Philippe de Bourbon, chevalier de Vendôme, (1655-1717)

Spread the love

 

pictureArrière petit fils de Henri IV

Grand Prieur de France

Philippe de Bourbon, Grand Prieur de France, en 1665 par Jakob Ferdinand Voet

Né le 23 août 1655 à Paris,
Baptisé le 27 octobre 1656 à la Sainte Chapelle du château de Vincennes (en même temps que son frère aine Louis Joseph de Bourbon)
Mort le 24 janvier 1717 au Temple (à Paris),
Enterré dans l’église de la Chartreuse

Fils de Louis de Bourbon, duc de Mercoeur (1612-1669) et de son épouse Laure Mancini (1636-1657), une des nièces du cardinal Mazarin. Son père est le petit fils du roi Henri IV et de Gabrielle d’Estrées, sa favorite, par leur fils César duc de Vendôme.

05-523901

Louis de Bourbon, duc de Mercoeur, père de Philippe de Vendôme

Louis de Bourbon duc de Mercoeur épouse Laure Mancini le 4 février 1651 : au bout de six ans de mariage, Laure Mancini meurt laissant trois fils à son époux :

1-l’aîné, Louis Joseph de Bourbon sera l’un des plus grands généraux de Louis XIV : il naît le 1er juillet 1654 à Paris et meurt sans descendance le 11 juin 1712 à Vinaros en Espagne. Il sera duc de Mercoeur, duc de Beaufort, et duc de Vendôme (6ème). Il se marie en 1710, à l’âge de 56 ans avec Marie Anne de Bourbon Condé, qui est âgée de 32 ans. Sa femme est la fille d’Henri Jules de Bourbon Condé et de son épouse Anne von der Pfalz. La stérilité de leur couple est du selon St Simon à l’homosexualité du duc de Mercoeur.

2-Philippe, le 2ème fils naît le 23 août 1655 à Paris.

3-Jules César, le 3ème fils naît le 27 janvier 1657 à Paris et meurt à 3 ans, le 28 juillet 1660.

Douze jours après ce dernier accouchement, Laure Mancini meurt à vingt et un ans, sincèrement regretté par son époux, qui ne se remariera jamais, et décidera d’entrer dans les ordres. Il fut créé cardinal de Vendôme en 1667 par le pape Alexandre VII.

Leur père étant entré en religion, les deux petits Mercoeur, Louis Joseph et Philippe sont confiés à la garde de leur tante, Marie Anne Mancini, duchesse de Bouillon, qui en 1662, a épousé à l’âge de treize ans Maurice Godefroy de la Tour d’Auvergne duc de Bouillon. Marie Anne Mancini n’a que cinq ans d’écart entre le plus âgé d’entre eux et leur éducation va être très chaotique d’autant que leur père semble s’être désintéressé de leur sort, une fois entré en religion. L’aîné, Louis Joseph est destiné à la carrière militaire, et le cadet, Philippe entre dans les ordres.

97-002030

Marie Anne Mancini, duchesse de Bouillon, tante de Philippe de Vendôme, et sa maîtresse

A l’age de sept ans, Philippe de Vendôme reçoit l’abbaye de la Trinité (dont il est le 42ème abbé), ce n’est que la première d’une longue série d’abbaye qu’il reçoit : il sera abbé de la Trinité de Vendôme, de St Victor de Marseille, de St Vigor de Cerisy, de St Honorat de Lerins, de St Mansuy de Toul et d’Ivry.

En 1669, il participe à sa première campagne à Candie où il accompagne son père, Louis de Vendôme et son oncle, le duc de Beaufort. A cette occasion, le nonce du pape lui fit présent de la châsse de Saint Théopiste, qu’il rapporta à l’église collégiale de St Georges de Vendôme.

94-054914Marie Elisabeth de Ludres, maîtresse de Philippe de Bourbon

Il devient bientôt Grand Prieur de l’ordre de Malte pour la France en 1678 (succédant à Henri d’Estampes, seigneur de Valençay, renonçant ainsi au mariage. S’il renonce au mariage, il ne renonce pas aux femmes : il a en effet un succès fou car c’est un très bel homme. Si son frère aîné a dédaigné les femmes, il va, lui, collectionner les conquêtes féminines :

  • tout d’abord avec Françoise Moreau, chanteuse et danseuse renommée de l’Académie Royle de musique qui sera sa maîtresse pendant vingt ans : en 1670, il achète un pavillon de chasse (le pavillon Vendôme) pour y le loger. Il entretient la belle « Fanchon » et souhaite se retirer avec elle à la campagne « six mois par an » (cette campagne sera le pavillon Vendôme).

  • En 1676, il tombe amoureux de la maîtresse du roi, la belle Ludres : Marie Elisabeth de Ludres

  • En 1683, alors qu’il est en semi-exil en Angleterre, il séduit la maîtresse du roi Charles II, la belle bretonne Louise de Kéroualle duchesse de Portsmouth : le déplaisir du roi le forcera à retourner en France.

