Marie Louise Elisabeth de Maillé, marquise de Sorans (1742-1812)

Spread the love

 

maillePortrait par François Hubert Drouais

Dame pour accompagner Madame Clotilde de France (sœur de Louis XVI)
en 1775
Dame pour accompagner Mme Elisabeth de France (soeur de Louis XVI)
de 1778 à 1790

Née en 1742
Baptisée le 11 février 1742 à la paroisse Saint Martin (Laigny) diocèse de Laon
Décédée en 1812 au château de Chamarande (chez son gendre)

Marie Louise Elisabeth de Maillé est la fille ainée de Donatien de Maillé comte de Maillé Brézé, marquis de Carman (né à La Rochelle en 1707 – mort en aout 1754 à Saint Dominque), capitaine de cavalerie au régiment de Clermont Prince en 1740, chevalier de l’ordre de Saint Louis, et de sa première épouse Marie Elisabeth d’Anglebermet de Fustamberg, comtesse de Henin (née en 1709 à Laon, morte à Paris le 26 mai 1748).

Il s’agissait du premier mariage pour son père, mais sa mère était veuve en premières noces (le mariage eut lieu le 15 septembre 1725) de Jean Louis d’Alsace de Hénin Liétard, comte de Hénin (né en 1701 et mort en 1732) : Marie Elisabeth d’Anglebermet avait eu trois enfants de ce premier mariage : Louise d’Alsace de Hénin Liétard (1728-1764), Antoine Denis d’Alsace de Hénin Liétard (1729-1742) et Louise Charlotte d’Alsace de Hénin Liétard, morte jeune.

Marie Elisabeth d’Anglebermet de Fustamberg épousera à Paris en seconde noces le 6 aout 1741 Donatien de Maillé, comte de Carman : ils eurent deux filles :

• Marie Louise Elisabeth de Maillé, future marquise de Sorans.
• Louise Gabrielle de Maillé (née le 28 décembre 1743, morte le 9 juin 1767 à Rennes) qui épousera le 1er décembre 1762 Charles Augustin du Plessis, marquis de Grenédéan (1734-1781)

04-513716Portrait par François Hubert Drouais

La troisième grossesse de la comtesse de Carman lui fut fatale, elle mourut « grosse de six mois » le 26 mai 1748 à l’âge de trente neuf ans. Peu de temps après, Donatien de Maillé quitte définitivement la France pour Saint Domingue où il se remarie trois ans plus tard avec la fille d’un conseiller du roi : Elisabeth Brossard de Beaulieu, veuve de Michel Saunier. Il n’y aura pas d’enfants de ce deuxième mariage et Donatien de Maillé meurt à Saint Domingue le 6 mai 1754 à l’âge de quarante sept ans.

Orpheline de mère à six ans, Marie Louise Elisabeth de Maillé sera donc orpheline de père à douze ans.

A la mort de sa mère, elle entre à l’Institution de Saint Cyr et devient demoiselle de Saint Cyr le 22 mars 1749. Elle ne sortira de cette institution que pour son mariage à l’âge de vingt et un ans. Le mariage a lieu le 26 septembre 1763 à Notre Dame de Versailles en présence du roi Louis XVI qui signe le contrat.

L’époux se nomme Henri François de Rosières, marquis de Sorans et vient d’une famille du Dauphiné. Il est brigadier des armées du roi, colonel d’un régiment de grenadiers royaux, seigneur des marquisats de Sorans, de la baronnie de Fondremand, Rosières, Provenchères, Cromary, Rioz… Il sera plus tard colonel du régiment de Bresse. Il a onze ans de plus que son épouse. Il aura les honneurs de la cour en 1764.

Le couple qui s’entend plutôt bien aura quatre enfants :

– Louis Joseph de Rosières (né le 21 septembre 1764 à Besançon, mort en 1774).

– Marie Louise Joséphine Delphine de Rosières (née en décembre 1766, morte le 26 octobre 1832 à Paris) ; elle épouse en premières noces Stanislas de Clermont Tonnerre (1757- assassiné par des émeutiers le 10 aout 1792) : le couple aura trois enfants. La jeune veuve se remarie en 1802 avec Louis Justin Marie marquis de Talaru (1769-1850), ambassadeur de Louis XVIII en Espagne, mais n’aura pas d’enfant de ce mariage. Marie Louise Joséphine de Rosières deviendra dame de compagnie de Mme Elisabeth de 1782 à 1789 aux côtés de sa mère.

