Portrait de Julienne Hyppolite d’Estrées en 1596
soeur de la favorite
Née vers 1580 à Coeuvres (Oise) ou à Paris
Morte à Paris durant l’été 1649
Julienne Hippolyte d’Estrées était l’avant dernier enfant d’ Antoine d’Estrées marquis de Coeuvres, et de son épouse Françoise Babou de la Bourdaisière. Elle était née vers 1580, elle sera le témoin du massacre de sa mère et de son amant Yves d’Alègre survenu à Issoire en juin 1592 (voir l’histoire de Françoise Babou). Seules Julienne Hippolyte et sa jeune sœur Marie Françoise (née de la liaison de sa mère avec Yves d’Alègre) auront la vie sauve. Les jeunes filles seront expédiées à Paris chez leur père Antoine qui les confiera à leur sœur ainée Gabrielle d’Estrées, duchesse de Beaufort, marquise de Monceaux, devenue entretemps la maitresse du roi Henri IV.
Françoise Babou de la Bourdaisière, Mme d’Estrées (mère de Julienne Hyppolite) par François Clouet
C’est Gabrielle d’Estrées qui facilitera le futur mariage de sa jeune sœur Julienne Hyppolite d’Estrées. Son choix se porta sur un jeune homme prometteur : Georges de Brancas chevalier d’Oise : il était le troisième fils de Ennemond de Brancas baron de Villars et de Catherine de Joyeuse.
Les mauvaises langues affirmaient que la future Marquise de Villars vivait depuis quelques mois en concubinage avec Georges de Brancas avant d’épouser celui-ci. Ce qui est sûr c’est que le frère de Georges, l’amiral de Brancas (André de Brancas), avait auprès de lui ce jeune frère au talent prometteur lorsqu’il se soumit au roi Henri IV en lui livrant la ville de Rouen en 1594. Il est possible que Julienne et Georges se soient rencontrés à ce moment là en mars 1594, et qu’il y eut une attirance réciproque. Julienne avait quatorze ans, et Georges en avait vingt neuf ans. La mort inopinée de son frère l’amiral (tué par les espagnols en juillet 1595) fit de Georges son unique héritier, Georges devint seigneur de Villars.
Antoine d’Estrées, marquis de Coeuvres (père de Julienne Hyppolite d’Estrées) par François Clouet
En novembre 1596, Gabrielle d’Estrées qui avait suivi le roi en Normandie donna naissance à son deuxième enfant, une fille, Catherine Henriette de Bourbon au logis du roi à Rouen. Il s’agissait de son deuxième enfant après César de Vendome. L’influence de la favorite sur Henri IV était alors à son apogée : elle en profita pour organiser les noces de sa jeune sœur : deux mois plus tard, le mariage de Julienne Hyppolite d’Estrées et de Georges de Brancas étaient célébrées à Rouen où la cour se trouvait toujours.
Les noces eurent lieu sur deux jours : les 6 et le 7 janvier 1597 à Rouen. Les fêtes durèrent deux jours et furent magnifiques.
La ville de Rouen (où eut lieu le mariage de Julienne Hyppolite d’Estrées avec Georges de Brancas) en 1597
Le contrat des jeunes mariés fut signé au logis du roi et signé par Henri IV. Le futur époux apportait dans la corbeille du mariage cent cinquante mille écus provenant de l’assignation ordonnée par le roi en faveur de l’amiral de Villars, son frère.
Quant à la dot de la future épouse, elle était de 40 000 écus dont 10 000 provenant d’un don de sa sœur Gabrielle d’Estrées, marquise de Monceaux.
Gabrielle d’Estrées, marquise de Monceaux (soeur de Julienne Hyppolite d’Estrées)
Georges de Brancas, chevalier d’Oise, avait succédé à son frère l’amiral qui était mort sans postérité. Il lui succéda dans ses biens et sa lieutenance en Normandie.
D”abord destiné à l’ordre de Malte car il était né troisième fils, il avait quitté les ordres pour se lancer dans la carrière militaire et avait suivi son second frère, André, l’Amiral, dans ses succès au départ dans le parti de la Ligue, puis dans celui du roi Henri IV.
