Angélique Renaud d’Avène des Méloizes, Mme Péan (1722-1792)

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angeliquedavesnes1la “Pompadour” du Québec

Portrait vers 1755 en “Diane”

Née à Quebec Ville (Canada) en décembre 1722
Morte à Blois (Loir et Cher) en son hotel rue de Beauvais en 1792

Angélique Renaud d’Avène des Méloizes, est née à Québec, au Canada, en décembre 1722, neuf mois après le mariage de ses parents.

Elle sera l’ainée d’une famille de dix enfants.

Ses nombreux frères et sœurs furent :

– Charlotte Louise, née le 25 mai 1724, Quebec, Canada, décédée le 10 septembre 1724, Charlesbourg, Canada (à l’âge de 3 mois).
– Marie Louise, née le 11 août 1725, Quebec, Canada, décédée le 5 mai 1732, Lorette, Canada (à l’âge de 6 ans).
– Louise Elizabeth, née le 22 septembre 1726, Quebec, Canada, décédée le 28 avril 1739, Quebec, Canada (à l’âge de 12 ans).
– Nn, né le 15 octobre 1728, Beaumont, Canada, décédé le 23 octobre 1728, Beaumont, Canada (à l’âge de 8 jours).
– Nicolas, né le 21 novembre 1729, Québec, Canada, décédé le 11 septembre 1803 (à l’âge de 73 ans). Marié le 5 janvier 1767, Fresnoy (France), avec Agathe Louise de Fresnoy, née le 12 janvier 1748, décédée en 1808 (à l’âge de 60 ans).
– Louis François, né le 24 février 1731, Québec (Canada), décédé le 28 avril 1760, Sainte Foy (à l’âge de 29 ans).
– Louise Gillette, née le 13 mars 1732, Québec (Canada), décédée le 6 avril 1799, Blois (Loir-et-Cher) (à l’âge de 67 ans). Mariée le 23 septembre 1754, Québec (Canada), avec Louis Antoine Dazémard de Lusignan, né le 20 septembre 1726, Québec (Canada), décédé le 22 juillet 1782, Demerary (Guyane néerlandaise occidentale) (à l’âge de 55 ans), Capitaine au corps royal de l’Artillerie, capitaine de Vaisseau , Brigadier des armées royales, officier au Canada puis en France, enfin en Martinique et gouverneur en Guyane en 1782.
– Eustache Louis, né le 11 mai 1734, Québec (Canada), décédé le 26 mars 1787, Québec (Canada) (à l’âge de 52 ans).
– Pierre Louis, né le 13 mai 1735, Quebec, Canada, décédé le 4 août 1735, Beauport, Canada (à l’âge de 2 mois).

angeliquedavesnesPortrait en 1755 en “Diane”

La famille Renaud d’Avènes des Méloizes s’était installé en Nouvelle France en 1685 lorsque François-Marie, grand-père paternel de la jeune femme, avait quitté le Nivernois (originaire de Lormes). C’est de sa femme Françoise-Thérèse Dupont de Neuville qu’il héritra de la seigneurie de Neuville, à proximité de Montréal. Celle-ci demeurera le domaine des Renaud d’Avène des Méloizes jusqu’en 1760, et Angélique y passera une partie de son enfance avec ses jeunes frères et sœurs.

Nicolas-Marie Renaud d’Avène des Méloizes, son père, fut officier dans les troupes de la Marine et seigneur de Neuville. De plus, il s’investit dans la fabrication de tuiles de toiture, entreprise qui échoua et laissa la famille endettée à sa mort en 1743, alors qu’Angélique n’avait que 21 ans.

200px-François-Marie_Renaud_d'Avène_des_MeloizesFrançois Marie Renaud d’Avène des Méloizes, grand père paternel de Angélique Renaud d’Avène

Sa mère, Angélique Chartier des Lotbinière, devenue veuve n’avait que quarante ans, des dettes, et plusieurs enfants en bas age. Elle avait été veuve d’un premier mariage avec Jean François Martin de Lino de Chalmette (mort en 1721) et à qui elle avait donné deux enfants. Ce qui fait qu’en 1723 elle avait huit enfants à charge (deux de son premier mariage et six survivants du second), et elle effectuera dans les années qui vont suivre son veuvage, de nombreuses démarches afin d’obtenir des pensions auprès de l’intendant du Quebec, et ce, jusqu’en 1750. Le mariage d’Angélique, la fille ainée, fut donc l’une de ses priorités. La jeune Angélique avait fréquenté le pensionnat des Ursulines jusqu’à l’age de dix sept ans, et possédait déjà un charme et une beauté qui ne demandait qu’à s’affirmer. Les Mémoires du Canada la décrivent ainsi : ” C’était une personne très remarquable par sa beauté, ses agréments et son esprit “.

OLYMPUS DIGITAL CAMERAAngélique Chartier de Lotbinière, mère d’Angélique Renaud d’Avène

Le 3 janvier 1746, Angélique épouse à Quebec, (à l’age de vingt quatre ans), Michel-Jean-Hugues Péan, aide-major à Québec. Son mari est le fils ainé de Jacques Hugues Péan, sieur de Livaudière, il est né au Canada, à Saint Ours, le 18 mai 1723.

