Margaret Blagge, Mrs Godolphin (comtesse de Godolphin) (1652-1678)

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Fille d’honneur d’Anne duchesse d’York (1666-1671), fille d’honneur de la reine Catherine de Bragence (1671-1678) 1

Portrait de Margaret Blagge par Mary Beale en 1675

Née le 2 aout 1652 à Horningsheath, Suffolk
Morte à Londres le 9 septembre 1678 (à Whitehall)
Enterrée à Breage en Cornouailles

Margaret Blagge naquit le 2 aout 1652 à Horningsheath, Suffolk. Elle était l’avant dernière fille (sur quatre) de l’union du colonel Thomas Blagge et de Mary North.

Son père, Thomas Blagge était un gentilhomme de la chambre du roi Charles 1er et un fervent royaliste. Pendant la guerre civile anglaise, il commandera la garnison de Walingford pour le roi. Il accompagnera le deuxième duc de Buckingham à la bataille de Worcester. Lorsque la reine Henrietta Maria fuira l’Angleterre pour l’exil en France, Thomas empruntera lui aussi le chemin de l’exil laissant sa femme et ses quatre filles : Dorothy, Mary et Henrietta Maria aux bons soins de la sœur de Buckingham, la duchesse de Richmond.

Lorsque le roi Charles II retrouvera son trône en 1660, le colonel Blagge fit partie du cortège triomphal du roi dans les rues de Londres. En récompense de son dévouement, le roi le fit colonel d’un régiment et gouverneur de la ville de Yarmouth et de Landguard Fort. Malheureusement, usé par une vie d’exil le colonel Blagge devait s’éteindre le 14 novembre 1660. Il fut enterré à l’abbaye de Westminster.

 2Portrait de Margaret Blagge par Mary Beale en 1675

En 1658, sa fille Margaret avait rejoint Paris en compagnie de Mary Villiers, duchesse de Richmond, la protectrice de sa famille et elle fut placée dans un couvent catholique français. Son éducation fut alors confiée à la cousine de Buckingham, Elizabeth Feilding, comtesse de Guilford. A l’age de quatorze ans, la jeune Margaret regagna Londres où une place de fille d’honneur d’Anne Hyde, duchesse d’York lui fut proposée. De 1666 à 1671 jusqu’à la mort de la duchesse d’York, elle assumera ce rôle à la cour dissolue du roi Charles II.

A la mort de la duchesse d’York, elle aurait du normalement retourner dans sa famille, mais le roi Charles II lui proposa de prendre une place de fille d’honneur cette fois dans la maison de son épouse la reine Catherine de Bragance. C’est ainsi qu’en 1671, elle devint fille d’honneur de la reine et prit ses quartiers au palais de Whitehall.

Dans cette cour dissolue, où le roi prenait des maitresses au sein même des dames de compagnie de son épouse, Margaret Blagge fit figure de nouveauté. Elle était belle, sage, mais surtout extrémement pieuse. De plus, elle était dotée d’une intelligence qui séduisait tous ceux qui l’approchait. 3

Portrait de Margaret Blagge en 1674 par Jacob Huysmans (en « Diane » pour la pièce Calisto)

A la fin de l’année 1666, elle rencontra l’homme de sa vie : Sidney Godolphin. Ce dernier descendait d’une famille de Cornouailles, il était revenu à la Restauration avec le roi Charles II qui en avait fait l’un de ses favoris et à qui il avait confié le succès du Traité de Douvres qui avait permis à la sœur du roi, Henrietta Anne duchesse d’Orléans de venir à Douvres signer un traité de paix entre la France et l’Angleterre.

En 1669, Sidney Godolphin fut titré gentilhomme de la chambre du roi avec une pension annuelle de 500 £. En 1672, il fut envoyé extraordinaire du roi auprès de Louis XIV.

Trop jeune encore, elle se contenta de l’admirer de loin. Elle entendait d’abord poursuivre son éducation religieuse, fortement ancrée en elle depuis ses années de couvent en France. C’est alors qu’elle rencontra l’écrivain John Evelyn qui fit sa connaissance en 1672. Il devint peu à peu son mentor et il entreprit de faire son éducation religieuse et de l’encourager à demeurer chaste et à se vouer à la religion.

Cet homme marié de cinquante deux ans entretint bientôt une liaison platonique avec la jeune fille de vingt ans au grand étonnement de tous. Evelyn entrainera la jeune fille dans une intense période de prière et d’exercices religieux, lui écrivant lui même les prières et les dévotions qu’elle devait réciter. Elle participait avec lui à de longues séances de prières. Quelquefois, les prières de l’écrivain ressemblaient furieusement à de la poèsie rédigée par un amant dévoué mais frustré. Margaret suivait d’autant plus les conseils de son ami qu’elle n’aimait pas sa vie à la cour de Charles II.

