Louise de Prie, maréchale de La Motte Houdancourt, marquise de Toucy, duchesse de Cardonne (1624-1709)

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Fille d’honneur de la reine Anne d’Autriche 1644
Gouvernante des Enfants de France
(ceux de Louis XIV et ceux de Monseigneur le Dauphin)
de 1664 à 1703

Née en 1624 (certainement au château de Montpoupon).
Morte le 6 janvier 1709 à Versailles.

Elle était la fille de Louis de Prie, marquis de Toucy, baron de Montpoupon (né vers 1600, mort après 1624) et de Françoise de Saint Gelais (1602-1673), elle-même fille de Françoise de Souvré, marquise de Lansac, gouvernante du petit Louis XIV.

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Françoise de Souvré, marquise de Lansac (1582-1657),
avec Louis XIV et Philippe de France, vers 1643
Ecole française
(C) RMN (Château de Versailles)

Louise de Prie n’eut qu’une sœur :
– Charlotte de Prie (née en 1622-morte le 14 novembre 1700) qui épousera le 27 février 1639 Noel de Bullion, marquis de Gallardon (1615-1670) secrétaire du roi et conseiller en la cour au Parlement de Paris.

Louise de Prie sera fille d’honneur de la reine Anne d’Autriche vers 1644 ; sa mère, Françoise de Saint Gelais avait été dame d’honneur de celle-ci à la même époque.
En 1646, elle déclenche la passion de Louis II de Bourbon Condé à son égard (futur Grand Condé) bien que ce dernier soit déjà marié à Claire Clémence de Maillé Brézé.

Ses contemporains la décrivent alors comme « très belle, mais d’une beauté sévère et très grande ».

Elle épouse le 22 novembre 1650 à Saint Brice en Auxerrois un maréchal de France : Philippe de La Mothe, seigneur d’Houdancourt, de trente ans plus âgé qu’elle, qui est duc de Cardona depuis 1642, vice roi de Catalogne, et général des Armées du roi en Espagne.

En sept ans de mariage, elle lui donnera cinq enfants : un fils, quatre filles.
– Françoise Angélique de La Mothe Houdancourt (née en 1651-morte le 5 avril 1711) qui épousera le 28 novembre 1669 Louis Marie Victor duc d’Aumont (1632-1704) à qui elle donnera un fils : Saint Simon (qui ne l’aimait pas) la décrit : « riche, grande et grosse femme, impérieuse, méchante, grande joueuse, grande dévote ».. et la soupçonnait d’avoir été la maitresse de l’évêque de Reims, Charles Maurice le Tellier.

– Charlotte Eléonore Madeleine de La Mothe Houdancourt (voir sa bio) (née en 1652, morte le 13 décembre 1744 au château de Glatigny à Versailles), qui épousera le 14 mars 1671 Louis Charles de Levis duc de Ventadour (1647-1717) à qui elle donnera une fille. Saint Simon la décrit « grande, belle, imposante et son mari : laid, contrefait et débauché », mari qu’elle quittera deux ans plus tard, pour se lancer dans une vie de galanterie avant de tomber dans la dévotion et devenir l’amie de Mme de Maintenon : elle devait devenir Gouvernante des Enfants de France à la suite de sa mère, Louise de Prie.
Elle fut auparavant fille d’honneur de la reine Marie Thérèse (1660), et dame d’honneur de Madame Palatine (1684-1703)

– Marie Isabelle Gabrielle Angélique de La Mothe Houdancourt (voir sa bio) (née en 1654- morte le 29 avril 1726) qui épousera le 18 mars 1675 Henri François de Saint Nectaire, duc de la Ferté Senneterre (1657-1703) à qui elle donnera trois filles : elle secondera sa sœur comme sous gouvernante et sera marraine du futur Louis XV.

– un fils Philippe (né peut être en 1655, mort jeune).

– une fille Louise (peut être née en 1656 – morte en bas age).

