livré au pillage) et alors qu’Hitler insistait, elle lui répondit :

  • mais tu le sais bien, que je resterai avec toi, pourquoi veux tu me renvoyer ?

Et là, pour la première fois en public, Hitler embrassa la jeune femme.

Le 28 avril 1945, au matin, un peloton d’exécution fusille, dans un couloir du bunker d’Hitler à Berlin, le beau frère d’Eva, Fegelein, surprit alors qu’il s’enfuyait en Suisse en compagnie de sa maîtresse, une jeune hongroise. Accusé de trahison (il aurait essayé de négocier sa capture avec les américains), il laissait une jeune veuve enceinte de plusieurs mois (Gretl donnera naissance à une petite fille à qui elle donna le prénom d’Eva).

A la fin de la journée, Eva, qui a tenté de plaider la cause de Fegelein, mais sans espoir, accélère les préparatifs de l’évènement qu’elle attend depuis des années : son mariage !

Le Führer s’est décidé à convoler, et lorsque minuit arrive, Eva, vêtue d’une robe de taffetas noir serrée autour du cou, va le rejoindre. Hitler est en uniforme et tous les deux se présentent devant un fonctionnaire de l’état civil qu’on a eu du mal à trouer dans Berlin en ruine.

Les formalités du mariage sont vite faites, les alliances trop grandes sont échangées (elles provenaient du trésor de la Gestapo et avaient certainement appartenues à des juifs déportés !). Le repas de noce est presque gai : on a trouvé du champagne ! puis le couple se retire et reste seul de cinq heures du matin jusqu’à midi.

Au matin du 30 avril, Hitler sait que la résistance dans Berlin s’amenuise et il ne veut pas tomber aux mains des russes. Il le dira dans son testament : »moi-même et mon épouse, afin d’échapper à la honte de la retraite et de la capitulation, nous avons choisi la mort. Notre volonté est d’être immédiatement brûlés sur le lieu même où j’ai accompli, pendant douze ans, la plus grande partie de ma tâche quotidienne au service de mon peuple ».

Le 30 avril, vers quinze heure trente, Eva Braun croque une capsule de cyanure, quant à Hitler, il se tire une balle dans la tête. Avant de mourir, Hitler et elle prirent soin d’empoisonner leurs chiens…Les corps d’Hitler et Eva Braun sont remontés à la surface, et inondés de cent cinquante litres d’essence. Puis, une allumette est craquée et les flammes s’élèvent.

Ainsi se terminera le destin d’Eva Braun. Elle mourut heureuse, Hitler lui ayant enfin accordé le droit de s’appeler Eva Hitler, même si elle ne porta ce nom que quelques heures…

Sources :

 Angela Lambert, The Lost Life of Eva Braun, Arrow Bks, 2007

 Daniel Costelle, Eva Braun : dans l’intimité d’Hitler, Édition de l’Archipel

 

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