Charlotte de Lorraine, Melle d’Armagnac, comtesse de La Bazole, dame de Bois Sainte Marie (1677-1757)

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Née le 6 mai 1678
Morte le 21 janvier 1757 dans son hôtel, rue Saine Anne à Paris

Elle est la sixième fille et le onzième enfant (sur douze) de Louis de Lorraine, 2ème comte d’Armagnac, Grand Écuyer de France (1641-1718)  et de Catherine de Neufville de Villeroy (1639-1707) (voir sa bio), dame du palais de la reine Marie Thérèse qui se sont marié le 7 octobre 1660.

Elle eut 7 frères et 6 sœurs :

* Henri de Lorraine-Brionne (15 novembre 1661- 3 avril 1713), comte de Brionne, gouverneur d’Anjou, il épousera Marie Madeleine d’Espinay (morte en 1714) le 23 décembre 1689 dont il aura deux enfants.
grand écuyer en survivance en 1677 mais n’a jamais exercé cette charge.

* Marguerite de Lorraine (17 novembre 1662-15 décembre 1730) qui épousera le 25 juillet 1675 à Versailles Nuno Alvares Pereira de Mello, duc de Cadaval (1638-1727) à qui elle donnera quatre enfants.

* Françoise de Lorraine (née le 28 février 1664, morte jeune).

* François Armand de Lorraine-Harcourt-Armagnac (13 février 1665- 9 juin 1728), évêque de Bayeux.

* Camille de Lorraine-Harcourt-Armagnac (26 octobre 1666- 6 decembre 1715), dit le prince Camille, lieutenant général des armées, Grand Maréchal de Lorraine, Grand Maître de la Maison de Lorraine, non marié.

* Armande (née le 8 juillet 1668-morte en 1681).

* Philippe de Lorraine-Harcourt-Armagnac (29 juin 1673-1677).

* Marie (née le 12 aout 1674- morte le 30 octobre 1724 à Monaco) épouse le 8 juin 1688 à Versailles Antoine 1er Grimaldi prince de Monaco (1661-1731) à qui elle donnera six filles.

* Louis Alphonse Ignace de Lorraine-Harcourt-Armagnac (24 aout 1675-24 aout 1704), dit le bailli de Lorraine, chevalier de Malte, chef d’escadre des armées navales du Roi, tué à Malaga.

* Anne Marie de Lorraine-Harcourt-Armagnac (29 septembre 1680-19 decembre 1712 à Monaco).

* François Louis de Lorraine (né le 29 septembre 1680- mort le 29 decembre 1712 à Monaco), abbé commandataire de la Chaise Dieu.

* Marguerite (née le 20 juillet 1681-morte jeune).

* Charles de Lorraine-Harcourt-Armagnac (né le 22 février 1684-29 decembre 1751) voir sa bio, comte d’Armagnac, chevalier des ordres du roi, Grand Ecuyer de France, qui épouse le 12 mai 1717 Françoise Adélaïde de Noailles (1704-1776). Il divorce en 1721.

Portrait de Louis de Lorraine, Grand Ecuyer de France, père de Charlotte de Lorraine

 

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Célèbre pour sa beauté, elle vit à Versailles et fit partie de toutes les fêtes données par le Roi à Marly, pour son plaisir et pour maintenir sa noblesse dans les honneurs. Le couple formé par “Monsieur le grand” et Madame la comtesse d’Armagnac vivait dans un grand appartement à Versailles où l’on jouait à la table de jeu à toute heure de la journée.

La famille était fort jalousée par les nobles moins bien en cour. L’une de leurs filles, Marie, épouse à quatorze ans le prince de Monaco, c’est sa jeune sœur, Charlotte (dix ans) qui porte la traine de la mariée lors des cérémonies du mariage comme le relate Mme de Sévigné :

…Mr le duc de Valentinois (Antoine 1er de Monaco) a épousé Melle d’Armagnac (Marie). Ma fille (Mme Grignan) revient charmée de la beauté du spectacle, c’était Mademoiselle d’Armagnac, belle, aimable, et toute brillante de pierreries, dont la queue, à la manière des princesses était portée par sa sœur (Charlotte) encore plus belle et plus jeune qu’elle. Toute la beauté de la cour était réduite dans cette maison…
(lettre à Bussy Rabutin, 15 juin 1688)

Les projets de mariage pour Mademoiselle affluèrent à Versailles. Charlotte manqua d’abord d’épouser le duc de Saint Simon (le mémorialiste) en 1695. Des projets avec Jean François Paul de Créquy, le duc de Lesdiguière, puis avec le margrave de Anspach ne se concrétisèrent pas, ce dernier était blessé de la trop grande familiarité qui existait entre Charlotte et Louis d’Aumont, duc d’Aumont, marquis de Villequier (1667-1723).

En 1703, puis 1705, il fut question d’épouser le duc de Saint Pierre, puis le prince d’Elboeuf. En 1706, elle refusa un nouveau parti.

Louis XIV s’opposa par la suite à son union avec le fils illégitime Louis Alexandre (1678-1731), comte de Toulouse, qu’il avait eu de Madame de Montespan. Le Roi, pour faire plaisir à Monsieur le Grand qu’il a toujours eu en haute estime, proposa un mariage avec le grand duc de Toscane. Mademoiselle se rendant compte de l’éloignement que causerait ce mariage avec un homme déjà fort âgé et conseillée par sa mère qui l’adorait, refusa et dit au Roi qu’elle préférait “l’honneur d’être sa sujette’‘.

