Louise Adelaide d’Orléans, Melle de Chartres, Melle d’Orléans, abbesse de Chelles (1698-1743)

Spread the love

[useful_banner_manager_banner_rotation banners=1,2,3,4 interval=5 width=468 height=65]

Orléans,_Louise_Adélaide_-_2

Née le 13 aout 1698 à Versailles
Morte le 19 février 1743 à Paris

Fille du Régent Philippe II d’Orléans (1676-1723) et de Françoise Marie de Bourbon (1677-1749) fille de Louis XIV et de Mme de Montespan.

Louise Adelaide d’Orléans était le 3ème enfant et la 2ème fille du couple (sur 8 enfants) : son frère et ses sœurs étaient :

* Une fille, Melle de Valois, née à Marly le 17 décembre 1693 et morte le 17 octobre 1694 au Palais Royal.
* Marie Louise Elisabeth d’Orléans, Melle d’Orléans,  née le 20 aout 1695 à Versailles et morte le 21 juillet 1719 au château de La Muette : elle épousera le 6 juillet 1710 à Versailles en présence du roi Louis XIV, Charles de Bourbon duc de Berry (1686-1714) petit fils de Louis XIV.
* Charlotte Aglaé d’Orléans, dite Melle de Valois, née le 22 octobre 1700 à Paris au Palais Royal et morte le 19 janvier 1671 au Palais du Petit Luxembourg : elle épousera le 21 juin 1700 à Modène (Italie) Francesco III Maria d’Este, duc de Modène .
* Louis duc d’Orléans, né le 4 aout 1703 à Versailles, et mort le 4 février 1752 à Paris qui épousera le 13 juillet 1724 à Sarry (Marne) la princesse Auguste Marie Jeanne von Baden Baden et qui, à sa mort, sombrera dans la dévotion.
* Louise Elisabeth d’Orléans, Melle de Montpensier, née le 11 décembre 1709 et morte le 16 juin 1742 au Palais du Luxembourg. Elle épousera le 20 janvier 1722 à Lerma (en Espagne) Luis 1er de Bourbon (fils de Philippe V d’Espagne, lui-même frère du duc de Berry) et sera une éphémère reine d’Espagne.
* Philippine Elisabeth d’Orléans, Melle de Beaujolais, née le 18 décembre 1714 à Versailles et morte le 21 mai 1734 au château de Bagnolet (château appartenant à sa mère la duchesse d’Orléans). Elle sera fiancée au frère de Luis 1er d’Espagne, le jeune Carlos, mais sera renvoyé en France à la mort de Luis 1er en compagnie de sa sœur ainée, Louise Elisabeth d’Orléans. Elle mourra de la variole à l’age de vingt ans
* Louise Diane d’Orléans, Melle de Chartres, née le 27 juin 1716 au Palais Royal et morte en couches le 26 septembre 1736 au château d’Issy, agée de vingt ans. Elle avait épousé à Versailles le 22 janvier 1732 Louis François 1er de Bourbon Conti, prince de Conti : en deux ans de mariage elle donnera deux enfants à son mari, mais sa deuxième grossesse lui sera fatale .

Elle était très proche de ses sœurs Marie Louise Elisabeth (future duchesse de Berry), et Charlotte Aglaé (future duchesse de Modène). Elle fut aussi considérée comme la plus belle des filles du duc d’Orléans.

Physiquement, Mme Palatine (sa grand-mère paternelle) la décrira ainsi dans ses Mémoires :

»Melle de Chartres, deuxième fille de Mme d’Orléans est bien faite, et la plus belle de mes petites filles : elle a une belle peau, un teint superbe, des dents blanches, de beaux yeux, et une belle taille mais elle bégaie un peu ; elle a des mains bien délicates, le rouge et le blanc se mêlent sur sa peau sans art. Jamais je n’ai vu de plus belles dents, on dirait un collier de perles. La gencive n’est pas moins belle. Un prince d’Anhalt, qui est ici, est fort amoureux d’elle mais c’est sans danger, car le sire est passablement laid. Elle danse bien, et chante encore mieux, elle a une belle voix, lit la musique à livre ouvert et entend parfaitement l’accompagnement. Elle chante sans faire la moindre grimace….. »

Elle fut placée à l’abbaye de Chelles avec sa sœur Charlotte Aglaé dès leur plus jeune age. Leur éducation furent interrompues lorsqu’elles durent paraître à la cour pour le mariage de leur sœur ainée, Marie Louise Elisabeth avec le duc de Berry en 1710 : Louise Adelaide et sa sœur portèrent la traine de mariée de leur sœur. Très tôt, elle fut considérée comme une épouse probable pour Louis Auguste de Bourbon prince de Dombes, fils de son oncle, le duc de Maine. Mais Louise Adélaide, déjà tournée vers la religion refusera ce mariage (d’ailleurs le prince de Dombes ne se mariera jamais).