En 1586, Georges de Brancas avait obtenu le commandement de trois navires, il fut ensuite capitaine de deux compagnies, l’une de cent chevaux légers et l’autre de cent arquebusiers à cheval au voyage d’Henri IV en Franche Comté. Il s’était distingué ensuite en 1595 à la bataille de Fontaine Française.
Chateau de Monceaux en Brie (près de Meaux) qui appartenait à Gabrielle d’Estrées
Il semblait être profondément amoureux de Julienne Hyppolite d’Estrées, et pourtant au bout de quelques jours de mariage, il s’en retourna seul au Havre de Grace (Le Havre), lieu de son gouvernement et autorisa sa femme à rester près de sa sœur Gabrielle d’Estrées dont le statut de favorite augmentait de jour en jour auprès de Henri IV qui ne pouvait rien refuser à la jeune femme ni aux siens.
André de Brancas, l’amiral de Brancas, beau frère de Julienne Hyppolite d’Estrées
D’ailleurs, le roi aurait été sur le point de l’épouser si la belle Gabrielle n’avait pas rendu son dernier soupir à Paris en donnant naissance à un enfant mort né le 10 avril 1599.
Cette mort subite poussa Mme de Villars à quitter Paris pour le Havre afin de retourner auprès de son époux Georges de Brancas, d’autant que quelques mois après la mort de Gabrielle d’Estrées, ‘une autre favorite pointait le bout de son nez, la très rusée Henriette de Balsac d’Entragues, future duchesse de Verneuil. Il semble que Julienne Hyppolite ait tenté de prendre la place de sa sœur défunte dans le cœur du roi, mais si il y eut une relation avec Henri IV, elle ne fut que très passagère dans le courant de l’année 1599.
Henriette de Balsac d’Entragues, marquise de Verneuil, favorite de Henri IV
Les contemporains accordent à la jeune Mme de Villars une réputation de femme galante. N’était elle pas tombée amoureuse du beau François de Bassompierre, qui allait bientôt la délaisser pour la sœur de la favorite, la jeune Marie de Balsac d’Entragues ? Pourtant Mme de Villars était jolie, le tableau que l’on a d’elle alors qu’elle se tient auprès de Gabrielle d’Estrées au bain en est la preuve. Il existe deux reproductions de ce tableau où elle saisit le téton de Gabrielle (signalant ainsi que cette dernière était enceinte, surement de sa fille Catherine) : c’est ainsi qu’on a pu daté le tableau qui semble avoir été exécuté en 1596.
François de Bassompierre (amant de Julienne Hyppolite d’Estrées)
Elle était aussi brune que Gabrielle était blonde et la princesse de Conti la décrivit ainsi :
,,,Mme de Villars était fort galante, elle avait les yeux petits, et la bouche grande mais sa taille, ses cheveux et son teint étaient incomparables …
Entre le Havre et Paris où elle effectue divers séjours (rue des Petits Champs où les Brancas résident), Julienne Hyppolite d’Estrées a le temps de donner naissance à cinq enfants : trois filles, Marie future Marquise d’Ampus, Françoise qui mourra jeune, et Madeleine Hyppolite qui finira religieuse aux Ursulines de Narbonne. Son fils ainé, Louis François naitra malheureusement bossu, et le second, Charles de Brancas, finira chevalier d’honneur de la reine Anne d’Autriche et sera surnommé le « distrait » par Mme de Sévigné dans ses lettres.
Julienne Hyppolite d’Estrées et sa soeur Gabrielle d’Estrées
En 1608, Julienne Hyppolite d’Estrées fait parler d’elle en participant à un scandale qui la chassera de la cour pour quelques années. Elle était alors devenue une confidente de la reine Marie de Médicis et ne pouvait pas souffrir la favorite du roi, la tenace et intriguante Henriette de Balzac d’Entragues, marquise de Verneuil. Julienne Hyppolite n’avait jamais aimé la remplaçante de sa sœur Gabrielle dans le cœur du roi Henri IV : elle considérait Henriette de Balzac d’Entragues, marquise de Verneuil, comme son ennemie.