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Portrait de Louise de Prie en habit de veuve

Saint Simon résumera ainsi la carrière de Philippe de La Mothe qu’il estimait grandement :
…le maréchal de la Motte fut fait maréchal de France à 38 ans, en 1642 à force de grandes et de belles actions, en quantité desquelles il avait commandé en chef. Il continua avec le même bonheur encore deux ans, avec la vice royauté de Catalogne. Il obtint en ce pays là le duché de Cardona, confisqué sur le propriétaire demeuré fidèle à l’Espagne, et à ce titre il eut un brevet de duc, c’est-à-dire des lettres non vérifiées. En 1644, il perdit la bataille de Lerida contre les Espagnols et leva le siège de Tarragone. Il fut calomnié, et les intrigues de la cour s’en mêlèrent. C’était un homme qui n’avait d’appui que ses actions et son mérite ; il fut arrêté et demeura quatre ans à Pierre Encise (1644-1648) . Son innocence fut prouvée au parlement de Grenoble, il épousa la maréchale de La Motte qui était fort belle et qui a toujours été vertueuse. En 1651, il fut une seconde fois vice roi de Catalogne, il y força les lignes de Barcelone et défendit cette place cinq mois durant. Il mourut à son retour à Paris en 1657, à 52 ans…

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Portrait de Philippe de la Mothe Houdancourt, mari de Louise de Prie

Veuve à trente trois ans, elle se retire à la campagne au château de Montpoupon et élève ses trois filles (son fils est mort peu de temps auparavant). Sept ans plus tard, en 1664, le destin l’amène à accéder à un des postes les plus enviés de la cour : gouvernante des Enfants de France (c’est-à-dire les fils et filles de Louis XIV et de la reine Marie Thérèse d’Autriche).

Jusque là, c’est Julie d’Angennes, Mme de Montausier, qui avait cette tâche mais elle demanda à être soulagée de ce rôle devant à la fois tenir sa charge de gouvernante de Monseigneur le Dauphin et de dame d’honneur de la reine Marie Thérèse.

Saint Simon explique comment le choix se porta sur Louise de Prie :
….Mr le Tellier et Mr de Louvois, son fils, étaient alors en grand crédit et fort attentifs à procurer, tant qu’ils pouvaient les principales places à des personnes sur qui ils pussent compter, au moins à en écarter celles qu’ils craignaient. Mr de Louvois avait épousé l’héritière de Souvré, la maréchale de la Mothe (Louise de Prie) était cousine germaine du père de Mme de Louvois : elle était belle, d’un âge convenable et d’une conduite qui l’était aussi…..

Louis XIV lui écrivit de Vincennes le 4 septembre 1664 :
»ma cousine, ayant à donner une gouvernante à mon fils, j’ai cru que je ne pouvais faire un meilleur choix que vous. C’est pourquoi si rien ne vous empêche d’occuper cette place, je vous la destine avec joie pour l’estime singulière que je fais de votre personne. J’attends là-dessus votre réponse par le retour de ce gentilhomme que je vous dépèche exprès. »

En complément, elle recevait une pension de 3 600 livres. Louise de Prie accepta la charge : à cette date, seul le Dauphin (né en 1661) était né et la reine enceinte devait accoucher bientôt d’une 3ème fille (en novembre). Vue la fécondité de la reine, il était à prévoir que la future gouvernante serait bien occupée.

Outre la protection de Louvois, Louise de Prie avait aussi reçu le soutien d’Anne d’Autriche dont elle avait été la fille d’honneur : en effet la reine mère aimait beaucoup la maison de la Mothe Houdancourt : le frère du maréchal (mari de Louise de Prie), Henri de la Motte Houdancourt, évêque de Rennes depuis 1639, était son grand aumônier (il sera futur archevêque d’Auch). De plus, sa grand-mère, Françoise de Souvré avait été gouvernante du petit Louis XIV qui gardait un excellent souvenir de la marquise de Lansac.

Sa réputation était de plus sans tâche et elle avait élevée plusieurs enfants à elle.
Les qualités maternelles qu’il faut trouver chez une gouvernante se trouvaient réunie chez la la veuve du Maréchal mieux que chez la marquise de Montausier qui la précédait.

La Grande Mademoiselle comparera les deux femmes :
»Mme de Montausier était une femme d’un grand esprit, qui avait de la politesse, et qui se connaissait le mieux en toutes choses. Ainsi celles qui étaient plus élevées étaient mieux de la portée de son esprit que le choix du lait des nourrices et que le jargon qu’il faut avoir pour élever des enfants. Le maréchale de La Motte ne lui succéda que par sa bonne mine et par sa prestance de gouvernante. Elle était propre à entretenir des nourrices, et à bien décider sur des bouillons et sur la qualité de la bouillie ; et, outre cela, elle devait avoir cela dans le sang, parce que sa mère avait nourri le roi.

