Marie Angélique de Scorailles, duchesse de Fontanges (1661-1681)

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Fille d’honneur de Madame Palatine, duchesse d’Orléans, de 1678 à 1680

Maitresse de Louis XIV

Née en septembre 1661 au château de Cropières
Morte le 28 juin 1681 à l’abbaye de Port Royal
Inhumée à l’abbaye de Port Royal, son cœur fut porté à l’abbaye royale de Chelles dont sa sœur était l’abbesse.

Troisième fille de Jean Rigal de Scoraille, marquis de Roussille, seigneur de Montjou, baron de Cropières, seigneur de Saint Juéry, baron de Fontanges, seigneur de Puechmourier, d’Anteval, de Teissargues, de Montjou (né vers 1622, décédé le 17 mars 1701, inhumé à Raulhac dans le Cantal), maréchal de camp du régiment d’Espinchal, et de son épouse Aimée Eléonore de Plas, (née en 1623 – décédée le 26 juin 1685 au château de Roussille, Lamazière, en Corrèze).

Jean Rigal de Scoraille servit en plusieurs occasions durant la minorité du roi Louis XIV et commandait en qualité de lieutenant-mestre de camp du régiment d’Espinchal, au siège de Montrond. Il épouse Aimée Eléonore de Plas le 27 janvier 1640.

jean_rigaud.0.de_scoraillesJean Rigal de Scoraille père de la duchesse de Fontanges

Marie Angélique de Scoraille était la troisième fille du couple qui eut 7 enfants (3 fils, 4 filles) : ses frères et ses sœurs étaient :

*Jeanne (« Catherine ») de Scoraille, (née vers 1655- morte le 6 avril 1688), religieuse de Saint-Benoit en l’abbaye de Faremoutier , bénite abbesse de Chelles le 25 aout 1680.
*Catherine Gasparde de Scoraille (née en juillet 1657- morte le 12 janvier 1736 à Paris) épouse en premières noces, en 1681, Sébastien de Rosmadec, marquis de Molac (1658-1700), lieutenant général en Bretagne, gouverneur de Nantes ; elle épouse en deuxième noces le 27 juillet 1709 Henri de Chabannes, marquis de Curton (1653-1714).

gasparde_catherine.1.de_scoraillesGasparde Catherine de Scoraille, marquise de Rosmadec, soeur de la duchesse de Fontanges

* Anne Joseph de Scoraille, marquis de Roussille, seigneur de Cropières (né 1658- mort le 16 mars 1701) épouse le 7 janvier 1677 au château de Privezac (Rodez) Charlotte de Tubières, dame de Caylus (morte en 1719) dont postérité.
* Henri de Scoraille, seigneur de Grammont (né en 1659 – mort en avril 1676 au siège de Condé).
*Anne de Scoraille, Mademoiselle de Saint Juéry, (née vers 1662 – morte après 1680), religieuse à Chelles, puis abbesse de Notre Dame des Près à Paris.
*Louis Léger de Scoraille (né en 1663 – mort en 1692) abbé de Valloires.

aimee_leonore.0.de_plasAimée Léonore de Plas, mère de la duchesse de Fontanges

De sa liaison avec Louis XIV, elle aura :
* un fils mort né en décembre 1679 (ou janvier 1680 selon certains historiens).
* une fausse couche en mai 1680 (non reconnue par certains historiens).
* une fille morte née prématurément en mars 1681.

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Ayant remarqué sa grande beauté, César de Grollée, un cousin de son père l’emmène à Paris dans le dessein de l’introduire à Versailles. Elle est logée chez Catherine Henriette d’Harcourt, duchesse d’Arpajon, dame d’honneur de Madame la Dauphine.

Cette dernière la présente à la duchesse d’Orléans (Elisabeth von der Pfalz, la fameuse « Madame Palatine ») qui l’accepta parmi ses filles d’honneur le 17 octobre 1678.

Tous ses contemporains s’accordent à reconnaître sa beauté : des cheveux châtains très clair tirant sur le roux, le teint très clair, extrêmement belle et la taille fine, le regard mélancolique, la bouche bien coupée, les dents parfaitement belles ; sa taille accomplie était au dessus de la moyenne et lui donnait une démarche noble et un port de reine

510_001Le chateau de Cropières (Cantal) lieu de naissance de la duchesse de Fontanges

Marie Angélique de Scoraille arrive alors du fin fond de la province et n’a pas l’esprit nécessaire pour briller à Versailles d’où l’étiquette de « sotte » que lui laissera la postérité et ses contemporains.