– Gabriel Joseph Elzéar de Rosières (né en 1768, mort en 1817 à Vésoul) : ce fils émigrera à la Révolution, fit partie de l’armée de Condé, reprit du service en France à la Révolution , et sera aide de camp du comte d’Artois. Il épousera en 1803 Marie Anne Victoire de Cléron d’Haussonville qui lui donnera cinq enfants.

– Athénais de Rosières (né en 1770, morte le 7 avril 1827 à Besançon) : elle deviendra chanoinesse de Remiremont et épousera le 24 mars 1786 Louis Maximilien d’Isselin de Lanans, baron d’Isselin, lieutenant général.

Marie Louise Elisabeth de Maillé, marquise de Sorans, sera présentée à la Cour le 26 mars 1769. Elle obtiendra le poste de dame de compagnie de Mme Clotilde de France (sœur de Louis XVI) jusqu’au mariage de celle-ci avec le prince de Piémont en aout 1775. Avant de partir pour l’Italie, Mme Clotilde de France s’assurera que la marquise de Sorans obtiendra la même position dans la maison de sa jeune sœur Elisabeth de France. Elle deviendra en 1777 dame de compagnie de Mme Elisabeth, poste qu’elle conservera jusqu’en 1790.

Portrait de Clotilde de France en 1773, par François Hubert Drouais

Ce qui ne l’empêchera pas de correspondre avec Clotilde de France très régulièrement : cette dernière lui écrira de Turin le 3 mai 1776 :
j’ai appris avec le plus grand plaisir, Madame que vous retournerez cette année à Plombières, pour achever votre guérison, qui est grâce à Dieu, bien avancée. J’en suis charmée car vous savez l’intérêt que je prends à ce qui vous intéresse et combien je désire que vous vous portiez bien. Ne ménagez rien, je vous prie, pour rétablir parfaitement votre santé, afin qu’elle vous mette en état de faire un voyage qui me procure le plaisir de vous voir. Je le désire bien vivement. Je vous envoie des gazes, c’est le produit de ce pays ci, et suis charmée d’être à portée de vous en offrir. Je vous prie d’embrasser la petite Delphine, le petit Elzéar, et l’autre petite de ma part, et me mander s’ils se portent bien, et s’ils sont toujours jolis et aimables.

Grâce à Mme Clotilde, elle obtiendra que sa fille ainée, Delphine, soit (à treize ans) chanoinesse de Remiremont ; au mariage de Delphine, le titre sera attribuée à sa deuxième fille, Athénais.

En 1780, Mme de Sorans fera nommé sa fille ainée, Delphine de Rosières de Sorans, âgée seulement de quatorze ans, dame de compagnie de Mme Elisabeth de France. Les deux femmes (mère et fille) seront au service de cette princesse jusqu’au début de la Révolution.

Il existe une lettre d’Elisabeth de France à Mme de Sorans (non datée) relatant cet évènement :
…Je suis bien fachée, Madame, de n’avoir pas répondu plus tôt à votre lettre mais je n’ai pas eu le temps. Soyez sure qu’elle m’a fait beaucoup de plaisir, et que je serai toujours enchantée de recevoir de vos nouvelles, surtout quand elles seront bonnes. Pour moi, j’en ai de fort bonnes à vous annoncer, car le Roi m’a promis que quand Melle votre fille serait en âge, elle aurait une place chez moi ce qui m’a fait grand plaisir : vous devez en juger, Madame par l’amitié que j’ai et que j’aurai toute ma vie pour vous. Je vous prie de ne point en parler, comme on m’en a refusé une autre, et que je n’ai pas encore osé le dire, je serais fachée qu’on sut que le Roi m’en a promis d’autres, parce que l’on pourrait croire que je n’y ai pas mis autant de zèle que je pouvais…


Portrait d’Elisabeth de France, par Elisabeth Vigée Lebrun, en 1782

Clotilde de France, fut aussi avertie de la nomination de la jeune Delphine de Rosière comme dame de compagnie auprès de sa sœur : elle s’empresse le 20 juin 1780 d’écrire une lettre de Turin à Mme de Sorans pour la féliciter :
.Je vous fais mille et mille remerciements, Madame, d’avoir eu l’attention de me faire part que votre fille Delphine était nommée dame de ma sœur Elisabeth. J’ai appris cette nouvelle avec le plus grand plaisir pour vous et votre fille dont je partage la satisfaction et aussi pour ma sœur qui en est sûrement très aise ; outre cela, je voudrais bien qu’elle eut toujours auprès d’elle des personnes aussi bien élevées, et d’une société aussi bonne et utile que votre fille. Je vous prie de l’embrasser, cette aimable Delphine, et de lui faire tous mes compliments, je comprends aisément sa joie d’avoir assisté à la procession du Saint Sacrement, et à la fête du Petit Trianon, c’est bien naturel à son age. J’imagine que vous n’aurez pas de peine à obtenir que la petite Athénais la remplace au chapitre de Remiremont….