Les trois filles qui lui restaient de son mariage allaient grâce au nouveau poste de leur mère accéder toutes trois à de beaux mariages puisqu’elles seront toutes titrées duchesses : duchesse d’Aumont, duchesse de Ventadour, duchesse de la Ferté Senneterre.
L’ainée, Françoise Angélique (qui était aussi la plus jolie), Melle de Toucy, (future duchesse d’Aumont) figurera même, dans le ballet royal « Hercule amoureux » en 1662.

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Portrait de la fille ainée de Louise de Prie :
Françoise Angélique de La Mothe Houdancourt duchesse d’Aumont,
par Justus van Egmont

Elle s’acquitta de sa charge à la satisfaction du roi pour tous les enfants de Marie Thérèse d’Autriche. A la fin de 1672, la mort du second duc d’Anjou la laissa sans emploi, le Dauphin ayant déjà onze ans, et étant passé depuis quatre ans sous la direction d’un gouverneur le duc de Montausier.

Elle reprendra du service en 1682 et sera Gouvernante pour les enfants du Dauphin : les ducs de Bourgogne, d’Anjou et de Berry. Lorsque le duc de Bourgogne se mariera et que son épouse Marie Adélaide de Savoie sera enceinte pour la première fois en 1703, elle laissera le flambeau à sa fille, la duchesse de Ventadour (amie de Mme de Maintenon qui appuiera sa candidature).

A sa mort, Saint Simon qui l’appréciait écrira :
»la maréchale de la Motte, était cousine germaine du père de Mme Louvois, elle était belle, c’était la meilleure femme au monde, qui avait le plus de soin des enfants de France, qui les élevait avec le plus de dignité et de politesse, qui elle-même en avait le plus, avec une taille majestueuse, et un visage imposant, et qui avec tout ça n’eut jamais le sens commun et ne sut de sa vie ce qu’elle disait : mais la routine, le grand usage du monde la soutint’… Elle passa sa vie à la cour dans la plus grande considération et dans une place où malgré une vie splendide, et beaucoup de noblesse d’ailleurs, elle s’enrichit extrêmement et laissa de grands biens après avoir marié grandement ses trois filles. Sa santé dura autant que sa vie, elle coucha encore dans la chambre de monseigneur le duc de Bretagne la nuit du vendredi au samedi, elle s’affaiblit tellement le samedi qu’elle reçut les sacrements, et mourut le dimanche à quatre vingt cinq ans…

Louise de Prie, demeurée veuve à un âge avancée, et qui était belle femme, fit tout son possible pour les élever dans la vertu, sachant bien que quelque soin qu’on puisse prendre, le vice ne se glisse que trop facilement dans l’esprit.

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Portrait de la fille de Louise de Prie :
Charlotte Eléonore Madeleine de La Mothe Houdancourt, duchesse de Ventadour,
qui sera Gouvernante des Enfants de France à sa suite

Elle eut beaucoup de mal avec l’ainée, particulièrement délurée, comme l’explique Bussy Rabutin dans son « histoire amoureuse des Gaules » qui déclarent, par ailleurs, que les trois sœurs étaient bossues :
.. on peut dire qu’elles sont bossues, et quoique cela ne paroisse pas aux yeux de tout le monde, il est pourtant vrai que sans un corps de fer, à quoi elles sont accoutumées dès leur jeunesse, il n’y aurait personne qui ne s’en aperçut. La duchesse d’Aumont, qui est l’ainée, est sans doute la plus belle, et quoiqu’elle ne soit pas d’une taille si avantageuse que ses sœurs, elle ne parut pas plus tôt à la cour que mille gens se firent une agréable affaire de lui en conter ; mais la maréchale sa mère, qui ne songeait qu’à lui donner un mari, écarta si bien cette foule qui l’importunait que même ceux à qui l’envie aurait pu prendre de l’épouser se retirèrent comme les autres. Cela ne plut pas à la duchesse d’Aumont que l’on appelait en ce temps Melle de Toussi, et comme elle commençait à se sentir, elle eut des besoins qui lui firent juger que si sa mère tardait encore longtemps à lui chercher un mari, elle pourrait bien en prendre un elle –même. Elle n’osa cependant lui dire ses nécessités, la connaissant trop sévère.