Il est entré dans les troupes du détachement de la marine et est nommé enseigne en second en 1738. en 1742, il est enseigne à pied puis aide major sous les ordres de son père en 1745. Quatre ans après son mariage, il deviendra capitaine. La vie du couple Péan fut bouleversée par l’arrivée de l’intendant Bigot en 1748. Le mari d’Angélique (qui avait plus l’esprit de commerce que l’esprit militaire) devint l’homme de confiance de l’intendant Bigot, qui, âgé de 45 ans, devint amoureux d’Angélique, qui en avait 26. Angélique était jeune, pleine d’esprit et possédait un caractère doux et affable.

michel_jean_hugues.0.de_peanMichel Jean Hugues Péan, mari d’Angélique

 La passion qu’elle inspirait à son amant lui permis de tirer des avantages considérables dont elle fit bénéficier en priorité son mari et sa famille. Peu à peu, le mari complaisant obtient 150 000 livres de l’intendant Bigot : il réquisitionna du blé pour le service du roi, et le revendit pour un chiffre plus élevé ce qui lui permis de réaliser un bénéfice confortable. Le couple Péan obtint bientôt de l’intendant une autre source de profit : le détail de l’équipement des troupes et des milices de Nouvelle France. Angélique et son époux se mirent à mener la grande vie et furent invités régulièrement aux fêtes données par le Gouverneur de la Nouvelle France, M. de Vaudreuil.

gNicolas Renaud d’Avène des Méloizes, père d’Angélique Renaud d’Avène

Grâce au profit qu’ils avaient amassé, ils purent acquérir une demeure de la Haute Ville de Quebec vers 1747 (à l’angle des rues Saint Louis et du Corps de Garde) où Angélique reçut avec faste la haute société de Quebec : comme le relate un témoin :

« après la maison de l’intendant, la meilleure de la ville est celle de Mr Péan […] C’est chez lui que s’assemblent tous les gens du bel air ; on y vit à la mode de Paris. » L’hôtesse est jeune, sémillante, pleine d’esprit, d’un caractère assez doux et obligeant; sa conversation est enjouée et amusante. Médiatrice et protectrice de ses parents et amis, elle est fort habile, ajoutent les chroniques du temps, et l’on ne manque point de faire la cour aux Péan. Elle devint « la Pompadour » de l’intendant. Les somptueux banquets et le jeu étaient alors à l’honneur dans l’entourage de l’intendant ; Mme Péan joue avec le haut magistrat et des fortunes changent de main. »

maisonangelique1898-300x255Façade de la maison d’Angélique, Mme Péan, à Quebec Ville, où elle tint salon

Le salon de Mme Péan était fréquenté par Louis Joseph marquis de Montcalm de Saint Véran, général français et commandant des troupes de Nouvelle France, qui consignera dans ses mémoires que la société québécoise était plus raffinée que celle de Paris et que le salon de Mme Péan n’avait rien à envier à celui de certaines dames de Versailles. En 1751, Angélique donnera naissance à son unique enfant, une fille qu’elle baptisera Angélique Renée Françoise.

w200.759Louis Joseph de Montcalm, marquis de Montcalm

Le Gouverneur de la Nouvelle France, Pierre François de Rigaud, marquis de Vaudreuil ne fut pas non plus insensible aux charmes du couple Péan. Il jouera gros chez Mme Péan et perdra en une soirée des fortunes considérables. Charmé par son hotesse, Vaudreuil sélectionnera le mari d’Angélique qui fut chargé d’aller en France le 13 aout 1758 afin d’apporter au roi la nouvelle de la victoire de Carillon.

Dans ses malles, Péan transportera une lettre de M. de Vaudreuil adressé au ministre de la Guerre, le maréchal de Belle Isle, vantant les mérites de M. Péan : « M. Péan, aide major de Quebec aura l’honneur de vous remettre cette lettre : il est très en état d’entrer avec vous, monseigneur, dans tous les détails que vous jugerez à propos de lui demander relativement à cette colonie, qu’il connait au mieux ; c’est l’officier en qui j’ai le plus de confiance, j’ai l’honneur de vous demander vos bontés en sa faveur ».

220px-Marquis_de_VaudreuilPierre François de Rigaud, marquis de Vaudreuil, gouverneur général de la Nouvelle France

Une fois en France, M. Péan en profitera pour aller aux eaux de Barèges (une fois sa mission à Versailles accomplie) afin de soulager une douleur qu’il avait au bras. Mais à Québec, la bonne fortune d’Angélique et de son mari provoquaient des remous et les jaloux se hâtèrent de dénoncer à Versailles l’enrichissement trop rapide du couple. On les soupçonnait d’avoir amasser en huit ans plus de deux millions de livres, et d’avoir amasser cet argent au détriment des finances de la colonie de la Nouvelle France. Les rumeurs malveillantes et le fait que Quebec était menacée de guerre par les Anglais convainquirent Angélique et son époux d’assurer leurs arrières en achetant un domaine en France. Ce sera la seigneurie d’Onzain près de Blois dans le Loir et Cher que M. Péan achètera à un conseiller du Parlement Ambroise Julien Clément de Feillet dès son premier passage en France en 1758.

