Noël Bouton, marquis de Chamilly, Maréchal de France, seigneur de Saint Léger, d’Ennery et d’Osny sur Viosne (1636-1715)

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Portrait de Noel Bouton marquis de Chamilly (commandé par Louis Philippe : musée historique de Versailles)

Né le 6 avril 1636 au château de Chamilly (Saone et Loire)
Mort le 6 avril 1715 à Paris
Enterré dans l’église de Saint Jean en Grève.

Il est le fils de Nicolas Bouton, comte de Chamilly, baron de Montagu et de Nanton (né le 28 juillet 1598 – mort en octobre 1662), colonel d’infanterie, lieutenant du prince de Condé et de son épouse Marie de Cirey (morte en mai 1651) fille de Benigne de Cirey, seigneur de Magny sur Thil, conseiller au parlement de Bourgogne, qu’il épouse le 13 aout 1622.

Il est le dixième enfant du couple (sur treize enfants), ses frères et sœurs sont :

1-Noël Bouton (né le 18 mai 1623, mort au berceau).

2-Denis Bouton (né le 21 mai 1624, mort au berceau).

3-Jean Bernard Bouton (né le 25 septembre 1625, mort à Saverne au retour du combat de Norlingue)

4-Philippes Bouton (né le 13 novembre 1626, mort en bas age).

5-Charlotte Bouton (née le 27 novembre 1627, morte après 1644), religieuse au prieuré de Lancharre à Chalon.

6-Hérard Bouton comte de Chamilly (né le 13 janvier 1630, mort après 1669), marechal de camp, gouverneur du château de Dijon qui épousera Catherine le Conte de Nonant, fille de Jacques le Conte marquis de Nonant et de Marie Dauvet des Marets, le 2 octobre 1660 qui lui donnera six enfants.

7-Gabrielle Bouton (née le 24 mars 1631, morte après 1661), qui épousera le 14 octobre 1661 Claude de Ponceton Varax, seigneur de Franchelins, bailli de Dombes.

8-Antoinette Bouton (née le 22 avril 1632, morte?) religieuse à Juvigny en Lorraine.

9-Marguerite Bouton (née le 15 mars 1635, morte au berceau).

10-Nicolas Bouton (né le 10 février 1638, mort?) prieur de Saint Just d’Arbois.

11-Louis Bouton (né le 10 novembre 1640, tué à Gigery en 1664) chevalier de Malte le 22 mars 1659.

12-Anne Françoise Bouton (née le 17 avril 1647, morte?), religieuse au prieuré de Lancharre à Chalon.

Il épouse une riche héritière Elisabeth du Bouchet (née en 1656 – morte à Paris le 18 novembre 1723), fille unique de Jean Jacques du Bouchet, seigneur de Villeflix, des Tournelles, des Arches et de Bournonville et de son épouse Madeleine d’Elbene. Ils se marient le 9 mars 1679. Le mariage restera stérile.

588_001Le château de Chamilly (en Saone et Loire) lieu de naissance de Noël Bouton

Contrairement à son père et à son frère ainé Hérard qui servent la cause du prince de Condé, il décide de s’engager dans l’armée du roi et romp tout lien avec sa famille. Il commence à servir dans les armées du roi au siège de Valenciennes en 1656 où suivant le maréchal de la Ferté, son général, il est fait prisonnier en même temps que quatre cent officiers et quatre mille soldats.

Le 8 février 1658 il est fait capitaine de cavalerie du cardinal Mazarin. Il participe à la bataille des Dunes le 14 juin 1658 contre un autre Chamilly (son père ou son frère ainé) qui commande une brigade de l’armée espagnole.

Il est alors sous les ordres du comte de Schomberg et assiste à la prise de Dunkerque, de Bergues Saint Winoc, de Fumes, d’Oudenarde, et d’Ypres toujours pendant cette année 1658.

En 1659, il assiste sur l’ile des Faisans à la paix des Pyrénées entre la France et l’Espagne qui amnistie aussi ses amis et ses parents qui étaient fidèles à la cause de Condé. C’est à cette occasion qu’il retrouve son père et son frère ainé.

6_Ile_de_la_paix_-_gravureL’ile des Faisans où eut lieu en 1659 le traité de Paix entre France et Espagne

En 1661, sa compagnie est réformée et il se retrouve momentanément sans emploi. Son ancien commandant, le comte de Schomberg réunit les troupes désunies et forme un corps expéditionnaire chargé de se rendre au Portugal et de donner un coup de main contre l’invasion des troupes espagnols. Noël Bouton décide alors de suivre son ancien commandant et il débarque à Lisbonne le 13 novembre 1660. Il va y rester quatre ans.

