Jeanne van Halewijn (d’Halluin), Mademoiselle de Pienne, baronne d’Alluye (1530-1580)

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jeannedhalluinPortrait par François Clouet vers 1563

Fille d’honneur de la reine Catherine de Medicis de 1547-1557, dame d’honneur de Catherine de Medicis de 1567-1580

Née vers 1530 peut être à Nord Peene (en Flandres)
Morte vers 1580 peut être au chateau de Bury (Loir et Cher)

 Jeanne van Halewijn (ou Jeanne de Pienne) est le 5ème enfant d’Anthonis van Halewijn, seigneur de Maignelais et de son épouse Louise de Crévecoeur.

Son père est grand Louvetier de France et il sert dans les armées du roi François 1er. Il possède la seigneurie de Pennes (ou Pienne) dans le Nord et à la mort du roi, il sert fidèlement le fils de ce dernier, le roi Henri II. Il est fait prisonnier par les Impériaux en 1538 et se range parmi les partisans du duc de Guise. Deux de ses filles, Jeanne et Louise, sont élevées à la cour du roi de France mais seule l’ainée, Jeanne, provoquera un scandale retentissant.

Anthonis-vanhalewijnAntoine van Halewijn, père de Jeanne (par François Clouet vers 1550

Jeanne van Halewijn entre à l’âge de 17 ans au service de Catherine de Médicis en tant que fille d’honneur. C’est une des plus jolies filles de la cour d’Henri II.

En 1551, elle tombe amoureuse du fils ainé du connétable Anne de Montmorency, François de Montmorency, qui a le même âge qu’elle. Profondément épris de Jeanne, François de Montmorency s’engage auprès de Jeanne van Halewijn qui portait à la cour le titre de Mademoiselle de Pienne, en lui signant une promesse de mariage (peut être suivi par un mariage secret selon certains), et la liaison continue dans le plus grand des secrets pendant cinq ans.

Entre temps, le père de Louise, Antoine van Halewijn meurt au siège de Thérouanne en 1553 la privant ainsi de son plus grand protecteur. Il est fort possible qu’il n’ait pas été au courant du contrat liant sa fille au fils ainé du Connétable.

vignette1_le_siege_de_therouanne_avec_larmee_conduite_par_chLe siège de Thérouanne où mourut le père de Jeanne van Halewijn en 1553

La liaison du couple continue à demeurer secrête, mais en 1556, Henri II désire remarier sa fille naturelle, Diane de France, veuve du duc de Castro, et se cherche un gendre. Son choix se porte sur le fils ainé du connétable de Montmorency, qui a bien du mal à cacher sa joie à l’idée que son fils va pouvoir devenir le gendre du roi de France.

Aussitôt averti des intentions du roi, François de Montmorency confesse à son père qu’il aime Mademoiselle de Pienne et qu’il s’est déjà engagé auprès d’elle. Fou de rage, le connétable lui rétorque que pour se marier, il faut le consentement du père, et entreprend dès lors de détruire le faux pas de son fils.

Francois_deMontmorencyFrançois de Montmorency, fils ainé du Connétable Anne de Montmorency (portrait par François Clouet vers 1557)

Avec l’assentiment de Henri II, un tribunal écclésiastique se réunit le 5 octobre 1556 dans une salle du Louvre composé du cardinal de Lorraine, de l’archevêque de Vienne, des évêques de Soissons et d’Orléans, et qui entreprend d’interroger les deux amants. Jeanne van Halewijn répond que depuis cinq ans, François de Montmorency lui a promis le mariage et qu’ils ont échangés plusieurs serments. Le jeune homme confirme la déposition de son amie ajoutant que la demoiselle de Pienne est « femme de bien », et qu’il n’attendait que l’occasion favorable pour parler de ses intentions de mariage à ses parents. Le tribunal se retira sans avoir pris de décision, un engagement de serment étant alors aussi valable qu’une cérémonie de mariage.