  • On le soupçonne aussi d’avoir été l’amant de sa tante, Marie Anne de Bourbon, guère plus âgée que lui avec qui il entretiendra toute sa vie une relation assez trouble.

  • En 1705, il vivra quelques mois à Gênes avec sa propre cousine, Marie Charlotte de la Porte de la Meilleraye (propre fille d’Hortense Mancini, autre nièce aventureuse du cardinal Mazarin).

Cet homme à femmes fut aussi un redoutable homme de guerre : en tant que militaire, il était comme son frère le duc de Vendome : courageux au combat, téméraire, et généralement aimé de ses hommes. Il fut maréchal de camp à Steinkerque où il chargea les ennemis avec ardeur. Il se distingua au combat de Sint Zeim, fut blessé à la cuisse, et Turenne fit de lui un éloge flatteur. Il se retrouva au passage du Rhin et traversa le fleuve à la nage au côté du maréchal de Vivonne. Au siège de Valenciennes, il fut aide de camp et commanda les grenadiers.

A la bataille de Fleurus, le maréchal de Luxembourg fut si content de sa bravoure qu’il le choisit pour aller faire au roi le détail de l’action. Enfin, il sert sous les ordres de son frère aîné, le duc de Vendome, en Italie et en Flandre. Il se brouilla avec ce dernier pour des querelles de préséance. Il fut même disgracié pour son rôle négatif à la bataille de Cassano (1705).

En 1698, il se prend de querelle avec François Louis de Bourbon prince de Conti à Meudon (résidence du Dauphin qui s’irrite de l’incident et prévient le roi). Ce dernier expédie à la Bastille le 29 juillet le Grand Prieur, selon le billet suivant :

Mr le Grand Prieur doit se rendre à la Bastille, et je vous envoye l’ordre du Roy de l’y recevoir : il faut le mettre dans le meilleur appartement avec les domestiques qu’il voudra amener, lui laisser la liberté de voir ses amis et les traiter le mieux qu’il sera possible. Je vous ferai savoir plus particulièrement les intentions de Sa Majesté à son égard »

Sa résidence principale à Paris, en tant que Grand Maître de l’ordre de Malte est le Temple. Dès 1712, il vécut au Temple en homme de cour, philosophe, ami des lettres. Fin gourmet, il institua les soupers du Temple où se réunissaient les plus spirituels épicuriens de la Régence : il mena la vie la plus fastueuse et souvent la plus scandaleuse.

La Fontaine, qui participera aux soupers du Temple souligne que le chevalier de Vendome était plein d’esprit naturel : « le Grand Prieur eut plus d’esprit qu’aucun de nous ». Il avait la répartie vive et disait d’un personnage obscur dont on ne parlait point « que si on le jetait à la rivière, sa mort ne causerait d’autre bruit que celui qu’il ferait en tombant ».

C’est à Lyon qu’il apprit la mort de son frère en 1712, nouvelle qui l’attrista énormément. Il prit alors la résolution de passer le reste de ses jours dans la plus grande retraite. On lui promit le chapeau de cardinal s’il se démettait de son grand prieuré du Temple. Il fit la démarche mais s’aperçut trop tard qu’on l’avait amusé de vaines espérances

07-505971

Louis Joseph de Bourbon Vendome, frère aîné de Philippe de Vendome

Après la mort de son frère (mort sans enfants), au prétexte qu’étant chevalier de l’Ordre de Malte, il ne pouvait posséder des biens, Louis XIV annexa tous les biens de son frère et il dut se contenter de ses titres.

St Simon (qui le détestait car il le tenait pour le plus grand des débauchés) disait de lui :

Il avait tous les vices de son frère. Sur la débauche il avait de plus que lui d’être au poil et à la plume, et d’avoir l’avantage de ne s’être jamais couché le soir depuis trente ans que porté dans son lit ivre mort, coutume à laquelle il fut fidèle le reste de sa vie.

760px-Tour_du_Temple_circa_1795_Ecole_Francaise_18th_century

Le Temple, résidence à Paris de Philippe de Bourbon, chevalier de Vendome

St Simon le dénigre même sur sa valeur militaire :

…Il n’avait aucune partie de général; sa poltronnerie reconnue était soutenue d’une audace qui révoltait; plus glorieux encore que son frère, il allait à l’insolence, et pour cela même ne voyait que des subalternes obscurs; menteur, escroc, fripon, voleur, comme on l’a vu sur les affaires de son frère, malhonnête homme jusque dans la moelle des os qu’il avait perdus de vérole, suprêmement avantageux et singulièrement bas et flatteur aux gens dont il avait besoin, et prêt à tout faire et à tout souffrir pour un écu, avec cela le plus désordonné et le plus grand dissipateur du monde.