Julienne Hyppolite d’Estrées et sa soeur Gabrielle d’Estrées
Non seulement elle avait remplacé Gabrielle d’Estrées comme favorite auprès du roi, mais elle avait aussi définitivement anéanti les espoirs naissants de Julienne qui avait entamé un début de liaison avec le roi à la mort de Gabrielle en 1599, mais pour une très courte période. De plus, la marquise de Verneuil venait de lui ravir son dernier amant en date, le jeune Claude de Lorraine prince de Joinville (futur duc de Chevreuse). La duchesse de Villars enrageait positivement de voir que le jeune homme avait entamé une correspondance régulière avec la marquise de Verneuil et qu’il la délaissait au profit d’Henriette.
Georges de Brancas, duc de Villars (époux de Julienne Hyppolite d’Estrées)
Désireuse de se venger, Julienne s’empara de certaines des lettres du jeune homme (qui continuait de venir la voir) et avec l’approbation de la reine Marie de Médicis prit sur elle d’approcher Henri IV pour lui faire lire les missives enflammées qu’adressaient la marquise de Verneuil à son jeune amant, missive où elle ridiculisait le roi et son épouse.
Henri IV avait toujours gardé une amitié vis à vis de la jeune sœur de Gabrielle et il lui accorda une entrevue sans plus attendre. A la lecture des lettres, le sang du roi ne fit qu’un tour : il exila le jeune Joinville (qui avait déjà eu l’outrecuidance de mettre dans son lit une autre maitresse du roi, la belle Charlotte des Essarts) puis il somma la marquise de Verneuil de s’expliquer.
Claude de Lorraine prince de Joinville (futur duc de Chevreuse) amant de Julienne Hyppolite d’Estrées
Celle-ci qui connaissait finement le roi, joua les innocentes, proclama que les lettres étaient fausses et que les jaloux souhaitaient sa perte. Le roi, attendri et faible écouta sa favorite, et le couperet tomba : Mme de Villars fut chassée de la cour malgré ses protestations. Elle s’en retourna au Havre rejoindre son époux.
La même année où eut lieu l’exil de sa femme, George de Brancas achetait la seigneurie de Graville et de Grandcamp à Jacques Ligier secrétaire du roi.
En 1609, Mme de Villars (devenue Mme de Graville) fait à nouveau parler d’elle alors qu’elle est toujours exilée au Havre. Elle y était tombée amoureuse d’un capucin nommé père Henri de la Grange Palaiseau. Ce capucin était un bel homme et il possédait aussi un esprit captivant. C’était aussi un homme pieux. Or, Julienne Hyppolite d’Estrées était tombée amoureuse de lui lors d’un de ses sermons prononcés dans une église du Havre.
Le Havre de Grace (aujourd’hui ville du Havre)
Tallemant des Réaux raconte la suite dans ses Historiettes :
…Mme de Villars devint passionnement amoureuse de lui, et pour le tenter s’ajustait le mieux qu’il était possible. Elle portait une espèce de pourpoint avec un haut de chausses et une petite jupe de gaze par-dessus, de sorte qu’on voyait tout le haut de chausses au travers. Elle portait de plus un chapeau avec des plumes et se mettait tous les jours vis-à-vis de la chaire, sans masque et la gorge fort découverte (c’était ce qu’elle avait de plus beau). Mme de Villars avait les yeux petits et la bouche grande, mais sa taille, ses cheveux et son teint étaient incomparables. Mais le capucin restait de marbre, elle demanda alors à Rome la permission d’avoir comme confesseur le père Henry de la Grange. Elle obtient l’autorisation et demande alors à son confesseur de l’aider à se confesser de ses vieux péchés, celui-ci vient mais alors, elle le persuade de lui en faire faire de nouveaux. Le bon père tente de la tancer vertement, mais elle fait tout pour l’exciter et lui montre ce qu’elle ne pouvait montrer durannt le sermon : tout cela ne servit à rien ; il la laisse demi-folle. Il tente de quitter la ville, elle le sait, monte à cheval et lui court après. Elle l’attrape dans un bois et le presse de revenir. Il se dépètre d’elle, prend son cheval et s’enfuit vers Paris. L’amante délaissée afin d’avoir un prétexte pour aller à Paris, feint d’être malade et de vomir du sang. Elle se fait porter à Paris dans un brancard pour s’y faire traiter et écrivit en vain au Père de la Grange, mais voyant qu’il n’y avait plus d’espérance, elle se guérit toute seule…..