Anne_de_Montmorency_(1530)Le connétable Anne de Montmorency (portrait par Jean Clouet en 1512

Toujours furieux, Anne de Montmorency, adresse alors une requête au pape Paul IV lui demandant d’annuler l’engagement de son fils (effectué sans son consentement), et pour faire bonne mesure, envoie à Rome comme porteur de la missive, le coupable lui-même, François de Montmorency. Pour faire bonne mesure et avec le consentement du roi, Jeanne van Halewijn, âgée de vingt six ans, est enfermée au couvent des Filles Dieu. Le scandale est énorme à la cour et les pamphlets s’en donnent à cœur joie :Montmorency, te souvienne
De ta Pienne
Qui ne dort ne nuit ne jour,
Ne mets point en oubliance
L’alliance
Qui est faite entre nous deux !

louisevanhalewijnLouise van Halewijn, dame de Cypierre, soeur de Jeanne, qui deviendra dame d’honneur de Mary Stuart (portrait par Corneille de Lyon vers 1555)

Le pape accepte d’accorder une dispense, mais à la condition que Jeanne van Halewijn renonce par écrit à ce mariage. Dès lors, François de Montmorency, travaillé par son père, et commençant à contempler l’idée d’être le gendre d’Henri II rédige une lettre à la recluse en mars 1557 :

“…ayant connu l’erreur où j’étais tombé sans y penser, et trouvant déplaisant d’avoir offensé Dieu, le Roi, Monseigneur et Mme la Connétable, je me dépars de toutes les paroles et promesses de mariage qui sont passées entre nous deux, je suis résolu de n’avoir jamais plus grande et plus particulière communication ni intelligence avec vous…”

Jeanne van Halewijn aura ce commentaire cinglant en lisant ce courrier :

Mr de Montmorency montre bien par ses propos qu’il a le cœur moindre qu’une femme et n’est point celui qui m’avait tant de fois dit qu’il perdrait plutôt la vie que de changer de volonté, oui, il m’a abusée, et je vois bien qu’il aime mieux être riche qu’homme de bien. S’il était fils de roi ou prince, m’ayant écrit ce qu’il m’a écrit par sa lettre, je ne le voudrais épouser, et je l’en quitte…”

m507704_99de15402_pJeanne van Halewijn par Corneille de Lyon vers 1557

Libéré de sa promesse, François de Montmorency épouse à Villers-Cotterêt en mai 1557 Diane de France, fille naturelle de Henri II. Quant au roi, il rend en mars 1557 un édit qui déclare « nul et non avenu » les mariages clandestins.

La réputation de Jeanne van Halewijn est en lambeaux, comment lui trouver un mari après ce scandale retentissant ? Elle demeure au couvent jusqu’à l’automne, où elle accepte la demande en mariage de Florimond Robertet, gentilhomme de la maison royale de Navarre. Le mariage a lieu à l’automne 1557 et Jeanne van Halewijn prend le nom de dame d’Alluye (nom d’une terre de son mari) .

Diane_de_France_Atelier_de_ClouetDiane de France par François Clouet en 1568

Son mari deviendra gouverneur d’Orléans, et dirigera le département des affaires étrangères pour l’Italie, le Piémont et le Levant de 1559 à 1569, date de sa mort. Il sera même envoyé en tant qu’ambassadeur extraordinaire auprès de la reine Elizabeth 1ère en 1563.

En 1567, Jeanne van Halewijn dame d’Alluye reviendra au service de la reine Catherine de Médicis en tant que dame d’honneur, et ce, jusqu’à sa mort en 1580. Son mari mourra après douze ans de mariage, alors qu’il n’avait que trente six ans. Jeanne van Halewijn ne se remariera pas. Elle habitera les chateaux de Beauregard (Loir et Cher) et de Bury (Loir et Cher) propriétés de son défunt époux.

bury3Le chateau de Bury en Loir et Cher entièrement construit par le mari de Jeanne van Halewijn (aujourd’hui détruit)

Elle n’aura qu’un fils de son mariage avec Florimond Robertet, Etienne, mort jeune. Quant à François de Montmorency, il mourra un an avant elle, sans avoir eu d’enfants vivants de son mariage avec la fille d’Henri II. Ainsi le sang des Montmorency ne se mêlera pas au sang du roi de France.

Sources :

 – “les dames galantes” de Pierre Brantome.

“Dames et bourgeoises amoureuses ou galantes du XVIème siècle” de Maurice Rat, 1955

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