Au Canada, la guerre avec les anglais se déclara et la Nouvelle France fut bientôt attaquée de toute part par les troupes anglaises. Les troupes françaises, sans soutien du roi de France qui ne leur délèguera aucun secours durent se résoudre à la défaite dans les Plaines d’Abraham tout près de la ville de Quebec. En septembre 1760 la ville de Quebec donnera sa reddition aux troupes anglaises après un bombardement particulièrement féroce qui mit la ville à feu et à sang.

250px-Après_guerreL’église Notre Dame des Victoires de Quebec détruite lors du siège de la ville en 1759

C’est alors la fuite pour tous les gens fortunés de Quebec: Angélique, son époux et sa fille, quittent la Nouvelle France à bord du « Fanny » en compagnie de Bigot, avec l’espoir de se retirer sur leurs terres blésoises. Or, les détracteurs à Versailles du couple Péan se déchainent à leur égard. La gestion financière catastrophique du Canada et la perte de Quebec reclament des coupables : Péan sera le bouc émissaire.

La_Bastille_20060809La forteresse de La Bastille

Le 13 novembre 1761, le mari d’Angélique est incarcéré à la Bastille, ainsi que l’intendant Bigot, l’amant d’Angélique. Pendant les trois ans d’emprisonnement de son époux, Angélique s’activera auprès du lieutenant général de la police, M. de Sartines, afin qu’elle puisse visiter son époux à de nombreuses reprises. De mars à juin 1764 elle lui rendra visite 58 fois. Quant à son amant, François Bigot, son procès avait eu lieu le 10 décembre 1763 au terme duquel il avait préféré quitter la France pour la Suisse. Il s’installera à Neufchatel où il mourra en 1778.

bigot-chapeau-225x150L’intendant de Quebec, François Bigot, amant d’Angélique Renaud d’Avène

Le 25 juin 1764, le procès de M. Péan a lieu : il est déclaré coupable de malversation « attendu que les gains illégitimes par lui faits dans les différentes sociétés dans lesquelles il était intéressé, il est condamné à restituer à Sa Majesté la somme de 600 000 livres et à garder prison au château de la Bastille jusqu’à ladite restitution ».

chateau_d_Onzain-e5879Le chateau d’Onzain en Loir et Cher (aujourd’hui détruit)

Le couple paya sur le champ la somme due et Angélique put ramener son époux dans leur château d’Onzain. Là, elle s’efforcera de venir en aide aux familles canadiennes démunies venues se réfugier en Touraine après la réddition de la Nouvelle France aux Anglais. Elle viendra en aide à Mme de Saint Ours, veuve d’un officier tué lors de la bataille des Plaines d’Abraham.

batailleabrahamLa bataille des “Plaines d’Abraham” à Quebec (le 13 septembre 1759), victoire des troupes anglaises

Le couple retrouvera son goût de la réception et se liera avec son plus proche voisin, Jean Nicolas Durfort comte de Cheverny. Le couple s’empressera d’acheter en 1766 à M. Druillon un hôtel particulier à Blois qui se trouvait rue de Beauvais, près de l’église Saint Honoré.

En 1781, le couple dut se séparer du château d’Onzain, ils le vendent à Eugène Joseph Stanislas Foullon d’Ecotier, fils de l’intendant de Guadeloupe (le château n’existe plus aujourd’hui, il sera démoli en 1826 et les matériaux vendus).

156_001L’église de Cangey en Indre et Loire

Dix huit ans après son procès, l’époux d’Angélique rendait l’âme le 21 aout 1782 à Cangey en Indre et Loire. Angélique lui survécut jusqu’en 1792 où elle mourut à Blois, dans son hotel particulier du 1 rue du Palais, à Blois, âgée de soixante dix ans.

Leur fille unique, Angélique Renée Françoise, qui avait été mariée en France au marquis de Marconnay en 1769 était morte sans postérité en mars 1779 à Paris.
Il n’y eut donc pas de descendants de celle qui fut la « Pompadour du Quebec ».

Descendants d’Angélique Renaud d’Avène des Méloizes : 

Jusqu’aux enfants :

Angélique Renée Françoise, née vers 1751, décédée le 18 mars 1779, Paris (à l’âge de peut-être 28 ans). Mariée le 1er septembre 1769, Onzain (31), avec Louis Michel, marquis de Marconnay, né le 15 décembre 1749, Mazeuil (86), décédé le 29 août 1844, Loudun (86) (à l’âge de 94 ans), colonel d’infanterie, grand prévot du Pas de Calais.
Total: 1 personnes (conjoints non compris).

Sources :
– “les canadiens en France et aux colonies” de Claude Bonnault de Méry
-“Dictionnaire biographie du Canada”
– »la famille Renaud d’Avène des Méloizes »

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