Carey Frazier, vicomtesse Mordaunt, comtesse de Peterborough et comtesse de Monmouth (1658-1709)

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220px-Carey,_Countess_of_Peterborough,_by_Peter_Cross_(c_1650-1724)Portrait par Peter Cross en 1675

Fille d’honneur de la reine Catherine de Bragance, reine d’Angleterre, de 1674 à 1680

Née vers 1658 à La Hague (Pays Bas)
Morte le 13 mai 1709 à Londres
Enterrée dans l’église paroissiale de Turvey (Bedfordshire)

 Carey Frazier était la fille unique du physicien du roi Charles II, un écossais nommé Alexander Frazier, et de sa seconde épouse, Mary Carey. Cette dernière était veuve d’un premier mari nommé Dudley Wylde. En épousant Alexander Frazier, un ardent royaliste, elle allait lui donner deux enfants : un fils Charles (qui allait aussi devenir physicien comme son père) et une fille prénommée Carey. Ce prénom inusité fut donné à la fillette en hommage à son grand père maternel, Ferdinando Carey.

Les Frazier avaient suivi le prince Charles dans son exil aux Pays Bas, et il est fort possible que Carey Frazier naquit dans ce pays à La Hague. Lorsqu’elle eut deux ans, ses parents revinrent en Angleterre lorsque Charles II récupéra son trône. Le père de Carey, nommé physicien en chef du roi installa sa famille dans le quartier de Scotland Yard, à Londres, tout près du palais de Whitehall. Les parents de la petite Carey furent rapidement comblés d’honneur comme tous les compagnons d’exil du roi Charles II : son père fut fait chevalier par Charles II, et sa mère, Mary Carey, fut nommée dame d’atour de la nouvelle reine d’Angleterre, Catherine de Bragance, épouse de Charles II.

4.0.1Carey Frazier comtesse de Peterborough, par Peter Lely en 1678

Le père de Carey avait selon Samuel Pepys une grande influence à la cour, et il était très apprécié des dames de la cour de Charles II car, comme le relate Pepys (19/09/1664 dans son Journal) : « Frazier savait comment aider les dames à se débarrasser de leur fruit illégitime, et les hommes à se guérir de leurs maladies vénériennes ».

La jeune Carey fut élevée à la cour dissolue de Charles II. Sa beauté précoce fut bientôt remarquée en même temps que son air hautain, et lorsqu’elle eut seize ans (le 7 mai 1674), le roi la fit nommer fille d’honneur de la reine Catherine.

catherineLa reine Catherine de Bragance, épouse de Charles II par Dirk Stoop en 1660

Trois ans plus tard, lady Chaworth relevait dans son journal la tenue magnifique de la jeune fille lors de la fête anniversaire de la reine (2 décembre 1676) : « les dames revêtirent leurs plus beaux atours pour l’anniversaire de la reine, mais tout spécialement miss Frazier dont la robe était couverte de fourrure d’hermine sur un velours recousu de fil d’or et brodé de fils dorés » : la robe avait coûté plus de 300 £ et effraya l’un des prétendants de la jeune fille, sir Carr Scroope, qui en était tombé amoureux, mais qui ne lui proposa pas le mariage de crainte que ses terres et ses titres ne suffisent pas à entretenir les goûts de luxe de la jeune fille et le train de vie auquel elle aspirait.

De plus, la jeune Carey était ambitieuse, et prête à tout, semble t’il, pour accéder aux sommets du luxe. Le plus simple était, bien sûr, de devenir la maîtresse du roi Charles II, qui ne savait pas dire « non » à une belle femme. Mais son premier amant ne fut pas le roi, selon la rumeur (roi qui était déjà occupé par sa maîtresse française, la belle Louise de Kéroualle, duchesse de Portsmouth), mais un des chevaliers de la Jarretière, John Sheffield comte de Mulgrave de dix ans plus âgé qu’elle.

