Elizabeth Bathory, comtesse Bathory, baronne Nadasdy (1560-1614), la « comtesse sanglante »

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elisabethbathoryPortrait d’Elizabeth Bathory, comtesse Bathory

Née le 7 aout 1560 à Nyirbator, Hongrie
Morte le 21 aout 1614 à Cachtice, Slovaquie
Inhumée à Nagyecsed, Hongrie

La comtesse Elizabeth Bathory (ou « Erzsebet » en hongrois) était une comtesse issue d’une des plus nobles familles du royaume de Hongrie au XVIème siècle.

Elle naquit le 7 aout 1560 au château de Nyirbator, en Hongrie, et elle était l’ainée de quatre enfants. Sa mère, Anna Bathory (des Bathory de Somlyo), en était à son troisième mariage lorsqu’elle épousa un lointain cousin, Georges Bathory (des Bathory de Ecsed). Anna Bathory était la cousine d’Etienne Bathory, roi de Pologne et duc de Transylvanie.

Les parents d’ Elizabeth étaient très riches, et la jeune fille passa ses premières années au château d’Ecsed. Enfant, on lui inculqua le don des langues, et elle sut parler très vite le latin, l’allemand et le grec. Elle fut élevée dans la religion protestante.

chateau d'EcsedChateau d’Ecsed (Elizabeth Bathory y passa ses années d’enfance) en Hongrie

Comme c’était la coutume à l’époque, elle fut fiancée à l’âge de onze ans au baron Ferenc Nadasdy, et ses parents l’expédièrent à sa future sa belle mère, Orsolya Kanizsay, afin que celle-ci lui apprenne à tenir la maison de son futur époux. Cette femme était veuve depuis 1562 de Tamas Nadasdy, un des plus fidèle combattants du roi de Hongrie.

La jeune Elizabeth Bathory arriva, avec l’une de ses nourrices, dans l’un des chateaux des Nadasdy, le château de Sarvar. La beauté d’Elizabeth était déjà indéniable, mais elle était aussi incroyablement naive. Malgré la surveillance aigüe des femmes de la maison Nadasdy et l’oeil acéré de sa belle mère, la jeune Elizabeth engagea une romance avec l’un des serviteurs du château, nommé Laszlo Bende. Par pure malchance, les amoureux furent découverts et Ferenc Nadasdy, futur époux d’Elizabeth (qui était alors âgé de dix huit ans) s’empara du jeune serviteur, le fit castré par ses valets, et le jeta ensuite à ses molosses en pature. Elizabeth fut punie et exilée dans un autre château de la famille Nadasdy, où elle mit au monde, à l’âge de quatorze ans, une petite fille surnommée Anastasia qui fut donnée en adoption. Peu de temps après, sa belle mère Orsolya Kanizsay rendait son âme à Dieu.

orsolyakanizsaiOrsolya Kanizsay, belle mère d’Elizabeth Bathory

Selon toute logique, le futur époux aurait du répudier Elizabeth et la rendre à son père, mais la dot de la jeune fille était trop belle, et Ferenc Nadasdy n’entendait pas se priver de cette manne financière.

C’est ainsi que la jeune fille fut tirée de son château, où elle était en exil depuis son accouchement, le 8 mai 1575, pour épouser Ferenc dans la ville de Varanno (en Slovaquie), où près de 4 500 invités assistèrent aux noces qui furent somptueuses. L’empereur Maximilien II de Habsbourg assista à la noce (il devait mourir un an plus tard), ainsi que le roi Rodolphe II roi de Hongrie ; tous deux envoyèrent de somptueux cadeaux aux nouveaux époux. Les parents d’Elizabeth ainsi que ceux de Ferenc étaient tous les deux morts à cette époque.

La jeune mariée regagna avec son époux le château de Sarvar, où elle fut étroitement entourée de femmes, tandis que le jeune époux gagnait Vienne pour y poursuivre son éducation militaire.

ferencFerenc Nadasdy, le mari d’Elizabeth Bathory

Le mari d’Elizabeth appréciait particulièrement le château de Csejte, une redoutable forteresse qu’Elizabeth allait elle aussi préférer aux autres chateaux en sa possession. Ce château de Csejte était alors situé dans les Carpathes (pays de Dracula), et était entouré de dix sept villages tous sous l’allégeance de Ferenc et de sa jeune épouse.