Le logis du roi au Havre de Grâce, demeure de Julienne Hyppolite d’Estrées
En 1613 elle prend pour amant Georges de Scudéry lieutenant du Havre de Grace (et par conséquent bras droit de son époux). Bientôt lassé de sa maitresse, Georges de Scudéry rejette la belle Julienne. Mal lui en prend, cette dernière prend en grippe le lieutenant de son époux et parviendra à le ruiner. Il mourra démuni de tout.
En 1613 la seigneurie de Graville est érigée en marquisat et Julienne Hyppolite devient marquise de Graville.
En 1619, George de Brancas est nommé chevalier des ordres du roi et il présenta ses preuves faites en Provence par les sieurs de Vins et de la Barben, le 12 décembre 1619 aux ducs de Montbazon et maréchal de Saint Luc ses commissaires.
En 1620, Georges de Brancas hérite de la baronnie d’Oise à la mort de son frère ainé Gaspard de Brancas mort sans héritier.
En 1621, Julienne Hyppolite se trouve au Havre où elle devient la bienfaitrice du couvent des Capucines comme en témoigne l’inscription retrouvée en 1828 dans les fondations du couvent : « l’an de salut 1621 le 10ème jour de juin cette pierre a été posée par très puissante dame Hipolite d’Estrées, femme de Monsieur de Villarz, marquis de Graville, gouverneur de cette ville, Harfleur, Moteville, laquelle a fait batir cette chapelle en l’honneur de la Vierge »
Le cardinal Armand de Richelieu
En 1625, Georges de Brancas équipera vingt cinq vaisseaux de guerre à ses dépens pour servir le roi Louis XIII contre les religionnaires. Il est alors fort bien en cour où Richelieu le prend en faveur.
En 1626 Georges de Brancas n’a plus le gouvernement de la place du Havre convoité par le cardinal de Richelieu. Ce dernier devient gouverneur du Havre suite à une vente organisée par Julienne Hyppolite d’Estrées qui a obtenu pour cela procuration de son mari. Le 3 novembre 1626 Mme de Villars vend pour 245 000 livres le marquisat de Graville et de Grandcamp à Richelieu. Le couple a grand besoin d’argent car il dépense sans compter.
La ville de Honfleur en Normandie
S’il perd le gouvenement du Havre, George de Brancas obtient un autre gouvernement : celui de Honfleur de 1626 à 1632. Il devient aussi lieutenant général du roi au gouvernement de Normandie.
En septembre 1627, le roi Louis XIII créa pour Georges de Brancas la duché pairie de Brancas. La baronnie d’Oise unie à celles de l’Ile de Champtercier et de Villars fut érigée en duché sous la dénomination de Villars-Brancas. La terre de Villars se situait dans le diocèse d’Apt en Provence: c’était une terre sans château, un hameau sans remparts, mais dominé par une tour (c’est d’ailleurs là que George de Brancas finira sa vie plus tard). Les lettres du roi furent enregistrées au Parlement de Provence en 1628 et le duché fut érigé en duché pairie en juillet 1652.
Le chateau de Maubec (Vaucluse) détruit en 1793
La même année, Charles de Gonzague duc de Nivernais, gouverneur de Champagne en Brie, vend à Georges de Brancas et à Hyppolite d’Estrées, son épouse, la baronnie, terre et seigneurie de la Ferté Bernard. La toute nouvelle duchesse de Villars fréquente alors la petite cité de la Ferté Bernard (où l’on peut trouver d’ailleurs son portrait équestre dans une des salles de l’Hotel de Ville).
Portrait équestre de Julienne Hyppolite d’Estrées, duchesse de Villars
Mais elle ne dédaigne pas pour autant la vie parisienne : en 1629, elle signe une obligation notariée à Paris contresigné par son mari Georges de Brancas.
Le 18 septembre 1632, Georges de Brancas passe un acte à Paris où il déclare vivre rue des Petits Champs : il signe « George de Branquas » et sa femme signe « Ypollite Destrées ».
En 1635 et en 1636, deux autres actes sont signés par la duchesse de Villars.
En 1649, les contemporains remarquent que la duchesse de Villars n’a jamais été assise au Louvre que deux ou trois fois cette année, et qu’elle vient de plus en plus rarement à la cour.