480px-JohnSheffieldJohn Sheffield comte de Mulgrave en 1685 par Peter Lely, amant de Carey Frazier

A dix huit ans, elle devint sa maîtresse, et la liaison fut si peu discrète qu’un libelle ne tarda pas à courir à la cour :

Il y avait une demoiselle vivant à Scotland Yard
Une fille hautaine et de bonne naissance
Et pourtant d’humeur légère lorsqu’elle rencontrait les Gardes
Et tout ceci sous le nez de son père complaisant
Or un chevalier vint lui faire l’amour
Il portait une étoile et une jarretière bleue
Il battit à plate couture sir Carr
Bien que son amour fut de moindre valeur

En décembre 1677, (alors que la liaison de Carey et du comte Mulgrave se refroidissait après deux ans de passion soutenue), la jeune fille tenta sa chance auprès du roi lorsque la duchesse de Portsmouth tomba malade et ne put occuper le lit du roi pendant plusieurs semaines. La rumeur se propagea que Charles II avait mis Miss Frazier dans son lit, en même temps qu’une Miss Elliott. La liaison du roi avec Carey Frazier dura (par intermittence) jusqu’en 1679. La jeune fille ne put lutter contre l’influence de la duchesse de Portsmouth, ni celle de l’actrice Nell Gwynn qui partageait aussi la couche du roi. Carey Frazier finit par comprendre qu’elle n’était qu’une passade pour le roi.

470px-King_Charles_II_by_John_Michael_Wright_or_studioCharles II par John Michael Wright en 1665, amant de Carey Frazier

C’est alors qu’elle tomba amoureuse de Charles Mordaunt vicomte Mordaunt et elle devint sa maîtresse en 1679. Les jeunes gens avaient le même âge, et le jeune vicomte Mordaunt s’était brillamment distingué dès l’âge de seize ans sur les navires du John Narborough en participant à la destruction de la flotte du Dey sous les murs de Tripoli. Ses contemporains le décrivent comme de petite taille et d’une énergie débordante.

Au mois de mai 1680, il fut évident à tous que la jeune fille était tombée enceinte de son amant, et elle fut écartée de la cour à cause de sa conduite. Le jeune vicomte Mordaunt avait signé un contrat avec la belle Carey où il s’était engagé à l’épouser en cas de grossesse inattendue. Le jeune homme tint sa parole, et le mariage fut célébré dans le courant de l’année 1681, mais le mariage fut tenu secret jusqu’en décembre 1681, où Mordaunt « annonça publiquement qu’il avait épousé miss Frazier ». Le père de Carey, Alexander Frazier, mourut le 28 avril 1681, et il est fort probable qu’il n’est pas approuvé le choix de sa fille, d’où une date de mariage tenue secrète.

lsw_mhh_88019196_largeCharles Mordaunt comte de Peterborough en 1675 par Godfrey Kneller, mari de Carey Frazier

Le couple Mordaunt vécut à Parson’s Green, Fulham et Tuvey dans le Bedfordshire (qui devint la résidence principale de la famille Mordaunt). Carey Frazier donnera cinq enfants à son époux, mais seuls un fils et une fille auront une postérité.

Très tôt, son époux se détourna des Stuarts et fut favorable à l’arrivée de William III au pouvoir, notamment parce qu’il était un ardent protestant. Le couple Mordaunt fut obligé de fuir l’Angleterre en 1686, à cause des agissements de lord Mordaunt contre le nouveau roi catholique James II (frère de Charles II).

Ils s’établirent en Hollande, où le vicomte Mordaunt encouragea vivement William de Hanovre à prendre le pouvoir, et à envahir l’Angleterre. Une solide amitié s’établit à ce moment là entre les deux hommes, et lorsque le prince d’Orange deviendra roi d’Angleterre sous le nom de William III , les Mordaunt furent bientôt comblés d’honneur : en avril 1689, Carey Frazier devint comtesse de Monmouth, puis comtesse de Peterborough en juin 1697. Elle se lancera alors avec passion dans la politique, et aidera son mari par tous les moyens, surtout après que celui-ci est fait un court séjour dans la Tour de Londres, dans le courant de l’année 1697, car en désaccord avec la politique du roi.

tourdelondresLa Tour de Londres

Elle deviendra une amie des comtes de Shaftesbury et de Sunderland, et surtout du duc et de la duchesse de Marlborough, très influents sous le règne de la reine Anne. Cette dernière renouvellera les faveurs vis à vis du comte de Peterborough. C’est ainsi que l’époux de Carey devint gouverneur de Jamaique en 1702, général des forces alliées en Espagne, amiral et commandant de la Flotte en 1706.

Carey Frazier continuera d’entretenir l’amitié des Marlborough car la duchesse de Marlborough, Sarah Jennings avait une grande influence sur la reine Anne. La comtesse de Peterborough avait l’espoir de pouvoir marier son fils aîné avec la fille ainée du duc de Marlborough. Hélas, son fils ainé s’enfuira en 1705 avec son amie de cœur, et sa mère ne lui pardonnera jamais ce faux pas, ce qui reste assez ironique lorsque l’on connaît les circonstances du mariage de Carey Frazier.