L’époux d’Elizabeth devint, trois ans après son mariage l’un des commandeurs en chef des troupes hongroises, et il se lança dans la guerre contre les Ottomans. Elizabeth Bathory voyait très peu son époux, et n’ayant pas encore d’enfants de ce mariage imposé, elle résolut de se lancer dans les affaires de son époux, et de gérer les différents états de ce dernier : ce rôle consistait surtout à gérer les paysans hongrois qui vivaient sur les terres de son mari, de rendre la justice et de récolter les impots.

Pendant la guerre contre les Ottomans qui dura de 1593 à 1606, le château de Csejte fut pillé par ces derniers, et le château de Sarvar devint le lieu de séjour d’Elizabeth après son mariage, mais il fut lui aussi soumis aux sièges des troupes ottomanes.

elisabethbathory3Portrait d’Elizabeth Bathory

La jeune femme possédait aussi un palais à Vienne, où elle rejoignait son époux lorsque ce dernier, entre deux campagnes militaires, faisait appel à elle.

Le mari d’Elizabeth semblait avoir pardonner à sa femme son écart de conduite passé, et il lui délégait entièrement son autorité pour régler ses affaires pendant ses absences, et prendre soin de la défense de ses chateaux.

Un regain de chaleur permit aux époux d’avoir leur premier enfant en 1585, soit dix ans après leur mariage. Ce fut une fille, prénommée Anna. Ce premier enfant fut suivi de la naissance de Katalin (en 1594), d’un fils nommé Pal (en 1597), d’un fils nommé Andras (en 1598), de Miklos (en 1599) et enfin d’Orsolya en 1600. Tous les enfants d’Elizabeth furent confiés à des gouvernantes et ils furent éduqués avec beaucoup de soin par Elizabeth qui semble s’être révélée une très bonne mère. Les deux filles ainées firent de beaux mariages, et Pal sera l’héritier de sa mère, les trois autres enfants devaient, hélas, mourir jeunes.

maximilien IIMaximilien II, roi de Hongrie (qui assista au mariage d’Elizabeth Bathory)

L’époux d’Elizabeth, Ferenc Nadasdy devait trouver une mort soudaine sur un champ de bataille, en 1604, à l’âge de quarante huit ans. Elizabeth et lui avaient été mariés pendant plus de vingt neuf ans.

Elizabeth Bathory, à la mort de son époux, avait quarante quatre ans, et cela faisait déjà deux ans (depuis 1602) que des rumeurs bizarres circulaient autour de son nom.

En effet, en 1602 un ministre luthérien, Istvan Magyari venait d’entamer une large tournée des églises de la région, lorsque les paysans des environs étaient venus le voir, en pleine détresse, pour leur confier leur désarroi vis à vis de la disparition de leur fille. D’abord peu alarmé, le prêtre avait vu croître le nombre des plaintes, pour se rendre compte que plusieurs jeunes filles ou jeunes femmes de la région, autour du château de Csejte, avaient tout bonnement disparu de la surface de la terre : or, la plupart d’entre elles avaient été recrutées pour servir de domestique dans les divers chateaux de la comtesse Bathory, mais surtout au château de Csejte où elle résidait fréquemment.

cachtice chateauLe chateau de Cachtice, en Slovaquie

En revenant à son monastère à Vienne, Istvan Magyari avait déposé une plainte auprès des prélats entourant l’empereur Rodolphe II pour les prier de mener une enquête sur ses disparitions inquiétantes. Peu désireux d’entamer une procédure contre l’une des familles les plus influentes de la région, les autorités hongroises avaient fait trainer les choses jusqu’à ce que le nouveau roi de Hongrie, Matthias II prenne les choses en main en 1610 (il avait succédé à Rodolphe II en 1608), et demande instamment au palatin de Hongrie, Gyorgy Thurzo, de mener une enquête minutieuse sur les disparitions de jeunes filles.

gyorgy thurzoGyorgy Thurzo mènera l’enquête vis à vis de la comtesse Bathory

En mars 1610 plusieurs notaires parcoururent la province, et récoltèrent le témoignage de plus de 300 témoins (père, frère ou maris des disparues) en n’omettant aucun détail. Les prêtres des environs, les nobles et les paysans furent tour à tour interrogés. Il en fut de même pour le personnel du château de Sarvar, et du château de Csejte.

Le résultat de l’enquête conclut que nombre de jeunes filles s’étaient rendues au château de la comtesse Bathory dans l’espoir d’obtenir un emploi bien rémunérée de servantes, mais qu’on ne les avait jamais revues.