Il convient cependant que le Grand Prieur était fort bel homme, le savait et en avait abusé :

..Il avait beaucoup d’esprit et une figure parfaite en sa jeunesse, avec un visage autrefois singulièrement beau. En tout, la plus vile, la plus méprisable et en même temps la plus dangereuse créature qu’il fût possible.

96-001796Philippe de Bourbon, Grand Prieur de France

Philippe de Vendome démissionna de sa charge en 1719, pour céder la place à Jean-Philippe d’Orléans, fils naturel du Régent et de Mlle de Sery, comtesse d’Argenton. On lui permit toutefois de conserver son titre de Prieur de Vendôme. Il ne fut plus nommé le « Grand Prieur « mais le « prince de Vendome ».

St Simon raconte ainsi cette transaction :

…Le chevalier de Vendôme, grand prieur de France, avait passé sa vie à se ruiner et à manger tout ce qu’il avait pu d’ailleurs. Les biens du grand prieuré étaient tombés dans le dernier désordre, et l’ordre de Malte avait à cet égard une action toujours prête contre lui. Il avait tiré infiniment de Law John Law de Lauriston, et n’était pas d’avis d’en réparer ses bénéfices. Il la combla par vouloir avoir postérité, et ne put comprendre que cette postérité même serait un obstacle de plus à ses désirs. Il s’abandonna donc à sa chimère, et Law, son ami et son confident, en profita pour faire sa cour au régent, et procurer au bâtard qu’il avait reconnu de Mme d’Argenton le grand prieuré de France. Le marché en fut bientôt fait et payé gros. Pas un de ceux qui y entrèrent de part et d’autre n’étaient pas pour en avoir plus de scrupule que du marché d’une terre ou d’une charge, et l’ordre de Malte, ni le grand maître, pour oser refuser un régent de France. L’affaire se fit donc avec si peu de difficulté qu’on la sut consommée avant d’en avoir eu la moindre idée. Il s’en trouva davantage pour la dispense des vœux du chevalier de Vendôme, et pour celle de se pouvoir marier; mais il l’obtint enfin par la protection de M. le duc d’Orléans

Libre de sa charge, il conçut l’idée saugrenu de se marier et se chercha en vain une épouse.

St Simon se fait un malin plaisir de raconter ses déboires auprès des familles qu’il approcha :

…. Cela fait, il chercha partout à se marier, et partout personne ne voulut d’un vieux ivrogne de soixante-quatre ou soixante-cinq ans, pourri de vérole, vivant de rapines, sans autre fonds de bien que le portefeuille qu’il s’était fait et dont tout le mérite ne consistait que dans son extrême impudence; lui, au contraire se persuadait qu’il n’y avait rien de trop bon pour lui. Il chercha donc en vain et si longtemps qu’il se lassa enfin d’une recherche vaine et ridicule. 11 continua sa vie accoutumée qu’il était incapable de quitter, qui l’obscurcit de plus en plus, et qui ne dura que peu d’années depuis cette dernière scène de sa vie.

Avant de chercher une femme qui voulut de lui, il fallait logiquement obtenir une dispense du Saint Père, demandée par ailleurs par le cardinal Dubois le 9 août 1721 : mais les exigences de la cour papale ne s’élevaient pas à moins de 20 000 écus romains. Philippe de Vendome refusa de payer si cher « un plaisir légitime » et se résigna sans trop de regret à être le dernier de sa race.

A la fin de sa vie, il avait prit l’habitude de dormir dans un lit envahi par ses chiens (il laissait même les chiennes faire ses portées dans ses draps). Il était d’une saleté repoussante. De plus, malgré ses relations avec Law, le Grand Prieur n’en était pas devenu plus riche, et dès 1724, il avait peine à joindre les deux bouts : Ses pensions étaient alors son unique revenu, et elles n’étaient pas toujours versées à temps.

…. la misère, monsieur, dans laquelle je suis, m’oblige à vous importuner, n’ayant que ma pension pour payer tous mes domestiques, qui meurent de faim depuis trois mois… (lettre du Grand Prieur au ministre du 20 mars 1724.

Il ne mourut pas au Temple, mais dans son hôtel de la rue de Varenne (selon acte enregistré par le registre de St Sulpice) :

25 janvier 1727 : convoy et transport en carosse au Temple de son Altesse Sérénissime frère Philippe, prince de Vendome, grand croix de l’ordre de Saint Jean de Jérusalem, généralissime des armées du roi en Lombardie, âgé d’environ soixante et onze ans, mort le jour précédent en son hôtel, rue de Varenne ; y ont assisté M. Nicolas Labouret, religieux conventuel de l’ordre de Malte, et M. Claude Bertrand, religieux dudit ordre.

Il fut enterré dans l’église de la Chartreuse.

Sources :

Wikipedia.

Mémoires de St Simon.

dictionnaire biographique et historique.

Roglo.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Time limit is exhausted. Please reload CAPTCHA.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.