Julia Bulette (1832-1867)

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julia2Née en 1832 à Londres
Décédée le 20 janvier 1867 à Virginia City, Nevada
Enterrée à Virginia City au Flowery Hill Cemetery, Nevada

Julia Bulette naquit à Londres en 1832, de parents français qui émigrèrent à La Nouvelle Orléans lorsqu’elle n’était encore qu’une fillette.

A dix huit ans, elle s’y maria avec un homme du nom de Smith, mais le couple se sépara au bout d’un an de vie commune. En 1853, à l’âge de vingt et un ans, elle quitta la Nouvelle Orléans et se rendit en Californie à San Francisco. Là, elle tomba dans la prostitution.

1280px-Virginia_city_1867-8Virginia City (Nevada) en 1867

Au bout de six ans, elle quitta la Californie pour le Nevada : son but était de se rendre à Virginia City, où une mine d’argent venait d’être découverte, et où une foule d’opportunités pouvait alors lui permettre de faire fortune.

C’est ainsi qu’à vingt-sept ans, elle arriva en 1859 à Virginia City, pour se rendre compte qu’elle était la seule prostituée blanche de la ville, (les autres étant des chinoises ou des indiennes), et elle fut dès lors une femme des plus sollicitées, notamment par les notables de Virginia City, et les mineurs les plus fortunés de la ville. Bientôt, Julia Bulette tarifa ses nuits à 1 000 dollars.

juliabulette1Julia Bulette

Ses contemporains la décrivent alors comme « une belle brune, grande, mince avec de magnifiques yeux noirs ». De plus, ses amants recherchaient ses manières raffinées (elle avait fait ressortir ses origines françaises), et son sens de l’humour spontané.

Auprès d’elle, les hommes influents de Virginia City pouvaient se détendre, bavarder, et passer un excellent moment avec une partenaire des plus agréables. Elle louait à l’époque une petite maison près du coin de la rue « D » et « Union » dans le secteur des théâtres de Virginia City. Avec l’arrivée de nouvelles prostituées blanches, elle dut faire face à la concurrence des bordels et des prostituées de rue.

Elle comprit très vite qu’il fallait qu’elle se démarque de la concurrence : elle fit construire avec ses gages un splendide hôtel en rococo. Elle le baptisa le « Julia’s Palace » (le palais de Julia) et il devint bientôt le bordel le plus grand et le plus prospère de Virginia City.

914003498443714Un bordel à Virginia City

Elle se décida à prendre le statut de maquerelle, et fit venir dans sa ville de superbes filles qu’elle était allée chercher à San Francisco, qui outre leurs services habituelles, servaient les clients avec de l’exellente cuisine française et des vins fins. Bien sûr, les filles de Julia étaient vêtues à la dernière mode parisienne.

Parvenue à ce niveau de prospérité, Julia Bulette n’oublia cependant pas les mineurs qui avaient fait sa fortune : elle accepta d’ouvrir son Palais et de le transformer en hôpital lorsqu’une centaine de mineurs tomba malade après avoir bu une eau contaminée. Dévouée, elle les soigna elle-même.

Julia_BuletteJulia Bulette photographiée près d’un casque de pompier

Elle devint vite une figure connue de Virginia City : elle apparaissait dans les rues de la ville vêtue d’un chic manteau de fourrure, et parée de ses joyaux, conduisant elle-même un attelage laqué dont les portières portaient son blason : un carré d’as couronné d’un lion endormi.

Lorsque la guerre civile américaine éclata, elle leva des fonds pour financer l’Union. Quand la ville de Virginia City fut menacée par une attaque des indiens Paiutes en 1860, elle refusera de quitter la ville pour se réfugier à Carson City, et resta en compagnie des mineurs afin de défendre sa ville.

NumagaUn indien paiute

Mais la plus grande fierté de Julia restera le jour où les pompiers de la ville firent d’elle leur membre honoraire de la pompe à incendie la « Virginia Engine Number 1 ». Le 4 juillet 1861, les pompiers l’élirent en tant que reine de la parade de l’Indépendance Day (la Fête Nationale américaine) et elle parcourut les villes de Virginia City sur le camion des pompiers de la 1ère caserne de Virginia City, arborant fièrement un casque de pompier et portant une trompette de prévention d’incendie dans les bras, ornée de roses fraiches, tous les pompiers défilant à pied à sa suite.

Reconnaissante, elle donna de larges sommes d’argent pour les nouveaux équipements de la caserne des pompiers, et prêta souvent la main volontairement lors d’incendie afin de donner un coup de main et de manier à la main la pompe à eau avec les autres.

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Hélas, six ans plus tard, le destin allait brusquement entrer en jeu dans la vie de Julia : au petit matin du 20 janvier 1867, l’une des domestiques de Julia entra dans sa chambre, et trouva un spectacle horrible : le corps de Julia (à demi nue) gisait dans une mare de sang dans son lit. Elle avait été étranglée et battue à mort.

La police arrivée sur les lieux conclut rapidement à un vol : en effet, les bijoux et des effets personnels de Julia avaient été dérobés, notamment certaines de ses robes et ses manteaux de fourrure.

Au moment de sa mort, la jeune femme n’était âgée que de trente-cinq ans. Aussitôt la nouvelle de son meurtre connu, la ville de Virginia City entra en deuil : les mines, les moulins et les saloons furent fermés en signe de respect.

hqdefaultL’assassin de Julia Bulette

Le jour de ses funérailles, le 21 janvier, des centaines d’hommes formèrent une procession derrière son cortège funéraire : en premier vinrent les pompiers de la ville, suivis de la milice de Virginie qui jouèrent pour son cortège des chants funéraires.

Julia Bulette fut enterrée au Cimetière de Flower Hill de Virginia City.

La police lança une enquête pour retrouver son meurtrier, et un peu plus d’un an après son assassinat, son meurtrier fut attrapé et pendu pour ce crime. Il s’agissait d’un marchand ambulant français du nom de John Millain. On retrouvera chez lui des robes de Julia qu’il avait tenté de revendre, et quelques-uns de ses bijoux.

33La tombe de Julia Bulette

Le 24 avril 1868, il fut conduit à son supplice jurant qu’il n’était pas coupable du meurtre de Julia, mais qu’il était seulement complice dans le vol de ses bijoux. La mort par pendaison de John Millain fut commentée par l’auteur Mark Twain qui assista à l’exécution.

La légende de Julia continua après sa mort : le chemin de fer de Virginie nommera l’un de ses plus beaux wagons le « Julia ». Son portrait ornera nombre de saloons de Virginia City, et l’auteur Rex Beach l’immortalisera dans son roman « Cherry Malotte ».

JuliaBulette136Jane Greer dans le role de Julia Bulette dans la série “Bonanza”

En octobre 1959, un épisode de la série « Bonanza » sera intitulée « l’histoire de Julia Bulette » et son rôle sera joué par l’actrice Jane Greer.

Si elle n’avait pas été assassinée, il est fort probable que Julia serait morte assez jeune : en effet, dans les dernières semaines de sa vie, elle était tombée malade (victime des conséquences d’une maladie vénérienne). De plus, elle était ruinée et n’avait plus de trésorerie.

Photo127929Plaque en mémoire de Julia Bulette

Sa mort brutale allait changer son existence en légende vivante, de par sa générosité, sa personnalité et le fait qu’elle fut la première prostituée blanche de Virginia City.

Sources :

– Wikipedia

– “Julia Bulette found murdered” par Mark Twain

– “Ces dames de l’Ouest” de Dee Brown

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