Actrice d’Hollywood
Née le 21 septembre 1924 à Chicago, Illinois (USA)
Morte le 24 aout 1961 à Brentwood, Californie, USA
Enterrée au Walhalla Memorial Park dans le nord d’Hollywood, Californie, USA
Gail Russell naquit à Chicago(Illinois) le 21 septembre 1924. Son père, George Harrisson Russell, vendait des voitures et sa mère, Gladys Barnet, fut un temps tentée par une carrière dans le cinéma, mais renonça faute d’opportunité.
A l’âge de cinq ans, Gail était une enfant précoce dans le dessin ; à l’âge de sept ans, elle commençait à dessiner des bandes dessinées. A dix ans, elle s’intéressait à la peinture à l’huile encouragée par ses parents.
La famille Russell profitait du week end pour se lancer dans des concerts en famille : en effet, chaque membre Russell savait jouer d’un instrument.
Le père jouait du violon (mais aussi du piano, de la clarinette et de la guitare), le frère de Gail (George, de cinq ans plus âgé que sa sœur) jouait de la guitare, et Gail jouait de la batterie.
Gail dira de son père qu’il lui disait lorsqu’elle était toute petite, qu’ »elle était capable d’atteindre tous les objectifs qu’elle voulait, car elle était consciencieuse dans tout ce qu’elle faisait », elle ajouta qu’à cette époque, étant enfant, elle ne l’avait pas cru car, pour elle, ses paroles paternelles étaient motivées par l’amour qu’il avait pour elle. La jeune Gail était une adolescente sage, et après les cours, elle restait à la maison pour dessiner ou peindre. Elle était d’une timidité maladive à la maison, et à l’école : à l’âge de douze ans, elle pouvait se cacher sous le piano lorsque ses parents invitaient des inconnus à la maison.
Elle dira plus tard que les cours de récitation à l’école étaient une torture, la rendant souvent muette d’angoisse. La jeune Gail était, par contre, fascinée par les films de comédies musicales de Hollywood, et elle ne manquait jamais une séance au cinéma du quartier lorsqu’un film avec son idole, Ginger Rogers, passait sur les écrans. Gail remplissait des cahiers entiers de photos de l’actrice, accompagnées de ses coupures de presse.
A l’âge de douze ans, la famille Russell quitta Chicago pour s’installer en Californie, à Santa Monica. Le père de Gail trouva un emploi dans l’aéronautique à Lockheed Aircraft et son frère George partit à l’armée.
Lors de son premier jour à l’école de Van Nuys High School de Santa Monica, la jeune Gail répondit présent en même temps qu’une autre élève lorsque le nom de « Russell » vous prononcer pour l’appel à haute voix : l’autre élève qui avait répondu présent n’était autre que Jane Russell (la future star et pin up de Hollywood). Les deux jeunes filles devinrent très vites des amies, même si Jane avait trois ans de plus que Gail.
La beauté de Gail la distinguait des autres filles, elle avait une belle chevelure brune et des yeux d’un bleu saphir, tant et si bien qu’elle était surnommée par les garçons de son école la « Hedy Lamarr de Santa Monica ». C’est par le bavardage fortuit de deux adolescents de l’école de Gail que Milton Lewis (à la tête de la recherche de nouveaux talents pour Hollywood) prit connaissance de l’existence de la jeune fille.
Il laissa un message téléphonique à l’école de Gail (la Santa Monica Tech) demandant à la jeune fille de le rappeler en urgence dans le but de faire un bout d’essai pour le studio Paramount. Gail avouera qu’à l’époque, elle avait cru à une plaisanterie de l’un de ses camarades de classe. Elle en parla tout de même à sa mère, qui crut au message illlico et la traîna de force au studio de la Paramount, même en étant pleinement consciente de la timidité maladive de sa fille.
Milton Lewis confiera plus tard que dès le premier regard il avait compris que la jeune fille possédait une sensibilité artistique développée, mais qu’il avait douté que la jeune fille puisse résister à la vie agitée des jeunes actrices de Hollywood : il avait déjà perçu beaucoup de la fragilité de Gail dans le bout d’essai qu’elle tournât pour eux trois jours plus tard. C’était une scène du film « Love Finds Andy Hardy » et ce fut un triomphe.
Le 17 juin 1942, à l’âge de dix huit ans, Gail Russell signait un contrat de sept ans avec la Paramount avec un salaire de 50 $ la semaine. La Paramount était avide de diriger rapidement cette jeune fille belle et talentueuse, et elle tourna son premier film en 1943 (« Henry Aldrich gets glamour ») : elle y jouait le rôle d’une étudiante sexy qui volait le héros à sa petite amie de province.