Marie de Medicis, reine de France
Le duc et la duchesse de Villars apparaissent de moins en moins à la cour d’autant que l’argent vient à manquer au ménage. Tallemant des Réaux prétendra dans ses Historiettes que Julienne Hyppolite n’hésitait pas à subir les galanteries d’un préteur sur gage dénommé Moisset afin de pouvoir régler ses dettes et celles de son mari.
Tallemant des Réaux consacrera une de ses Historiettes à Julienne Hyppolite d’Estrées « la plus grande escroqueuse du monde « :
… »Quand il fallut sortir du Hâvre pour ne point faire crier toute la ville, car elle devoit à Dieu et au monde, elle fit publier que tous leurs créanciers vinssent un certain jour parler à elle. Elle parla à tous en particulier, leur avoua qu’elle n’avoit point d’argent, mais qu’elle avoit en deux ou trois lieux qu’elle leur nomma, des magasins de pommes à cidre pour dix ou douze mille écus, qu’elle leur en donneroit pour les deux tiers de leur dette, et une promesse pour le reste payable en tel temps. Elle disoit cela à chacun d’eux avec protestation qu’elle ne traitoit pas les autres de la sorte, et qu’il se gardât bien de s’en vanter. Les pauvres gens, les plus contents du monde, prirent chacun en paiement un ordre aux fermiers de donner à l’un pour tant de pommes et pour tant à l’autre; mais quand ils y furent, ils ne trouvèrent en tout que pour cinq cents livres de pommes. »,
François Annibal d’Estrées, duc d’Estrées, frère de Julienne Hyppolite d’Estrées
Tallemant des Réaux dépeint aussi le mari, Georges de Brancas, dans ses Historiettes :
,,,Quant au mari il n’y a jamais eu un si pauvre homme lui et sa femme ont mangé 800 000 écus d’argent comptant et 60 000 écus de livres de rente en fonds de terre dont il n’en est resté que dix sept qui étaient substituées…Ils avaient eu une terre de vingt cinq mille livre de rente, de l’argent qu’il eut du cardinal de Richelieu pour le Havre de Grace, la lieutenance de roy de Normandie (en 1626) et le vieux palais de Rouen. Il reçut un brevet de duc en 1627 et fut reçu au parlement de Provence….
Lui aussi avait été fort galant et selon Tallemant n’avait pas hésité à se montrer ridicule lors de l’un de ses séjours à Rouen où il était tombé amoureux d’une dame qui prenait les eaux à une fontaine de la ville et selon Tallemant :
« Brancas ne manquait pas d’y faire porter des corbeilles pleines de fleurs, de gants, d’éventails et de rubans. Mais il mêlait toujours les « hem ! » et les « pardy ! » à ses discours et il disait donc à la dame : « hem ! je vous le dis, pardy ! Madame, je vous en prie, les genoux du cœur à terre, et le cœur en cendres »… »…
Les deux époux avaient donc fini par prendre leur distance l’un vis à vis de l’autre. A la fin de sa vie, la duchesse de Brancas fut peut être victime d’une grave maladie, en tout cas elle devint si effacée qu’on ne connait même pas la date exacte de la mort de Julienne Hyppolite d’Estrées, mais son décès se situe surement pendant l’été 1649 à Paris. Elle aurait donc eu soixante neuf ans.
Elle est déclarée décédée au premier mariage de son fils ainé (il y en aura trois), Louis François de Brancas, qui aura lieu à Paris le 26 septembre 1649 avec Madeleine Claire de Lenoncourt. Son mari, Georges de Brancas, sera lui présent à ce mariage ainsi qu’à celui de son fils cadet Charles l’année d’après, en 1650.
Le 28 février 1652, Georges de Brancas rédige son testament dans lequel il énonce les biens qu’il avait en Auvergne provenant de Marie de Berton Crillon sa sœur utérine (la mère de Georges, Catherine de Joyeuse s’étant remariée en 1571 à Claude de Berton des Balbes seigneur de Crillon).
Après cela, pour fuir certainement ses créanciers, le duc de Villars se retirera sur ses terres du Vaucluse à Maubec dans le Comtat Venaissin où il rendra l’âme le 23 janvier 1657 à l’age de quatre vingt douze ans.