Les lignes suivantes montrent à quel point Clotilde de France appréciait son ancienne dame d’honneur :
j’ai actuellement à vous demander une grâce qui est de ne pas suivre l’exemple de toutes les dames qui lorsqu’elles ont placé leurs filles, se retirent de la cour, j’espère que vous ne me jouerez pas de ce tour là car vous voyez bien qu’il n’y a plus que vous, de notre temps, auprès de ma sœur et votre présence lui est certainement bien nécessaire, surtout parce qu’elle est si jeune : aussi j’ose vous demander de me donner cette marque d’amitié de ne point la quitter, afin d’être à portée de lui donner dans l’occasion des conseils qui lui seront bien utiles…

La marquise de Sorans intercèdera aussi auprès du roi en mars 1781 pour que le marquis de Sade soit transféré de Vincennes à la forteresse de Montélimar pour être plus à porter de ses affaires : en effet, elle est la nièce de Marie Eléonore de Maillé, comtesse de Sade, mère du sulfureux marquis. Elle est aussi une amie de René Pélagie, épouse du marquis de Sade, qui se rapprochera de la marquise de Sorans pour que le roi assouplisse la détention de son mari.

A la cour, la marquise de Sorans est louée pour sa beauté : on l’appelait « la mère des Amours ».

La Harpe la décrit ainsi : … »elle avait une petite taille, merveilleusement bien prise, ravissante de grace et d’esprit et sa vertu n’avait rien perdu au contact des mœurs du temps ».

Le marquis et la marquise de Sorans occupe à Versailles l’appartement de la famille Vassan.

En 1789, le marquis de Sorans obtient une pension de 5 000 livres, mais les troubles révolutionnaires inquiètent le couple qui émigre en 1793. Le massacre de son gendre, le comte de Clermont Tonnerre l’année précédente fut le catalyseur.


Le château de Chamarande dans l’Essonne (château de son gendre Talaru), où mourut la marquise de Sorans

Le couple a du revenir avant 1797 puisque le marquis de Sorans meurt sur ses terres de Sorans en 1797. Leur fils combattra dans l’armée de Condé et deviendra aide de camp du comte d’Artois, puis maréchal de camp ; il commandera successivement les départements du Cantal, de Saone et Loire, puis de la Haute Saone, où il meurt à Vesoul en 1817.

Sa fille ainée, Delphine s’étant remariée au marquis de Talaru en 1802, c’est chez ce gendre que la marquise de Sorans rendra son dernier soupir, au château de Chamarande. Elle meurt en 1812 à l’âge de soixante dix ans.

sources :
– lettres de Mme Clotilde de France.
– Roglo.
– Mémoires sur la cour de Louis XVI, baronne d’Oberkich.
– vie de Mme Elisabeth, par du Bois de Beauchesne.
– vie du marquis de Sade, par Gilbert Lély.

 

Descendants de Marie Louise Elisabeth de Maillé

Jusqu’aux petits-enfants.

Marie Louise Elisabeth de Maillé, née vers 11 février 1742, baptisée le 11 février 1742, paroisse St Martin (Laigny) diocèse de Laon, décédée en 1812, chateau de Chamarande (à l’âge de peut-être 70 ans), dame pour accompagner Madame Clotilde de France en 1775 et dame pour accompagner Mme Elisabeth de France (soeur de Louis XVI) de 1778 à 1789.
Mariée le 26 septembre 1763, Notre-Dame,Versailles (78), avec Henri François de Rosières, marquis de Sorans, né le 2 février 1733, Besançon, 25, décédé en 1797, Sorans (Haute-Saône) (à l’âge de 64 ans), dont

Mariée en 1802 avec Louis Justin Marie, marquis de Talaru (31 août 1817), marquis de Chalmazel (25e), né le 12 septembre 1769, Paris, décédé le 23 mai 1850, Paris (à l’âge de 80 ans), pair de France (17 août 1815).

Total: 11 personnes (conjoints non compris).

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Time limit is exhausted. Please reload CAPTCHA.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.