Les films « Henry Aldrich » faisaient partie d’une série de films qui servaient de base pour mettre en avant les talents potentiels du studio (jeunes garçons et jeunes filles).
La rivale de la Paramount, la MGM (Metro Goldwin Mayer), avait elle aussi sa propre série les « Andy Hardy » dans le même genre et le même but. Gail Russell était tellement inexpérimentée et innocente qu’elle avouera dans une interview que sa toute première danse avec un garçon, elle l’avait vécu dans ce premier film. C’est dans ce film aussi qu’elle portât pour la première fois des chaussures à talons hauts. Elle avouera aussi qu’elle tournât ce film, crispée de peur sur sa chaise, entre chaque scène.
Gail Russell dans “Henry Aldrich gets glamour” (1943)
A la sortie du film, les critiques cinématrographiques furent enthousiastes sur sa performance et la production de la Paramount encouragea bientôt la jeune fille à sortir avec des jeunes premiers. Elle prit aussi des cours de diction pour que sa voix soit plus rauque et plus sexy.
En 1944, elle tourna dans « Lady in the dark » et rencontra sur le tournage son idole de toujours, l’actrice Ginger Rogers. Couplée avec sa timidité légendaire le fait de se trouver avec son idole paralysa de peur la jeune actrice : il fallut à l’équipe presque deux jours pour que Gail puisse sortir les deux lignes du répertoire qu’elle devait prononcer, car dès que la caméra se tournait vers elle, elle se pétrifiait de peur.
Ginger Rogers et Gail Russell dans “Lady in the dark” en 1944
Ginger Rogers eut pitié de l’actrice débutante, et la prit sous son aile : elle lui enseigna les pas pour danser le Charleston, et pour la divertir l’interrogeait sur ses goûts pour les livres, la musique, l’art, et Gail prit l’habitude de faire des dessins de Ginger, que cette dernière agrafait sur son miroir dans sa loge.
Consciente que la jeune fille avait du potentiel, Ginger Rogers encouragea le chef de la production de la Paramount a donner des rôles plus importants à la jeune actrice.
C’est ce qui va se passer dans le courant de l’année : Gail va prendre des cours accélérés d’accent britannique pour incarner l’héroïne de « « The Uninvited » (une histoire de fantômes qui hantent une maison): la publicité de la Paramount mit une énorme pression sur la jeune actrice :
« Gail Russell nous montre ses talents dans le drame ce qui lui assure une place dans le firmament des stars, elle possède la jeunesse, la beauté, le talent que la pellicule réclame avec grand renfort, et elle possède l’aura d’une actrice confirmée « (article du magazine « Variety ») : avec autant de pression, le résultat ne se fit pas attendre, Gail fit une dépression nerveuse à la fin du tournage.
La dépression fut gérée par les médecins du studio et rien ne filtra dans la presse : le studio envoya Gail Russell se reposer en grand secret pendant trois semaines à Phoenix en Arizona.
Puis, au bout de ces trois semaines, Paramount expédia Gail Russell à New York, pour une série d’interviews, afin de promouvoir la sortie du film.
“The uninvited” avec Ray Milland et Ruth Hussey en 1944.
Le prochain film de Gail allait être une comédie (« Our hearts were young and gay ») toujours en 1944.
Ce film va l’a propulser au statut de « Star » mais le problème c’est que la jeune femme est toujours pétrie de terreur avant chaque prise. Sur le conseil de quelqu’un (l’histoire n’a pas retenu son nom mais on suppose qu’il s’agit d’un des acteurs du film), et pour calmer sa peur panique, elle prit un verre d’alcool sur le tournage de ce film, et peu à peu, elle va acquérir cette terrible habitude pour combattre sa terreur, elle n’a alors que vingt ans….
Le contrecoup immédiat c’est qu’elle ne sait plus ses textes, et le metteur en scène doit faire plusieurs prises avant de trouver la bonne. Le studio, vite conscient que Gail se tourne vers l’alcool, va interdire aux journalistes de se présenter sur le tournage du film, afin que le problème récurrent de Gail Russell ne soit pas rendu public.
“Our hearts were young and gay” (1944)
En 1945, Gail a vingt et un ans, et elle va rencontrer celui qui sera le grand amour de sa vie, le très séduisant Guy Madison (âgé de 23 ans) qui est lui aussi jeune acteur. Guy Madison débute alors que Gail est déjà une star de la Paramount.
Leur premier contact reste assez froid, mais lorsqu’il se rencontre quelques semaines plus tard chez Henry Willson, un homosexuel notoire et une connaissance commune, ils tombent amoureux l’un de l’autre.
Quelques semaines plus tard, en 1947, la jeune actrice est prêtée par la Paramount pour tourner chez United Artist, et elle tourne le rôle féminin principal avec John Wayne dans un western intitulé « The angel and the badman ».