Lorsqu’on questionnait l’intendant du château, celui-ci répondait que la jeune fille en question avait été déplacée sur un des domaines lointains de la comtesse, dans un autre de ses chateaux. Mais le plus troublant c’est que des jeunes filles de la petite noblesse locale avaient elles aussi disparues, lorsque leurs parents les avaient confiées à l’éducation de la comtesse Bathory. Mais les langues se mirent à se délier au fil des enquêtes, et certains témoins racontèrent être tombés, de temps en temps, sur des cadavres de jeunes filles qui vraisemblablement avaient été battues à mort, voire mutilées et certaines portaient même des traces de morsures sur certaines parties du corps. Les corps enterrés à la hâte dans les cimetières furent exhumés, et l’on s’aperçut que certaines victimes avaient été percées par des aiguilles.

chateau de sarvar2Le chateau de Sarvar (Elizabeth Bathory y passa sa nuit de noces) en Hongrie

Bientôt les langues se délièrent, d’autant que les investigateurs du roi avaient de puissants arguments en leur possession, notamment la torture pour faire parler les récalcitrants : deux des hommes de la comtesse jurèrent l’avoir vu personnellement torturer et tuer plusieurs adolescentes, que ce soit à sa résidence de Csejte, mais aussi dans ses propriétés de Sarvar, de Nemetkeresztur, de Bratislava, mais aussi dans sa résidence de ville à Vienne ; plusieurs serviteurs de la comtesse avouèrent avoir enlevés des jeunes filles, lorsque l’appat d’un salaire facile, ne réussissait pas à les amener jusqu’au château.

Car la comtesse Bathory avait l’obsession de la beauté et de la jeunesse, et à l’approche de la quarantaine, la comtesse entendait bien garder cette beauté à tout prix.

chateau de sarvarIntérieur du chateau de Sarvar, en Hongrie

Depuis son mariage, elle était sujette à de violentes crises de rage, et elle battait fréquemment ses servantes (ce qui faisait beaucoup rire son mari). On pense qu’elle avait de temps en temps des crises d’épilepsie, voire d’hystérie. Un graphologue contemporain à même déduit en lisant les lettres de la comtesse Bathory qu’elle était frustrée sexuellement et donc victime de crises de rage violente.

C’est ainsi qu’un jour, après avoir frappé l’une de ses servantes qui lui avait tiré les cheveux involontairement, elle s’étonna de trouver sa peau plus douce sur son poignet, là où une goutte de sang de la jeune fille était tombée après avoir saigné du nez.

Son nain favori, Dorko, s’employa à lui suggérer que les bains de sang régénéraient la peau, et conservaient la jeunesse des personnes qui s’y trempaient. C’est ainsi que la comtesse se mit à prendre des bains réguliers de sang humain. Ce sang provenait des jeunes filles (le meilleur étant celui des jeunes filles vierges), qui se rendaient au château, et qu’on retenait ensuite contre leur gré.

elisabethbathory2Portrait d’Elizabeth Bathory

Dans les premiers temps, les innocentes étaient battues à mort, et leur sang recueilli dans un grand bassin : le nain Dorko avait suggéré que le sang était de meilleur qualité lorsqu’il avait été tiré dans le sang et la violence.

La comtesse Bathory avait de nature un tempérament de sadique et elle ne se réfrénait pas vis à vis de ses domestiques : le fait de leur infliger la mort ne la troublait pas outre mesure.

Au début, les jeunes filles étaient attachées sur une sorte de table dominant une grande cuve, et voyaient leurs veines ouvertes : leur sang remplissait la baignoire de la comtesse. Puis, on se mit à battre les malheureuses, jusqu’à ce que leur peau éclate, et enfin on les tortura en les enfermant dans une cage de fer, dont les parois étaient hérissées de pointes coupantes. Avec des tisonniers rougis au feu, le nain piquait les victimes qui se déchiraient elles mêmes sur les griffes de la cage.

Bref, au terme d’une investigation de plusieurs mois, les notaires du roi avaient relevés le nom de six cent victimes ou disparues entre l’année 1585 et l’année 1610.

matthiasIIMatthias II roi de Hongrie qui autorisa l’enquête sur la comtesse

Le scandale ne pouvait plus être évité, et la comtesse Bathory fut arrêtée dans son château de Csejte le temps d’instruire son procès. Or, le roi refusa le procès, qui aurait été public, vis à vis d’une des plus grandes familles du royaume de Hongrie.