Acte de décès de Georges de Brancas duc de Villars à Maubec (Vaucluse) rédigé en latin
Quand à Julienne Hyppolite d’Estrées, Tallemant des Réaux a pour toujours dépeint la jeune femme ainsi : « une folle qui perdait toute retenue dans ses désordres amoureux » et l’histoire ne l’a pas traité autrement. Il nous reste d’elle le superbe portrait de « Gabrielle d’Estrées au bain » où elle figure sur la gauche.
Sources :
nobiliaire universel de France
Père Anselme.
Histoire de la noblesse du Comté Venaissin d’Auvergne et de la principauté.
Historiettes de Tallemant des Réaux.
Descendants de Julienne Hypolite d’Estrées duchesse de Villars :
Jusqu’aux petits-enfants.
Julienne Hypolite d’Estrées, née vers 1580, décédée avant 26 novembre 1649.
Mariée le 7 janvier 1597 avec Georges de Brancas, duc de Villars (1627), baron d’Oise, né en 1565, décédé le 23 janvier 1657, chateau de Maubec (près d’Avignon) (à l’âge de 92 ans), dont
- Marie, née vers 1598, baptisée le 1er mars 1605, décédée après 1654, dame d’honneur (sans gages) de la reine Anne d’Autriche de 1652 à 1654.
Mariée le 13 juillet 1613, Paris, avec Henri de Castellane, marquis d’Ampus, décédé en 1656, dont- Dominique, marquis d’Ampus, né en 1617, décédé en janvier 1656 (à l’âge de 39 ans), gouverneur de Saint-Tropez.
Marié le 1er mai 1647 avec Diane de Joannis de Roussan, dame de Châteaublanc, née en 1635, assassinée le 17 mai 1667, château de Ganges (34), inhumée le 19 mai 1667, Ganges (34) (à l’âge de 32 ans). - Françoise, marquise d’Ampus, dame de Lagneroux, de Villehaute, de Reynier, de Beaumont et de Montserein, née vers 1630, décédée après 1660.
Mariée le 20 mars 1657, Pertuis, avec Amaury de Lauris, marquis des Taillades, baron de Valbonnette, seigneur de Bonneval, né en 1608, Lambesc, tué le 11 juillet 1675, Altenheim (à l’âge de 67 ans). - Diane, supérieure du Monastère de Ste Elisabeth de l’Isle sur la Sorgue.
- Dominique, marquis d’Ampus, né en 1617, décédé en janvier 1656 (à l’âge de 39 ans), gouverneur de Saint-Tropez.
- Louis François, duc de Villars (2e), né vers 1610, décédé le 14 octobre 1679 (à l’âge de peut-être 69 ans), maréchal de camp à Lugny en 1650.
Marié le 26 septembre 1649 avec Madeleine Claire de Lenoncourt, née vers 1613, décédée le 16 août 1661, Paris (à l’âge de peut-être 48 ans), fille d’honneur d’Anne d’Autriche de 1638 à 1643.
Marié le 22 avril 1662 avec Marie Madeleine Girard, décédée le 20 avril 1674, dont- Louis, duc de Villars (3e, – 14 décembre 1709), marquis de Brancas, comte de Maubec (1er mars 1665), né le 14 février 1663, baptisé le 1er mars 1665, chapelle de la Reine, décédé le 24 janvier 1739, Maison de l’Oratoire, Paris (à l’âge de 75 ans), ambassadeur en Espagne..
Marié le 5 juillet 1680 avec Marie de Brancas, née en 1651, décédée le 27 août 1731, Le Louvre, Paris (à l’âge de 80 ans), dame d’honneur de Madame Palatine (Elizabeth von der Pfalz) de 1703 à 1722 (en remplacement de la duchesse de Ventadour).
Marié le 5 mars 1738 avec Louise Diane Françoise de Clermont-Gallerande, née en 1710, décédée en août 1788 (à l’âge de 78 ans), dame de compagnie de Mesdames les Ainées de juin 1747 à 1766, dame d’honneur (1ère dame) de la Dauphine (Marie Josèphe de Saxe) de 1766 à 1767 et dame d’honneur comtesse de Provence de 1770 à 1772. - Louis Etienne Joseph, né le 13 décembre 1670, décédé le 12 octobre 1716 (à l’âge de 45 ans), abbé de Notre Dame des Alleurs (30 février 1692).