 5Portrait de Margaret Blagge par Matthew Dixon en 1673

Elle souhaitait de plus en plus s’éloigner de ce lieu mal famé où le roi et son frère le duc d’York menaient une vie dissolue en changeant de maitresses comme de chemises et en trouvant leurs proies parmi les filles d’honneurs (ou les dames de compagnie) de leur épouse respective (en effet, le duc d’York s’était remarié).

En 1673, Margaret Blagge résolut de quitter Londres et la cour et elle se retira à Berkeley House. Sa mère, Mary North était morte en 1670 et ses sœurs étaient toutes mariées. Rien n’empêchait Margaret de se consacrer à une vie religieuse.

 4Portrait de Margaret Bragge par Matthew Dixon en 1673 (détail)

Sa solitude fut cependant interrompu par un ordre de Charles II, en 1674 qui lui demanda de participer à un ballet à la cour dans une pièce intitulée « Calisto ». Elle devait y jouer le rôle de la déesse Diane, la déesse de la vertu et de la chasteté.

En effet, le roi s’était rappelé que Margaret avait divinement interprété en 1668 la pièce de Dryden « the indian emperour ». Le roi désirait que les bals et les fêtes qu’il organisait soit les plus resplendissants possible, d’où sa requête pour que la jeune fille revienne à Londres jouer dans « Calisto ». Bon gré, mal gré, la jeune fille revint à Londres et entre deux répétitions éclatait en sanglots tant elle abhorrait son retour à la cour.

 551px-JohnEvelyn1687John Evelyn, l’ami de Margaret Blagge par Godfrey Kneller (en 1689)

Le 15 décembre 1674, elle apparut en déesse Diane dans la pièce « Calisto » ; John Evelyn écrira dans son journal « j’ai vu une comédie hier soir à la Cour, jouée par des dames, et parmi elles lady Anne et lady Mary, fille du duc d’York accompagnée de ma chère amie miss Blagge qui déclencha l’admiration de tous dans l’un des roles principales : elles étaient toutes recouvertes de pierres précieuses »… Le 22 décembre, lors d’une répétition, Miss Blagge portait sur elle plus de 20 000 livres de bijoux, à la fin de la journée, elle se rendit compte qu’elle avait perdu l’équivalent de 80 livres (des bijoux prêtés par la comtesse de Suffolk), le duc d’York intervint en sa faveur et la comtesse fut remboursée.

Son ami, John Evelyn, l’encouragea à jouer de son mieux et il écrivit que la jeune fille s’était acquittée de sa tache avec une perfection infinie et que la pièce avait été, grace à elle, un succès à la cour du roi. De plus, Margaret était une jeune fille extraordinairement belle, dans une cour où les jolies filles abondaient (don Louise de Keroualle la maitresse du roi).

John Evelyn la décrivait ainsi : « tout le monde était amoureux d’elle et certains étaient prêts à mourir pour elle » lorsqu’ils la virent la première fois qu’elle fit son apparition à la cour de Charles II.

Or, elle n’avait d’yeux que pour Sidney Godolphin. Sans en parler à quiconque, les deux jeunes gens convolèrent en juste noces au Temple de Londres le 16 mai 1675, puis Margaret fut invitée par lord Berkeley (John Berkeley of Stratton) et lady Berkeley à se rendre en France avec eux. Lord Berkeley avait été un ami de son père, le colonel Blagge et avait combattu pour Charles 1er. C’était un irlandais qui avait obtenu le titre de Lord Lieutenant d’Irlande et lui et sa femme avaient pour Margaret une amitié qui dataient de l’enfance de cette dernière.

 7Sidney Godolphin, 1st Earl of Godolphin, by Sir Godfrey Kneller, mari de Margaret Blagge

Elle les accompagna le 14 novembre 1675 jusqu’à Paris où Berkeley venait d’être nommé par le roi Charles II ambassadeur extraordinaire ; il devait participer au traité de paix de Nimeguen. A Paris, le roi Louis XIV qui avait entendu parler de la performance de miss Blagge dans la pièce « Calisto », demanda à la rencontrer, et lui demanda de faire le voyage à Versailles. Mais Margaret, qui se méfiait de ce roi galant, fit ce qu’elle put pour éviter la rencontre.

Le 6 avril 1676, elle était de retour à Londres, et en accord avec Sidney Godolphin, le couple annonça à leurs proches qu’ils s’étaient mariés un an auparavant, le 16 mai 1675 au Temple de Londres. John Evelyn fut cruellement déçue d’apprendre que sa jeune élève lui avait caché un tel secret. Il lui tint un temps rigueur de n’avoir pu se fixer à son vœu de célibat, mais comme il appréciait Godolphin, il finit par se réconcilier avec le jeune couple qui s’installa dans une petite demeure de Scotland Yard.

En 1678, Margaret se retrouva enceinte de son premier enfant. Dès les premiers mois, sa grossesse fut difficile. Elle se mit bientôt à penser qu’elle ne survivrait pas à l’accouchement.