NPG 3634,Sarah Churchill, Duchess of Marlborough,after Sir Godfrey Kneller, BtSarah Jennings, duchesse de Marlborough en 1702 par Godfrey Kneller

Elle défendra à son fils de se rendre auprès de son père, qui était alors en déplacement à l’étranger, et le menacera de le rayer de son testament. Ce père, constamment par monts et par vaux aurait rencontré plus de rois et de postillons que n’importe quel autre de ses contemporains : le comte de Peterborough était constamment en mouvement, allant de capitale en capitale. Il possédait une éloquence rare lors de ses discours, et il était intrépide à la guerre mais son plus grand défaut était son inconstance.

Au début de l’année 1709, Carey Frazier se réconciliera avec son fils ainé. Mais elle prit froid au printemps, et tomba soudainement malade. Sa mort survint le 13 mai 1709, et son mari l’enterrera dans le caveau familial dans l’église paroissiale de Turvey dans le Bedfordshire.

careyfraziercareyfrazier12Carey Frazier comtesse de Peterborough par Godfrey Kneller (ce portrait est l’un des portraits sur les belles de Hampton Court) en 1691

Devenu neuf, Charles Mordaunt fut nommé général des Marines en 1710 et continua ses voyages à l’étranger : en 1710 il fut ambassadeur à Vienne, puis à Turin et en Sicile en 1714.

En 1713, il fut reçu chevalier de la Jarretière, et l’année d’après il fut nommé gouverneur de l’ile de Minorque.

En 1715, il fut nommé colonel du Royal Regiment des Horse Guards. Lorsque le roi George 1er montera sur le trône, le comte de Peterborough perdit toute influence à la cour.

Il mourut à Lisbonne le 25 octobre 1735 et ses restes furent ramenés en Angleterre par sa deuxième épouse Anastasia Robinson.

robinson-anastasiaAnastasia Robinson comtesse de Peterborough en 1725 par école anglaise

A la mort de Carey, Charles Mordaunt avait pris une maîtresse, la jeune et talentueuse Anastasia Robinson, une chanteuse de grande beauté (elle chantait les opéras de Handel), et une actrice remarquable qu’il finira par épouser en 1722, soit treize ans après la mort de Carey.

Anastasia Robinson avait alors vingt sept ans, et Charles Mordaunt en avait soixante quatre.

Le comte de Peterborough et sa nouvelle épouse ne tardèrent pas à vivre séparés jusqu’en 1735, date à laquelle un mariage légal fut cette fois établi en bonne et due forme, juste quelques mois avant la mort de Charles Mordaunt. La réticence de Charles s’explique peut être par le fait qu’Anastasia était catholique, et lui protestant. Il l’aidera financièrement, et sa maison de Parsons Green fut accordée à Anastasia, qui y reçut tous les membres influents de la musique du moment : Bononcini, Pier Francesco Tosi, etc… Elle devint aussi l’amie d’Alexander Pope, le poète.

(c) National Trust, Castle Ward; Supplied by The Public Catalogue FoundationCharles Mordaunt comte de Peterborough, mari de Carey Frazier

Le comte et la comtesse de Peterborough n’eut pas d’enfants, et la nouvelle comtesse de Peterborough mourut longtemps après son mari en 1755, soit vingt ans après ce dernier.

Anastasia Robinson sera enterrée à Bath, loin de son époux, qui sera enterré dans le même caveau que sa première épouse, Carey Frazier, à Turvey dans le Bedfordshire.

 

Sources :

– « Court satires of the Restauration ».

Descendants de Carey Frazier comtesse de Peterborough :

Jusqu’aux petits-enfants.

Carey Frazier, née vers 1658, décédée le 13 mai 1709, inhumée le 28 mai 1709, Turvey, Bedfordshire (à l’âge de peut-être 51 ans), fille d’honneur de la reine Catherine of Braganza.
Mariée en 1678, Mearn, Renfrewshire, Scotland, avec Charles Mordaunt, Earl of Peterborough (3e), Earl of Monmouth (1er, 9 avril 1689), né en 1658, Turvey, Bedfordshire, England, décédé le 25 octobre 1735, On His Yacht Off, Lisboa, Lisboa, Portugal, inhumé le 21 novembre 1735, Turvey, Bedfordshire (à l’âge de 77 ans), pC, first lord of the Treasury, lord-lieutenant of Northamptonshire, dont

 

  • Thomas, né en 1683, décédé en 1684, inhumé, All Saints Church, Fulham (à l’âge de un an).

 

Total: 18 personnes (conjoints non compris).

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