Un autre candidat se présentera pour un mariage possible : James Francis Edward Stuart, le Vieux Prétendant, fils du roi déchu Jacques II, mais le mariage ne se fit pas.


Portrait par Pierre Gobert en 1716

En 1716, Louis Adelaide tombera amoureuse du chevalier de Saint Maixent, un des pages du roi, qui l’a sauva d’un accident de chasse, récoltant pour lui-même des blessures qui faillirent lui être fatal. Ses parents refusèrent de donner leur consentement à ce mariage. Sa mère, la duchesse d’Orléans était horrifiée d’une telle mésalliance, et traita très mal sa fille qui peu à peu parle de son projet d’entrer en religion.

Mme Palatine, est horrifiée de ce projet :

… Elle persiste dans son projet de se faire religieuse, il me semble qu’elle convient mieux au monde, et je fais mon possible pour l’en dissuader, mais c’est une folie qui s’est plantée dans sa tête. Elle a pourtant de vrais goûts de garçon, elle aime les chiens, les chevaux, les cavalcades, toute la journée elle manie la poudre, fait des fusées et autres feux d’artifices ; elle a une paire de pistolets avec lesquels elle tire sans cesse. Elle n’a peur de rien au monde, elle n’aime rien de ce qui plait aux femmes, elle fait même peu de cas de sa figure…. »

Elle va très vite réaliser son projet d’entrer en religion et Mme Palatine raconte comment elle manoeuvra pour accéder au couvent de Chelles :

le soir, à huit heures, arriva sa mère ; nous jouames jusqu’au souper, je pensai ensuite que nous nous remettrions au jeu mais Mme d’Orléans me pria d’aller dans mon cabinet, avec elle et Melle d’Orléans. Là, sa fille tomba à mes genoux et me pria, ainsi que sa mère, de lui permettre d’aller à Chelles, pour y faire ses dévotions. Je répondis qu’on pouvait faire ses dévotions partout, que le lieu n’y faisait rien, et que tout dépendait de l’épreuve et de la préparation. Mais elle persista dans sa demande d’aller à Chelles. Je dis à sa mère : Décidez ! Voulez vous que votre fille aille à Chelles ou non ? Elle répondit : on ne saurait l’empêcher de faire ses dévotions. Ainsi hier matin, à sept heures, Melle de Chartres est partie en voiture, puis elle a renvoyé le carosse avec une lettre pour son père, sa mère et moi dans laquelle elle nous déclare qu’elle ne veut plus sortir de ce maudit cloitre. Sa mère, qui aime les couvents, n’en est pas affligée, et elle regarde comme un grand bonheur d’être religieuse, mais moi, je le regarde comme le plus grand des malheurs.

Son père, Philippe d’Orléans, le Régent tente de la raisonner et demande l’aide du cardinal de Noailles pour la tirer du couvent en juillet 1718. Mais c’est peine perdue.

En aout 1718, elle prononce ses vœux de religieuse à la grande désolation de sa grand-mère Mme Palatine : « j’ai le cœur gros aujourd’hui quand je songe que notre pauvre Melle d’Orléans fait profession de ses vœux, je lui ai représenté tout ce que j’ai pu pour la détourner de ce projet diabolique, mais tout a été inutile ».

Louise Adelaide d’Orléans prend le nom de sœur Bathilde et entre dans l’ordre de saint Benoit.