Puis elle tourne un film d’espionnage avec Alan Ladd « Calcutta », toujours en 1947, où elle joue un rôle de garce séductrice.
Gail retrouve l’acteur John Wayne dans un film d’aventure « Wake of the red witch » en 1948. En février 1949, Gail prend ses distances avec la Paramount, et part en voyage avec son amoureux Guy Madison : elle part en croisière à la Havane à Cuba. Lorsqu’elle revient, la Paramount la prête à la Columbia pour tourner un film où elle joue une princesse indienne « Song of India ».
“The Angel and the badman” (1947)
Ce film va marquer le début d’une série de choix de films désastreux pour la jeune femme qui voit sa côte dégringoler au box office.
Pour redorer le blason de la jeune actrice, la Paramount s’emparera de la publicité qui va entourer le mariage de Gail et de Guy Madison : le 31 août 1949 le couple s’unit à Santa Barbara (après quatre ans de vie commune) : Gail déclarera aux journalistes que « ce jour est le plus heureux de sa vie »… curieusement ni ses parents, ni son frère, ne seront invités à la cérémonie.
Le couple passera sa lune de miel dans le parc national des Yosemite et Gary Madison apprendra à sa femme à pêcher et à chasser. Elle se donnera pour mission d’être une épouse parfaite. En ce qui concerne sa carrière, elle tentera un bout d’essai pour devenir la co star de Bing Crosby et teint ses cheveux en roux, mais le studio préfèrera prendre l’actrice Rhonda Fleming, aux formes plus plantureuses.
“The lawless” avec Macdonald Carey (1950)
1950 sonnera la dernière année du contrat de Gail avec la Paramount : cette dernière lui fera tourner un film sur la mafia « The lawless » et elle y jouera une journaliste mexicaine. Sur le plateau du tournage, le directeur aura pour ordre de ne pas laisser la jeune femme s’isoler dans sa loge, et de veiller à ce qu’elle ne touche pas à une goutte d’alcool. Le metteur en scène, Joseph Losey, racontera plus tard les difficultés qu’il eut avec la jeune actrice :
« le studio m’avait ordonné de ne pas laisser Gail Russell toucher à une goutte d’alcool ; la première scène que je tournais avec elle était une scène avec un dialogue extrêmement long et qui devait se tourner de nuit : il y avait bien trois à quatre pages de dialogues à apprendre par cœur, or elle fut incapable de sortir une seule phrase. Au bout d’un moment, elle m’attrapa la main (ses mains étaient gelées) et elle était complètement rigide : elle me dit « écoutez, c’est la première fois qu’un metteur en scène me demande une scène aussi longue, je ne suis pas une actrice, je ne sais pas jouer, je ne suis pas capable de faire ce que vous me demandez ».
A quoi Joseph Losey lui répliqua qu’elle était une actrice, et elle lui répliqua : « non, pas du tout, je ne me suis jamais fait d’illusion, je déteste ce métier, j’en ai peur, donnez moi un verre et tout ira mieux pour moi, donnez moi un verre bon sang ! ».
Le metteur en scène lui donnera un verre de vodka et elle fut capable de tourner la scène.
Après ce tournage, Gail Russell refusera de tourner « Flaming Feather » avec Sterling Hayden et la Paramount mettra fin à son contrat. Les problèmes d’alcools de Gail étaient maintenant connus de tous. Le studio Universal lui trouvera un rôle dans « Air cadet » mais son rôle qui exigeait une coupe de cheveux courts déconcerta ses fans ; de plus, elle était apparue sans éclat, et ayant perdu trop de poids.
En fait, son mari, Guy Madison, était retenu sur le tournage d’une mini série « Wild Bill Hickock », et la jeune femme voyait de moins en moins celui ci. De plus, le tournage avait lieu sur une base aérienne dans l’Arizona ,et le soir, l’équipe était reconduite dans un motel loué par la production, où Gail Russell, seule dans sa chambre d’hotel, noyait sa dépression et sa solitude dans l’alcool.
Au petit matin, le chauffeur qui venait la récupérer pour la conduire sur le lieu du tournage, la retrouvait souvent ivre morte.
A la fin du tournage, et de retour en Californie, Gail retrouva son époux, mais ce dernier eut du mal à assimiler le nouvel état de sa jeune femme (qui buvait plus que de raison) et les sautes d’humeur de cette dernière, que l’alcoolisme rendait morose et dépressive. Ils décidèrent de se séparer d’un commun accord à l’été 1953, mais sans parler de divorce pour le moment.
En octobre 1953, la deuxième épouse de l’acteur John Wayne (Esperanza Baur) entama une procédure de divorce contre son époux, en l’accusant d’adultère avec Gail Russell.