Lorsqu’elle arrive à Versailles, Louis XIV, qui a quarante ans, se lasse de sa liaison avec Mme de Montespan. De plus en plus ses regards se tournent vers la gouvernante de ses bâtards, Mme de Maintenon. Lors des fêtes données à Versailles, Mme de Montespan remarque le regard du roi envers la jeune Marie Angélique. Rassurée sur l’esprit de la jeune fille, l’abbé de Choisy la déclarera « belle comme un ange mais sotte comme un panier », Mme de Montespan mettra alors celle-ci sur le chemin du roi afin de le détourner de Mme de Maintenon, rivale autrement dangereuse.

Louis XIV fut tout de suite séduit par la jeune beauté ; l’ambassadeur Spanheim note : « Le duc de La Rochefoucauld, un des courtisans les plus accrédités dans les bonnes grâces du roi, fut l’entremetteur de sa passion et n’eut pas de peine à y faire répondre agréablement la dame « . En effet, il suffit de quelques mots doux, d’une paire de pendants d’oreilles et d’un sautoir de perles pour la conquérir.

81603757_oLa duchesse de Fontanges par Jean Petitot

Angélique de Scoraille reçut alors le roi dans sa chambre du Palais Royal. Leur liaison débute en 1678 et le roi garde la liaison secrète jusqu’en avril 1679. Il décide d’installer la jeune fille dans un pavillon du Château Neuf à Saint Germain en Laye.

Puis le roi décide de montrer sa nouvelle favorite, à la Cour, un matin lors de la messe, aux cotés de sa maitresse officielle (la Montespan) et de sa femme. Il porte bien souvent des rubans assortis à ceux d’Angélique et multiplie les fêtes en son honneur ; Angélique de Scoraille accumula vite des signes de distinction inouïs et quantité d’argent, de bijoux, de bénéfices pour elle et sa famille.

Le duc de Saint Aignan (François Honorat de Beauvilliers (1607-1687) en parfait courtisan s’empresse de rédiger des vers à la gloire de la nouvelle favorite :

Le plus grand des héros a paru dans cette histoire
Mais, quoi : je n’y vois point sa dernière victoire,
De tous les coups qu’a fait ce généreux vainqueur,
Soit pour prendre une ville ou pour gagner un cœur
Le plus beau, le plus grand et le plus difficile,
Fut la prise d’un cœur qui sans doute en vaut mille,
Du cœur d’Iris enfin, qui mille et mille fois,
Avait bravé l’amour et méprisé les lois.

 

La Fontaine lui-même adressera à Marie Angélique de Scoraille la pièce qu’il fit à l’occasion du mariage du prince de Conti (François Louis et de Marie Thérèse de Bourbon Condé) :

L’éclat fut pris des feux du firmament,
Chaque déesse et chaque objet charmant
Qui brille au ciel avec plus d’avantage
Contribua du sien à cet ouvrage
Pallas y mit son esprit si vanté
Junon son port, et Vénus sa beauté
Flore son teint, et les Graces, leurs grâces.

Louis XIV ne cesse de programmer des divertissements en l’honneur de sa nouvelle favorite.

510px-Liselotte_von_der_Pfalz_1670_remElisabeth von der Pfalz, duchesse d’Orléans  (Madame Palatine) eut comme fille d’honneur Angélique de Scorailles

Primi Visconti note: « Le Roi vivait avec ses favorites, chacune de son côté, comme dans une famille légitime : la reine recevait leurs visites ainsi que celles des enfants naturels, comme si c’étaient pour elles un devoir à remplir, car tout droit marchait selon la qualité de chacune et la volonté du Roi. Lorsqu’elles assistent à la messe à Saint-Germain, elles se plaçaient devant les yeux du Roi, Madame de Montespan avec ses enfants sur la tribune à gauche, vis-à-vis de tout le monde, et l’autre à droite, tandis qu’à Versailles, Madame de Montespan était du côté de l’Évangile et Mademoiselle de Fontanges sur des gradins élevés du côté de l’Épitre. Elles priaient, le chapelet ou leur livre de messe à la main, levant les yeux en extase, comme des saintes »