Elle écrivit alors ses dernières volontés et demanda à son mari qu’il l’enterre dans les terres des Godolphin en Cornouailles, si par malheur, dieu devait la rappeler à elle. Son mari tenta de lui changer les idées car il l’aimait sincèrement. Margaret devait mettre au monde, un fils, Francis Godolphin, mais quelques jours après l’accouchement qui s’était bien passé, elle se mit à perdre du sang et avoir une très forte fièvre. Les médecins furent impuissants à soulager sa douleur.

Elle devait mourir dans d’atroces souffrances à Whitehall le 9 septembre 1678. Son mari qui ne l’avait pas quitté pendant toute sa maladie tomba dans un mutisme morbide.

 Ingo_Jones_plan_for_a_new_palace_at_Whitehall_1638Le palais de Whitehall où mourut Margaret Blagge

Accablé, il dut accepter l’aide de John Evely, devenu familier du couple, pour organiser les funérailles de sa jeune femme. Son corps fut installé dans un carosse tiré par six chevaux qui prit le chemin de Cornouailles. Plus d’une trentaine de personnes suivaient à distance le corbillard : trois frères de son époux et trois sœurs se joignirent au cortège. Le mari de Margaret dévasté par le chagrin ne put aller plus loin que la ville de Hounslow. Margaret Blagge fut enterrée en grandes pompes sur les terres des Godolphin à Breage en Cornouailles le 16 septembre. Ses funérailles avaient coûtées plus de 1 000 livres.

Son épitaphe fut la suivante (écrite par John Evelyn) :

Here lies a pearl none such the ocean yields

in all the treasures of his liquid field

but such as that wise merchant wisely sought

who the bright gemm with all his substance bought

such to Jerusalem above translates

our god , t’adrone the Entrace of her gates

The spouse with such embrodery does come

To meet her nuptialls the Celestial Groom

John Evelyn consacrera un livre entier à Margaret Blagge « the life of Mrs Godolphin » et prendra soin de l’éducation de son fils unique Francis.

Son mari, accablé par le chagrin ne devait pas se remarier. Il élevera seul son jeune fils Francis qui devait prendre sa succession un jour, et devenir le 2ème comte Godolphin.

En 1679, Sidney Godolphin sera un membre du Conseil Privé du roi Charles II.

Sidney Godolphin devint baron Godolphin en 1684, et le roi lui accorda le titre de comte de Godolphin en 1706, Il fut un homme politique brillant, et occupera les postes les plus prestigieux : First lord of the Treasury de 1684 à 1701 et gouverneur des iles de Scilly.

 87Francis Godolphin, 2nd Earl of Godolphin, by Sir Godfrey Kneller (en 1710), l’unique fils de Margaret Blagge

Si le roi William III lui battit froid pendant quelques temps, il retrouvera une place imminente lors du règne de la reine Anne qui le fit chevalier de la Jarretière. Il fut l’un des plus fidèles amis du duc de Marlborough, et les deux hommes uniront en mariage leurs enfants : Francis Godolphin épousera Henrietta Churchill.

Lorsqu’il mourra en 1712, la reine Anne demandera à ce que la dépouille du baron Godolphin repose dans l’abbaye de Westminster. Ainsi Margaret Blagge, qui ne fut connu que comme Mrs Godolphin, et non comme comtesse de Godolphin (puisqu’elle était déjà morte quand son mari reçut le titre de comte de Godolphin), ne repose même pas auprès de son époux, alors qu’elle avait expressément demander de reposer près de lui dans le caveau des Godolphin en Cornouailles….

La descendance de Margaret Blagge :

Son fils Francis Godolphin devint le 2ème comte de Godolphin (jusqu’à la mort de son père en 1712, il sera vicomte Rialton): il était né le 3 septembre 1678 à Whitehall à Londres et mourra le 17 janvier 1766. Il épousera en mars 1698 à Londres la fille du duc de Marlborough, Henrietta Churchill (née le 19 juillet 1681 et morte le 24 octobre 1733). Ils eurent cinq enfants.

 

Descendants de Margaret Blagge

Jusqu’aux petits-enfants.

Margaret Blagge, née le 2 août 1652, Horningsheath, Suffolk, décédée le 9 septembre 1678, Whitehall, London, inhumée le 16 septembre 1678, église de Breague, Godolphin, Cornwall (à l’âge de 26 ans), maid of honor of Anne Hyde duchess of York (1666), maid of honour of queen Catherine of Braganca (1671).
Mariée le 16 mai 1675, Temple Church, London, England, avec Sidney Godolphin, Baron Godolphin (1er, septembre 1684), Viscount Rialton (1er, décembre 1706), Earl of Godolphin (1er, décembre 1706), né vers 1645, décédé le 15 septembre 1712, inhumé, abbaye de Westminster (à l’âge de peut-être 67 ans), mP, PC, Northern secretary, first lord of the Treasury, lord high treasurer, lord-lieutenant of Cornwall, dont

Total: 6 personnes (conjoints non compris).

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