Louis Alexandre de Bourbon, comte de Toulouse, prétendant à la main de Charlotte de Lorraine
(Louis XIV s’opposera à ce mariage)

Son père fut consulté par le roi et demanda à obtenir auparavant l’autorisation de sa fille pour ce mariage, ce que Charlotte refusa.
Saint Simon le relate dans ses Mémoires (1706) :
…Le cardinal, grand duc de Toscane, quoique vieux, songea à rendre son chapeau, à continuer sa maison, s’il pouvait, et à se marier. Il le voulut être de la main du roi et à une Française. Il lui en écrivit. Le roi, comme on l’a souvent vu, aimait M. le Grand. Il n’avait pas sur la Toscane les mêmes raisons, à l’égard de la maison de Lorraine, qu’il avait eues pour Mantoue, à cause du Montferrat. Il se souvenait toujours qu’il avait empêché le comte de Toulouse d’épouser Mlle d’Armagnac, chassé Longepierre, qu’il avait mis auprès de lui, pour avoir brassé cette affaire, et fait longuement sentir son indignation à Mlle d’Armagnac pour l’avoir poussée aussi loin qu’elle avait pu. Il songea donc à dédommager M. le Grand par un mariage qui pouvait faire sa fille grande-duchesse de Toscane. Il en parla à M. le Grand qui en fut comblé, mais le supplia de trouver bon qu’il consultât sa fille. Elle ne put consentir à changer une vie si agréable et si aisée contre un pays étranger, austère, jaloux, avare, avec un mari vieux, qui lui laisserait peu de liberté dans un pays où elle n’était guère en, usage et où elle ne verrait personne que par audiences. Sa mère, qui ne s’en pouvait passer, n’eut garde de la vouloir contraindre, et, dès qu’elle ne le voulut pas, le père fut du même avis. Il en fit sa cour, il dit au roi que sa fille préférait l’honneur d’être sa sujette, et de vivre dans sa cour, aux plus grandes fortunes étrangères. Le roi lui en sut le meilleur gré du monde…

Selon Saint Simon, Charlotte de Lorraine était maitresse dans la maison de son père et y vivait une vie libre et sans contrainte :
. Mlle d’Armagnac vivait à la cour depuis son enfance, adorée de sa mère qui était la maîtresse de la famille et de son mari. Elle était dans la maison de la plus grande et de la plus brillante représentation de la cour; elle aimait le jeu passionnément, on y jouait jour et nuit le plus gros jeu du monde. Elle était encore belle comme le jour; elle était en maison libre et du plus grand abord, où on ne le lui avait pas laissé ignorer….

Ce père qui adorait sa fille, et qui s’inquiétait de son avenir puisqu’elle refusait de se marier réussit à obtenir pour elle une pension de 30 000 livres de Louis XIV en 1713 :
L’orgueil de M. le Grand ne put supporter longtemps la distinction unique d’une pension de trente mille livres donnée à la duchesse de Chevreuse. Il se fit porter chez le roi, car il ne pouvait presque plus se soutenir depuis longtemps par l’accablement de la goutte, et là en diminutif de M. de La Rochefoucauld, il se mit à parler de ses maux, de sa fin prochaine, de l’état de ses affaires, de la façon la plus touchante, qu’il finit par demander une grâce sans l’expliquer, avec toute l’instance possible. Le roi, de longue main accoutumé à ne lui refuser rien, lui demanda ce qu’il voulait. Alors il étala le mérite de Mlle d’Armagnac, sa tendresse pour elle, et sa désolation de se voir sur le point de la laisser sans pain. Avec ses prosopopées, il eut pour elle une pension de trente mille livres….

En 1715, au décès du Roi Louis XIV, Charlotte eut à souffrir de sa célébrité, on assurait qu’elle entretenait de coupables relations avec ses serviteurs. Cet écart de conduite, s’il était commun dans la noblesse, était impardonnable entre une femme d’un si haut rang et un roturier.

Elle fut donc envoyée en exil sur ses terres pendant près de trente ans à la Bazolle et à la Farge.

Portrait de Charlotte de Lorraine (à gauche) avec sa sœur Marie de Lorraine princesse de Monaco (à droite) en 1693 par Nicolas Fouché

Mademoiselle de Lorraine s’installe donc à la Bazolle, où elle du s’ennuyer fortement, si éloignée de la cour. Elle entreprit la visite de ses fermes, rendit la justice à Maizilly (Loire) dans une tour aujourd’hui disparue, que la mémoire locale situerait au bas de l’église actuelle. Elle reprit les procès avec les chanoines de Beaujeu pour les terres de la Farge et refusa de payer la dîme.

La princesse s’est installée à Châteauneuf (en Brionnais) en juillet 1740.

Après ce passage tourmenté dans le Brionnais et le Haut Beaujolais, la princesse vendit toutes les seigneuries, droits et terres qu’elle possédait en Mâconnais, Beaujolais et Lyonnais, le 3 mars 1748, au comte Etienne de Drée, chevalier, seigneur de Verpré, Barnay, Moulin le Bost, Viry, la Sarraudière etc… moyennant la somme de 300.000 Livres.

Charlotte de Lorraine se retira en son hôtel de la rue Sainte Anne à Paris, où elle mourut le 21 janvier 1757 à l’âge de quatre vingt ans.

Sources :
– mémoires de Saint Simon.
– Lettres de Mme de Sévigné.
– Wikipedia[center]

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