En avril 1664, il obtient la charge de capitaine au régiment de cavalerie de Marc François de Briquemault.

La même année, sous les ordres de Schomberg, il participe au siège de Valencia de Alcantara (juin), et à la bataille de Vila Viçosa (juin). Il est promu mestre de camp et capitaine de la première compagnie d’un régiment de cavalerie qu’il lève en décembre 1665.

En 1666, il participe à la prise de Benses, à celles de Guardia, de Villa de Alcaria, de Villa de Paymogo ; en septembre il prend le château de Ferreyra.

Le 13 février 1668, un traité de paix reconnaît l’indépendance du Portugal, et Noël Bouton décide de retourner en France. En octobre de la même année, les « Lettres portugaises » sont publiées. Il s’agit de cinq lettres que lui aurait adressé une nonne portugaise Mariana Alcoforado (1640-1723), enfermée au couvent de la Conceiçao de Béja (son anonymat fut préservé lors de la parution des « Lettres » et son identité découverte seulement en 1809).

Les amours qu’elle aurait eues avec Chamilly qu’elle aurait vu pour la première fois de la fenêtre de son couvent, d’où elle assistait à des manœuvres du régiment, auraient eu lieu entre 1667 et 1668. Mariana faisait partie de la puissante famille des Alcoforado, et il est probable qu’il y eut au moins des suspicions. Peut-être effrayé par les conséquences, Chamilly sortit du Portugal, prétextant la maladie d’un frère. Et promit de l’envoyer chercher. C’est dans cette attente vaine, qu’elle aurait écrit ces lettres, qui racontent cette histoire, toujours recommencée : espoir au début, suivi d’incertitude, et enfin conviction de l’abandon. Noël Bouton l’aurait séduite puis abandonnée, et cette dernière lui aurait écrit cinq lettres enflammées :

…« Considère, mon amour, jusqu’à quel excès tu as manqué de prévoyance. Ah ! malheureux, tu as été trahi, et tu m’as trahie par des espérances trompeuses. Une passion sur laquelle tu avais fait tant de projets de plaisirs ne te cause présentement qu’un mortel désespoir, qui ne peut être comparé qu’à la cruauté de l’absence qui le cause. [/i.] »

Bien que certains doutent que Noël Bouton fut le destinataire de ces lettres passionnées, Saint Simon dans ses Mémoires n’en a jamais douté tout en s’étonnant qu’il ait pu inspiré une telle passion :

[i]…« il (Chamilly) avait si peu d’esprit qu’on en était toujours surpris, et sa femme, qui en avait beaucoup, souvent embarrassée. Il avait servi jeune en Portugal, et ce fut à lui que furent adressées ces fameuses Lettres Portugaises par une religieuse qu’il y avait connue et qui était devenue folle de lui. » ….

et il le décrit ainsi :
….C’était un grand et gros homme, fort bien fait, extremement distingué par sa valeur, par plusieurs actions, et devenu célèbre par la défense de Grave. Il était fort homme d’honneur et de bien et vivait partout très honorablement, mais il avait si peu d’esprit qu’on en était toujours surpris et sa femme, qui en avait beaucoup souvent embarassée. Ils étaient riches chacun de leur côté et sans enfants…..

A la fin de l’année 1668, il suit le duc de la Feuillade à Candie où il fut dangereusement blessé lors du siège de la ville.

800px-CandiaBelagerungLe siège de Candie en 1668 où il fut grièvement blessé

De retour en France, il se rend auprès de son frère le comte de Chamilly qui commande un corps d’armée dans le Luxembourg : il est fait colonel du régiment de Bourgogne et se trouve en 1672 aux sièges de Buric, de Wezel, de Deventer, de Zwol (dont il sera gouverneur) et de Nuys.

Le roi le fait brigadier de ses armées en 1673 et lui donne le gouvernement de Grave. C’est là qu’il soutient le siège de 1674 qui durera quatre mois et les ennemis de la France perdent seize mille hommes. Il rend cette place au prince d’Orange qu’après plusieurs ordres réitérés du roi et obtient une capitulation honorable.

Il est fait maréchal de camp et gouverneur d’Oudenarde le 18 décembre 1674.