La cadette, Charlotte Eléonore Madeleine, duchesse de Ventadour sera la maitresse du roi pour un court instant en 1681. Elle mènera une vie fort galante (elle eut un mariage désastreux) avant de sombrer dans la bigoterie. Elle prendra le relais de sa mère et deviendra gouvernante des enfants de France en 1703, notamment les fils du Dauphin de France, ensuite les fils de Louis de France duc de Bourgogne (dont le petit Louis XV) et sera même gouvernante des premiers enfants de celui-ci.

La dernière des filles, Marie Isabelle Gabrielle Angélique de la Mothe Houdancourt, secondera sa sœur en tant que Sous Gouvernante des Enfants de France devenant même la marraine du futur Louis XV.

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Portrait de la dernière fille de Louise de Prie :
Marie Isabelle Gabrielle Angélique de La Mothe Houdancourt, duchesse de la Ferté Senneterre,
en compagnie (à droite) du duc de Bretagne et de son frère (à gauche) le duc d’Anjou (futur Louis XV)
par François de Troy[ (localisation inconnue)

En mourant à l’âge de quatre vingt cinq ans, Louise de Prie (elle-même petite fille de la gouvernant de Louis XIV) allait lancer une dynastie de Gouvernantes des Enfants de France comme le souligne Saint Simon :
….Elle eut en survivance pour les arrières petit fils de Louis XIV la duchesse de Ventadour, sa fille, qui ensuite a eu en survivance la princesse de Soubise, femme de son petit fils, après la mort de cette dernière, elle a eu la duchesse de Tallard, sa petite fille, qui par la démission de Mme de Ventadour, longtemps depuis est maintenant gouvernante en titre. Ainsi la maréchale de Souvré (sa grand-mère), Mme de Lanssac, la maréchale de la Motte, la duchesse de Ventadour, et les deux belles sœurs, petites filles de celle-ci, font cinq générations de gouverneurs et gouvernantes des enfants de France, dont trois rois et plusieurs dauphins…

soit si on récapitule :
– Françoise de Souvré marquise de Lansac (1582-1657) grand-mère de Louise de Prie et gouvernante de Louis, futur Louis XIV.
– Louise de Prie, maréchale de La Mothe Houdancourt, gouvernante du Dauphin et de ses frères et sœurs, et des enfants de Monseigneur de Dauphin (duc de Bourgogne, duc d’Anjou et duc de Berry), de 1664 à 1703.
– Charlotte Eléonore Madeleine de La Mothe Houdancourt, duchesse de Ventadour (fille de Louise de Prie), gouvernante des enfants du duc de Bourgogne (1704-1727), et des premiers enfants de Louis XV (1727-1735)
– Marie Isabelle Gabrielle Angélique de La Mothe Houdancourt, duchesse de la Ferté Senneterre, (fille de Louise de Prie), sous gouvernante des enfants du duc de Bourgogne, et marraine de Louis XV (1710)
– Anne de Melun, princesse de Soubise, (1698-1724) (femme de Jules de Rohan, petit fils de la duchesse de Ventadour), sous gouvernante des enfants du duc de Bourgogne (1714-1724).
– Marie Isabelle de Rohan, duchesse de Tallart (1699-1754), (petite fille de la duchesse de Ventadour), gouvernante des Enfants de Louis XV (de 1735 à 1765).

sources :
– Mémoires de Saint Simon.
– “histoire amoureuse des Gaules” de Bussy Rabutin.
– Mémoires de Melle de Montpensier.

 

Descendants de Louise de Prie

Jusqu’aux petits-enfants.

Louise de Prie, marquise de Toucy, née vers 1624, décédée le 6 janvier 1709, Versailles (à l’âge de peut-être 85 ans), gouvernante des Enfants de France (enfants et petits enfants de Louis XIV) de 1664 à 1703.
Mariée le 22 novembre 1650, Saint Brice en Auxerrois, avec Philippe de La Mothe, seigneur d’Houdencourt, duc de Cardona (1642), né en 1605, décédé le 24 mars 1657, Paris, 75 (à l’âge de 52 ans), dont

Total: 10 personnes (conjoints non compris).

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