La pression médiatique s’empara du scandale et les articles sur la supposée liaison de Gail fut le déclencheur de la première crise de la jeune femme : elle entra pour un traitement psychothérapeutique à Seattle pendant un mois.
De plus, autrefois protégée par le service publicité de la Paramount, maintenant elle devait affronter la presse qui se faisait des gorges chaudes de ses problèmes d’alcoolisme et de sa supposée liaison avec John Wayne (dont l’idéal féminin était les femmes brunes aux yeux bleus) .
En novembre 1953, quelques jours après sa sortie de clinique, la police arrêta Gail Russell pour conduite en état d’ivresse : ce fut Guy qui vint payer sa caution pour la faire sortir du poste de police.
Mais la jeune femme continua à boire, et Guy Madison obtint le divorce en octobre 1954 : il devait déclarer à la presse : « Notre divorce me fait mal au cœur, j’apprécie Gail, avec elle j’ai eu la chance de connaître une vraie relation, je pense que nous pouvons nous retrouver si l’occasion nous en est donnée ». En fait, Guy Madison devait se remarier l’année d’après, et avoir deux fillettes avec sa nouvelle épouse Sheilah Connolly.
Guy Madison et sa deuxième épouse Sheilah Connolly
Ce fut John Wayne qui vint au secours de Gail, il lui offrit le rôle féminin dans « Seven men from now » en 1956, un film de la Warner. Puis ce fut Bing Crosby qui lui donnera la vedette du rôle dans son film « The tattered dress » en 1957.
La même année, Gail formera une solide amitié avec la chanteuse Dorothy Shay : cette dernière accompagnait Gail pour faire son shopping, ou pour rencontrer d’autres acteurs notamment Rock Hudson en baisse lui aussi de notoriété.
Malheureusement, pendant l’été 1957, elle eut un nouvel accident d’automobile alors qu’elle était ivre : le juge ordonnera 30 jours d’emprisonnement. A sa sortie, Gail qui n’avait toujours pas vaincu ses problèmes avec l’alcool, décida de se consacrer à sa peinture.
En 1960, c’est la télévision qui lui permis de tourner dans une série intitulée « Manhunt » qui fut un succès, et Gail fit son possible pour retenir ses lignes de texte, et pour lever le pied sur les verres de vodka.
Mais lorsque la série s’arrêta, et que les offres de rôles disparurent, Gail Russell s’enferma dans son appartement de Brentwood (situé au 1436 South Bentley Avenue) et se remit à boire. Elle alternait les périodes d’abstinence, et les périodes où elle buvait sans retenue : elle fut même hospitalisée pour des problèmes au foie (hépatite).
Le 27 août 1961, on retrouva Gail Russell morte dans son salon : elle était vêtue d’un bas de pyjama et d’une blouse fleurie. Le sol était parsemé de bouteilles de vodka vides. Un voisin l’avait aperçu quatre jours plus tôt quand elle était venue tambouriner à sa porte pour lui réclamer un verre d’alcool.
Gail Russell dans “Manhunt” en 1960
D’autres voisins s’étaient inquiété de son silence, quand ils s’étaient aperçu que l’électricité était restée allumée dans l’appartement de Gail Russell pendant trois jours. La police déclarera que l’actrice était probablement morte entre le 24 et le 26 août. La seule visite régulière qu’elle avait encore était celui de son parrain aux Alcooliques Anonymes.
Lors de sa dernière interview elle avait dit :
« tout est allé trop vite dans ma vie, j’ai toujours été quelqu’un de triste, j’étais triste au plus profond de moi même. Je n’ai jamais eu confiance en moi, je n’ai jamais cru que j’avais du talent, je ne savais pas non plus comment m’amuser et profiter de la vie. J’avais peur, je ne sais pas de quoi j’avais peur, peur de la vie elle même, je pense…. »
Le médecin légiste déclarera que l’actrice était morte d’un arrêt cardiaque du à une surdose d’alcool : il déclara aussi que l’actrice (qui vivait seule) était dans un état de malnutrition. Elle fut enterrée au Walhalla Memorial Park dans le nord d’Hollywood. Elle avait trente six ans.
Ses tableaux furent gardés par son frère George qui les vendit afin que le bénéfice de la vente aille aux victimes féminines de l’alcoolisme.
Pour l’anecdote, un an plus tard, une autre actrice célèbre d’Hollywood décédait dans des circonstances mystérieuses le 4 aout 1962, toujours dans la ville de Brentwood, (mais au 12305 Fifth Helena Drive) : cette actrice était Marilyn Monroe.
Elle avait le même âge que Gail Russell : trente six ans.
Sources :
-
« Fallen Angels » de Kirk Crivello
-
Wikipedia