De retour à Paris, en 1675, Louis XIV lui concède un souhait pour le récompenser de sa conduite valeureuse pendant la guerre contre les Hollandais.

… Sire, je ne demande rien pour moi-même, mais je vous supplie de libérer mon commandant, qui se trouve emprisonné à la Bastille. »…

Surpris, le roi lui demanda qui était ce commandant.

…« Il s’agit du seigneur de Briquemault, Sire. J’ai servi sous son commandement, il y a longtemps, au Portugal. C’est lui qui m’apprit les arts de la guerre et sous ses ordres je devins l’homme dont les services ont l’heur de plaire aujourd’hui à votre Majesté. »…

Le roi rendit la liberté au prisonnier en 1674. Briquemault semble s’être trouvé à la Bastille par ordre de Louvois, « ayant un jour témoigné par trop vivement son dépit d’être mal récompensé par[le secrétaire d’État] » .

11-512449Noël Bouton, marquis de Chamilly (château de Versailles)

En 1676, il quitte le siège de Condé pour se jetter dans Oudenarde qui était menacé de siège ; il participe ensuite aux préparatifs du siège de Gand et est blessé d’un coup de canon au siège d’Ypres où il est grièvement blessé à la tête.

En 1678, il est fait lieutenant général : Oudenarde est rendu à la paix de Nimègue, et il obtient en remplacement le gouvernement de Fribourg le 26 février 1679 ainsi que celui de la ville de Strasbourg le 1er mai 1685.

En 1679, grâce à l’influence du prince de Condé auquel sa famille était particulièrement dévoué, il réussit à épouser une riche héritière. D’abord opposés à cette union, les parents de cette dernière, Mrs de Mesmes et d’Ormesson cèdent sous la pression du prince. Noël Bouton épouse la fille unique du seigneur de Villeflix qui lui apporte une superbe dot de 800 000 livres.

m505204_pe-643_pPortrait de Louis de Bourbon Condé, le Grand Condé par Just d’Egmont (musée Condé à Chantilly) qui facilitera le mariage de Noël Bouton

Saint Simon tracera ce portrait de Mme de Chamilly :
…C’était une personne singulièrement accomplie, à qui Louvois même avait eu peine à résister. C’était une vertu et une piété toujours égale dès sa première jeunesse, mais qui n’était que pour elle ; beaucoup d’esprit et du plus aimable et fait exprès pour le monde, un tour, une aisance, une liberté qui ne prenait jamais rien sur la bienséance, la modestie, la politesse, le discernement, et avec cela un grand sens, beaucoup de gaieté, de la noblesse et même de la magnificence, en sorte que, tout occupée de bonnes oeuvres, on ne l’aurait crue attentive qu’au monde et à ce qui y avait rapport. Sa conversation et ses manières faisaient oublier sa singulière laideur ; l’union entre elle et son mari avait toujours été la plus intime. Dans les divers commandements et gouvernements où elle l’avait suivi, elle avait eu l’art de tout faire, de suppléer jusqu’à ses fonctions, de laisser croire que c’était lui qui faisait tout, jusqu’au détail domestique, et partout ils s’étaient fait aimer et respecter, mais elle singulièrement. ”….

En 1691, il est lieutenant général dans l’armée d’Allemagne et commande l’attaque de Heidelberg  où il obtient la rédition du château. En 1694, il passe la rivière Neckre à la tête de huit mille hommes et marche sur Ladembourg qu’il emporte. Il défait un corps de cavalerie commandé par le général Vaubonne.

800px-Heidelberger_Schloss_1619_Koch_und_Seitz_1909Redition du château d’Heidelberg en 1691 (l’un des derniers faits d’arme de Noël Bouton)

En 1701, le roi lui confie le commandement des provinces de Poitou, d’Aunis et de Xaintonges.

En 1702, le roi le nomme Maréchal de France, il fait partie de la promotion du 14 janvier 1703 : il ne prêtera serment au roi que le 4 décembre 1704.
Il est reçu chevalier des ordres du roi le 2 février 1705.

Saint Simon le décrit ainsi vers la fin de sa vie :
….L’âge et le chagrin l’avaient fort approché de l’imbécile. …

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Noël Bouton marquis de Chamilly (château de Versailles)

Il meurt à Paris le 8 janvier 1715 à soixante dix neuf ans, certainement dans son hotel de la rue Braque à Paris. Il est enterré dans l’église de Saint Jean en Grève.

Sources :
– père Anselme
– Mémoires du duc de St Simon.
– Wikipedia.

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