Mme Palatine déclare qu’elle ignore les raisons qui l’ont poussé à se faire religieuse mais elle soupçonne qu’il s’agit de la mésentente entre la mère et la fille qui a poussé celle-ci à s’éloigner de sa famille :

« …notre abbesse est plus mal avec sa mère que jamais, elle se plaint de ce que celle-ci ne vient jamais que pour la gronder, elle n’envie point sa sœur, elle se trouve plus heureuse, et en cela elle a bien raison. »

Lors de son entrée au couvent, Louis Racine composera ces vers :
Plaisir, beauté, jeunesse, honneurs, gloire, puissance
Ambitieux espoir que permet la naissance
Tout au pied de l’Agneau fut par elle immolé

louisadelaideorleansfil
Portrait par Pierre Gobert en 1720

En 1719, elle devint abbesse de Chelles, titre qu’elle gardera jusqu’à sa mort. Elle fut aussi abbesse du Val de Grace, église fondée par Anne d’Autriche.

En 1720, sa sœur préférée, Charlotte Aglaé d’Orléans quittera la France pour épouser son nouvel époux le duc de Modène et insistera pour voir sa sœur à Chelles avant de quitter la France. Les adieux furent déchirants aux dire de Mme Palatine.

Pendant son séjour à Chelles, Louise Adelaide d’Orléans embellira grandement l’abbaye : les cloitres furent repavés, la salle du Chapitre fut restaurée et une infirmerie fut même construite où les conduites d’eaux furent aménagées pour que les membres de l’abbaye puissent avoir l’eau courante. Louise Adélaide d’Orléans autorisera même les sœurs de l’abbaye de Nevers de construire une maison en ville afin d’aider à l’éducation des filles de Chelles.

Si Mme Palatine sera assez indulgente vis-à-vis de sa petite fille, le mémorialiste St Simon se montrera beaucoup plus méchant, refusant de croire qu’elle était venue à la religion par conviction :

...<i>Mme d’Orléans, religieuse professe à Chelles par fantaisie, humeur et enfance, ne put durer qu’en régnant où elle était venue pour obéir. Elle se lassa bientôt de sa place. Tantôt austère à l’excès, tantôt n’ayant de religieuse que l’habit, musicienne, chirurgienne, théologienne, directrice, et tout cela par sauts et par bonds, mais avec beaucoup d’esprit, toujours fatiguée et dégoûtée de ses diverses situations, incapable de persévérer en aucune, aspirant à d’autres règles et plus encore à la liberté, mais sans vouloir quitter son état de religieuse, se procura enfin la permission de se démettre et de faire nommer à sa place une de ses meilleures amies de la maison, dans laquelle néanmoins elle ne put durer longtemps. Elle vint donc s’établir pour toujours dans un bel appartement du couvent des Bénédictines de la Madeleine de Tresnel, auprès duquel Mme la duchesse d’Orléans, qui avait quitté Montmartre, s’était fait un établissement magnifique et délicieux, avec une entrée dans la maison, où elle allait passer les bonnes fêtes et quelquefois se promener. Mme de Chelles peu à peu reprit la dévotion et la régularité, et, quoique en princesse, mena une vie qui édifia toujours de plus en plus jusqu’à sa mort, qui n’arriva que plusieurs années après dans la même maison sans en être sortie….

En 1731, elle se démet de l’abbaye de Chelles en faveur de Mme de Veyny, l’abbesse de Traisnel.

En 1734, elle se retire à Traisnel où elle mène une vie religieuse très régulière. Elle entretient une correspondance amicale avec le comte d’Argenson, ministre de Louis XV, et a pour lui « l’attachement le plus sincère, le plus tendre et le plus durable ». Elle appelle le comte « mon compère » et demande souvent des grâces pour ses domestiques.


Marc Pierre de Voyer de Paulmy, comte d’Argenson (1696-1764) par Jean Marc Nattier, un des amis de l’abbesse de Chelles

Quand elle ne peut le voir ou qu’il ne peut se déplacer, elle lui écrit : « il m’est impossible de vous voir, méchant homme : il faut donc vous ennuyer d’une lettre ». Il la soutient financièrement et elle lui écrit reconnaissante : « je sçay, à qui je dois la pension de douze mille livre que mon frère me fait, ainsi je vous en remercie de tout mon cœur ».

Elle devait mourir à 44 ans de la variole alors qu’elle séjournait au couvent de La Madeleine de Traisnel à Paris.

Elle sera inhumée dans l’église de la Madeleine de Tresnel à Paris.

Sources :
– Mémoires de Saint Simon.
– Mémoires de la Palatine
– Wikipedia.
– « unruly daughters » by H.Woel Williams.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Time limit is exhausted. Please reload CAPTCHA.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.