- Madeleine, née vers 1674, décédée après 1713.
Mariée le 26 octobre 1694 avec Gabriel Henry, chevalier , marquis de Beauvau, marquis de Montgauger (1686), seigneur de Crisé, de Villetaneuse et d’Epinay-sur-Seine, né en 1655, décédé le 12 juillet 1738, Paris (à l’âge de 83 ans).
Marié le 10 septembre 1678 avec Louise de Fautereau, née vers 1650, décédée le 11 février 1701, Paris (à l’âge de peut-être 51 ans), dont
- Élisabeth Charlotte, née en décembre 1679, décédée le 26 août 1741 (à l’âge de 61 ans).
Mariée le 31 janvier 1696 avec Louis de Brancas, marquis de Céreste (2e), prince de Nisaro, comte de Forcalquier, baron de Castellet de Villots, né le 19 janvier 1672, décédé le 9 août 1750, Paris 6e (75) (à l’âge de 78 ans), maréchal de France.
- Louis, duc de Villars (3e, – 14 décembre 1709), marquis de Brancas, comte de Maubec (1er mars 1665), né le 14 février 1663, baptisé le 1er mars 1665, chapelle de la Reine, décédé le 24 janvier 1739, Maison de l’Oratoire, Paris (à l’âge de 75 ans), ambassadeur en Espagne..
- Charles, marquis de Maubec et d’Apilly, comte de Villars, né vers 1618, décédé le 8 janvier 1681, Paris, inhumé, aux Carmélites du faubourg St Jacques à Paris (à l’âge de peut-être 63 ans), chevalier d’Honneur de la Reine Anne d’Autriche le 19 juin 1661.
Marié le 5 janvier 1650, Paris, avec Suzanne Garnier, décédée le 3 novembre 1685, dont- Françoise, marquise de Maubec, née vers 1650, décédée le 13 avril 1715, inhumée, Harcourt (à l’âge de peut-être 65 ans), dame du palais de la reine Marie Thérèse d’Autriche de 1667 à 1683.
Mariée le 21 février 1667, Paris, 75, avec Alphonse de Lorraine, prince d’Harcourt, comte de Montlaur et de Saint Romaise, marquis de Maubeuc, baron d’Aubenas, né le 14 août 1648, décédé le 27 janvier 1719, Montjeu (à l’âge de 70 ans). - Marie, née en 1651, décédée le 27 août 1731, Le Louvre, Paris (à l’âge de 80 ans), dame d’honneur de Madame Palatine (Elizabeth von der Pfalz) de 1703 à 1722 (en remplacement de la duchesse de Ventadour).
Mariée le 5 juillet 1680 avec Louis de Brancas, duc de Villars (3e, – 14 décembre 1709), marquis de Brancas, comte de Maubec (1er mars 1665), né le 14 février 1663, baptisé le 1er mars 1665, chapelle de la Reine, décédé le 24 janvier 1739, Maison de l’Oratoire, Paris (à l’âge de 75 ans), ambassadeur en Espagne..
- Françoise, marquise de Maubec, née vers 1650, décédée le 13 avril 1715, inhumée, Harcourt (à l’âge de peut-être 65 ans), dame du palais de la reine Marie Thérèse d’Autriche de 1667 à 1683.
- Françoise, morte jeune.
- Madeleine Hyppolite, religieuse aux Ursulines de Narbonne.
Relation en 1608 avec Claude de Lorraine, prince de Joinville (1639-1657), duc de Chevreuse (2e), né le 5 juin 1578, Château de Joinville, décédé le 24 janvier 1657, Dampierre (à l’âge de 78 ans), grand Fauconnier puis Grand Chambellan de France
Gouverneur de la Marche, Auvergne, Bourbonnais et Picardie.
Relation avec François de Bassompierre, seigneur de Bassompierre, marquis d’Haroué, né le 12 avril 1579, château d’Haroué, Haroué (54), décédé le 12 octobre 1646, Provins (77), inhumé, couvent des Minimes de Migeon, Provins (77) (à l’âge de 67 ans), diplomate, colonel des Suisses.
Total: 14 personnes (conjoints non compris).
oints non compris).