Profondément épris de sa jeune conquête, le roi se détourne définitivement de Mme de Montespan, prise à son propre piège. Cette dernière déclarera à Mme de Maintenon : « le roi a trois maîtresses, moi de nom, cette fille de fait, et vous de cœur. »


Coiffure « à la Fontanges »

Brillante cavalière, Marie Angélique de Scoraille suit les chasses royales : lors d’une chasse dans la forêt de Fontainebleau, ses cheveux se défont, et elle les renoue brièvement avec son mouchoir et orné de quelques plumes. Le roi charmé, lui en fera compliment et demandera qu’elle conserve sa coiffe jusqu’au soir. Aussitôt, la mode est lancée et les dames de la cour se coifferont « à la Fontanges ».

A l’été 1679, la nouvelle favorite est enceinte pour la première fois : elle accouche d’un fils mort né en décembre 1679. Sa santé se trouve altérée, elle a des pertes de sang, les courtisans, moqueurs, la disent « blessée dans le service ».

Marie Angélique de Scoraille, duchesse de Fontanges

Madame de Sévigné écrit « On la soigne d’une perte de sang très opiniâtre et très désobligeante, dont ses prospérités sont troublées »

Au début de l’année 1680 Marie Angélique de Scorailles revient à la cour, mais sa santé demeure fragile. Le roi n’aime pas les femmes malades, et lorsqu’il la nomme duchesse de Fontanges le 6 avril 1680, avec une pension conséquente de 22 000 écus, chacun se doute que la rupture n’est pas loin.

En mai 1680, elle aurait fait une fausse couche.

Dans ses mémoires, Mme de Caylus écrit « cette fille s’est tuée pour avoir voulu partir de Fontainebleau le 13 mai (1680), le même jour que le roi quoiqu’elle fut en travail et prête à accoucher. Elle fut depuis toujours languissante ».

athenaisdemontespan2La marquise de Montespan, rivale de la duchesse de Fontanges

A la fin de l’automne de l’année 1680, elle se retire à l’abbaye de Chelles dont sa sœur est abbesse pour rétablir sa santé. Là, elle se découvre de nouveau enceinte du roi, et part à l’abbaye de Port Royal, rue du Faubourg St Jacques, pour ses couches.

En mars 1681, elle accouche prématurément d’une fille morte née, mais doit demeurer alitée, crachant son sang. Pendant trois mois, sa santé va périodiquement décliner et sa beauté s’estomper. Il semble que le roi vint la voir à sa demande, et versa des larmes lorsqu’il vit sa condition.

Portrait supposé de  la duchesse de Fontanges

Elle meurt à l’âge de vingt ans à Port Royal, dans la nuit du 27 au 28 juin 1681, à la consternation générale, et l’on ne tarde pas à parler d’empoisonnement. On est alors en plein dans l’Affaire des Poisons, et le bruit se répand que la Montespan a assassiné sa jeune rivale.

Mme Palatine précise dans ses mémoires : » « La Montespan était un diable incarné; mais la Fontanges était bonne et simple, toutes deux étaient fort belles. La dernière est morte, dit-on, parce que la première l’a empoisonnée dans du lait; je ne sais si c’est vrai, mais ce que je sais bien, c’est que deux des gens de la Fontanges moururent, et on disait publiquement qu’ils avaient été empoisonnés «

La famille de la favorite demandera une autopsie, les médecins diagnostiqueront une tuberculose avec « une pourriture totale des lobes droits du poumon, de l’eau dans le membrane enveloppant le cœur qui a pour conséquence l’augmentation du volume du foie, ce que l’on appelle le foie gras »

vue_PRL’abbaye de Port Royal des Champs

Marie Angélique de Scoraille est inhumée à l’abbaye de Port Royal, et son cœur fut porté à l’abbaye royale de Chelles dont sa sœur Jeanne de Scoraille était l’abbesse.

La duchesse de Fontanges et ses contemporains :
Selon l’abbé de Choisy : ...”belle comme un ange, mais sotte comme un panier”
Mme la Palatine : « la Fontange, quoique très belle, est tout à fait rousse ».

Sources ;
– Wikipedia
– Mémoires de St Simon
– Mémoires historiques et critiques des reines, volume 6 par Jean François Dreux du Radier.

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