Le fils ainé de la comtesse Bathory, Pal, et deux de ses gendres furent convoqués à la cour à Vienne par Matthias II : la première sentence prononcée fut d’enfermer la comtesse Bathory à vie dans un couvent, mais les crimes ayant touchés non seulement des paysannes, mais aussi des filles nobles, il fut convenu qu’Elizabeth Bathory serait enfermée à vie. Le roi Matthias II penchait plutôt sur la mise à mort immédiate de cette dernière mais il renonça en faveur de l’enfermement à vie.

pal3 copiePal Nadasdy, le fils ainé d’Elizabeth Bathory

En attendant que son sort fut statué définitivement, la comtesse Elizabeth Bathory fut arrêtée dans son château de Csejte le 30 décembre 1610 en compagnie de trois de ses dames de compagnie : Dorotya Semtesz (qui se disait sorcière), Ilona Jo et Katarina Benicka, ainsi que son intendant Janos Ujvary, et le nain Dorko.

Les hommes venus l’arrêter écrivirent dans leur compte rendu d’arrestation qu’ils avaient trouvé dans la pièce où se trouvait la comtesse, une jeune fille morte, et une jeune fille encore agonisante. Aux questions qu’avaient posé les investigateurs, la comtesse avait opposé un silence glacial et hautain.

En inspectant les cachots du château, les enquêteurs retrouvèrent plusieurs autres jeunes filles enfermées dans des cachots, et d’autres sur le point de mourir. Alors que les complices de la comtesse étaient amenés à Vienne sous bonne escorte, cette dernière échappa au procès, et fut enfermée dans un premier temps, sous étroite surveillance, dans sa chambre au château de Csejte.

judith3 copieJudith Revay, femme de Pal Nadasdy (et bru d’Elizabeth Bathory)

Le procès des complices s’ouvrit le 2 janvier 1611, et les juges de la cour royale suprême de Hongrie présidèrent les accusations. Plus de trente témoins vinrent par jour raconter ce qu’il avait vu ; certains appartenaient même à la domesticité d’Elizabeth Bathory, et ils mentionnèrent ce qui s’était passé dans les châteaux de la comtesse depuis des années. Les cadavres enterrés à la va-vite furent exhumés (les serviteurs révèlèrent le lieu des tombes de ces malheureuses enterrées à la va vite dans les souterrains des chateaux ou dans les caves), et les squelettes des jeunes filles furent examinés.

Tous les complices d’Elizabeth furent déclarés coupables de 80 meurtres attestés, même si le nombre des victimes réels se montait à 650 jeunes filles.

Les dames de compagnie d’Elizabeth (Dorothea Semtesz, Ilona Jo, et Katarina Benicka) furent condamnées à avoir les mains tranchées par des pinces chauffées à blanc, tandis que l’intendant et le nain Dorko furent condamnés à être décapités, puis brulés.

Quant à la comtesse Bathory, elle ne devait pas connaître de jugement ni paraître devant aucun tribunal. Sa famille (son fils et ses gendres) l’emprisonnèrent dans sa chambre au château de Cachtice.

Sa chambre fut condamnée à vie, pendant une semaine les charpentiers clouèrent fenêtres et portes, et seule un interstice fut crée pour laisser passer les plats. Elizabeth Bathory ne devait plus jamais sortir de sa chambre. On raconte que ses cris retentissaient certaines nuits où elle hurlait de rage et de désespoir.

NyirbatorL’église de Nyirbator (où fut baptisée Elizabeth Bathory) en Hongrie

Au matin du 24 aout 1614, elle fut retrouvée morte par un des gardes, intrigué de ne pas avoir vu revenir le plat de nourriture vide laissé la veille. On attribua sa mort à une crise cardiaque : elle avait cinquante quatre ans, et cela faisait quatre ans qu’elle avait été enfermée vivante.

Elle fut enterrée tout d’abord dans l’église du village de Csejte, mais les villageois grondèrent et refusèrent d’accepter parmi eux le corps de la « comtesse sanglante » qui avait torturé et tué nombre de leurs filles.

Son corps dut être rapatrié dans sa ville natale de Ecsed où Elizabeth Bathory repose maintenant dans la crypte des Bathory.

Sources :

– « par le fer ou le poison » de Juliette Benzoni.

– Wikipedia.en

– Roglo.eu.

Descendants d’Erzsébet Báthori, comtesse Bathory, baronne Nadasdy :

Jusqu’aux arrière-petits-enfants.

Erzsébet Báthori, née le 7 août 1560, Nyirbator, Hongrie, décédée le 21 août 1614, chateau de Cachtice, Csejte, Slovakie (à l’âge de 54 ans).
Mariée le 8 mai 1573, Varanno, avec Ferenc Nádasdy, baron Ferenc Nadasdy de Nadad, né en 1555, décédé le 1er avril 1604, Sárvár (à l’âge de 49 ans), dont

 

Total: 24 personnes (conjoints non compris).

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